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Dimanche 24 août 2025. « Je ne sais pas d’où vous êtes » 

En ce vingt et unième dimanche du temps ordinaire, comment s’appuyer sur l’enseignement de Jésus pour ajuster nos comportements, les rendre conformes à la justice, et entrer par la porte étroite ?

Entrée en prière

Haendel, Dixit Dominus

Accueil

Bienvenue à vous, habitués de ces partages dominicaux de la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs, originaires de la région parisienne, du Finistère, du Tarn ou de Corse, et à vous qui entrez pour la première fois dans le cercle (virtuel) de cette rencontre fraternelle de la Parole, venus peut-être des « îles lointaines » dont parle Isaïe.
Le temps des vacances estivales est souvent l’occasion de rencontrer sur les chemins, dans les transports, dans des églises plutôt vides le reste de l’année, des individus et de leur adresser ces mêmes mots « Je ne sais pas d’où vous êtes ». Nous qui nous retrouvons ce dimanche, commençons, si vous le voulez bien, par dire à haute voix d’où nous nous connectons ce matin.

L’équipe qui a préparé lundi soir fut décontenancée par les textes proposés où la « Bonne nouvelle » n’est pas si facile à déceler. Que recouvre cette leçon de morale d’un père à son fils sur les bienfaits de la correction ? Où sont la tendresse et l’amour du Père envers ceux qui cherchent à être sauvés et qui se voient claquer la porte au nez ? Et quelles réponses trouver dans un monde où les pourparlers de paix avec la Russie, certes entamés mais si fragiles, semblent ne devoir jamais aboutir, à l’heure où l’ONU déclare officiellement l’état de famine à Gaza, tandis que les hommes à travers l’usage des réseaux sociaux nous font douter de l’humanité de certains utilisateurs ?
Nous qui sommes rassemblés en son nom et croyons qu’il est au milieu de nous, que la porte, certes étroite, est ouverte, nous qui œuvrons à notre mesure en espérant « prendre place au festin dans le royaume de Dieu », écoutons la Parole au nom du Père, du Fils, et de l’Esprit…

Bénédicte I.R.

Introduction

L’avant dernier chapitre de la Lettre aux Hébreux s’inscrit dans un contexte de persécutions. Des disciples sont en prison. Les extraits, discontinus, du texte  de ce jour ne font pas bien entendre la dominante du chapitre : l’endurance dans l’épreuve, en disciples du Crucifié.  Et les citations du livre des Proverbes et du prophète Isaïe ne favorisent pas la compréhension.
« Ce que vous endurez est une leçon » – la TOB traduit : « C’est pour votre éducation que vous souffrez ».  Difficile  d’entendre cela comme une pédagogie de Dieu à l’égard de ses enfants. L’adresse du texte parle pourtant d’une parole de réconfort, qui se trouve peut-être dans ces mots : « Plus tard, la leçon produit un fruit de paix et de justice ».
Est-ce pour nous une invitation à relire les épreuves traversées ? Ce qu’elles nous ont appris, ce qu’elles ont suscité et permis ?  Nous vous proposons, en entendant le texte, de substituer le mot « enseignement » à celui de « leçon ».

Éliane B.

📖  Lettre aux Hébreux (He 12, 5-7.11-13)
Frères, vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on n’éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. C’est pourquoi, redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent, et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux. Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d’entorse ; bien plus, il sera guéri.

Méditation musicale : Mozart, Variations en DoM sur « Ah vous dirai-je, maman », K265-300e

📖   Évangile de Jésus-Christ selon Luc (Lc 13, 22-30)
En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers. »

Résonances

Comme l’a rappelé Jean la semaine dernière, quand nous lisons les textes, nous essayons de voir comment ils nous concernent aujourd’hui, comment ils nous font avancer. Lundi soir, à la préparation de la célébration, la lecture de l’Évangile de ce jour nous a laissés sans voix. Habitués que nous sommes à un Dieu bienveillant plein de tendresse, cette « porte étroite » nous est apparue bien hostile. Personnellement, « les pleurs et les grincements de dents », me font vraiment grincer les dents. « Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ». Plutôt que du contraire, de la justice, nous avons parlé de « justesse ». Nous avons pensé qu’il fallait « s’ajuster » à cette porte étroite. Dans la parabole du jeune homme riche, Jésus lui dit que pour le suivre, il faut qu’il renonce à ses richesses. Le jeune homme riche, s’enfuit. Il ne peut pas ou ne veut pas renoncer à ce que son père lui a laissé. C’est peut-être ces trop-pleins qui nous encombrent, qui nous empêchent de marcher plus rapidement qui feront que nous serons en retard pour passer la porte ou qui ne nous permettront pas de passer cette porte trop imposants que nous sommes ou que nous voulons paraître.

Claire B.

