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Dimanche 8 octobre 2023. « Ne soyez inquiets de rien, priez. Le Dieu de la Paix sera avec vous.»

Les textes de ce dimanche, en lien avec notre assemblée communautaire qui dynamise notre début d’année, nous parlent à nouveau de la vigne, de ses fruits, de la passion de Dieu pour l’homme, à qui Dieu donne tous les moyens de produire ces fruits et plus profondément de notre élan de vie fondamental pour construire un monde plus beau. “Ne soyez inquiets de rien”, dit Paul, ne signifie pas l’indifférence à notre monde, avec ses guerres, ses souffrances et ses effondrements ! Non, plutôt consentir pleinement au don de la vie.

Psaume 79

Dieu, fais-nous revenir, que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés.

La vigne que tu as prise à l’Égypte,
tu la replantes en chassant des nations.
Elle étendait ses sarments jusqu’à la mer,
et ses rejets, jusqu’au fleuve.

Pourquoi as-tu percé sa clôture ?
Tous les passants y grappillent en chemin ;
le sanglier des forêts la ravage
et les bêtes des champs la broutent.

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.

Photo Dan Meyers sur Unsplash

Accueil

La paix soit avec nous !
Nouvelle année, nouveau départ, en attente d’un nouveau lieu et d’une nouvelle mission. Défi de notre renouvellement. Peut-être cela nous inquiète. C’est trop, ça dépasse nos capacités, disent certains. C’est pas comme nous voulons, disent d’autres.
Paul dans la lecture de ce dimanche nous dit : « ne soyez inquiets de rien, priez, rendez grâce, le Dieu de la paix est avec vous ». Ce texte qu’on va lire tout de suite, nous a paru la clef des lectures, avoir un rapport direct avec la marche de Saint-Merry Hors-les-Murs : il médite sur l’inquiétude et sur la paix justement. « Ne soyez inquiets de rien » ne signifie pas « soyez indifférents » bien au contraire ! Inquiets, nous le sommes collectivement devant les guerres, Israël et Palestine, la violence sociale et l’effondrement, inquiets, nous le sommes personnellement devant nos peurs intimes et l’ignorance de ce que nous allons devenir. Les mots de Paul « ne soyez inquiets de rien » peuvent être difficiles à entendre tant la route semble barrée, tant notre fragilité domine. Vingt siècles avant nous, Paul a aussi en tête l’effondrement possible du monde, comme celui des communautés. Nous sommes tous englués dans la même histoire. La seule solution, dit-il, est de consentir pleinement au don de la vie, de dire merci en toute quiétude, de rendre grâce et de faire la paix en soi, autour de soi, tout en vivant l’espérance. Paul nous demande d’affronter le contexte qui est le nôtre, pour dire et proclamer qu’il est possible d’exister autrement, pour dire et proclamer que l’Évangile, dans ce qu’il a d’inouï et d’inédit, est l’avenir de l’humain, de l’humanité et de la création.
Bonne nouvelle : le combat continue, a-t-on dit lors de la préparation, comme on dit dans les bonnes manifs. « Ne vous inquiétez de rien, la paix de Dieu dépasse tout ce que l’on peut comprendre » dit Paul. Même si le monde ne va pas bien et que nous devons agir, cela n’empêche en rien l’événement du royaume de paix de survenir, car la grâce de Dieu ne dépend absolument pas de nos petits mérites existentiels. 

L’épître de Paul a aussi un rapport avec l’exhortation de François, publiée le 4 octobre Laudate Deum, qui complète Laudato Si’, huit ans après. Il fustige l’inaction internationale, les moqueries irresponsables ou romantiques devant l’urgence climatique, cette « maladie silencieuse » qui nous affecte tous. Il rappelle que tout est lié entre terre et justice, l’importance de notre non-indifférence, du « marcher en communion et avec engagement » et des « petits gestes du quotidien », parce que c’est le « chemin de sagesse et de réconciliation avec le monde ». La lettre de Paul a encore un rapport avec le synode « pour une église hospitalière » : son document préparatoire a pour titre « pour une église synodale, communion, participation et mission ». Pour repenser le monde, étendre la paix et rendre possible la fraternité, le détour par l’Évangile transmis par Paul n’est-il par un superbe antidote à l’incertitude du temps ?

Jacques D.

Lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens (Ph 4, 6-9)

Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte.
Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous.

Chant : Seigneur, que veux-tu que je fasse ?

Paroles et musique : Robert Lebel

Seigneur que veux-tu que je fasse ?
Je n’ai pas grand-chose à t’offrir
Sinon mon unique désir
De te laisser toute la place.
Depuis longtemps tu me façonnes
Entre révoltes et beaux jours
Voici qu’entre tes mains d’amour
Ô Dieu, mon Dieu je m’abandonne.
Seigneur que veux-tu que je fasse ? (bis)
Je ne veux vivre que de Toi et pour Toi.

Que désormais, je sois l’espace
Où je me laisse aimer le cœur,
Que je ne cherche plus ailleurs
Ce qui ne vient que de ta grâce.
Que toute ma vie t’appartienne, 
Et mes hivers et mes étés,
Car je n’ai d’autre volonté
Que de vivre selon la tienne.
Seigneur que veux-tu que je fasse ? (bis)
Je ne veux vivre que de Toi et pour Toi.

