En ce 4ème dimanche de l’Avent comme Marie et Élisabeth, nous avons besoin de dialogue, d’échange, de relecture avec d’autres sur ce qui se passe dans nos vies afin de nous éclairer mutuellement sur le désir que Dieu a pour nous.
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Entrée en prière : Monteverdi, Dixit dominus
Accueil
Bonjour à toutes et tous, habitués ou curieux, bienvenue à vous.
Il y a dans l’air ces jours-ci des départs en vacances, des rencontres familiales, des maisons décorées, des préparations de toutes sortes, parce que Noël est proche, et ce matin nous faisons une halte pour préparer Noël, autrement.
Même si nous n’étions pas très nombreux lundi soir lors de la préparation, les réactions y ont été très nourries.
Dans l’évangile, nous avons apprécié, lors de la rencontre de Marie et d’Élisabeth, cette connivence de femmes qui donnent la vie, nous invitant à passer du monde ancien au monde nouveau, un des sens de Noël.
Nous n’avons pas retenu le texte de Michée car nous nous sommes longuement attardés sur la lettre aux Hébreux où le Christ prie ainsi son Père : “Tu n’as voulu ni sacrifices ni offrandes pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir”. Quelle bonne nouvelle ! Et pourtant nous continuons d’entendre parler de sacrifice,
Le sacrifice, comme nous le comprenions lors du premier temps de notre vie, dans nos souvenirs de catéchisme. Unanimement nous l’avons refusé en cherchant ce que cela voulait dire pour nous, aujourd’hui, dans le monde dans lequel nous vivons. Ce matin encore, nous continuons de chercher, avec Jésus au milieu de nous, éclairés par son Esprit.
Oui, nous sommes là, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Marie-José
Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Résonance
Eh bien, nous y voilà ! Noël approche. Nous en sommes au quatrième dimanche d’Avent et, traditionnellement, à la rencontre entre Élisabeth et Marie….. Une page d’ Évangile maintes fois illustrée dans toute sorte d’iconographies…. Un classique….. Je dirais même : « une scie » !
Je me demande dans ces cas-là comment renouveler ma vision de cet épisode pour éviter qu’il ne s’use. Cette année, j’ai trouvé trois pistes pour le « réveiller » :
- Ce n’est pas si fréquent dans l’Évangile de voir mentionné à ce point le rôle du « corps » : de l’empressement de Marie, des corps qui donnent la vie, de l’enfant qui tressaille, le mot même d’« entrailles » évoque du concret, il n’y a rien d’éthéré dans cette scène. La Parole qui devient corps est vraiment signe « d’incarnation ».
- A l’occasion des réunions en petits groupes en temps d’Avent, l’équipe de préparation nous a proposé de partager autour du texte d’Élena Lasida sur la « rencontre ». Elle y aborde cet épisode de la Visitation : une femme ménopausée rencontre une gamine vierge. Or, toutes les deux sont enceintes !!! Quel bouleversement, quel désaveu dans la société de l’époque ! Quel côté insolite, quel mystère ! La vie ne vient pas toujours de là où on pense….
- Chez nous, maintenant, où en sommes-nous ? Comment réagissons-nous face à ces enfants qui naissent sans géniteur identifié, avec deux mères ? ou deux pères ? Enfin, j’aime voir ces deux femmes avoir besoin l’une de l’autre dans la tempête qui les habite. Elles se retrouvent, elles ont besoin de parler. Cela prend du temps, elles restent ensemble trois mois. C’est une histoire de femmes racontée par un homme. Oui ! Nous avons besoin de dialogue, d’échange, de relecture avec d’autres sur ce qui se passe dans nos vies afin de nous éclairer mutuellement sur le désir que Dieu a pour nous.
C’est bien cela que nous vivons ici, dans ce partage de la Parole, à Saint-Merry Hors-les-Murs.
Nathalie
Méditation en musique : Magnificat
Lettre aux Hébreux (He 10, 4-10)
Il est impossible en effet, que du sang de taureaux et de boucs enlève les péchés. Frères, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second. Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.
Résonance
« Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton église »
« Tous ceux pour qui nous offrons le sacrifice »
« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »
« Jésus est mort pour nos péchés »
Toutes ces phrases qu’on entend et qui glissent parfois inaperçues d’une messe à l’autre, d’une eucharistie à l’autre (encore que, dans notre cas, ça devient moins fréquent, mais bon), qu’on répète en ayant conscience de ce que nous disons ou peut être pas.
C’est le monde d’avant, du premier état des choses. Un monde qui sort à peine de cet enchantement que décrit Marcel Gauchet [1]Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Gallimard 1985. Dans ce monde, le sacrifice – facer sacer, faire un acte sacré, un acte qui appartient à un domaine séparé, interdit – permet de tenter un rapprochement avec des dieux qui sont l’autre absolu, incompréhensible, terrible.
