Nous avons tous entendu sur les ondes l’histoire du bébé prématuré, Santiago, enlevé par ses parents de l’hôpital, et retrouvé par la police en Belgique. Voici la réaction d’une abonnée à notre site, qui vit à Bruxelles, et qu’elle nous a partagée spontanément.
Vendredi 25 octobre, 19 h 30, je regarde une chaîne d’informations en continu. Breaking News : Santiago, 17 jours, grand prématuré enlevé par ses parents de l’hôpital où il était en néonatologie, est retrouvé vivant, quatre jours après son enlèvement, malgré tous les pronostics. Ses parents sont arrêtés, le bébé est hospitalisé. Grande joie du journaliste, suivi du défilé ininterrompu de spécialistes en tous genres.
Sous les commentaires techniques et froids d’experts médicaux et juridiques, défilent les photos d’identité du très jeune couple de parents, la vingtaine. Visages cernés, cabossés de la vie, lourds passés d’emprisonnement, de drogue, de pauvreté. Placés lorsqu’ils étaient enfants, le procureur nous dit que les parents venaient d’apprendre que c’était le sort qui attendait le bébé, et la motivation probable de l’enlèvement par les parents.
Le journaliste répète en boucle, deux heures durant, les pauvres éléments factuels dont il dispose, insistant sur le risque coupable que ces parents irresponsables ont fait courir à leur bébé. Et les photos des parents qui ont, sans aucun doute, mis la vie de leur bébé en danger continuent à défiler, car il n’y a rien d’autre à montrer, et il faut meubler.
Le traitement médiatique sans empathie de ce drame, sans autre considération que la vie physique du bébé, me donne la nausée ; et sans en savoir plus que le journaliste ou les experts, une tout autre histoire que celle qu’on m’offre en pâture me serre la gorge .
Peut-être Santiago est-il leur premier enfant, ardemment désiré ? Un bébé est toujours un commencement, ou un recommencement. Avec l’aide de leur famille, elle aussi placée jadis en institution, des blessures d’arrachement remontent à la surface, et la décision est prise ensemble,
car ils savent ce qu’est un placement puisqu’ils l’ont vécu : on ne leur prendra pas Santiago.
À 23 h 30, le bébé terriblement aimé est enlevé de l’hôpital dans un cabas pour une course folle,
seul compte l’amour fou de deux jeunes pour leur enfant.
Un petit bout, dira quand même un médecin, seule parole d’affection de la soirée,
un petit bout qui a beaucoup de courage, puisqu’il est vivant,
un petit bout qui veut vivre !
J’aurais aimé entendre le commentateur au moins suggérer, que l’histoire de Santiago était plus qu’un fait divers haletant de la pauvreté, avec une issue heureuse : que peut-être les visages de douleur de ce jeune homme et de cette jeune femme nous racontaient avec force, malgré leur grande précarité, une histoire d’amour, une histoire d’amour à en perdre la raison.
Marie-Hélène Rabier
Merci. Enfin un regard d’amour et de fraternité sur ces trois personnes.
Et ce bébé qui ne pouvait survivre que quelques heures à été retrouvé en bonne santé !
Dans ce monde fou dans lequel nous vivons, le Seigneur nous montre sa présence à travers les paroles significatives de Marie-Hélène Rabier. Avec lui gardons l’espérance… Merci mon DIEU !
Ah l’amour, l’amour comme si cela justifiait tout , est-il possible de tuer par amour ?
Pour avoir soigné des toxicomanes pendant des années, je serais plus prudente et surtout je demanderais des détails CONCRETS sur l’état de santé du bébé : de quelles maladies souffre-t-il ? Pourquoi la mère a accouché de façon prématurée ? Ne croyez pas que la violence est seulement du côté institutionnel mais souvent ce qui manque à l’hôpital c’est la capacité de négocier avec les parents, du côté des parents c’est souvent l’incapacité de prendre en compte des réalités comme celles du soin. Demandez-vous ce qui ce serait passé si l’enfant avait été retrouvé mort ? Plainte contre l’hôpital voire contre l’Etat pour avoir été incapables de protéger un nouveau-né ?
Ces histoires sont complexes, singulières et pour avancer sans trop de dégâts il faut déployer beaucoup de patience du côté des soignants et du côté des parents comprendre que lorsqu’on donne la vie ( par amour) cela exige aussi un effort de responsabilité, de maturité. Espérons puisque l’enfant est en bonne santé et les soignants ont eu le mérite de le reconnaître sans ambiguïté, la négociation puisse s’ouvrir entre les parties
Merci Christiane pour votre réaction.
Bien sûr que l’amour ne justifie pas tout, l’intitulé de mon billet est d’ailleurs “A perdre la raison”.
Et je ne pense absolument pas que la violence soit du côté de l’hôpital, que l’enfant était abusivement hospitalisé ou mal soigné, non, ce n’est pas le sujet.
Je voulais partager mon profond malaise devant un traitement froid d’une actualité chaude, renforçant par son angle d’approche, l’idée que les pauvres sont coupables, que ces parents avaient mis leur bébé en danger de mort, sans rendre compte justement de la complexité de la situation.
J’espère maintenant que tout sera fait pour aider la maman, qui va être extradée en France ces prochains jours ,puisse retrouver un contact avec son bébé: ils on tous les deux besoin l’un de l’autre.
Merci à Marie Hélène de ce commentaire qui tient compte de la douleur de ces parents. Merci de noter que l’enfant était encore en vie 4 jours après et qu’Il allait sans doute plutôt bien puisqu’il n’ya pas eu de commentaires des médecins après son retour. Les parents avaient donc su s’en occuper. Est-ce que la décision de l’enlever à ses parents tout de suite était-elle urgente ? n’aurai-il pas mieux valu prolonger l’hospitalisation et mettre en place un accompagnement important pour le laisser à ses parents. Au moindre dérapage l’enfant aurait été repris par l’ASE…. Je ne connais pas la situation mais je sais en tant qu’ancienne avocate des mineurs que la réponse de l’ASE n’est pas toujours adaptée, c’est souvent du tout ou rien.