À-Dieu à Françoise Micheau

Nous avons dit “à-Dieu” à Françoise, mercredi 24 juillet 2024, à Saint-Eustache. Historienne spécialiste de l’islam médiéval, elle fut en toute discrétion un des piliers de notre communauté.

Accueil

Jacques Mérienne, Gilles-Hervé Masson, Yves Trocheris, vicaires et curé de Saint-Eustache
Cyrille Jalabert, supérieur du couvent des Dominicains de Marseille, ancien doctorant de Françoise

Kyrie durant le rituel de la lumière

Pour tous les regards que je n’ai pas croisés,
Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié
Pour les mains tendues dont je me suis méfié,
Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié

Pour tous les appels dont je me suis lassé,
Ô Christ prends pitié, ô Christ prends pitié
Pour tous les pardons que je n’ai pas osés,
Ô Christ prends pitié, ô Christ prends pitié

Pour l’indifférence qui souvent m’a gagné,
Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié
Pour tous les refus qui m’ont emprisonné,
Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié

Lecture de l’Évangile de Matthieu 6, 26-34

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?
Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?
Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?”
Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.
Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.

Les lumières de Françoise.

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson […] Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas […] Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Cette question du Christ dans l’Évangile de Matthieu, Françoise la connaissait bien ; cette question l’a nourrie. C’était la page choisie pour notre mariage, le 27 mars 1971. Ce texte est une invitation à percevoir des signes.

Or, il y a quinze jours, dans la maison de campagne que nous aimons tant, Françoise posait le dernier morceau d’un puzzle immense et très compliqué à faire : c’était un fragment de ciel clair de la reproduction d’un tableau italien du XVIIIe, la Fontaine de Trevi par Giovanni Paolo Panini. Ce loisir la passionnait, car la concentration qu’il nécessitait lui permettait d’oublier complètement qu’elle était en fauteuil roulant à la suite de la chute particulièrement violente de cheval en 2015. C’est d’une violence analogue qu’elle est morte, celle d’un orage immunitaire du Covid.

1100 Puzzle Img 2882

Elle terminait son puzzle sous un cerisier qu’elle aimait, il avait été planté lors de la naissance d’un de nos enfants, il y a plus de quarante ans, on y montait à toute saison.Mais dans ce puzzle, il manquait une pièce à gauche, un coin sombre de morceau de ville.

Nous l’avons cherché en vain dans la pelouse. La terre l’avait accueilli, je ne sais comment.

Ainsi, ce tableau reconstitué par Françoise ne se laissait pas saisir dans sa complétude. Françoise était ainsi. Elle aimait et était aimée pour sa chaleur humaine. Son sens de l’accueil et de l’écoute, son intelligence, sa probité la rendaient perceptible globalement par tous ceux qui l’approchaient et acceptaient d’être écoutés. Mais il leur manquait des pièces. Elle ne se plaignait pas d’avoir perdu un morceau essentiel, sa locomotion. Elle craignait le regard misérabiliste ou de gêne à l’égard des handicapés. En revanche, ses petites filles l’aimaient ainsi et jouaient avec elle dans un exercice de transport en commun souvent incongru et drôle, lors des visites des musées, dans la rue ou l’élévateur de la maison.

Il est aussi un autre signe ici présent à Saint-Eustache, c’est l’œuvre temporaire de la plasticienne autrichienne Billi Thanner. L’échelle de la paix est une œuvre de lumière qui sied à cette célébration, une interprétation minimaliste de l’échelle de Jacob. Au travers de son rêve, Jacob se sait non abandonné de Dieu et il reçoit une promesse. Françoise était profondément croyante, priante dans le secret, même si comme tout un chacun elle faisait l’expérience du doute.

900 Pax Img 2624

Or cette œuvre de néon s’appuie visuellement sur une phrase, « Pax Hominibus Bonae Voluntatis ». Oui Françoise faisait partie des femmes de bonne volonté, et c’était la paix qu’elle désirait par-dessus tout, quel que soit le lieu ou le moment.

Elle ne le disait pas, mais elle pouvait être profondément blessée par des paroles ou des actes, elle encaissait. Les habitants du Buisson Saint-Louis, ici présents, cette difficile opération d’habitat participatif le savent bien.

Saint-Eustache était devenu un de nos ports d’attache, car Françoise était sensible à la beauté, à la lumière, aux créations contemporaines, elle confortait mon regard dans nos escapades parisiennes, nous faisions équipe dans l’écriture sur l’art, son conseil était étonnant. Nous nous nourrissions de culture, elle était la troisième petite-fille du peintre impressionniste Armand Guillaumin. Notre dernière aventure, la Biennale de Venise. Et ce n’était pas facile pour une handicapée !

