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La possibilité d’un salut 

« Comme dit Eschyle : “Ce qui est divin est sans effort.“
Il y a dans le salut une facilité plus difficile pour nous (les chrétiens)
que tous les efforts. » 

Simone Weil – Amour de l’ordre du monde – p. 135
Simone Weil Attente De Dieu 1

Voici quelques extraits de la correspondance compilée
de Simone Weil dans Attente de Dieu : il y a là
de quoi stimuler d’intenses méditations… : à lire ici.
Le texte complet est disponible ici.

La possibilité même d’un salut
venant du hasard ou d’un sauveur
a-t-elle sa place
dans notre monde ?

Voici ma compréhension qui s’ajoute à d’autres compréhensions, dans le respect du principe en trois temps suivant : 
1. il y a beaucoup de compréhensions
2. aucune compréhension ne doit être absolutisée, forcée
3. toutes les compréhensions sont menacées de déconversion

Le Bon Pasteur Icone Russe 19e S. Pays Bas
Le Bon Pasteur, icône russe 19e s., Pays-Bas
  1. Parce que l’attachement le plus général et le plus puissant va à l’échange.
    Ce qui compte c’est l’équivalence du don et du contre-don ; gagnant/gagnant, donnant/donnant, « œil pour œil, dent pour dent » ; alors que notre attachement le moins spontané va à la réciprocité : ce qui compte c’est la relation entre le donateur et le bénéficiaire (voir Chanson pour l’Auvergnat de Georges Brassens) ; la facilité voudrait que nous, les bénéficiaires, choisissions la relation avec le donateur Jésus et pourtant, c’est loin d’être le cas à cause de notre attachement à nos efforts et à nos mérites.
  2. Parce que notre attachement le plus général et le plus puissant va à une analyse normative des phénomènes à expliquer relatifs au vivre-ensemble des humains, une analyse normative traitant de « ce qui devrait être ».
    Alors que notre attachement le moins spontané va à l’analyse positive qui a pour objet d’expliquer « ce qui est »,
    certains parlant à ce propos d’analyse descriptive.
    Il est rare en effet que celui qui se contente d’expliquer « ce qui est » soit écouté ou compris par ceux qui jugent sans expliquer, parce que ces derniers considèrent qu’un tel travail d’explication revient à justifier « ce qui est ». La facilité voudrait que nous nous attachions à « ce qui est »,
    à savoir le salut offert par Jésus, le Bon Pasteur, le Chemin, la Vérité et la Vie.
  3. Parce que notre attachement le plus général et le plus puissant va vers le jugement
    alors que notre attachement le moins spontané va vers ce que la philosophie grecque appelle l’épochè, cette posture qui consiste à suspendre son jugement et qui est tout particulièrement indispensable pour appréhender la conscience humaine. La facilité voudrait
    que nous nous attachions à « la miséricorde de Jésus qui l’emporte sur le jugement » (Jc 2, 13b).

Ma compréhension est donc essentiellement discutable et à ce titre libératrice
de toutes mes peurs et de tous mes efforts pour m’attacher à Jésus,
quand c’est lui qui se propose de s’attacher à moi, parce que je le comprends
comme cela, par « une convention ratifiée par Dieu, même » (Simone Weil).

Jacques Clavier

CategoriesSpiritualité

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