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Dimanche 25 août 2024. « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir »

Suite à la multiplication des pains, Jean nous a offert un long discours de Jésus pour nous exprimer que le vrai pain qui nourrit, c’est lui. En ce dimanche il nous met au pied du mur : partir ou rester, c’est le dilemme des disciples et peut-être le nôtre.

Entrée en prière en musique

TCHAÏKOVSKI – Casse-Noisette, Op. 71, Marche

Accueil

Bonjour et bienvenue à tous…

Nos dimanches se suivent, se ressemblent et pourtant nous essayons de faire de chacune de ces rencontres un moment singulier, autour de la Parole qui nous rassemble, nous interpelle, nous agace parfois, et qui nous propose un chemin d’amour et de vérité à l’écoute des autres, de leurs silences, de leurs attentes. Nous sommes bien entendu libres de répondre ou non à cette proposition comme le fut en son temps le peuple réuni par Josué… libres de choisir qui l’on veut servir… libres d’adhérer à cette Vie offerte, libres d’aimer…
au nom du Père, du Fils et de l’Esprit

Bénédicte I.-R.

📖 Livre de Josué (24, 1-2a.15-17.18b)
En ces jours-là, Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem  ; puis il appela les anciens d’Israël, avec les chefs, les juges et les scribes ; ils se présentèrent devant Dieu. Josué dit alors à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a accompli tous ces signes et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. »

Résonance

Nous le savons, notre écoute des textes que nous lisons chaque dimanche, si ce n’est chaque jour, doit composer avec des questions de forme et de fond, des traductions forcément imparfaites par endroits, des idées parfois très contextualisées et peu audibles aujourd’hui.

Le verbe « servir » particulièrement présent dans le texte de Josué est de ces mots qui nous invitent à consulter plusieurs traductions du texte pour les comparer, à aller chercher dans la version originale, à tenter de comprendre quelque chose aux écrits savants des exégètes. Mais nous n’en avons pas toujours le temps ; nous n’avons pas toujours les livres qu’il faut, ni l’audace de s’y aventurer.
Alors nous œuvrons avec les moyens du bord et nous écoutons, en chacun, chez l’autre, comment ce mot nous parle aujourd’hui. C’est ce que nous avons fait lundi soir, interpelés par cette idée : « servir ». C’est un mot parfois tellement connoté négativement : quand « servir » signifie « être au service de », quand « serviabilité » est confondu avec « servilité », affirmant l’utilisation, la soumission, la perte de liberté, l’esclavage.
Ce n’est pas sans raison que les infirmières ont clamé haut et fort qu’elles n’étaient « ni nonnes, ni bonnes, ni connes », réclamant la fin de l’exploitation et de l’humiliation, et une reconnaissance durable de leur légitime aspiration à être investies comme des collègues à part entière, fières de leurs compétences propres et de leur autonomie.
Et pourtant, comme tant d’autres personnes, elles n’en contribuent pas moins à servir, au sens noble du terme : elles œuvrent au chevet de celui qui souffre, qui a peur, qui est lent, qui ne comprend pas ; elles tentent de rendre la vie plus supportable à celles et ceux qui leur sont confiés. Comme tant d’autres qui, à leur façon, de leur place, dérangent leur propre confort ou leur propre intérêt, et servent…

Servir le Seigneur en servant les autres ; servir les autres en servant le Seigneur. Voilà une complémentarité qui peut nous aider à rencontrer notre prochain et à approcher Dieu. Pas dans l’effroi de la faute, ni dans l’assujettissement ou l’emprise sectaire, mais dans le respect des individualités, dans la reconnaissance du mystère irréductible. Servir, c’est adhérer, espérer, accueillir, suivre. Aimer… Aimer le prochain inconnu mal en point dans la rue, le voisin esseulé, l’ami, le conjoint, le collègue de travail, le membre de la famille, de la communauté.

Servir, c’est faire en confiance un pas de plus sur le chemin malgré les escarpements. Comme quand Jésus nous dit de prendre sur nous son joug, « facile à porter », et son fardeau, « léger », et de devenir ainsi ses « disciples ». La confiance est possible car il dit aussitôt qu’il est lui-même « doux et humble de cœur » (Matt. 11 28-30). L’invitation au service n’est alors pas quelque chose qui écrase, enferme et nie la dignité de l’homme ; bien au contraire, elle est parole qui guide, actes de fraternité qui se proposent comme repère. C’est une voie, une digue qui comporte indéniablement sa part de souci, d’intranquillité, d’exigence à assumer.
Et devant elle, chacun est libre. On y adhère ou on n’y adhère pas, on décide ou non d’orienter chaque jour de sa vie pour répondre à cette invitation. En ce sens, servir, c’est aimer, non avoir peur ou être l’obligé de… Notre Seigneur n’est ni un gourou, ni un patron ; c’est un frère.

Benoît V.

