La vie nous a usés. La plus cruelle vieillesse n’est pas organique : elle est celle des cœurs. L’éclat est perdu, nos espérances sont écornées ; nous nous sommes accommodés de désespérer le monde. Trahison des trahisons. Comment dans cette nuit du solstice d’hiver la plus interminable de l’année, le retournement serait-il possible ? Seulement pensable ?
C’est là l’entier mystère ; la coïncidence de l‘abîme et de la cime. C’est dans cette nuit-là et dans aucune autre que le miracle va advenir. Et il advient. Dans la nuit des femmes, la nuit de la patience infinie… « oui, oui… », la nuit des gésines, la nuit des entrailles ! Car le voilà le secret des mondes que révèle Noël ! Même si l’homme doit mourir, la vie lui est donnée pour naître, pour naître et pour renaître. C’est la naissance qui lui est promise et non la mort.
Tous les chevaux du roi, tous les tanks et tous les bombardiers de toutes les armées du monde ne sauraient retenir les ténèbres ni entraver l’irrésistible montée de l’aube. Il n’est plus que d’acquiescer pour qu’en toi, le miracle s’accomplisse.
Heureuse naissance, oui, joyeux Noël.
Christiane Singer, Dernier fragment d’un long voyage, Paris, 2007.
Alain C.
Notre communauté a choisi depuis longtemps de s’ouvrir à l’art contemporain, de l’interroger et de l’écouter afin de se laisser interpeller par les artistes, leur œuvre et leur perception du monde ainsi que par la façon dont leur engagement interroge notre foi.
À travers la rubrique du site “interroger l’art contemporain”, elle poursuit cette démarche hors les murs.
Extrait de Voir&Dire :
“La splendide rétrospective de la photographe Bettina Rheims à la MEP en 2016 a permis de resituer I.N.R.I., une œuvre fascinante et troublante. Manipulant les rapports artiste-modèle, la photographe bouscule les codes de la féminité et du religieux.
Durant des siècles, beaucoup de thèmes chrétiens ont été propices à la représentation de la nudité (autorisée), mais rarement celle de la Vierge. Avec “Nativité” et prenant le contre-pied des représentations habituelles de la Vierge, Bettina Rheims a accentué l’humanité de celle-ci jusqu’à utiliser comme modèle une jeune femme priant, enceinte, nue. Cette figuration hors normes attire l’attention pour la justesse d’un à-côté : la présence d’un Joseph bien plus âgé, perdu dans ses pensées, et, près de lui, d’un bambin, une interprétation des textes évangéliques et notamment de ceux qui ont fait débat sur les frères de Jésus.” (Jean Deuzèmes)