Merci Claire pour ton invitation à entendre, sous le mot « justice », l’idée de « justesse » que nous avons évoquée tous ensemble lors de la préparation lundi dernier. Toutefois, pour ma part, je trouve qu’on ne peut passer sous silence l’expression d’un appel plus exigeant que paraît lancer Jésus. Suffit-il simplement de s’ajuster, de justesse ? N’y a-t-il pas une exigence plus forte qu’un simple ajustement derrière ces paroles de Jésus ? Ne risquons-nous pas de nous rassurer et de ruser avec les mots ? N’y a-t-il pas un véritable appel à vivre avec plus de rigueur et d’équité nos relations avec les autres ? Qu’est-ce que c’est que commettre l’injustice ? Même si la phrase nous dérange, ne faut-il pas la regarder en face ? « Éloignez-vous de moi vous qui commettez l’injustice » : dur, dur ! Mais est-ce à taire ? Voilà donc la question que nous vous proposons pour notre partage : Comment s’ajuster pour entrer par la porte étroite ?

Jean-Luc L.

Photo J. Idoux, coll. priv.

♫ Méditation en musique : Bach, Violin Partita No. 3 in E Major, BWV 1006 : VII. Gigue.

Partage

Comment s’ajuster pour entrer par la porte étroite ?

Quelques échos du partage :

  • Faire vivre l’écologie, s’ajuster avec les accords de Paris, en vingt-cinq ans, par un effort collectif.
  • Le chemin commence par l’écoute, – de la violence, de la fragilité de la vie…, qu’il faut accueillir.
  • Soyez le levain, la lumière sur la montagne, plutôt que pratiquer les vieux rites.
  • Vivre la fraternité, les autres nous montrent le chemin.
  • Avons-nous besoin d’être sauvés ? De nous chamailler pour passer la porte étroite ? L’harmonie, la justesse avec les autres à construire ensemble, ce n’est pas une porte à passer.
  • Il faut ouvrir nos portes, justement !
  • Savoir se décharger, s’alléger, et se sauver du « mérité », plutôt pratiquer la joie et la gratitude.
  • Accepter la différence comme une richesse et non un conflit, être artisan de paix.
  • Être ajusté dans sa relation aux autres, ce qui donne paix et joie ; être à sa juste place, peu importe les premiers et les derniers.
  • Pratiquer le service – la « porte de service » est plus étroite.
  • Prendre un long chemin d’effort et d’ajustement.
  • Comment être sauvé ? Est-ce que Dieu nous libère toujours ? Réponse : seulement si nous faisons une démarche individuelle, il faut désirer un monde de justice, face à un monde d’injustice.
  • La petite porte du caravansérail, qui permet d’entrer la nuit, un par un, en se baissant, quand les grandes portes sont fermées, permet d’accueillir les retardataires et ceux qui ne connaissent pas les horaires – c’est l’inverse de ce que dit l’Évangile.
  • Vivons nourris par la Parole.
  • Pendant ce zoom, s’affichent sur nos écrans les grandes vignettes de nos visages, mais aussi les petites images étroites de ceux qui sont sur leurs téléphones portables : et cela suffit pour être ensemble !

♫ Chant : La porte de Dieu

Auteur : Alain Cabantous / Compositeur : Léandre Boldrini

Entre terre et cieux
au seuil de nos alliances
Tu es porte de Dieu
qui ouvre vers ces lieux
où chante le silence
Toi la porte de Dieu (bis)



1/Porche des oubliés
Tes gestes donnent vie
Aux ombres sans mémoire :
Porte de dignité.

2/ Porche des prisonniers
Tu lèves leur fardeau
Aux captifs des ténèbres :
Porte de liberté.

3/ Porche des égarés
Tu confies un sentier
Aux fils perdus de l’homme :
Porte de l’unité.

4/ Porche des attardés
Ton pas avance au pas
Des cœurs lents à comprendre :
Porte de vérité.

5/ Porche des réprouvés
Tu offres le pardon
Aux larmes des prodigues :
Porte de toute paix.

Prière universelle

Quelques-unes de intentions partagées :

  • Ouvrons-nous à l’abandon de certains acquis, pour construire ensemble notre société.
  • Prions pour tous ces parents et instituteurs qui aiment les enfant qu’ils grondent.
  • Prions pour ceux qui n’ont plus de portes, – les Gazaouis, les Ukrainiens…, pour les portes qui nous protègent et protègent notre intimité, pour les portes de l’Évangile.
  • Pour les jeunes qui manquent d’empathie sur les réseaux, que nous sachions leur transmettre cette « leçon ».
  • Pour les artisans de paix.
  • Pour les familles divisées suite à des guerre de successions, qu’elles apprennent à se désencombrer, à s’attacher à l’essentiel.

