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François et les Hauts-de-France : une occasion manquée

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Le pape François est allé au Luxembourg, pays de son ami le cardinal Hollerich, un des évêques les plus ouverts et stimulants, et en Belgique, capitale européenne et pays carrefour multiculturel des deux universités de Louvain/Leuven, pour y parler de paix, de climat et de migration, mais aussi des abus sexuels, tandis que le recteur de l’université de Leuven et les étudiants de Louvain l’ont vivement interpellé sur la place et le rôle des femmes et l’accueil des LGBT+  dans l’Église.

François est venu en France à deux reprises : en 2014 à Strasbourg pour une courte visite au Parlement européen et au Conseil de l’Europe, et en septembre 2023 à Marseille pour les rencontres méditerranéennes, mais n’est jamais venu rencontrer l’Église de France ; il a même tenu à préciser en septembre 2023 qu’il venait à Marseille et non en France !

On peut comprendre que François ne goûte guère les prudences [1] et priorités de l’épiscopat français, plus préoccupé de prendre position sur la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques que d’avoir une parole forte sur les enjeux sociaux et politiques, se contentant à l’occasion des dernières élections législatives d’un communiqué prudent incitant les fidèles à prier mais se refusant à prendre position.

Mais quel dommage que François, dans la foulée de Strasbourg  et de Marseille, ne soit pas aussi allé à Lille, à Calais ou ailleurs dans les Hauts-de-France : terre de brassage aux fortes traditions d’ouverture et de solidarité, terre aujourd’hui confrontée au drame des migrants tentant de rejoindre l’Angleterre, jadis terre de syndicalisme et de conflits sociaux et d’un patronat chrétien pouvant être taxé de paternaliste mais à bien des égards plus proche et soucieux des ouvriers et employés que ne le sont bien des patrons d’aujourd’hui… [2] Quel  dommage qu’il n’ait pas à cette occasion rencontré les évêques des Hauts-de-France qui ont réagi rapidement aux résultats des élections européennes et à l’annonce des élections législatives, en des termes plus nets que le communiqué de la Conférence des Évêques de France.   

Quelle parole et geste forts aurait-il pu avoir sur les migrants ou sur les enjeux et évolutions socio-économiques, sur une Église prophétique ! 

Quelle stimulation de l’épiscopat français à sortir de sa prudence et de ses préoccupations identitaires !

Didier Peny


[1]  Sauf sur la question des abus sexuels où il faut reconnaitre une démarche volontaire et courageuse, certes un peu tardive, qui a d’ailleurs rencontré – et surmonté –  de vives résistances.

[2] Voir notamment le très beau documentaire Gens du Nord diffusé sur FR3 le 2 octobre et disponible en replay.

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