♬ Méditation musicale
VIVALDI – Mandolin Concerto in C Major, RV 425 : III. Allegro

Résonance à propos de la lecture de Paul que nous ne lirons pas

Andrei Rublev Icone De Saint Paul C.1407galerie Tretiakov Moscou
A. Rublev, Saint Paul, vers 1407 – Galerie Tretiakov, Moscou

La lettre de Paul aux Éphésiens débute ainsi « Frères, par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête… »
À l’heure où un féminicide intervient tout les 2 jours et demi, où le couple n’est plus seulement un homme et une femme, comment peut-on recevoir ce texte en 2024 ?
Ces paroles nous ont consternés lundi soir. Nous nous sommes beaucoup interrogés sur le fait de garder ou non ce texte à la lecture.
On peut le recontextualiser. À l’époque de Paul, le statut de l’homme et de la femme sont diamétralement opposés. L’homme peut avoir des relations sexuelles avec autant de femmes qu’il veut sans rien risquer de la loi. Il peut même prendre une deuxième épouse. La femme mariée, appartient à son mari et ne peut fréquenter d’autres hommes sous peine de mort. Paul n’invente rien.
Ce qui nous a gêné également, c’est ce terme Église avec un É majuscule « puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. »
L’Église n’existait pas à l’époque. Église vient simplement du mot grec « ecclesia » qui veut dire assemblée et encore, quelle assemblée ? Des citoyens grecs exclusivement, pas de femme, pas d’esclaves, des citoyens éduqués, fortunés. Dans la lettre de Paul, il serait plus juste de parler de communautés et quand Paul parle du rapport de Jésus à l’église, c’est du rapport de Jésus à l’humanité toute entière. Et il n’y a pas de « chef », le Christ, c’est le don de soi, l’amour total.
Quant à parler d’une Église « resplendissante, sans tache, ni ride […] sainte et immaculée », après le rapport Sauvé, on a un peu de mal à l’entendre.
En ayant dans la tête que dans le langage de Paul, le terme « soumis » veut dire « faire confiance », en remplaçant « Église » par « communauté » ces paroles étaient-elles plus audibles ? Ce n’est pas ce que nous propose l’Institution. Depuis 2000 ans bientôt, ce texte est lu tous les 3 ans sans explication, l’homélie étant le plus souvent faite sur l´Évangile. Ça n’a sûrement pas été sans influence sur notre société patriarcale. C’est pour toutes ces raisons que nous avons choisi de ne pas lire ce texte de Paul.

Claire B.

Introduction à l’Évangile

Suite à la multiplication des pains, la méditation de Jean nous a offert un long discours de Jésus, qui nous a été distillé pendant ces 4 derniers dimanches, pour nous exprimer que le vrai pain qui nourrit, c’est lui.
Pas plus les disciples que son entourage juif ne comprennent quoi que ce soit : son corps à manger ! son sang à boire !… et cela pour avoir la vie éternelle ! Nous aussi nous en avons les oreilles rebattues et l’intelligence heurtée… comment cet homme peut-il dire des choses pareilles ?
Aujourd’hui, dans le passage que nous allons entendre, Jésus nous interpelle tous, ses disciples, ses contemporains et nous… il nous met au pied du mur.

Jean-Luc L.

📖 Évangile de Jésus-Christ selon Jean (6, 60-69)
Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

Lutrin Fev
Lutrin – Mireille B.

Résonance

Soumission ou adhésion ?

Josué comme Paul parlent de soumission, Jésus selon Jean, d’adhésion.
Josué interroge le peuple, dans sa globalité, s’il veut servir le Seigneur ou au contraire les dieux des territoires où le peuple est installé. Pour convaincre, il dit : « le Seigneur est celui qui a fait monter nos pères du pays d’Égypte, cette maison d’’esclavage ». Dieu y apparaît comme l’acteur de la libération du peuple et non des personnes en tant que telles, son ciment. Celui qui lui donne son identité, sous réserve de sa soumission. Comment refuser cette identité, une forme d’institution, issue de son histoire !

Pau,l pour parler de la relation que le Christ entretient avec la communauté de ses disciples, prend pour image la soumission de l’épouse à son mari (ce qui nous fait bondir). Mais il parle aussi de l’amour qu’il y a entre eux. Et là, on change de registre : il s’agit du lien de réciprocité, construit au sein du couple, comme le Christ avec ses disciples et frères. Une relation toutefois quelque peu ambiguë parce qu’on ne sait si la femme et l’homme ont fait choix de vivre ce couple, ambiguë aussi parce que soumission et amour réciproque semblent se conjuguer.

Dans l’évangile, Jean met en scène Jésus interrogeant ses auditeurs, suite à son enseignement sur le pain de Vie, une Vie à laquelle on accède en mangeant son corps et en buvant son sang (incompréhension de ses auditeurs, qui est souvent aussi notre incompréhension !). Jésus se désigne comme descendu du ciel, envoyé par Dieu (comment ose-t-il !). Puis Jésus pose la question aux personnes présentes du choix d’adhérer à son enseignement. Et Pierre de répondre « à qui irions-nous, tu as les paroles de la Vie éternelle ». Au-delà de l’enseignement reçu de Jésus, c’est pour les apôtres d’abord leur vécu personnel avec Jésus qui est chemin d’une Vie qui dure et durera. Il est le sens de leurs vies, plus globalement de la Vie. Au-delà de cette expérience forte, c’est d’abord la personne de Jésus à laquelle ils sont appelés à adhérer, à faire confiance. Pourquoi au final ? Parce que Jésus est le Saint de Dieu, le consacré à Élohim traduira Chouraqui. Et nouveau rebond en fin de ce texte (qui ne figure pas dans le texte proposé), Jésus conclut « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis ? »

André L.

