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Paris + : De la spiritualité dans l’art ?

Trouver des œuvres affichant une dimension ou une référence spirituelle est banal dans les grandes institutions culturelles. Mais, en 2023, dans une foire où l’argent circule à haute intensité qu’en est-il ? La chronique de Jean Deuzèmes

Ce ne sont pas les drames de la planète, l’inflation, la chute de l’immobilier, les recompositions de la Tech ou la crise climatique qui ont dissuadé les galeries et les collectionneurs d’affluer à Paris, dans le Grand Palais éphémère.

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Pour la deuxième année de Paris+ par Art Basel, qui a succédé à la Fiac, 153 galeries (pour 700 candidates) ont accueilli 38 000 visiteurs en 4 jours ! L’afflux des collectionneurs internationaux témoigne de l’attrait exercé par Paris, chacun des galeristes ayant sa stratégie marketing et esthétique.

Dans ce qui est un marché d’investissement (entreprises, individus, fonds financiers), les acteurs se font aussi plaisir, recherchent des œuvres qui les touchent, voire qui invitent au questionnement intérieur.  Les œuvres ayant une dimension ou une référence explicitement spirituelle étaient en faible nombre et dispersées. Mais les rechercher était une méthode pour parcourir les allées et faire de nombreuses découvertes.
Huit d’entre elles indiquent à quel point le spirituel dans l’art[1]présente des visages différents. Sont-ce des symboles simplement puisés dans le monde du religieux ou le résultat d’une quête spirituelle, le paysage d’une errance intérieure si particulière de l’artiste ?

Mark Rothko, Olive Over Red

1956, 2,36 x 1,46 m
Galerie PACE

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Mark Rothko, Olive Over Red, 1956


Une expérience spirituelle visuelle est-elle possible ?

Voir un Rothko, c’est faire une expérience de l’ordre du spirituel. Mais dans une foire, les conditions sont particulières. Le tableau impressionnant par sa taille et sa valeur exceptionnelle (38 millions €), surveillé en permanence par un vigile, était arrivé de New York in extremis, dans l’espace réservé par la deuxième galerie mondiale PACE.  Au départ, le thème choisi par cette dernière était plus large : « Under the influence – PACE artists respond to Rothko ».  Comme tous les Rothko disponibles étaient à la grande rétrospective Rothko à la Fondation Vuitton, la galerie avait choisi initialement de se limiter à montrer ses artistes sous l’égide de l’artiste new-yorkais. C’est donc un peu miraculeusement que ce tableau a été exposé à Paris. Son propriétaire, le financier multimilliardaire Thomas H. Lee, s’étant suicidé au début de l’année, plusieurs œuvres importantes de sa collection ont été mises en vente à titre privé au cours des derniers mois. Il fallait pour la galerie internationale être présente à Paris avec un grand Rothko, sinon rien. Est-ce le signe d’une implantation future à Paris qui voit se multiplier les arrivées de galeries ? En admirant un tableau, on ignore souvent les stratégies qui président à son exposition.

Côté accrochage, « Olive Over Red » respectait les normes édictées par l’artiste (1903-1970) : sans cadre, à hauteur des yeux (placés à 50 cm de la toile), afin d’entrer dans la contemplation non pas de la couleur, mais de la lumière émanant des grandes masses peintes par superpositions fines. Sans nul doute, il y avait de l’envoûtement visuel à observer la vibration des teintes d’une œuvre datant de 1956, plus sereine que les tableaux particulièrement sombres de l’artiste avant son suicide.

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Mark Rothko, Olive Over Red, détail

Suzanne Pagé, la directrice artistique de la Fondation Vuitton, parle de son universalité : « Pour moi, c’est un artiste que chacun, tout le monde, partout devrait pouvoir aborder. Je ne sais pas expliquer pourquoi. Cette fameuse émotion donne accès à quelque chose de la transcendance. […] C’est universel, intemporel. Cette œuvre vous met en face de vous-même. Je pense qu’ion ne peut pas y échapper. »

Mais cette expérience individuelle que procurent des Rothko, quand ils sont en série ou dégagés d’autres œuvres, perçus dans le silence était incomplète à Paris+. Alors que dans les grandes expositions, où il y a foule, se produit un recueillement palpable, dans une foire au niveau sonore désagréable, le tableau isolé, hors normes et d’une telle valeur, rappelait l’atmosphère de La Joconde au Louvre.

