Jésus, désigné juge de la femme adultère, la sauve ainsi que ses accusateurs. Transformer une condamnation à mort en une libération : il fallait oser ! Voici un des germes de la justice de Dieu que nous redécouvrons en ce cinquième dimanche de Carême.
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Mardi dernier, 31 mars 2025, 6 heures du matin. D’habitude, je m’anime, je prépare le petit déjeuner en écoutant les actualités. Puis je prends un temps de prière pour placer ma journée, en communion avec vous, avec nos frères et sœurs en humanité, sous l’appel vivifiant des textes du jour. Mais ce jour-là, France Info est en grève, il y a de la musique ; sur France Culture, il y a quelqu’un qui parle, je prête l’oreille. Et là, pendant une demi-heure, incapable de faire quoi que ce soit d’autre, j’écoute les témoignages insoutenables d’anciens pensionnaires du collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon dans le Finistère, un x-ième Bétharram où, sous les statues des saints et des saintes, sous les crucifix et les brins de buis séchés accrochés sur les murs, un climat de terreur éducative a régné durablement et impunément.
Il s’avère que la veille au soir, lors de la préparation de notre célébration de ce dimanche, l’extrait de la lettre de Paul aux Philippiens proposée ce jour ne nous avait pas inspirés comme peuvent nous inspirer d’autres propos de Paul. Nous avons convenu alors d’organiser la célébration autour des autres textes, déjà fort riches. Mais nous tenions à vous partager deux extraits, qui me sont heureusement revenus en tête pendant que j’écoutais ces messieurs d’âge mûr maintenant, parler des coups reçus, de la terreur que de nouveaux coups pleuvent, de la honte d’échouer leur scolarité et de leur conviction enfantine qu’ils sont idiots et qu’ils méritent sans doute ces punitions, ces gifles… et ces caresses « dans les cheveux, sur les cuisses »…
Au milieu de ces ténèbres, de cette chape de plomb qui s’abat de nouveau, de cette… c’est terrible de le dire, de cette honte d’être catholique quand ce mot est décidément encore une fois associé à des actes de violence, Paul se rappelle à moi, Paul qui aspire à « connaître le Christ », à « éprouver la puissance de sa résurrection » et qui conclut : « une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but ».
C’est remis debout par cette espérance et cette confiance inouïes qu’au nom de l’équipe qui a préparé cette célébration, je dis bienvenue à chacune, bienvenue à chacun ; à vous qui venez pour la première fois, à vous qui venez vous ressourcer de temps en temps, à vous qui êtes présents chaque dimanche.
Bienvenue à l’écoute de la Parole qui nous « lance vers l’avant », malgré ce qui nous encombre et qu’il est difficile d’oublier, malgré notre Église si encline à fermer les yeux sur les dérives et les abus qui se font en son nom et pervertissent le souffle vivant et libérateur de l’Évangile.
Alors, en communion avec le CCFD – Terre Solidaire qui lance sa grande campagne nationale aujourd’hui, en communion avec Jean-Marc Aveline qui a été élu nouveau Président de la Conférence des évêques de France, entrons dans la célébration, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Benoît
Livre d’Isaïe (43, 16-21)
Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; les voilà tous couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, consumés comme une mèche. Le Seigneur dit : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire – les chacals et les autruches – parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange. »

Résonance
« Je fais une chose nouvelle, elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? »
Eh bien non, je ne la vois pas, je ne vois que des guerres qui s’ajoutent aux guerres, des villes rasées, des populations en déplacement, des enfants en pleurs, des tremblements de terre, des gens qui s’insultent. Je n’invente rien. Non, je ne vois rien de nouveau sous le soleil, bien au contraire.
Et en plus, nous dit Isaïe, le Seigneur demande aux plus vieux de ne plus faire mémoire des évènements passés, du temps de la libération quand il sauvait le peuple pourchassé par les Égyptiens en leur ouvrant un chemin dans la mer .