Françoise était aussi une intellectuelle, et non pas surtout une intellectuelle, car sa puissance et ses méthodes de raisonnement et de travail, sa mémoire lui permettaient de tout aborder de front. Tout trouvait sa place dans la complexité du réel ; beaucoup appréciaient et bénéficiaient de sa profondeur de jugement, ou venaient la solliciter dans la plus grande simplicité et vérité.

1400 Biblioth Img 2992
Une partie de la bibliothèque de Françoise

C’est ainsi que Françoise était une historienne du monde arabe médiéval profondément reconnue par ses pairs et ses étudiants. Ses écrits furent nombreux et contribuèrent à faire avancer la connaissance. Elle était capable de questionner l’érudition, mais sa passion pour l’enseignement et la transmission constituait bel et bien le cœur de son engagement tout au long de sa carrière académique. Pédagogue et méthodique, elle a joué un rôle majeur pour ancrer « à parts égales » l’enseignement de l’histoire de l’Islam dans une histoire médiévale aux larges horizons. Elle s’affirme ainsi dans les années 2000 comme spécialiste de l’histoire de Bagdad au niveau international. Elle avait cofondé une collection, « L’Islam en débat ». Sollicitée par le CNRS, elle créa une UMR et assura la responsabilité de l’équipe de l’Islam médiéval jusqu’en 2014. Elle n’avait pas le goût de la pensée solitaire, et accompagnait avec bienveillance et extrême rigueur ses doctorants ou collègues. Elle a fait des disciples en France et à l’international, mais elle était le contraire du mandarin, tant elle était attachée à la conquête de l’autonomie de chacun. Elle a apporté aussi sa contribution à l’histoire des techniques et la maison bruissait régulièrement de débats et de résultats de recherche étonnants, dans des repas précédés du rituel du whisky.

Dans sa longue bibliographie, je pourrais citer

Islam En Débat 1400 Mg 2994

Les débuts de l’Islam. Jalons pour une nouvelle histoire, de 2012, qui fut un livre fondamental pour les doctorants, ou plus récemment une histoire de la Thériaque

Les multiples textes sur l’histoire des croisades ou encore sur l’histoire de la médecine.

Elle était en train de reprendre des articles qu’elle avait publiés et acceptait de confronter sa pensée avec la démesure des travaux internationaux de recherche d’aujourd’hui.

Quelle lucidité, quelle patience et quelle humilité ! Il est possible que pour ce gigantesque puzzle intellectuel qu’elle a reconstitué, il manque quelques pièces.

Françoise a apporté des lumières à ceux qui l’ont approchée.

Comme on le disait en 68, elle s’est engagée à fond, de multiples manières dans le syndicalisme, le social, les associations les plus diverses. Elle était fidèle dans ses relations humaines et son empathie était faite de rigueur. Elle faisait avancer. Elle ne prenait pas le pouvoir, s’en méfiait mais ne l’écartait pas quand il le fallait. La question de la responsabilité était liée intimement à son appétit de justice. Les derniers engagements en date étaient plus locaux : le centre social Aires X et une copropriété hors normes.

L’amour occupait une place centrale dans sa vie, il était décliné de multiples manières, sans emprise, dans le respect de l’autre. Un amour ancré solidement dans la vie de couple, la famille, la génération des petits enfants, dans les relations d’amitié, dans une foi acceptant tous les risques ou les déceptions engendrées par notre Église même, son sens de l’historienne lui donnait de la force et de la distance. Son rayonnement personnel était gratuit et offert à ceux qui acceptaient sa différence. Avec un sens inouï de la résilience, son écoute attentive était un acte de confiance avant tout. Que de projets et que de voyages elle a accomplis !

Elle aimait la nature et la joie de la découverte, à pied, à cheval et en fauteuil…

Elle a composé sa vie comme un puzzle d’idées, de contributions intellectuelles et de rapports humains, splendidement agencé aujourd’hui.
Quel art de vivre et d’être femme !

Un morceau manquerait-il ?
Non. Mais, Françoise nous fait toucher du doigt le manque, celui de sa présence au quotidien, de l’intelligence de son discernement.

Je souhaite que nous puissions transformer ce manque en élan vital, chacun à notre manière, à commencer par cette célébration.

Michel Micheau

Chant : Vivons en enfants de lumière

L’heure est venue de grandir dans la foi !
Voici le temps de la faim, de la soif !
Gardez confiance, ouvrez le livre.
Voici le pain, voici l’eau vive.

