Proximité saisissante du premier livre des Rois et de l’évangile des cinq pains et des deux poissons partagés. Impossibilité de l’homme posée d’emblée, mais abondance donnée par Dieu de surcroît si nous savons faire ce déplacement intérieur. Saurons-nous prendre le risque du don, du partage, le risque de vivre des attitudes et des gestes d’humilité, de douceur, de patience, d’acceptation les uns des autres, si simples soient-ils ! Voilà des richesses multipliables à l’infini comme les pains .
Entrée en prière
Le banquet (from Amélie : version pour piano et orchestre)
Accueil
Terrés à Paris loin de l’agitation joyeuse et festive actuelle, réfugiés en province ou tout simplement en vacances, hospitalisés peut être, en deuil d’un conjoint ou d’un proche, ou encore heureux d’une naissance à venir nous voici réunis ce matin, en son nom et Il est là au milieu de nous. Je n’oserais parler de trêve estivale bien que nous soyons en plein coeur des grandes vacances, tant l’actualité est riche : sportive, politique, internationale, climatique, elle suscite bien des questions et nombre d’inquiétudes. Et puis, au sein de notre communauté, c’est un profond sentiment de tristesse que nous avons éprouvé avec la disparition de Françoise mais aussi un grand frisson d’élan vital lors de la belle célébration de mercredi au cours de laquelle nous avons pu lui dire à-Dieu.
Avec tout ce que la vie donne, même si cela semble parfois bien peu pour tant de monde, entrons dans notre célébration, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.
Bénédicte I.-R.
Nous allons écouter deux textes. Le premier, du livre des Rois, a été écrit plusieurs siècles avant la naissance de Jésus. Le deuxième, l’évangile de Jean, pendant la seconde moitié du premier siècle. Certes, ce n’est pas la première fois que nous observons que les Évangélistes puisent le message qu’ils portent, dans les textes qui les ont précédés. L’écho, que ces deux textes se renvoient l’un l’autre, est saisissant, vivifiant. On a l’habitude de dire qu’à l’impossible, nul n’est tenu. C’est vrai. Et pourtant, dans l’accomplissement du chemin tracé par les prophètes qui l’ont précédé, Jésus témoigne avec force de la confiance d’un homme en Dieu, et de la confiance de Dieu en l’Homme.
📖 Au deuxième Livre des Rois (4, 42-44)
En ces jours-là, un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘ On mangera, et il en restera. ’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.
Méditation en musique
📖 Évangile selon Jean (Jn 6, 1-15)
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »
Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau, il se retira dans la montagne, lui seul.
Méditation en musique
Vivaldi: Sonate en Sol Mineur, RV 51 – Prelude
Résonances
L’abondance…dans le déplacement intérieur
Remarquons que dans les deux textes, du deuxième livre des rois et de l’Évangile de Jean, la surabondance est encadrée par des déplacements. Déplacements signifiés par un déplacement géographique, il est vrai. Et je vous invite à le voir aussi comme un déplacement intérieur nécessaire à toute relation féconde. Jésus ne nous parle-t-il pas de ce même déplacement quand il nous propose de tendre l’autre joue ?
Remarquons, aussi, qu’à la fin, Jésus se retire, seul, sur la montagne, cela signifie pour moi que Jésus sait que lui-même ne maîtrise pas les fruits,. Il nous dit que c’est son père qui agit en lui.
Ne veut-il pas nous apprendre que nous ne sommes pas maître du résultat de nos actions en ce qui concerne cette abondance, que le bonheur que nous cherchons n’est pas de ce monde matériel appartenant à César, et que l’abondance nous est donnée en plus de ce que nous faisons. Nous ne sommes pas la source de l’abondance signifiée par cette grande quantité de pains.
N’ayons pas peur de semer, même si nous ne savons pas quand germera le grain ni comment sera le fruit.
Michel M.
Donner, est-ce un risque ?
L’évangile de ce dimanche nous montre que le don est un acte positif qui met en relation avec des gens que l’on ne connaît pas forcément. De ce fait, donner enrichit notre relation aux autres.
Pourtant, le don peut aussi avoir un aspect risqué car l’action de donner nous met à nu en dévoilant à l’autre notre personnalité, nos choix de vie… Ce dévoilement est porteur de risques. Pourtant, dans le monde d’aujourd’hui, c’est bien ce risque que Jésus nous invite à prendre. D’ailleurs, comme bien d’autres chrétiens emprisonnés pour leur foi actuellement, c’est de prison que Paul nous écrit sa lettre aux Éphésiens.
Prendre ce risque aujourd’hui nous oblige à sortir de notre confort pour aller à la rencontre des autres. Cette mise en relation avec nos contemporains nous permettra de réduire les incompréhensions et de construire ensemble une société plus harmonieuse.
A l’initiative du Christ qui nous montre le chemin, risquons-nous à donner !
François-Xavier J.
