En ce 30ème dimanche du temps ordinaire, les textes nous parlent de justice, ou plutôt de justesse de comportement, d’ajustement aux propositions de l’Evangile. Est-ce suffisant pour annoncer la Bonne Nouvelle, où devons-nous en faire plus, comme Paul qui a choisi de s’y investir totalement, d’en faire sa vie ?
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Bonjour et bienvenue à toutes et tous, en ces temps de vacances scolaires où certains d’entre nous sont mobilisés auprès de la jeune génération, tandis que nous nous apprêtons à faire mémoire des anciens qui nous ont précédés tout début novembre.
Les textes d’aujourd’hui ne nous parlent pas des différentes générations, mais des diverses Nations du monde païen, auprès desquelles nous sommes appelés à proclamer l’Evangile, tous autant que nous sommes et chacun à notre façon. Il s’agit pour chacun de nous de se comporter en juste, c’est-à-dire de s’ajuster au projet de Dieu, et de pouvoir constater au bout de notre chemin, avec saint Paul, que nous ne nous serons pas trompés de vie.
Dans cette attente, entrons ensemble dans ce temps de partage de la Parole, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit de Dieu.
Blandine A.
📖 Évangile de Jésus Christ selon Luc (Lc 18, 9-14)
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes
et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Résonnance
Etre convaincu d’être un juste, ce n’est pas mépriser les autres.
Le pharisien est seulement ajusté à la loi : il jeûne et il paye le 10ème de ses revenus , mais il rend grâce de ne « pas être comme les autres, voleurs, injustes, adultères ». De coeur il n’a point. Le publicain lui , le collecteur d’impôts, le corrompu, le mafieux, le détesté, se frappe la poitrine en disant « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ». C’est lui qui est devenu un homme juste. L’humilité grandit.
On verra dans Paul que lui n’est pas arrogant comme le pharisien. Il se déclare content de lui : « J’ai mené le bon combat ». Ô combien! Mais la couronne de la justice, il veut la recevoir « avec tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse ». Et lorsqu’il était persécuté et que tous l’avaient abandonné, il ne veut pas que « cela soit retenu contre eux ». Il est miséricordieux.
Arrêtons de nous comparer aux autres. Proclamons l’Evangile comme Paul, pas de manière ostentatoire, ne soyons pas arrogants, ni vaniteux lorsqu’il nous vient des succès, mais persévérants auprès de toutes les nations.
Danielle M.

Marin Marais, La Rêveuse: Les folies d’Espagne (extrait par Jordi Savall)
📖 Deuxième lettre de Paul apôtre à Timothée (2 T 4, 6-8.16-18)
Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse.
La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Résonnances
Dans un environnement social et culturel qui semble avoir autre chose de mieux à faire que d’accueillir l’Evangile tenu pour beaucoup comme une morale, une contrainte obsolète ou une utopie, comment être une voix, un regard, une main offerts, comment transmettre la profondeur de l’invitation libératrice du Christ ? Plus que l’évangélisation bruyante et parfois pleine de certitudes de certains, ma nature me porte non à la discrétion mais à l’élection d’une attitude de vie, entre engagements et service, entre des mots et des gestes proposés que l’on reconnaîtra ou non comme ceux d’un chrétien. Et témoigner ainsi, plus ou moins consciemment, au sein de milieux essentiellement areligieux, de la Parole qui me fait vivre et que j’essaie d’ajuster au plus près de mes actes.
Alain C.
Le seigneur m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent (2 Timothée 4, 17)
Selon Daniel Maguerat dans son récent ouvrage « Paul de Tarse, l’enfant terrible du christianisme », nous sommes à la fin de la vie de Paul, captif à Rome ; il va être décapité, on ne sait où, ni quand exactement. C’est son testament, écrit vraisemblablement vingt ans après sa mort pour perpétuer sa passion pour l’annonce de la Parole. Une période sombre où il est abandonné par les chrétiens de Rome, et épuisé par les conflits avec l’église de Jérusalem. Celui qui écrit fait mémoire de Paul et s’adresserait aux dirigeants des églises pour les interroger sur leur préoccupation pastorale. Il nous rend présent le combat de sa vie d’apôtre, un combat mené jusqu’au bout pour que l’Evangile soit enseigné, un combat soutenu infailliblement par le Seigneur.
Comment cela résonne en nous aujourd’hui ?
Sans doute la certitude que le Seigneur nous reconnait et ne nous abandonne pas, si nous sommes dans la justesse (cf l’Evangile que nous venons de lire), une justesse que nous reconnaissons dans la lucidité.
Sans doute aussi, le soutien du Seigneur nous est acquis, même quand il y a conflit à l’intérieur de l’église, entre communautés de sensibilités différentes, un conflit qui demande toutefois à s’en expliquer pour construire ensemble.
Et puis l’obsession principale de Paul, c’est la proclamation de l’Evangile. C’est quoi au fait une proclamation ? C’est une déclaration solennelle pour rendre publique et officielle, qui engage qui proclame, bien au-delà des modestes échanges confidentiels.
Et enfin, c’est une proclamation jusqu’au bout de sa vie, pour que toutes les Nations l’entendent. Certes, Paul n’a pas touché tous les pays, notamment ceux d’un monde encore quasi inconnu, s’en tenant là où il pouvait se rendre (mais combien de milliers de kilomètres il a parcouru) ; sans cette intensité missionnaire, que serait-il advenu du christianisme naissant !
Que signifie pour nous la mission qui est formulée par Jésus au moment où il quitte cette terre ? Comment nous (en tant que personne et communauté) proclamons-nous l’Evangile ? Vers quelles communautés de vie nous efforçons-nous d’aller ? Quels moyens nous nous donnons pour aller vers ? A vous de poursuivre cette réflexion en vous appropriant la question du partage : « J’ai mené, – j’ajoute nous avons mené, – le bon combat ? »
André L.
Jean-Nicolas Richard, instrumental de Brel, La quête