Vivons en enfants de lumière,
Sur les chemins où l’esprit nous conduit.
Que vive en nous le nom du Père !

L’heure est venue d’affermir votre cœur !
Voici le temps d’espérer le Seigneur !
Il est tout près, il vous appelle.
Il vous promet la vie nouvelle.

Éloge de l’histoire… et de l’historienne

Françoise n’aimait pas trop les éloges et les hommages. Au moment de partir à la retraite, elle n’avait pas souhaité que nous, ses élèves et collègues, lui préparions un volume d’articles en son honneur, comme cela est de coutume dans le monde académique. Sans doute devons-nous y voir une marque de cette liberté profonde à laquelle elle fut tant attachée tout au long de sa carrière, une liberté qui allait de pair avec ce courage immense dont elle a témoigné jusqu’à la fin de sa vie. Dans son rapport à ses étudiants comme à ses pairs à l’université, Françoise n’aimait pas les faux-semblants, elle attendait que les mots correspondent aux actes, et réciproquement. Elle savait aller à l’essentiel avec franchise, ne tergiversait pas lorsqu’il fallait agir, allait toujours au bout de ce qu’elle pouvait faire, elle, sans jamais ôter à l’autre sa part de liberté et de responsabilité. Nous sommes plusieurs ici à avoir encore en mémoire ce moment incroyable, où Françoise convainquit une centaine d’étudiants de Paris 1, réunis en AG à Tolbiac, d’interrompre leurs palabres pour écouter un cours, nourri de nombreuses interrogations, qu’elle improvisa en direct sur la Sira, la biographie édifiante du prophète Muhammad, seul moyen qu’elle avait trouvé pour retarder l’intervention des forces de police venue pour évacuer les lieux, à laquelle elle ne pouvait se résoudre. Au cœur même de l’action, Françoise laissait toujours de la place au questionnement, elle aimait partager ses interrogations critiques, les susciter chez les autres, dans la quête permanente d’une intelligence commune à construire ensemble. Pour Françoise, être historienne n’était pas seulement un métier, c’était aussi une façon d’affronter la vie. Un geste de vie, permettant de faire entendre la voix de ceux qui ne sont plus, de nous laisser interroger par eux, d’engager un dialogue intérieur faisant émerger des sens inattendus.

Chère Françoise, permets-moi donc de lire devant toi, une dernière fois au moment de ton grand départ, ce bref éloge de l’histoire, cette discipline maîtresse de vie, maîtresse de ta vie, éloge magnifique écrit par l’un de ces historiens arabes du Moyen Âge, que tu as fréquentés avec bonheur et passion tout au long de ta carrière :

Si le sage ne triomphait des caprices de la fortune par l’exercice de ses facultés de raison, la science s’écroulerait de fond en comble. Or c’est à l’histoire que toute science doit ses développements : le droit la consulte, l’éloquence lui demande ses matériaux, les raisonneurs s’appuient sur elle, les auteurs de thèses philosophiques ne peuvent pas s’en passer, l’homme lui doit tout ce qu’il sait. L’histoire transmet les sentences des sages, elle raconte leurs vertus et leurs talents, elle enseigne aux rois les secrets du pouvoir et de la guerre ; tout ce qui charme, tout ce qui étonne est recueilli chez elle. L’histoire captive tant l’oreille du savant que celle de l’ignorant ; l’homme simple tout autant que l’homme d’esprit sont sensibles à ce qu’elle apporte et aiment la fréquenter ; l’homme du peuple tout autant que les élites s’empressent autour d’elle, elle sait charmer tous les peuples, arabes ou non-arabes.

L’histoire touche à tous les sujets : c’est l’ornement des assemblées, ce qui nourrit la curiosité des hommes et les pousse à se rassembler, l’indispensable auxiliaire de toutes les compagnies. Sa supériorité sur les autres sciences est évidente, et tous les esprits lui accordent le premier rang. Mais seul celui qui a voué sa vie à l’étude, qui en comprend la portée, qui en goûte les fruits, en connaît les bienfaits et en savoure les douces jouissances, seul celui-là peut véritablement pénétrer dans son domaine ; seul celui-là peut approfondir les secrets de l’histoire, peut les révéler et les publier.

Car les sages l’ont dit avec raison : le meilleur et le plus sûr des amis, c’est un livre.

