“Il n’est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses“. Le psaume aujourd’hui nous rappelle que le pardon de Dieu est incommensurable. Aussi, comme lecture et évangile le suggèrent, tentons de le faire advenir dans nos vies.
Entrée en prière
VIVALDI – Sonate Pour Flute Traversière En Sol Mineur, RV 51 – Prélude
Accueil
« Pardon ! Pardon ! Pardon ! Pardon ! désolé, excusez moi je vous prie de bien vouloir m’excuser, navrée, je te demande pardon » … Quelque soit votre rapport au pardon – au cœur des textes du jour – soyez les bienvenus !
Que vous soyez à l’aise ou non avec ce mot, nous sommes heureux de vous accueillir pour ce partage dominical de la parole. Vous étiez avec nous dimanche dernier à Notre-Dame d’Espérance pour célébrer et aussi vivre une nouvelle étape dans le relèvement de notre communauté ou vous nous rejoignez pour la première fois ? Ou encore c’est votre énième en visio ? Soyez les bienvenus. Nous vous accueillons nous qui avons vécu un si riche partage lors de la table ouverte à tous de la préparation, mais surtout nous nous plaçons sous le regard de Notre-Père à l’invitation du Christ dans l’Esprit.
Oui ensemble laissons-nous saisir, déplacer, provoquer – autrement dit – inviter à, par l’appel au pardon au cœur de ce dimanche et même plus encore au cœur du Notre-Père dans cette phrase si sensible que certains d’entre-nous la disent comme malgré eux tellement elle questionne, elle frotte, elle gêne et parfois même pique ou même malmène : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Et vous comment la direz-vous aujourd’hui cette parole ?
Ensemble entraînés par le Christ qui nous emmène dans sa prière entrons à sa suite en célébration. Peut-être entendrons-nous mieux ensemble à quoi ce pardon nous entraîne, et comment ?
Micros fermés mais cœurs ouverts entrons en célébration et pour une fois avec le Notre-Père en tête.
Alexandra
Notre Père
qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du Mal.
Amen.
Méditation en musique
VIVALDI- concerto pour mandoline
📖 Livre de Ben Sira le Sage (27, 30 – 28, 7)
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas.
Méditation en musique
Hildegard von Bingen – O pastor animarum
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu (18, 21-35)
Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.’ Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘Rembourse ta dette !’ Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai.’ Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ‘Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’ Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur.
Résonance
Une fois de plus, les textes nous bousculent et nous emmènent en eaux profondes.
Nous voulons croire que le pardon de Dieu est infini. Mais est-il inconditionnel ? Les textes d’aujourd’hui nous aident à en lire les enjeux : pardonner n’est pas excuser, dédouaner, effacer, oublier. Le pardon ne balaye rien d’un mouvement furtif, il s’incarne de façon consistante : « ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » renvoie le maître à son serviteur. Espérer être lavé de toute faute sans avoir à se remettre en question dans ses relations aux autres passe à côté du message évangélique.
Car pardonner, mais aussi demander et recevoir le pardon, n’est pas sans lien avec le fait de retrouver la vie, de « réclamer la vie à la tombe » comme le dit le psaume. Et non pas seulement la mort comme fin d’une existence, mais la mort dans la vie, cette mort déjà là qui peut nous empêcher de vivre, miner le plaisir de vivre, assombrir la joie et abîmer l’espérance.
Le pardon vise la libération, la mienne et celle de l’autre, comme le laisse entendre la traduction de la dernière phrase de l’évangile de ce jour que propose Frédéric Boyer : « C’est ainsi que mon Père, Celui dans le ciel, vous fera si chacun de vous ne libère pas son frère, avec tout son cœur. » (Matthieu 18, 35).
Mais il y a toutes ces fois où on reconnaît qu’on n’arrive pas à pardonner, à tendre la main, à renouer le dialogue, à poser un geste de paix. Parce que la blessure est vive, la rancœur tenace, et l’autre de toute façon ne reconnaît rien et ne fait aucun pas. Quelques-uns parmi nous réunis pour préparer cette célébration, ont dit combien – quand on n’arrive pas à y mettre « tout son cœur » -, demeure quand même vivante, même vacillante, la flamme de la confiance, de la foi, qui affirme « c’est Jésus qui pardonne en moi », « c’est la paix du Christ que je donne dans le geste de paix ». Parce que je crois que Jésus, lui, peut accomplir ce que je peine à esquisser. Et que je m’en fais le témoin, en ne refusant pas le geste de paix, même si je demeure blessé et que l’autre ne reconnaît même pas m’avoir blessé et ne demande pas pardon.