Étienne Chambaud. Uncreature

2023, ensemble de panneaux de bois recouverts de feuilles d’or
Dimensions variables (de 33 à 53 x de 27 à 42 cm)
Galerie Esther Schipper

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Étienne Chambaud. Uncreature, 2023, icônes recouverte de feuilles d’or

Iconoclasme ?

On peut être surpris face à l’œuvre de cet artiste né en 1980, exposé dans de nombreuses grandes institutions, et notamment à la Dogana-Fondation François Pinault à Venise, en 2023 pour une sublime exposition « Les Icônes ».  On pourrait dénoncer un geste destructeur. Or il ne fait que montrer autrement des icônes, ces œuvres étant avant tout des excès de l’image sur elle-même, mobilisant tous les sens.  En effet, l’artiste les choisit, les achète neuves ou détériorées puis les recouvre de feuilles d’or, en ne laissant voir que certains détails des corps ou visages, yeux, bouches, mains. L’or étant le matériau symbolisant l’immatériel et l’inaltérable, l’artiste tente une redéfinition de l’œuvre d’art religieuse, qui est saisissement du regard et support visible pour accéder à l’invisible.

« Ce qui m’intéresse dans ce procédé c’est que les icônes sont toujours une question de la présence. Ce sont des images, c’est-à-dire qu’elles représentent quelque chose qui n’est pas là, mais ce sont aussi des images qui incarnent la présence réelle de ce qu’elles représentent. » (voir site de la Fondation Pinault)

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Et l’on est saisi effectivement par une telle œuvre. En fait sa pratique n’est pas très éloignée d’une pratique des peintres d’icônes consistant à produire des oklads pour les peintures sur bois, c’est-à-dire de beaux systèmes de protection ou de décoration en laiton ou en argent repoussé, laissant voir les yeux de la Vierge ou de l’enfant et leurs mains.La technique utilisée est si fine qu’elle laisse passer les irrégularités des croûtes de peinture exprimant le temps.

Étienne Chambaud, Uncreature, 2022 (détail). Tempera et feuille d’or sur panneau de bois, 30 × 22,2 × 5,6 cm. Courtesy de l’artiste et Esther Schipper, Berlin. Photo : Aurélien Mole.

La technique inverse le rapport avec le spectateur. Traditionnellement devant une icône, la personne priante est invitée à porter son regard sur l’au-delà, l’œuvre visible révélant l’invisible. Dans « Uncreature », la bouche et les yeux isolés du reste parlent et regardent le spectateur et, au-delà de l’esthétique si particulière, sont des ouvertures au retour sur soi.

Dans une courte vidéo, l’artiste détaille son acte de création.

Ce rapport entre les mondes visible et invisible a été abordé de multiples manières par les artistes contemporains. La vidéo passionnante, autour d’une discussion entre Emma Lavigne, Bruno Racine et Marie-José Monzain lors de l’exposition de Venise en témoigne.

 « Le terme d’icône est un geste opératoire qui n’a pas fini de fleurir dans l’art » (Marie-José Monzain)

Dan Vho, Untitled

2022, Bronze 16eme, « French figure of Christ”
125 x 41 x 39 cm
Galerie White Cube

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Dan Vho, Untitled 2022, Bronze 16eme, « French figure of Christ”