Nous portons plus nommément dans notre prière :

  • Notre amie Jani Eymard-Duvernay, décédée cette semaine, dont la célébration d’enterrement aura lieu jeudi à 14 h 30 à la cathédrale Saint-Louis de Versailles.
  • Soline, dont le fils de 2 ans vient de se noyer.
  • Mahé, baptisé le 15 août à Notre-Dame d’Espérance, et sa maman, qui mènent une vie pas facile au foyer Aurore ; qu’ils trouvent des guides pour les aider à avancer.
  • Pour l’activité de La Porte Ouverte, qui pratique l’accueil et l’écoute.

Et pour toutes les autres intentions, énoncées ou pas, qui nous portons en nous…

Photo J. Idoux, coll. priv.

Prière : Que ta volonté soit faite

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Il y a mille façons de s’adresser au Père : prions aujourd’hui avec le Notre Père d’une jeune jeune femme, sur un rythme de rap.
Keny Arkana, Entre les lignes : Prière, (album Entre ciment et belle étoile, 2006)

Seigneur, aide mes pensées à raisonner correctement
Ce monde veut m’enseigner la peur, et de A à Z me ment
Je te cherche en mon âme, en essayant de la connaître
Ma mémoire veut accroître mon mal en l’insufflant sur ma comète

Plus j’avance, plus j’affronte mes résidus tristes
J’me retrouve à lutter contre mes pulsions autodestructrices
O mon Dieu, Seigneur des seigneurs, Roi des rois
Éternel Créateur, tes Commandements seront mes Lois

Parle à mon âme, envoie moi un Ange quand je me perd
Un signe, un présage, des éclats de pétales dans leur jeu de pierre
Du libre-arbitre, mon espèce s’est retournée vers le Démon
Et mon espèce me dit folle, lorsque ce fait je le dénonce

X siècles de tortures, le cérébral spécule l’ordure
Le matériel n’est qu’illusion, la Connaissance la vraie Fortune
Non pas leurs connaissances tordues, mais l’Immuable que rien ne corrompt
Nourriture spirituelle pour mieux ranimer la Colombe

Seigneur, aide mon âme, que ce monde voudrait voir perdue
Car j’ai refusé de la vendre pour accéder à la Vertu
Mes frères planent dans le doute, donne leur la Force de rester Droit
La Sagesse m’a dit « connais-toi, pour voir le Ciel, faut rester Toi »

Ce monde blasphème, la Foi considérée comme futile
Par ceux qui ne voient pas tes Signes, ne discernant pas le Subtil
Mais voudraient donner des leçons aux serviteurs de ta Lumière
Ceux qui savent que Demain sera sûrement ce qu’on a vu Hier

Je ne suis qu’une âme égarée, mais réceptive à ton Amour
Alors je t’en prie éclaire-moi, ce monde veut me mettre dans un moule
Se fout pas mal de nos Désirs ; ceux du cœur, pas de l’ego
Alors j’agis avec amour, pour mieux l’entendre dans ton écho

Seigneur, calme ma colère, elle est la faille de tous mes maux
J’ai trop mémorisé le mal, et elle resurgit dans mes mots
Accepte mon humble repenti, sur la route que j’arpente
Reste près de mon âme, je t’en prie, comme lorsque je remontais la pente

Seigneur, guide mes pas, peu importe ce qu’il advienne
Donne moi la Force d’avoir la Foi, chaque jour plus que la veille
Réchauffe le cœur de ceux qui souffrent, Toi qui souffles la Vie
Que ton Soleil puisse éclairer nos Lunes quand s’ouvre la Nuit

Réconforte de ton Amour l’enfant seul et malheureux
Protège ces peuples courageux qui survivent les larmes aux yeux
Guide mon espèce à faire la Paix avec la Création
A faire la Paix avec les Siens et à chasser l’Aliénation

Seigneur, fais comprendre à l’Homme que son Prochain est son Frère
Que toutes nos cultures différentes sur le globe sont une Richesse
L’Homme s’est construit un monde inhumain, écrasant les gens simples
Éclaire le cœur de nos bourreaux pour qu’ils puissent devenir Humbles

Qu’il puisse voir avec le Cœur, pas avec l’ego ni la tête
Afin de ne plus jamais oublier qu’on est les Gardiens de la Terre
Que le poids de nos Karmas redevienne Plume
Et que les Rayons Indigos de nos Soleils puissent percer cette Brume

Seigneur,
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel


Seigneur,
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel
Que ta Volonté soit faite… Sur la Terre comme au Ciel

Bénédiction

Dans notre partage, nous avons parlé d’écoute, d’harmonie. Être le levain dans la pâte, la lumière sur la montagne, être à sa juste place et accueillir. Une démarche personnelle pour passer la porte étroite.
Nous avons été réunis ce matin par celui qui se tient derrière la porte. Puisque nos noms sont inscrits dans les cieux, nous espérons le rejoindre et que sa bénédiction nous aide à avancer, lui qui est Père, Fils et Esprit. Amen

Photo J. Idoux, coll. priv.

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