Ne pas s’enorgueillir… quand l’impossible devient possible
« Comment donner vingt pains d’orge à cent personnes ? » demande le serviteur d’Élisée. « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain » dit Philippe à Jésus. L’un et l’autre sont au fait d’une réalité : la chose est impossible ; il n’y a à l’évidence pas assez.
Mais Élisée, « l’homme de Dieu », est assuré : « Donne-le à tous ces gens ». Et Jésus, lui, « savait bien ce qu’il allait faire »… La confiance qui les habite, confiance en Dieu, confiance dans les femmes et les hommes, nous remet debout pour vivre l’espérance malgré notre douloureux sentiment d’impuissance à rendre la terre plus habitable pour cent personnes, pour cinq mille personnes.
Mais Jésus sait aussi que ces personnes veulent « faire de lui leur roi ». Il a fait du possible avec l’impossible, alors on veut faire de lui un puissant, une idole, un fétiche. Alors il se retire dans la montagne, « lui seul » précise Jean. Seul avec le Père. Se ressourçant pour poursuivre la route, loin de s’enorgueillir de ce qui vient de se passer par lui, de cette dynamique inouïe qui fait qu’alors qu’on pensait qu’il n’y avait pas assez, chacun a reçu autant qu’il voulait.
Benoît V.
Respiration musicale
CLERAMBAULT- l’Abondance musique
Introduction au Partage
Si l’abondance de bonheur que nous cherchons n’est pas de ce monde matériel appartenant à César, et que l’abondance nous est donnée en plus de ce que nous faisons ;
Si, malgré notre douloureux sentiment d’impuissance à rendre la terre plus habitable pour cent personnes, pour cinq mille personnes, l’on est prêt à risquer le don ;
… le don de nos paroles, celui de tant de petites choses du quotidien qui nourrissent les uns et les autres…
…… à la suite de Jésus, quel pain donner au monde ?
Bénédicte I.-R.
Quel pain donne-t-on au monde ?
Méditation musicale
Quelques échos du partage
- ” Sans espoir et sans espérance, à l’impossible nul n’est tenu “. La petite grand-mère qui a créé l’ACAT, Hélène Engel, fondatrice de l’ACAT, disait : “c’est impossible, alors on va le faire “; et quand elle est décédée d’un arrêt cardiaque, nous étions seize mille membres !
- Je pense particulièrement à ceux qui sont intentionnellement assoiffés et affamés dans la bande de Gaza et je reprends le mot de compassion, employé la semaine passée, pour tous ces parents qui voient mourir leurs enfants de faim.
- Dans notre pays, il n’est pas acceptable que des gens souffrent de la faim, puisque le gaspillage est normalement interdit par la loi, mais encore faut-il que des personnes de bonne volonté se rapprochent des distributeurs, pour que les invendus non périmés soient mis à disposition dans des structures où ils travaillent dans le domaine de la santé, du bien-être, pour les personnes à la rue. Cela suppose – comme dans les textes que nous avons entendu – que des personnes qui ont peu de chose, qui n’ont que ce qu’elles sont et malgré le peu de temps qu’elles ont, que ces personnes prennent la décision de travailler avec d’autres.
- Oui, mais comme cela est bien expliqué dans le texte, tout est possible parce que Jésus attend pour agir l’initiative de l’un de ses apôtres – ” il y a là quand même cinq pains et deux poissons ” – et montre là que Dieu a besoin de nous pour agir. Si nous n’agissons pas, il ne se passe rien et si nous agissons, il est là pour nous aider. Je crois que c’est très important de penser à cela et les choses arrivent malgré tout
- Quand nous donnons, n’oublions pas que c’est à un frère que nous donnons et qu’il a sa dignité . Ne pas donner ce que nous ne mangerions pas. Soyons dans l’égalité et cela a été dit très justement, car le risque de donner serait alors de dénigrer celui à qui on donne. Faisons attention à ce que l’on donne.
- Comme dans l’image du partage proposée – comme du pain-, n’oublions pas la variété des pains ! Deuxième chose, après le don à tous ceux qui sont autour, il reste encore du pain donc, après le don, il reste encore l’infini, après le fini il y a l’infini qui demeure, si nous l’acceptons ; je voudrais aussi parler de Françoise ; quel est le pain qu’elle nous a donné ? Le pain, c’est celui de sa parole et celui de sa présence, de ses conseils. Enfin, je voudrais terminer sur une œuvre : une exposition extraordinaire dans la crypte de Saint-Merry, d’une artiste protestante néerlandaise. Elle faisait des performances, notamment en Iran : elle a fait un moule à pain au fond duquel elle écrivait des phrases politiques et le pain était le support d’une clameur politique… par exemple : donnez-nous plus de lumière, s’il vous plaît !
♫ Chant : Signes par milliers
Paroles : C. Bernard – Musique : J. Akepsimas
Signes par milliers, traces de ta gloire,
Signes par milliers, Dieu dans notre histoire.
