Deux jours de lumière ces 22-23 septembre 2023 au bord de la Méditerranée, pour attiser le feu d’enjeux essentiels : la visite du pape François à Marseille, vue par le RCI.
Les migrants et les associations
D’abord une matinée sur « les migrants et le travail », à la Chambre de Commerce de Provence. Donnée économique en pleine actualité, avec la mise en avant notamment des fameux « métiers en tension ». Rencontre organisée par les Semaines Sociales, les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, et le Secrétariat Social de Marseille (centre diocésain de réflexion). Des interventions fortes, pluralistes, avec des chefs d’entreprise engagés, le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII – D. Leschi), Muriel Pénicaud (ancienne ministre du travail), la Cimade… Il en ressort que pour le développement humain des personnes migrantes tout est lié : leur possibilité d’arriver chez nous (action remarquable de Sant’Egidio, très présent, avec en particulier les « couloirs humanitaires »), leur reconnaissance, l’emploi, l’apprentissage du français, le logement (éternelle pierre d’achoppement), et bien sûr la formation ; à ce propos, il est précieux d’entendre la voix d’associations méditerranéennes s’impliquant dans un accompagnement approprié des jeunes : Evocae (se former, choisir, d’engager), l’IMF (Institut méditerranéen de formation et recherche en travail social), Protis Club (jeunes recrues), le Groupe Campus, etc.
Le pape et « les périphéries »
Pendant ce temps, le pape François débarque et partage les perspectives dégagées par le groupe de travail des Rencontres Méditerranéennes, rassemblant depuis plusieurs jours les 72 évêques du pourtour de la Méditerranée, et autant de jeunes issus de tous ces pays. Au programme évidemment : l’immigration, le climat et la sauvegarde de la planète, la pauvreté, les inégalités, l’avenir des jeunes..
Il est encore marquant de relever deux faits significatifs d’approche des « périphéries », complètement impromptus, qui vont déroger au protocole préétabli : le pape demande à aller dans une cité des quartiers Nord, l’une des plus pauvres qui soit, où vit une petite communauté des sœurs de Mère Teresa, à la rencontre des habitants de St-Mauront ; par ailleurs, il s’entretient, contre toute attente, avec une délégation de l’association SOS Méditerranée, qui s’efforce de sauver en mer avec son bateau Ocean Viking les migrants naufragés (27 000 morts recensés depuis 2014), en dépit de tous les obstacles institutionnels qu’on lui oppose (comme cadeau lui est offert un gilet de sauvetage d’enfant, qui a déjà servi !)
À noter aussi le « village de la rencontre » : éloquentes toutes ces associations, agencées sous des tipis sur le parvis de la cathédrale la Major, au-dessus de la mer, qui présentent leurs multiples actions. Un vrai bouquet d’initiatives bénévoles remarquables.
La messe
Enfin, un moment intense, unique, la messe avec le pape dans le célèbre stade Vélodrome. Une cathédrale éphémère, incroyable. 60 000 personnes de tous bords (y compris quelques musulmans et des sans-religion) se pressent joyeusement. Une profonde émotion, palpable, en même temps qu’une certaine retenue, dans la gravité des cœurs. François en effet n’a pas mâché ses mots : à l’opposé du virus de l’indifférence, un naufrage, on est à un « choix de civilisation », pour faire émerger le bien commun, passons d’urgence aux actes…
Oui, une pause comme à l’orée d’un grand recommencement.
À conjuguer inlassablement. Le lendemain, dimanche 24 septembre, c’était la Journée mondiale du migrant et du réfugié, impulsée chaque année par le pape. En réalité, c’est tous les jours la construction d’une « autre humanité »… entre nos mains.
Jean-Marie Guion
Association Réseau Chrétien – Immigrés
Au même moment, à Marseille, une autre association amie de Saint-Merry Hors-les-Murs rencontrait également le pape : SOS Méditerranée, qui a offert à François un gilet de sauvetage ayant servi à un enfant réfugié. Seul chef d’État européen à prendre publiquement position en faveur du sauvetage en Méditerranée centrale, celui-ci parle d’un « devoir d’humanité, (…) un devoir de civilisation ! »
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