Demain, peut-être, le Seigneur fera passer un nouveau chemin dans nos déserts, et il fera couler des fleuves dans nos cœurs arides, mais aujourd’hui, non, je ne vois rien, je ne vois pas de chose nouvelle. Les pâquerettes du jardin sont toutes petites et il faut beaucoup chercher pour écrire une bonne nouvelle dans le Flash-info hebdomadaire, un flash, un éclair, pas plus.
Alors sur le chemin caillouteux de Pâques, il faut vraiment garder confiance, il faut avoir foi dans les paroles du Seigneur que rapporte Isaïe. Et puis il y a ceux qui nous suivent, ces « fruits qui sous le duvet du bouton nourrissent leur tendre enfance » dit le poète.
Jean
♬ Méditation en musique : J. Savall, The Forgotten Kingdom
Évangile de Jésus-Christ selon Jean (8, 1-11)
En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Résonance
Nous connaissons cette scène par cœur : une femme, des hommes de loi qui mettent au défit Jésus et lui demandent de la juger. L’affaire est logiquement pliée car elle a été prise en flagrant délit d’adultère… Mais tout bascule dans le calme. Pas de cris mais des gestes, des mouvements de corps et quelques paroles qui changent la donne.
Et notamment Jésus qui par deux fois écrit avec son doigt dans la terre.
J’aime à penser qu’il réécrit la loi. Comme Moïse a reçu la loi écrite du doigt de Dieu sur les tablettes. Jésus ose faire confiance aux hommes, il prend le risque de les mettre face à leurs responsabilités. C’est sa foi en l’homme qui rend la loi juste et qui sauve non seulement la femme mais les hommes car nous pouvons envisager que cette nouvelle loi libère la femme mais aussi les pharisiens et les scribes qui avouent leurs péchés en catimini lorsqu’ils s’éloignent un par un.
En gros pourquoi condamner quand on peut pardonner, c’est peut-être ce que Jésus écrit du doigt dans la terre ?
Laurence
♬ Méditation en musique : Mozart, Duo For Violin And Viola N 2
Introduction au partage
Transformer une condamnation à mort en une libération : il fallait oser et trouver le mode opératoire !
“Cette femme”, ainsi désignée par le groupe accusateur qui vise en fait Jésus, devient sujet lorsque Jésus entre en dialogue avec elle « Femme …Va … ».
L’écoute de l’Évangile de Jean peut-elle éclairer la parole du Seigneur qu’Isaïe nous a confiée ?
« Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? »
Que pouvons-nous laisser derrière nous ? Pouvons-nous voir ce qui encore en germination ?
Cette chose nouvelle, quelle est-elle pour chacune, chacun de nous ?
Éliane
♬ Méditation en musique : RAMEAU-Indes galantes – Ballet des fleurs
Partage
Une chose nouvelle germe déjà, ne la voyez-vous pas ?
Quelques interventions et exemples de “germination” lors du partage
- au milieu des cataclysmes actuels, la renaissance de l’Europe semble positive
- ne pas juger mais être des témoins attentifs devrait être source de germination
- le lancement de la caisse alimentaire solidaire semble un bon exemple d’innovation
- ouvrir sa porte aux autres sans crainte peut changer la vie de tous
- le changement dans les relations homme-femme est lent mais semble en bonne voie
- le CCFD et leurs partenaires à travers le monde témoignent de graines en germination
- et il y a de nouveau le printemps et les arbres en fleurs…
♬ Psaume 125

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.
Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.
Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.
Prière universelle
♫ Refrain
Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais
Parmi nos intentions de prière, nous prions pour :
- Gaza et l’Ukraine, que notre prière leur permette de garder l’espoir
- les musulmans de France qui viennent de fêter l’Aïd, que nous sachions partager et dialoguer avec eux
- les entrepreneurs en faillite, qu’ils sachent rebondir et retrouver leurs places dans la société
- ceux qui cherchent du travail, qu’ils retrouvent, eux aussi, leurs places dans notre société
- Catherine-Marie qui a enterré son père cette semaine
- les personnes qui vont quitter ce monde en cette période de Pâques, qu’elles soient accompagnées
- les sacristains en formation, que leur engagement soit reconnu et apprécié
Notre Père
Bénédiction et fin
Lettre de Paul aux Philippiens (3, 8-14)
Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ-Jésus.
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