Un Christ en bronze peut cacher bien des choses
Comme Étienne Chambaud, Dan Vho fait partie des artistes soutenus par la Fondation François Pinault, la référence recherchée par les galeries pour leurs ventes. Ici aussi, pour ce Christ apparemment sans problème esthétique, hormis son clinquant, la référence religieuse a été matériellement altérée, mais pas de la même manière et avec un sens très différent. Danh Vo, né en 1975 au Vietnam et réfugié au Danemark durant son enfance, a mis en scène une détérioration analogue à celle de la grande exposition au ton apocalyptique de la Bourse de Commerce (2023), « Avant l’orage ». Toute son œuvre étant marquée par le déracinement, il a fait du démembrement d’objets, notamment religieux, un préalable à ses installations, les œuvres étant des marchandises échangées par ceux qui sont au pouvoir. La question du religieux tient une place importante chez lui, car en faisant des recherches sur ses origines familiales, il a découvert que les missions étaient les vecteurs de la colonisation et de l’extension du capitalisme. Il y a ainsi une dimension politique implicite derrière ce Christ ; sa démarche est totalement différente de celle de Pascal Convert, dont le Christ de verre exposé dans une chapelle de Saint-Eustache, Cristallisation N°3 (2014) est aussi le produit d’une métamorphose. Mais Pascal Convert a, lui, été très respectueux vis-à-vis du Christ en bois, altéré seulement par le temps. Si on peut se recueillir devant son œuvre, cela est moins évident devant « Untitled », qui est un objet réduit à une forme et à une esthétique renvoyant un autre sens, le mémoriel politique et non le cultuel. Une démarche relevant de l’extraction de symbole religieux plus qu’une déambulation spirituelle, sans nul doute.

Christian Marclay, Crosscut (Glass handle)

2023, Altered wooden door
196x70x12 cm
Galerie White Cube

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Christian Marclay, Crosscut (Glass handle) 2023, Altered wooden door

Étrange croix de bois
Le titre joue avec les mots « coupé en longueur, poignée de verre », mais en anglais « croix coupée ». Pour comprendre une telle œuvre, il faut se référer à la dernière exposition au Centre Pompidou (hiver 2022) de cet artiste américano-suisse multimédia, né en 1955, internationalement reconnu.

Il avait projeté « Doors », une vidéo sans début et sans fin, (voir extrait à partir de 2 minutes 17) constituée de séquences de films où les personnages ouvrent ou ferment des portes aux poignées différentes. Cette œuvre attirait la curiosité du spectateur sur ce qui se passe derrière la porte et l’obligeait à faire un choix : à quel moment quitter la vidéo puisqu’elle est en boucle ? Une œuvre ludique, mais questionnant chacun sur ce que veut dire mettre fin.

Dans ce sillage, Christian Marclay a choisi de belles portes anciennes aux poignées différentes et en a fait des croix, par découpage comme il a l’habitude de le faire avec les disques ou leur pochette pour en faire des œuvres visuelles. Si le temps est une entité que l’artiste ne cesse de questionner[2], avec malice et détournement, dans « Crosscut », à la différence de « Doors », le temps est arrêté. Est-ce aussi « la » dernière image ? La référence au Christ et à « Moi, je suis la porte » (Jn 10.09) viennent à l’esprit ; mais une fois de plus Christian Marclay esquive ce texte, opère un détournement, laissant le spectateur sur une question qui n’est pas seulement ludique. Un objet référant au religieux plus qu’une clef pour la méditation.

Roger Edgar Gillet, Apôtre

1996, acrylique
83×67 cm
Galerie Nathalie Obadia

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Roger Edgar Gillet, Apôtre, 1996

Déborder le religieux
Ce peintre (1924-2004) n’a pas été reconnu de son vivant parce qu’il se trouvait à contre-courant, mais depuis quelques années ses œuvres retrouvent un public, comme l’atteste la grande exposition qui lui a été consacrée en 2023 à Eymoutiers, dans l’espace Paul Rebeyrolle, un artiste radical et intransigeant qui était aussi son ami. Apprécié dans les années 60 pour ses compositions abstraites alors que l’abstraction s’imposait, Gillet s’en éloigne pour la figuration des êtres et des choses, de façon rugueuse et non joyeuse ou colorée. Saisissant des motifs contemporains, il les maltraite.
Il investit aussi le champ religieux, comme sa puissante « Mise au tombeau » (1969) aux personnages dévastés par la douleur alors que ces thématiques sont marginalisées à l’époque