Signes par milliers, traces de ta gloire,
Signes par milliers, Dieu dans notre histoire.
1/ Pour nous, Seigneur,
tu as choisis des signes,
Des signes d’unité,
Des signes d’unité.
Le pain de nos travaux,
le vin des renouveaux,
La table partagée : Dieu,
La fête réveillée.
2/ Témoins choisis,
que nous soyons des signes !
Des signes d’avenir,
Des signes d’avenir.
Un peuple de croyants
Disciples du Vivant,
L’Église à découvert :
Dieu, soleil sur nos hivers.
Prière universelle
Quelles intentions de prière souhaitez-vous que porte la communauté ?
♫ Dieu qui es l’amour, Dieu qui me rends fort, donne-moi d’aimer (bis)
La communauté a porté dans sa prière :
- l’abbé Pierre et aussi bien sûr, ses victimes, sans les oublier, mais en gardant au coeur ce qu’il a fait de bien et en n’oubliant pas que personne d’entre nous n’est le bon Dieu, que l’important c’est ce pain qu’il a voulu donner au maximum de monde
- tous les créateurs et réalisateurs de cette magnifique cérémonie d’ouverture des JO ; elle nous a permis, à nous Français, si empêtrés dans notre politique, d’être fiers, ce jour-là, de notre nation.
- tous ceux qui sont dans la peine de perdre l’un des leurs ; Seigneur, qu’ils trouvent des appuis solides – qui ont été les miens, famille, amis, communauté, qui ont accompagné la mise en terre de Françoise – afin de pouvoir célébrer la louange de celui/celle qui part et de reconnaître ta force.
- Françoise, pour tout ce qu’elle nous a apporté, cette force, cette intelligence, cette clarté, cette culture ; tout cela nous a considérablement enrichi même si cela a été fait dans la discrétion.
- les couples qui durent, ceux qui sont déchirés et toutes les personnes veufs ou veuves car il y a là tellement de souffrance quand l’être aimé part.
- les personnes/ associations qui accueillent les personnes loin de la fête, chassées de leur lieux habituels durant cette période des JO.
- nos députés et cette Assemblée nationale si étrange…. afin qu’il arrivent à travailler ensemble, être inventifs en dépassant les clivages et en inventant des chemins nouveaux.
- nous tous, afin que nous conservions l’espérance fondamentale, malgré nos impuissances et les difficultés, que ce que nous faisons est utile et que Dieu fait son œuvre par nous
Psaume 144 et Notre Père
La prière que le psalmiste adresse au Seigneur nous a semblé tellement proche de celle que Jésus nous a laissée et que nous adressons ensemble au Père, chaque dimanche, que nous vous proposons, aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, de prier ensemble le Père en lisant le psaume, micro fermé.
Notre Père, que ton règne vienne (bis)
Notre Père, que ton règne vienne sur notre terre.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.
Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
Notre Père, que ton règne vienne (bis)
Notre Père, que ton règne vienne sur notre terre.
Introduction à la Lecture de Paul
Voici un monde révolutionné, dans lequel l’apport de vingt pains d’orge par un homme venu de Baal-Shalisha et le partage de cinq pains d’orge et deux poissons par un jeune garçon nourrissent jusqu’à 5000 personnes…
Il me semble que Paul va nous proposer un pain à partager sur le même modèle : il s’agit de vivre des attitudes et des gestes d’humilité, de douceur, de patience, d’acceptation les uns des autres, si simples soient-ils ! Voilà des richesses multipliables à l’infini comme les pains… c’est un appel à tous les humains, réalisable par tous. Tel semble le rêve du Dieu présent en tous, rêve sans aucune exclusive, s’adressant au monde entier, là où, comme nous le disait Paul dimanche dernier, le juif et le païen sont appelés à n’être qu’un seul homme nouveau.
Écoutons !
📖 Lecture de la Lettre de Paul aux Éphésiens (4,1-6)
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.
Bénédiction et envoi
Nous avons porté dans nos prières, Françoise, Michel, Hélène Engel, l’abbé Pierre et les victimes de l’abbé Pierre, les personnes seules, les couples qui durent et ceux qui se déchirent, les personnes qui vivent dans la rue et qui ne sont pas de nos fêtes, tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui dans le monde ne mangent pas à leur faim et en meurent mais aussi celles et ceux qui, dans nos sociétés, gâchent et gaspillent.
Nous avons porté dans nos prières nos institutions publiques, privées, nos députés, nos évêques, nos églises, parfois trop timorées à notre goût, nos frères et sœurs de Gaza.
” Nous ne sommes que ce que nous sommes ” mais c’est ainsi, avec nos diversités, la diversité de nos goûts que nous sommes envoyés dans la vie, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Rejoignez-nous pour préparer la prochaine célébration de la Parole par Zoom du 4 août. Ce sera lundi 29 juillet à 19h . Le lien sera sur l’agenda du site.
