Ils se prénomment Ghaliba, Luz, Mirwais, Yilmaz, Tseing, Saadawiy, Ahmed… Ils viennent de Syrie, du Kurdistan turc, d’Afghanistan, d’Irak, d’Égypte, du Tibet, du Bangladesh, de Colombie, du Vénézuela, du Nigeria, de Géorgie, d’Ukraine… Ce sont des sage-femmes, chercheurs, ingénieurs, peintres en bâtiment, écrivains, désormais maçons, femmes de ménage, plongeurs…
Eux s’appellent exilés. Les autorités les nomment migrants.

Les commentaires claquent

« On a ouvert les vannes du grand remplacement. »
« Ce sont des malheureux mais on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. »
« Les vrais réfugiés, oui ; les migrants illégaux, non. »
On dit qu’ils acceptent n’importe quel travail pour une misère et contribuent ainsi au chômage.
Mais aussi qu’on régularise massivement les clandestins pour pallier le manque de main d’œuvre dans le bâtiment ou la restauration.
On dit qu’ils abusent des aides, qu’ils sont responsables de la violence dans les cités. Alors, on construit des murs et des clôtures ; on crée des “zones d’attente“, des “zones de rétention“ et on accuse les politiciens de laxisme.

Un parcours de combattant

En France comme dans toute l’Europe, quelle que soit la couleur politique du pouvoir, le nombre d’étrangers qui arrivent est en hausse depuis l’an 2000. Ils représentent environ 11 % des 68 millions d’habitants. Pour rester plus de trois mois en France, il faut un titre de séjour, précieux sésame. La moitié est accordée à des étudiants. Les autres cherchent soit à obtenir le droit d’asile qui offre le statut officiel de réfugié et une carte de résident valable 10 ans, soit une « autorisation exceptionnelle de séjour ». Commence alors un infernal parcours du combattant pour acquérir cette autorisation provisoire : un dossier comprenant logement, fiches de paie, durée du séjour en France… et, bientôt peut-être, l’admission à un examen de français (une langue ne s’apprend-elle pas en vivant au milieu de ceux qui la parlent ?). Ces titres de séjour sont délivrés par les préfectures, d’où des inégalités territoriales. Les délais de traitement sont si longs (six mois/un an) que des gens qui, entre-temps, ont trouvé travail, logement et une place dans la société, risquent l’expulsion. Un titre provisoire nécessite d’être renouvelé or des services préfectoraux, débordés, ne tiennent pas les délais. Les demandeurs deviennent illégaux et peuvent recevoir une obligation de quitter le territoire français. Ils font appel mais les délais encore… Un éventuel titre de séjour pour « métier en tension », tient de la marchandisation des personnes. Oui, il y a des limites ! 

« L’immigration est un fait qui fait aussi la France,
qui a fait son passé et qui fera sans doute son avenir. »

Gérald Darmanin, 6 décembre 2022 à l’Assemblée Nationale

Pierre Perret chante : « Mélangez-vous, mélangez-vous. Femmes, pleines de grâce, ouvrez vos bras aux hommes d’une autre race. Noirs, blancs, changez la donne, quand il n’y aura plus qu’une seule couleur, ce sera la bonne. »

Il y a des limites qui s’appellent frontières et séparent ceux du dedans et ceux du dehors.
Limite, du mot latin limes, donne aussi liminaire, relatif au début. Nous n’en sommes qu’au début.
Reste à ne pas limiter nos imaginations capables de créer un patchwork solide. À chaque pays et à chacun de trouver comment prendre sa juste part à l’accueil des exilés et comment vivre ensemble. 

Il n’y a pas de limite au respect de la dignité d’un humain. 

CategoriesNon classé
Joëlle Chabert

Joëlle Choisnard Chabert, géographe et journaliste retraitée. Autrice d’ouvrages pour adultes et pour enfants édités chez Bayard France et Canada, Salvator, Albin Michel. Thèmes : société, christianisme, vieillissement.

  1. DRISIN Philippe says:

    Bonjour,
    Je souhaite porter à la connaissance des membres de votre association la parution de mon nouveau livre : “Dieu a-t-il un plan ?”, après celle -il y a 2 ans- de “Pour un Nouveau Christianisme”
    Philippe DRISIN

  2. Blandine Ayoub says:

    Merci Joëlle pour cette parole claire et saine ! Qui s’entrecroise avec notre prochain débat sur l’immigration, et les données objectives qui y seront partagées.

Laisser un commentaire (il apparaitra ici après modération)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.