Nuit Blanche samedi 3 juin 2023, une œuvre féérique a été dévoilée sur le Socle. Que dit cette sculpture de Daniela Capaccioli & Nicolas Amar en ces temps d’incertitude ? La chronique de Jean Deuzèmes
Pour la huitième création du Socle et afin d’enjoliver l’été 2023, deux artistes ayant l’habitude de travailler ensemble ont réalisé un rêve. Traduire un grand mythe, la Boîte de Pandore, en un moment de féérie où le public peut, non pas toucher l’œuvre, mais la faire tourner, et ainsi participer à sa magie.
Cette œuvre a deux visages : le jour, elle semble finement dessinée en blanc et s’insère dans un bâti parisien très massif ; la nuit, éclairée à la lumière noire elle surgit comme un repère dans la ville et intrigue encore plus.
Le Socle ayant été conçu comme une belle boîte, les deux artistes ont voulu l’ouvrir avec leurs talents respectifs.
En interprétant ce mythe non pas comme l’histoire d’une faute féminine, mais comme l’expression du tragique choix humain entre la connaissance et l’ignorance, ils ont choisi la curiosité comme personnage principal. Mais la curiosité comme vice ou comme vertu ?
Pandore ou Pandora est la première femme humaine[1]. Elle fut créée sur l’ordre de Zeus qui, voulant se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée, offrit la main de Pandore à Epimétéhé, frère de Prométhée.
Ce frère accepta Pandore, considérée comme objet, qui apportait dans ses bagages une boîte mystérieuse. Zeus avait interdit de l’ouvrir.
Celle-ci contenait tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l’Orgueil, mais aussi l’Espérance.Pandore ouvrit la boîte, libérant ainsi les maux qui y étaient contenus. Elle voulut refermer la boîte pour les retenir ; hélas, il était trop tard.
Seule l’Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée.
Au Socle, au pied de l’église familière, avec cette œuvre féérique la boîte s’ouvre sur nos rêves, nos espérances, et peut-être sur l’Espérance que porte Saint-Merry Hors-les-Murs, notamment celle d’une communauté nomade d’avoir un nouveau lieu où se poser en 2024.
Le vernissage a été somptueux car l’œuvre faisait partie des évènements de la Nuit Blanche 2023. Le discours, qui allait au-delà des remerciements d’usage, est revenu sur le sens de l’œuvre en invitant le public à agir : « Dans le mythe de Pandore, le plus important est ce que l’on ne voit pas : l’espérance qui reste tapie au fond de la boîte. C’est cela que l’on vous souhaite de manifester, car notre monde ne va pas bien et a besoin de vous toutes et tous pour tourner. Alors, commencez par la manivelle qui fait tourner ces êtres merveilleux »
Une performance chorégraphique hors normes est venue aussi faire événement devant cette œuvre hors normes. Un «Burlesque» hybride a pris la placette du Socle comme scène de théâtre.
Eline Cottenceau, alias Plastic Alien, styliste et costumière, qui réalise de splendides créations personnelles à partir de matériaux et tissus de récupération avait habillé sept personnages tout en couleurs.
Sept personnalités heureuses de montrer leur singularité, en allusion à la culture du Marais, de toutes couleurs de peau et de vêtement.
Sept solos pour les petits et les grands.
Sept moments de joie intense pour s’opposer aux maux du mythe de Pandore ;
20 minutes où les passants se sont arrêtés.
Un hymne au respect de l’autre.
La célébration de la vie.
La célébration de l’imagination du Socle.
Grillage métallique, structure métallique, plateau tournant par manivelle, lumière noire.
3,5 x 3,5 x 2,5 m
mai – septembre 2023
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[1] Pandore fut fabriquée avec de l’argile et de l’eau par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l’habileté manuelle et l’habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon lui donna le talent musical ; Hermès lui apprit le mensonge, l’art de la persuasion et lui donna la curiosité ; enfin Héra lui donna la jalousie.