Mystère d’une naissance
Une mère avec un enfant emmailloté, éclairés par la lumière d’une chandelle portée par une autre femme. Rien ou presque n’indique le caractère sacré de cette œuvre. Appelée par les historiens de l’art Le nouveau-né et longuement attribuée aux frères Le Nain, elle a été rendue en 1915 à son auteur, Georges de La Tour (1593-1652).
Un nouveau-né, en effet : Jésus de Nazareth représenté dans ce qu’il y a de plus sacré, son humanité. Mystère d’une naissance, « de toute naissance, celle du dieu incarné, comme celle de tout enfant, qui se propose dans son évidence de mystère, hors de toute circonstance, hors de toute explication », écrit Jacques Thuillier, qui contribua grandement à la redécouverte du peintre lorrain.
Tout, ici, invite à la contemplation, le clair-obscur, qui n’a rien de dramatique, contrairement au Caravage – auquel La Tour a été parfois comparé –, la douce gravité des visages, la sobriété des gestes, Marie qui ose à peine regarder son enfant, Anne, la mère de Marie, qui protège de sa main droite la flamme vacillante. Et puis la palette des couleurs, réduite à l’essentiel : le brun et le noir du fond, le vermillon des habits, le blanc doré des langes. L’extraordinaire fait irruption dans l’ordinaire sans clameur, sans trompettes. Dans le dépouillement d’une scène familiale.
« Quel silence ! », s’écriait – disait-on – le Bernin devant les toiles d’un autre peintre français du XVIIe siècle, Nicolas Poussin. Quel silence et quelle paix devant ce nouveau-né.
Pietro P.