Toi qui m’as donné de t’apprendre
À même l’espoir et la nuit,
Je voudrais tant que d’autres aussi
Retrouvent ton feu sous leur cendre
Vers ceux qui se meurent d’attendre,
Que ma tendresse soit tendue
Qu’elle révèle ta venue
À ceux qui souffrent sans comprendre.
Seigneur que veux-tu que je fasse ? (bis)
Je ne veux vivre que de Toi et pour Toi.

Introduction aux textes : une vigne à valoriser

Nous avons décidé de lire, à la suite, le texte d’Isaïe et l’évangile de Matthieu car ils utilisent la même image de la vigne à valoriser. Ces deux textes sont durs ; dans chacun des textes, le jugement mène à une condamnation radicale. Dans Isaïe, l’application de la peine est cependant reportée dans un futur indéterminé et dans Matthieu cela se termine différemment ; Jésus demande à ses auditeurs comment ils jugeraient et la réponse est aussi forte que chez Isaïe. Alors Jésus nous fait percevoir, encore une fois, que les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres et que l’accomplissement du royaume ne suit pas le chemin que nous prévoyons. La pierre rejetée devient pierre d’angle et le peuple élu n’est pas la seule porte pour l’accomplissement.

Ces deux textes disent aussi la passion de Dieu pour l’homme, à qui Dieu donne tous les moyens de réussir le soin de la vigne et de sa production. La terre est préparée, le plan de vigne choisi de qualité, tour, pressoir et enclos sont donnés pour que tout se passe au mieux. Que nous nous comparions aux travailleurs, ou que nous nous assimilions à la vigne, nous pouvons nous demander pour qui et pour quoi nous produisons des fruits. Quel est notre élan fondamental et agissons-nous en cohérence avec lui ?

Écoutons maintenant ces deux textes, ayant dans le cœur ce que nous a dit tout à l‘heure Paul : « Ne soyez inquiets de rien, priez tout en rendant grâce,… et le Dieu de la paix sera avec vous ».

Michel M.

Au livre du prophète Isaïe (5, 1-7)

Photo Lukas sur Pexels

Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne.
Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir.
Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais.
Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ?

Eh bien, je vais vous apprendre ce que je ferai de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée.
J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie.
La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël.
Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda.
Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice,
et voici les cris.

Acclamation

Photo Dustin Humes sur Unsplash

Alléluia, Alléluia, Alléluia ! (bis)

Ta parole nous invite vers des rivages nouveaux.
Souffle murmurant la vie au-delà de tous les mots.
Alléluia, Alléluia, Alléluia (bis)

Évangile selon Matthieu (21, 33-43)

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole. Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : 
“Ils respecteront mon fils.”
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !” Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? »
On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »

Les fruits que nous avons portés, les fruits que nous voulons porter 

La prière qui rend le Dieu de la paix présent au milieu de nous est en lien avec nos choix et notre action quotidienne. Les intentions préparées à la suite du travail en pôles vont maintenant nourrir notre prière. Ce seront autant de fruits déjà donnés ou de germes à faire fructifier cette année en communauté et dans le monde.

Michel M.

  • Nous sommes nomades. Alors plantons notre tente et regardons ceux qui passent autour de nous. Accueillons-les au nom de notre communauté.
  • Continuons à n’être, parfois, qu’un lieu de passage. Cela participe d’une extraordinaire capacité d’adaptation où l’espérance et le partage de l’Évangile sont restés premiers.
    Continuons à inventer, à être ouverts aux initiatives des uns et des autres, au dedans et au dehors.
    Continuons les temps de célébration, les temps d’échanges et les temps de rencontres, comme les groupes Carême en témoignent.
  • Le pôle Solidarités nous ouvre à des réalités que nous ne vivons pas forcément dans notre quotidien :
    – réalités dramatiques comme celles que subissent et vont subir nos amis de Gaza en ce moment
    – réalités plus réjouissantes comme les projets portés par la commission Partage, notamment en Afrique et en Amérique Latine.
  • Formation, partage, enseignement, ouverture, échanges. Déplacer le religieux. S’ouvrir à d’autres publics. Rencontrer celles et ceux qui sont en lutte ou en mouvement. Se relier au monde et à ses crises. Rendre intelligible ce qui ne l’est souvent pas.
  • Le pôle faire Église a accueilli beaucoup de membres de notre communauté n’appartenant pas à des groupes mais très intéressés par ce thème. Proposition a été faite de remplacer “faire Église” par “Vivre en Église”, proposition acceptée de façon unanimité.
    Les fruits : 5 représentants de groupes présents appartenant à ce pôle ont exprimé les réflexions et les actions qu’ils ont conduit.
    Quant aux fruits à venir, l’insistance a été portée sur sortir de l’entre-soi, que ce soit au sein de la communauté en jouant la transversalité, que ce soit en direction des communautés humaines chrétiennes ou non, qui sont aussi le visage du Christ.

Prière eucharistique

Chant : La vie en abondance

Paroles : Marc Ginot – Musique : Jean-Marc Duménil

Venez comme à la danse goûter le pain de vie.
La vie en abondance, la vie en Jésus-Christ

Quelle voix au loin s’approche ? Nous sommes invités.
Qui murmure ces paroles : « C’est l’heure du banquet ! » 

Levez-vous, prêtez l’oreille : Nous sommes invités.
Dieu Lui-même vous appelle : « C’est l’heure du banquet ! »

Riches pauvres ou malades : Nous sommes invités.
Tous auront leur place à table: « C’est l’heure du banquet ! »

Revêtez l’habit de fête : Nous sommes invités.
Car la noce est déjà prête : « C’est l’heure du banquet ! »

Photo Askar Abayev sur Pexels

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