Screenshot

Extrait d’al-Mas‘ūdī (Xe siècle), Les prairies d’or, chap. 40, traduction Pavet de Courteille revue

Chère Françoise, tu aurais aimé nous voir ainsi, tes anciennes étudiantes et étudiants, compagnes et compagnons de route universitaires, présents dans cette église – sans oublier toutes celles et ceux qui sont avec nous par la pensée – rassemblés autour de ce texte arabe, comme en une ultime séance de séminaire, ce moment que tu aimais tant. Tu aurais sans doute pris du plaisir à attirer notre attention sur le choix et le sens des mots, sur ce qu’impliquait le fait de désigner l’histoire comme علم†الأخبار† « science des récits » au pluriel, sur la vision de la société que ce texte sous-tendait.
Qu’est-ce que l’histoire ? qu’est-ce en définitive que vivre de l’histoire ? et qu’est-ce que faire vivre l’histoire auprès du plus grand nombre ? Tu nous laisses aujourd’hui avec ces questions ouvertes.

Éric Vallet
Professeur des universités en études arabes à l’Université de Strasbourg, doctorant de Françoise

Françoise et l’histoire des sciences

Avec d’autres, tu as mis toute ton énergie à bâtir à Paris 1 et au-delà, une histoire médiévale généreuse, adressée à toutes et tous.

M Serres 1400 Img 2993

Mais en matière de science, il n’y a pas de droit d’héritage, ni de propriétaire définitif. Il n’y a que des circulations, des transmissions, des passages de relais, des carrefours, qu’il nous revient maintenant de continuer d’inventer.

C’est ce que nous rappelle le texte que va maintenant lire ton fils Antoine Micheau, tiré de l’introduction des Éléments d’histoire des sciences, dirigé par Michel Serres, dans lequel tu avais écrit un chapitre sur « l’intermédiaire arabe », avec ton ami et complice de toujours, Paul Benoit, ici présent.

D’où la science vient-elle ? Où et quand est-elle née ? En Grèce, en Égypte, dès la plus haute Antiquité ? Première question ouverte, celle de l’émergence […] doit-on penser une ou plusieurs origines ? Première bifurcation : la discussion importe, elle a opposé depuis plusieurs siècles, des générations d’historiens et de savants, dont la plupart tenaient en faveur des Grecs. Nous avons changé cette décision-là, en y apportant cent nuances, avec la lecture directe des sources. Oui, que le lecteur s’étonne : au moment de commencer, au lieu de la source même, pourquoi dessiner un carrefour ? Pour la raison susdite, certes, intérieure à la Méditerranée ou au Croissant fertile : Hellènes ou Égyptiens ? Mais aussi pour dire, le plus honnêtement du monde, que nous prenons à gauche du côté occidental choisissant de négliger, à droite, l’histoire d’Orient, autrement dit les sciences telles qu’elles se développèrent, surtout en Chine. Cela ne tient à aucun jugement de valeur, mais il faudrait un tout autre traité. Enfin : avez-vous la source d’un quelconque ruisseau, qui ne forme pas, déjà un confluent ? […]
Babyloniens, Grecs ou Égyptiens, nous nous référons depuis si longtemps à de tels héritages que nous avons fini par les unifier. Nous savions que nous les avions pendant longtemps perdus et qu’ils nous étaient revenus par les traditions et cultures de langue arabe : ne doit-on juger celles-ci que comme des intermédiaires ? Existe-t-il une science arabe ? En fait, nous avions perdu notre parent, mais quand nous l’avons retrouvé, nous en avons retrouvé deux.

En cliquant sur ce lien vous lirez la bio-scientifique de Françoise

Lecture du prophète Isaïe 50, 3-7
Je revêts les cieux de noir, je les habille de deuil.
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute.
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.
Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume 26

Françoise

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie.

Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

Alléluia (Taizé)

Lecture de l’Évangile de Jean 13, 31-35
Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi.
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Résonances

« Maintenant le Fils de l’Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. »

C’est l’un à l’autre, et l’un par l’autre, que se révèlent Jésus et son Père. En entrant dans cet échange nous sommes nous-mêmes glorifiés.
Le don de soi dans la reconnaissance réciproque est source d’une nouvelle forme de présence (=gloire) à soi et aux autres.
Si cette relation de réciprocité est déjà accomplie, elle va se manifester lumineusement dans un temps proche, « bientôt ». C’est pour « peu de temps encore » que Jésus est avec ses disciples, avec nous.

« Chercherons »-nous, par nos efforts, à le suivre sur le chemin qui est le sien et le conduit vers la maison du Père, dit aussi sa demeure ? Nous n’avons pas le pouvoir de le faire.
Tout comme nous ne pouvons pas suivre sur ce chemin-là celui, celle, qui toujours trop tôt sont partis.

