Les occasions de se féliciter – ou de décrier tel ou tel aspect – des rencontres méditerranéennes à Marseille n’ont pas manqué. Mais alors que tous les regards ont été aimantés par ces questions et surtout par les événements du Vélodrome, je choisis plutôt de vous partager deux temps forts vécus à l’écart des feux de la rampe.
Une célébration dans une des plus anciennes églises de France, à Saint-Victor – ses entrailles sont un mille-feuilles d’histoire à déchiffrer – ; mais ce qui m’a marquée, c’est le joyeux bazar dehors, sur le parvis après la messe : les accents bariolés, les calottes des cardinaux et évêques de Rome, d’Alep ou d’ailleurs, malmenées par le vent, les sacs à dos des plus jeunes, les ensoutanés, les « baskettés », les bénévoles de tous âges, pour un peu on aurait même croisé les kilts des supporters de rugby de la coupe du monde concomitante. Sans façon, la parole circulait et les visages étaient transfigurés, et pas seulement par la lumière et le ciel si bleu que seul le mistral peut offrir. Oui, Marseille en cet instant, en ce lieu, était bien la mosaïque d’espérance [1] vers laquelle les regards pouvaient reprendre souffle. Bien sûr ce n’était qu’un instant. Bien sûr, ce n’était qu’un moment de communion qui ne peut faire oublier les cohortes de malheurs qui ensanglantent la Méditerranée. Et pourtant…
Mettons maintenant le cap au fond du Vieux Port. Dans les salles pompeuses de la Bourse – ah ces contrastes marseillais ! – se tenait une rencontre d’acteurs engagés pour l’insertion, la formation, l’emploi, l’accompagnement… tout au long du bassin méditerranéen, à l’invitation des Semaines Sociales, des Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens. J’y ai également vu non pas des caméras, mais une ex-ministre du travail et aussi un ami de notre communauté engagé dans le Réseau Chrétiens – Immigrés [2]. Les opinions se croisaient sans s’affronter, entre celles qui mettaient surtout l’accent sur « le droit des personnes à ne pas avoir à émigrer » et celles qui militaient plutôt en faveur d’une législation plus favorable aux migrants. Et puis, il y a eu la voix d’un pasteur commentant les nombreuses migrations dans les écrits communs aux trois monothéismes, et son cri : « ce qui compte, ce n’est pas tant : “d’où viens-tu ?” que : “où vas-tu ?” ! ».
Ce cri, peut-être en partagerez-vous la force mobilisatrice à l’heure où notre communauté hors-les-murs s’interroge : où aller ? Peut-être partagerez-vous l’invitation entendue pendant ces rencontres méditerranéennes : créer des lieux pour croiser les expériences et ensemble trouver à co-construire nos chemins d’avenir ? Choisir où porter son regard et mieux repérer où et par quelle attitude nous trouverons le plus de force pour la route à l’écoute du Christ et des questions brûlantes de notre temps ?
Alexandra N.
[1] Selon l’expression de l’archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline
[2] Cf. l’article de Jean-Marie Guion : Allez Marseille… en avant ! https://saintmerry-hors-les-murs.com/2023/10/03/allez-marseille-en-avant/