Mais dans le monde du second état des choses, le nôtre aujourd’hui, qu’est ce qu’on fait de tout ça ?
Les réactions étaient vives, lors de notre préparation : inaudible ; ça ne colle pas ; un repoussoir…
Impossible d’imaginer que ce Dieu d’amour, en lequel nous croyons ; ce Dieu qui arrête la main d’Abraham s’apprêtant à sacrifier son fils ; que ce Dieu envoie son fils à l’abattoir sans autre forme en y consentant.
Alors quoi ? Car il est quand même mort, Jésus, et pas de mort naturelle, avant de ressusciter.
Il nous semble plutôt que Jésus a été au bout de sa mission, et c’est vrai qu’il en est mort. Comme ces volontaires syriens casques blancs qui arrivent sur chaque lâcher de bombes, et prennent le risque d’y rester ; comme Maria Ressa ou Dimitri Mouratov qui exercent leur métier de journaliste au risque quotidien de ne pas dormir chez eux ; comme ces résistants hier qui assumaient le risque qu’ils prenaient. Mais pas en voulant mourir. Pas parce que Dieu aurait voulu cette mort, non.
Jésus est mort pour nous donner la vie. C’est cette bonne nouvelle qui déchire le rideau du Temple, qui met tout cul par-dessus tête. Qui, au lieu de séparer (le sacré), re-lie, Dieu à la vie, Jésus aux hommes, nous aux autres.
Tout ceci étant dit, du coup, nous vous proposons d’échanger sur la question suivante :
Et moi, quelle est mon expérience de passage vers une vie nouvelle ?
Valérie
PARTAGE
Quelle est mon expérience de passage vers une vie nouvelle ?
Poulenc : Improvisations 1-10, FP 63 – 10. Improvisation in F major
Chant : Le monde ancien s’en est allé
Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Nous attendons le jour de Dieu
Qui transfigure terre et cieux.
Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né ;
Ne vois-tu pas le jour venir
Et tous les arbres reverdir ?
Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Le Fils de l’Homme est revenu,
Ressuscité, il ne meurt plus.
Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Il s’est levé le jour de Dieu
Qui fait renaître terre et cieux.
Quelles intentions de prière avez-vous le désir de confier ?
♫ Que ta volonté soit faite Seigneur des temps nouveaux
Et que ton royaume vienne au milieu de nous.
Méditation en musique : Brassens, La prière
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre
Et par l’oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s’ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue, Marie
Par les gosses battus, par l’ivrogne qui rentre
Par l’âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l’humiliation de l’innocent châtié
Par la vierge vendue qu’on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue, Marie
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S’écrie “mon Dieu !” par le malheureux dont les bras
Ne purent s’appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu’il traîne
Je vous salue, Marie
Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l’on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins
Je vous salue, Marie
Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l’oiseau rappelant l’oiseau tombé du nid
Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée
Par le baiser perdu par l’amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie
Je vous salue, Marie
Retour sur la préparation
Depuis des décennies, à Saint-Merry, nous avons bénéficié, parfois inconsciemment, d’un grand luxe : chaque célébration était préparée, réfléchie, murie par laïcs et clercs au cours de la semaine précédente.
La préparation n’a jamais été l’apanage d’une équipe fermée, mais au contraire le fruit d’un groupe à géométrie variable, chaque semaine ouvert à tous, à chacun, à chacune. Ce luxe a été perpétué dans le cadre nouveau de Saint-Merry Hors-les-Murs ; nous en bénéficions chaque dimanche à 11 heures devant nos écrans. Lundi, nous avons participé à cette préparation, pour la première fois, Nathalie et moi. Nous pouvons témoigner qu’on n’en meurt pas.
Dans la fidélité à l’esprit de « notre » Saint-Merry, chacun de nous est libre de se connecter au Zoom du lundi, libre de ses idées, libre de s’exprimer, ou pas, lors de la célébration du dimanche suivant, libéré de tout souci technique, pris en charge par des « magiciens ». Tout est OPEN.
Chaque préparation est différente, la seule certitude, c’est d’en ressortir enrichi, avec des biscuits pour la semaine. A chacun de nous de prendre sa part, et de contribuer à inventer et construire ensemble une célébration toujours renouvelée.
Il suffit de consulter le flash pour avoir le lien de connexion le lundi soir (à 19h, ou 20h30 le 2e lundi du mois). Une fois devant votre écran, vous serez assuré d’avoir 2 heures de partage vivifiant de notre FOI.
Gérard
Notes
↑1 | Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Gallimard 1985 |
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