Temps de Partage
« J’ai mené le bon combat », nous dit Paul. Et moi ?
Quelques échos du partage :
- Notre combat est-il juste ? Que penser de celui des jihadistes ? Notre critère est le combat non violent.
- Nous ne nous battons pas contre les autres mais contre nous-mêmes, contre la facilité, pour « faire en sorte que le monde soit plus beau grâce à nous ».
- Nous devons mener fermement le combat idéologique contre l’extrême-droite.
- Il s’agit d’oser vivre selon ce que nous dit notre conscience, même si c’est différent de l’opinion ambiante, tout en acceptant les autres dans leurs différences.
- Je rejoins ceux dont je pense qu’ils mènent le bon combat (pour l’accueil inconditionnel dans l’Eglise, pour l’écologie, pour les droits des femmes…), pour aider à faire bouger les choses dans le bon sens.
- On a besoin d’échanger avec d’autres pour mieux discerner ce qui est le bon combat.
- Quel bilan pourrons-nous faire de notre annonce de l’Evangile ?
- Ce combat est plutôt une quête, on se rapproche d’un but qu’on n’atteint pas complètement, dans l’amour proposé par Jésus dans l’Evangile.
- Pour moi, combattre, c’était juste vivre ; mais est-ce suffisant aujourd’hui ?
- Quel sens donnons-nous à nos vies ? Nous venons d’y réfléchir à une quinzaine de personnes, sur l’invitation d’un filleul.
- Proclamer l’Evangile malgré le passif de l’Eglise, c’est aussi difficile que du temps de Paul, à l’époque où on se méfiait des chrétiens.

♫ Chant : N’ayons pas peur de vivre au monde
J. Servel & J. Akepsimas
N’ayons pas peur de vivre au monde :
Dieu nous a devancés !
N’ayons pas peur de vivre au monde
Où Dieu même s’est risqué.
Les pas de Dieu mènent au pauvre :
Dieu nous a devancés !
Les pas de Dieu mènent au pauvre
L’opprimé, c’est Dieu caché.
N’attendons pas que la nuit tombe :
Dieu nous a devancés !
N’attendons pas que la nuit tombe
Sur le cri des mal aimés.
Prière universelle
Entends la voix de ma prière quand je crie vers toi
Quand je lève les mains, quand j’implore ta présence
Quelques échos des intentions partagées :
- Prions avec et pour tous ceux qui font des choses remarquables, chrétiens ou non, ce qui permet au message de Jésus de s’incarner
- Pour mon oncle Jacques, en fin de vie
- Pour Geneviève Farin, engagée à la CIMADE, dont les enfants sont là ce matin
- Pour les Burkinabés, qui subissent le régime militaire et le djihadisme
- Pour nos législateurs, qu’ils mettent en place la justice fiscale dans notre pays
- Pour que les responsables religieux osent dire ce qu’ils pensent
- Rendons grâce pour les échanges avec ceux qui n’ont pas notre foi, je vois la main de Dieu dans ces partages
- Pour que nous ne nous laissions pas enfermer dans nos religions
- Prions dans la mémoire des anciens de Saint-Merry, qui nous ont donné le goût de défendre des causes
- Pour notre communauté, que nous trouvions de quoi nourrir nos forces pour un combat juste
- Pour que nous puissions travailler sur nos egos en regardant le Christ, et être artisans de paix par le dialogue

Notre Père
Psaume 33 (Ps 33 (34), 2-3, 16.18, 19.23)
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.
Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.
Envoi et bénédiction
♫ Chant final : Peuple d’un Dieu qui est justice
Invente avec ton Dieu l’avenir qu’Il te donne.
Invente avec ton Dieu tout un monde plus beau !
Peuple d’un Dieu qui est justice
en prenant soin des plus petits,
ta seule gloire est le service,
l’amour de ceux que l’on oublie.
Peuple d’un Dieu qui est lumière,
qui fait lever le jour nouveau,
tu es lumière pour la terre :
ne reste pas sous le boisseau !
Va témoigner de l’espérance
En recherchant partout la paix :
Deviens le signe de l’Alliance
et du bonheur que Dieu promet.