Une chose demeure « maintenant » possible et nous fait participer de cette relation du Fils et du Père. Quelque chose de « neuf » nous est « commandé ». C’est de « nous aimer les uns les autres » : aimer chacun en chaque autre, sans autre mesure que celle avec laquelle Jésus a aimé chacun en chacun.
Par cette manifestation-là, ici et maintenant, « tous », croyants ou non en Christ, « reconnaîtront que nous sommes ses disciples ».

Pierre Maclouf

Prière universelle

Vers Toi, Dieu fidèle et plein d’amour,
Nous levons le regard de notre cœur,
Sème en nous la confiance,
Garde-nous dans la paix.

  • Françoise était historienne spécialiste de l’islam médiéval.
    Prions pour que nous sachions comme elle avoir cette curiosité pour d’autres civilisations et qu’ainsi nous soyons respectueux de ceux et celles qui en sont issus.
    Prions pour les hommes et les femmes du Proche et du Moyen Orient, afin qu’ils puissent un jour y vivre tous en paix, dans la richesse de leur diversité culturelle et religieuse.
  • Françoise sut avec Michel ouvrir nos communautés d’Église à l’art contemporain, à Saint-Merry, à Saint-Eustache et au-delà. Prions afin de creuser, comme elle, notre désir de la rencontre avec des artistes et leurs œuvres. Ils nous disent à leur manière l’aujourd’hui de notre monde.
  • Françoise s’est engagée à Saint-Merry, dans les Murs et Hors-les-Murs, participant encore l’avant-veille de son passage à une réunion en visio sur la gouvernance de notre communauté, pour mieux préparer le futur. Prions pour que sa fidélité indéfectible, ses qualités d’écoute, de discernement, nous inspirent longtemps encore.
  • Prions pour que les “lumières” de Françoise, exigence, courage, écoute de l’autre et du monde, profondeur des relations familiales, continuent d’accompagner ses proches et tous ceux et celles qu’elle a pu rencontrer.

Chant de communion

Qui donc a mis la table où nous attend le pain ?
Qui donc emplit la coupe où nous boirons le vin ?
Quel est celui qui nous a conviés ?
Quel est celui qui peut nous combler ?
Allons vers le festin. Il nous dira son nom.
Allons vers le festin qu’il donne en sa maison.

C’est toi, Jésus, qui nous conduis vers ce repas.
Et rien ne peut manquer à qui suivra ses pas.
Pour nous, ta vie prend le goût du pain.
Pour nous, ta vie coule comme un vin.
Tu viens nous inviter, tu nous l´avais promis.
Ta joie revient brûler le cœur de tes amis.

Seigneur Jésus, depuis le jour de ton départ,
À ton repas nous ne cessons de prendre part.
Ta mort venue, rien n´est comme avant.
Tu es pour nous le premier vivant.
Déjà ce pain de Vie nous comble dans la foi.
Mais viens, nous t´attendons : le monde a faim de toi.

Témoignage d’Hélène Micheau

Maman,
Nous n’avons pas eu le temps de nous dire au revoir.

F Livret Françoise 23 7

Personne n’a eu le temps.
Vendredi, tu étais à la maison, c’était l’heure de démarrer la journée, tu attendais dans la joie tes petites-filles qui étaient en chemin, mais le COVID t’a cueillie en quelques instants.

Il y a des départs rapides, celui-là en fait partie. Tout en discrétion, c’est bien toi.
Il y a des départs trop tôt, celui-ci rentre clairement dans cette catégorie. Il y avait encore tant à partager ensemble.

Il y a des départs sans souffrance, en douceur, et même si on ne le dit pas, nous sommes heureux pour toi que ce fut de cette manière-là.


Alors, Maman, je vais te dire au revoir maintenant.
Lire la suite du témoignage.

Dernier À Dieu

Encensement et bénédiction par Cyrille Jalabert, le maître par le disciple.
Bénédiction par l’Assemblée.

Orgue : Ave Maria de Schubert

Accompagnement du cercueil par les prêtres

En cliquant sur ce lien vous pourrez lire l’hommage à Françoise, pilier aussi de la diffusion de l’art contemporain à Saint-Merry, au travers de Voir et Dire. C’est le livret de l’inhumation de Françoise dans le cimetière de Dhuisy, avec toutes les références musicales.

Laisser un commentaire (il apparaitra ici après modération)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.