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Roger Edgar Gillet, Mise au tombeau, 1969. Courtesy du fond Roger-Edgar Gillet et Galerie Nathalie Obadia Paris/Bruxelles

Si aujourd’hui les artistes traversent toutes les formes d’art, lui est resté fidèle à la peinture dans sa matérialité, dans l’épaisseur de ses huiles et se retrouve dans Goya, Daumier et Ensor, avec des tons sombres, des visages déformés ou à peine évoqués, souvent tragiques. Il a aussi aimé représenter les gens de théâtre pour leur fragilité. Ce portrait désigné comme celui d’un apôtre n’en précise pas l’identité et reflète ses exigences artistiques, si proches de valeurs spirituelles ; il retient immédiatement l’attention. Il possède une densité d’universalité, l’artiste parlant aussi de tous ceux qui se vouent à la défense d’une cause, en particulier en art[3]. Ici, le personnage contemporain par sa silhouette affirme sa présence en regardant le visiteur avec empathie, un appel au silence et à l’intimité de soi.

Sanyah Kantarovsky, Night Prayer

2023, 80 x 60 cm,
Galerie Capitain Petzel Berlin

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Sanyah Kantarovsky, Night Prayer, 2023

Expressionnisme et prière
Né à Moscou en 1982, vivant et travaillant à New York, Sanya Kantarovsky est parti faire ses études d’art en Californie. À la fois dessinateur, sculpteur et vidéaste, il relie sa pratique de la peinture au concept de l’avant-garde russe du début du XXe siècle, l’ostranenija, ou “rendre étrange”, qui, comme il l’explique, était l’idée que l’art devait défamiliariser quelque chose et vous donner l’impression que vous la regardiez pour la première fois.  Les sujets peints souvent en à-plat peuvent être inquiétants et traversés d’humour noir. Ses saynètes de vie familiale quotidienne reprennent aussi des formes de peintures religieuses (pietà, mise en tombeau) et évoquent le sentiment de monologue intérieur.  Dans ce tableau, au titre explicite, le personnage à la tête disproportionnée, cadrée en contre-plongée sur le mode de l’expressionnisme, exprime une douleur intérieure, une prière personnelle, telle qu’on l’entend dans la première partie de nombreux psaumes. La lune est plus qu’une marque de la nuit ; seule sur le fond gris elle est témoin et signe de ce qui est plus haut que le personnage.

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Maxim Kantor, Deux hommes en prière, 2017

Les Saintmerriens peuvent se rappeler un autre tableau, lui aussi très bouleversant, « Deux hommes en prière » de Maxim Kantor dans l’exposition « De l’autre côté » (2017) Lire V&D, où l’artiste rendait un hommage à son père affirmant aussi une filiation spirituelle.

Lucie Picandet, Les Incarnatrices (2)

2023,145 x 114 cm,
Galerie Georges Philippe et Nathalie Vallois

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Lucie Picandet, Les Incarnatrices (2), 2023

Partir de la composition textuelle et exprimer joyeusement la création

Cet étrange tableau grand format tranche avec les œuvres précédentes au vocabulaire religieux explicite.
Les Incarnatrices, sont des titres antithétiques des plantes carnivores. Elles ne font pas disparaitre la vie, mais en sont à l’origine et en livrent les détails. Un ciel rouge, séparé de l’eau primordiale invite à relire La Genèse et notamment les deuxième et troisième jours[4] (Gn 1 6-13) : la séparation du ciel et de la terre, la création des plantes. Le végétal est peint ici après des recherches qui sont ensuite passées dans le moule de son imagination. Il s’en dégage une évidente force créatrice initiale.

