Depuis deux ans et demi, Saint-Merry Hors-les-Murs a eu la grande joie de contribuer, avec d’autres groupes, à la démarche synodale. Une expérience marquée par une vraie sortie de l’entre-soi, par une authentique espérance aussi réfléchie que festive : un dialogue particulièrement riche.
Nous sommes au milieu du gué du processus. Une chose paraît certaine : un ton nouveau et la mise sur la table de tous les grands problèmes de l’Église. Qu’en sortira-t-il ?
L’heure d’un concile Vatican 3 n’est pas encore venue. Avec les amis des autres mouvements nous avons pris le parti de la vigilance et de la contribution constructive.
Vigilance …
… car on ne nous fera jamais croire que les résistances cléricales de l’appareil puissent déboucher sur autre chose qu’un divorce toujours plus net entre christianisme et société. Peut-être François s’avère-t-il particulièrement rusé en décalant dans le temps certaines réformes comme le diaconat féminin. Peut-être est-ce le plus sûr moyen de ne pas les enterrer définitivement. Mais nous ne nous tairons sous aucun prétexte parce que, justement, être vigilant est, à notre avis le meilleur service que nous pouvons rendre au rayonnement du message évangélique et à notre Église, mal en point.
Contribution constructive …
… parce que nous trouvons étranges ces processus participatifs sans lendemain qui font qu’un jour on discute de tout et qu’ensuite il ne se passe plus rien. Nous avons fait des propositions concrètes
et positives avec les mouvements amis en vue de la session d’octobre 2024 à Rome, mais surtout aussi en vue de l’après synode à notre niveau local de terrain. Peut-être ces deux mots vigilant et constructif pourraient-ils illustrer l’espérance indéfectible, sans la moindre naïveté, obstinément partagée en réseau avec d’autres, que l’Église-institution peut et doit se réformer contrairement
à ce que des « fidèles déçus et en rupture » laissent croire ; quoique nous ignorions jusqu’où
et dans quelles conditions elle soit capable de cette réforme, aujourd’hui.
Puisque la crise de l’Église en Europe est d’abord celle de son régime de vérité et de son repli identitaire, le dialogue et l’ouverture de la synodalité nous offrent un splendide marchepied.
Passer d’un régime de “certitudes inébranlables” à l’élan “du témoignage et de la présence
au monde” : telle est bien l’expérience synodale que nous vivons à Saint-Merry Hors-les-Murs.
Jacques Debouverie et Guy Aurenche
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