Chacune, chacun d’entre nous, notre communauté elle-même, s’affronte à cette question dans son histoire. Et Jésus nous prévient… 70 fois sept fois…
Benoît
Partage
70 nuances de pardon.
Quelle est la vôtre ?
Méditation musicale
DEBUSSY : Etude No. 11 pour les Arpèges Composés, L.136
Quelques échos du partage
- il faut dépasser ce qui a été vécu et se pardonner déjà à soi-même
- songer à réhabiliter le mot “indulgence” (fin de la lecture de Ben Sira), plus adéquat peut-être que compassion ou empathie
- ” Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font” (mot de Jésus sur la croix), ceux qui nous font mal ne le savent pas toujours
- pardonner sans “surplomber”, donner le pardon ne pas le demander
- sans l’aide du Seigneur impossible de pardonner
- reconnaitre que l’on a sa part dans la brisure de la relation
- ne pas s’enfermer dans la violence reconnaître l’autre en tant qu’être humain
- on pardonne mais on n’oublie pas, on cicatrise
- le pardon de Dieu est incommensurable mais nos actes ne sont pas sans conséquence (cf la dernière phrase de l’Évangile)
- les pardons imposés durant mon enfance m’ont laissé un goût amer. Cependant le pardon ça fait du bien, ça nous permet d’être en paix
♫ Chant : Les mots que tu nous dis
(Duchesneau/Chapuis/Fleurus)
Les mots que tu nous dis surprennent nos attentes.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Viens-tu aux nuits pesantes donner le jour promis ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
Les mots que tu nous dis sans cesse nous appellent.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Sont-ils Bonne Nouvelle qui changera nos vies ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
Les mots que tu nous dis nous mènent jusqu’au Père.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Saurons-nous vivre en frères que son amour unit ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
Prière universelle
Quelles intentions de prière souhaitez-vous confier à Dieu et à la communauté ?
Refrain :
Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix
Seigneur, fais de nous des bâtisseurs d’amour.
La communauté a porté dans sa prière :
- nos deux filles fâchées qu’elles sachent trouver le chemin de la réconciliation
- pour le gouvernement qu’il cesse d’interdire les visas pour les ressortissants d’Afrique de l’Ouest
- pour les iraniens et iraniennes que leur “mouvement” : Femme, Vie, Liberté, qui a maintenant un an, porte ses fruits
- pour les parents qu’ils sachent proposer à leurs enfants de pardonner et non le leur imposer
- pour le Chili qui commémore les 50 ans du coup d’état du général Pinochet, que les chiliens ne soient plus divisés sur le passé
- pour Marseille, pour les rencontres méditerranéennes qui vont s’y dérouler et la venue du pape François que tout ce travail soit un succès
- pour Patrick, Françoise, Annick et Marie-Françoise et pour tous ceux qui sont gravement malades
- pour l’unité dans notre pays, que nous sachions de nouveau nous parler
- en ces journées du patrimoine (voire matrimoine !) que notre attention ne se porte pas uniquement sur les bâtiments comme on nous le suggère. Mais que l’importance soit aussi donnée au peuple de Dieu et à toutes les communautés qui s’étiolent.
Introduction au psaume
J’ai été touchée par la douceur des mots et par le balancement du rythme qui ajoute à cette douceur.
Dans ce psaume, pas de pleurs, pas de grincements de dents, juste des preuves d’un amour infini. La reproduction du Prodigue de Rembrandt illustre magnifiquement tout cet amour que Dieu nous porte.
Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Psaume 102
Refrain : Bénis le Seigneur, ô mon âme,
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Refrain : Bénis le Seigneur, ô mon âme,
Il n’est pas pour toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.
Prière finale et bénédiction
Que la bénédiction du Seigneur soit sur nous
Lui qui est Père, Fils et Esprit Saint.
Bonne semaine à toutes et à tous. N’oubliez pas la préparation lundi soir à 19 h
(lien sur l’agenda du site)