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Née en 1982, vivant et travaillant à Fontainebleau, Lucie Picandet est lauréate de nombreux prix et se singularise par sa formation et son processus créatif. En parallèle de son cursus aux Beaux-Arts de Paris, elle suit également des études de philosophie, théologie et esthétique. Ses œuvres mêlent des techniques très diverses, de la broderie à l’aquarelle, de l’écriture à la peinture.

Ci-contre, Lucie Picandet, Les Incarnatrices, 2023

À l’image de ce tableau, sa création révèle un univers complexe, poétique, voire surréaliste. Les toiles sont souvent précédées de textes qui ne les décrivent pas, mais les installent dans un cadre de pensée.

LUCIE PICANDET | UNDERCOVER

La galerie Vallois, lors d’une précédente exposition, présentait avec justesse son travail : « Lucie Picandet démontre qu’il nous est encore possible […] d’unifier une mécanique céleste universelle où le bacille aurait tout autant d’importance que la plus grande des planètes, chacun d’eux participant à l’équilibre général. Elle fait le lien vital et vertigineux entre l’univers et son monde intérieur, passant d’une échelle cosmique à l’infiniment petit, […] Des moments de peinture où l’être biologique rejoint l’esprit. »

Maha Malluh. Food for Thought « Nur wa Thululmat”

2023,891 cassettes audio dans 9 plateaux de bois.
Galerie Selma Feriani,

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Maha Malluh. Food for Thought « Nur wa Thululmat”

Le poids du religieux dans la vie quotidienne. Une critique feutrée

La nourriture étant un des grands moments de sociabilité, particulièrement pour les femmes en Arabie Saoudite, l’artiste saoudienne a disposé sur des plateaux anciens en bois destinés au pain et aux gâteaux, des cassettes audios de sermons religieux prêchant une interprétation rigide de l’islam et constituant le fond sonore des réunions sans qu’on accorde une grande attention aux discours des prédicateurs. L’ensemble est composé en un carroyage de mots exprimant les concepts islamiques.

Dans « Matière à réflexion [5] », au sous-titre « lumière[6]et obscurité », la référence à la nourriture et ce geste au radicalisme acceptable, l’artiste utilise les moyens (modernes) du religieux pour le mettre en distance.

Née en 1959, vivant et travaillant à Riyad, Maha Malluh a fait ses études en Californie. Sa pratique artistique met en scène différentes composantes de la société saoudienne dont elle utilise les symboles dans des installations et photographies, en pointant les conflits entre tradition et modernité.

Site de l’artiste http://www.mahamalluh.com/

Lire les autres articles de la chronique « Interroger l’art contemporain » 


[1] En référence au livre fondateur de Vassily Kandisky. Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, écrit en 1910.

[2] Christian Marclay a fait une vidéo d’une durée de 24 h, The clock, qui a obtenu le Lion d’or de la Biennale de Venise en 2011. Lire V&D

[3] « Ingres crut devoir se faire l’apôtre du beau » avait pu écrire Louis Hourticq, Histoire générale de l’Art, La France, 1914, p. 344. Ou encore le livre de Jacques Bardoux : Le culte du beau dans la cité nouvelle. John Ruskin Poète, artiste, apôtre. Ed. Calmann-Lév

[4] Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux. »Dieu fit le firmament, il sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament et les eaux qui sont au-dessus. Et ce fut ainsi.
Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.
Et Dieu dit : « Les eaux qui sont au-dessous du ciel, qu’elles se rassemblent en un seul lieu, et que paraisse la terre ferme. » Et ce fut ainsi.
Dieu appela la terre ferme « terre », et il appela la masse des eaux « mer ». Et Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. » Et ce fut ainsi.
La terre produisit l’herbe, la plante qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. Et Dieu vit que cela était bon.
Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour.

[5] Sous le même titre, elle a fait des installations de casseroles au fond brûlé https://6d49d47bd32a151032ae-907965fc79c9900a93c12efeb23103bd.ssl.cf1.rackcdn.com/artworks/20151019113851_MahaMalluh_photoshop.jpg 

[6] Termes extraits de la sourate 6

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