Temps de partage

Les paroles du Christ sont parfois rudes ! Nous en faisons souvent l’expérience
Comme les disciples, nous récriminons, voire nous sommes scandalisés.
« Or, c’est l’esprit qui fait vivre », proclame-t-il avant de poursuivre : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. »
Et il ajoute « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Nous sommes réunis ce matin…

« Pourquoi ne partons-nous pas ? »

Bénédicte I.-R.

Photo By Dominik Lalic On Unsplash Scaled
Photo Dominik Lalic – Unsplash

♬ Méditation musicale
BACH – Ouverture II en si mineur, BWV 1067 : VI. Menuett

Quelques interventions lors du partage

  • Vers qui irions-nous, si nous partions ? c’est la question que je me pose vraiment
  • L’Esprit nous fait vivre, c’est par l’esprit des autres que nous faisons avancer le monde dans la vision de Dieu pour le rejoindre
  • Nous tous réunis, sommes-nous si faibles que nous avons besoin d’un Dieu ? Je me pose cette question
  • Tu as les paroles de vie, c’est cela que nous partageons, nous faisons appel à l’Esprit. Partir peut-être ? voyager comme Paul ? L’important c’est cette Parole que nous pouvons partager
  • L’Évangile nourrit ma relation, la rend différente. Cela me semble “libérant” donc je ne vois pas pourquoi je quitterais cette parole
  • “Je vous ai choisis”, alors pourquoi quitter si nous sommes choisis. Il faut faire vivre ce lien de confiance avec Jésus dans la durée
  • Quitter l’institution pourquoi pas, mais la personne qui nous intéresse c’est Jésus Christ, lui qui dit la phrase la plus révolutionnaire de tous les temps : “Aimez-vous les uns les autres”
  • Fidélité et confiance, c’est la vocation de l’amour humain qui ne peut se réaliser que dans l’union avec le Christ
  • On s’engage ensemble, le pluriel a son importance dans la lecture de Josué comme dans l’évangile, ils s’engagent en groupe
  • Partir je l’ai fait mais j’ai chaque fois été rattrapée. Je n’ai jamais trouvé de paroles qui résonnent aussi bien en moins que celles de Jésus alors finalement je reste.

Chant :  Les mots que tu nous dis

(Duchesneau/Chapuis/Fleurus)

Nelson Estevao Skqbg4ezw38 Unsplash V2
Photo par Nelson Estevao sur Unsplash

Les mots que tu nous dis surprennent nos attentes.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Viens-tu aux nuits pesantes donner le jour promis ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

Les mots que tu nous dis sans cesse nous appellent.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Sont-ils Bonne Nouvelle qui changera nos vies ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

Les mots que tu nous dis nous mènent jusqu’au Père.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Saurons-nous vivre en frères que son amour unit ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

Les mots que tu nous dis dépassent nos frontières.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Alors, dans la lumière, ils disent : “Me voici ?”.
Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.

Credo

Je crois en Dieu le Père, source d’amour et de vie.
Je crois en Jésus-Christ, venu pour servir et donner sa vie.
Je crois en l’Esprit Saint, brise légère ou souffle puissant.
Je crois en l’Église, peuple de témoins et d’apôtres.
Baptisé, je veux suivre le Christ de plus près pour vivre l’Évangile
au cœur du monde à travers les engagements auxquels je suis appelé.
Amen

Intentions de prière partagées

♫ Refrain
« En todo amar y servir » (En tout aimer et servir).

Nous prions pour

  • que nous gardions l’espérance malgré toutes les tragédies de notre époque
  • les personnes qui savent accueillir ceux qui sont dans le manque ou la blessure comme je l’ai vécu durant mes pérégrinations de ce mois d’août
  • que nous formions un peuple de témoins et d’apôtres, qui que nous soyons, sachons vivre l’évangile au cœur du monde comme nous le propose la dernière phrase du credo
  • les jeunes qui avec confiance et joie se préparent à leur nouveau départ en cette rentrée
  • les enfants de Gaza qui continuent à vivre, à apprendre et à chanter
  • que Seigneur, tu ouvres les yeux et le cœur des talibans et que tu donnes aux femmes qui souffrent de par le monde la force et le courage pour continuer à vivre dignement
  • que Seigneur tu nous aides à discerner ce que nous avons à faire, nous qui “sommes choisis”

Notre Père

Envoi et Bénédiction

Annonce

Préparation en visio de La Rencontre autour de la Parole du dimanche 1er septembre ce lundi 26 août à 19 h. Vous y êtes tous invités. Lien sur l’agenda du site (https://saintmerry-hors-les-murs.com/agenda/ )

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