P

Place des femmes dans l’Église, mirage ou petits pas ?

Nous nous sommes retrouvés à 25 pour cet échange en Zoom proposé à toute la communauté, autour de la place des femmes dans l’Église et de la mise à l’écart de l’ordre du jour du Synode d’octobre de la question du diaconat ordonné pour les femmes.  Une pétition avait été lancée pour protester contre cette mise à l’écart. Un sujet brûlant, à la veille de l’ouverture de la dernière session du synode sur la synodalité à Rome, ce mois d’octobre.

Alors que le pape François avait lancé plusieurs « commissions » autour de ces questions, qui ont été constantes lors de toutes les étapes précédentes du synode, et qu’il avait lui-même œuvré pour intégrer davantage de femmes dans la gouvernance de l’Église, il a écarté ces questions d’un revers de main lors d’une interview donnée en mai à CBS. Ce fut, de plus, complètement inopportun de le faire dans ces circonstances-là.

Comme le dit Marie-Jo Thiel dans une tribune du Monde (17 septembre 2024), « un synode implique une communication du bas vers le haut et réciproquement » pour pouvoir cheminer ensemble comme peuple de baptisé.es… Bien sûr, l’enjeu, c’est qu’en abordant le diaconat des femmes, on traite en même temps, de la sortie du cléricalisme sacré. Sinon, pourquoi les femmes iraient-elles renforcer cette coupure clercs-laïcs ? Ce n’est pas tant le diaconat ou le ministère de prêtre qui nous intéresse – ce serait « rentrer dans le système » – que l’égalité baptismale et une plus juste place pour les femmes dans l’Église.

Pourtant, nous nous sommes demandé lors de cette soirée si, protester en faveur du diaconat des femmes, n’était pas le seul moyen (du système) pour faire bouger les lignes, tant que ce sont les hiérarques masculins qui décident et même si cela n’est pas satisfaisant pour l’esprit. Et la peur d’un schisme, si ce diaconat était accordé, est vraiment un bon prétexte pour ne rien changer. Dans les autres religions, où cela est maintenant courant, y a-t-il eu schisme ? Non, me semble -t-il, ni chez les protestants où il y a des femmes pasteures  depuis 1930 environ, recrutées par les communautés – mais sans avoir le pouvoir- ni  chez les anglicans.

L’idée serait de décorréler sacerdoce et ministères, de revoir les différents ministères et d’en inventer d’autres en les ouvrant chaque fois aux femmes. Mais cessons ces rôles de « petites mains », attribués seulement aux femmes, pour accéder à de vrais rôles de décision et de parole !

Le souci est bien sûr le pouvoir qui n’est qu’entre les mains des hommes ordonnés. Il faudrait passer de la notion de pouvoir à celle de « responsabilité ».

Avant de vous donner un petit florilège de certains de nos échanges, je termine avec cette dernière phrase de MJ. Thiel : “L’égalité de traitement entre hommes et femmes ne fera pas sortir définitivement du cléricalisme, ni n’accroîtra le nombre de vocations sacerdotales et religieuses. Mais ce serait un pas significatif et symbolique vers une Église plus inclusive et participative, mettant en œuvre la synodalité. Une « Église peuple de Dieu » qui se souvient.

Il est important d’utiliser la langue inclusive dans les textes et dans les célébrations. Cela change les façons de penser au fur et à mesure.
Ensuite, un pouvoir n’existe que s’il y a des personnes qui obéissent.
Vivons suivant notre âme et conscience, même si cela nous amène à désobéir.
Puis, désobéissons en paix.

Florilège 1

Prendre des initiatives personnellement, indépendamment des “autorités”,
que c’est une question de volonté. Surtout pas de revendications auprès de l’institution, c’est inutile …

Florilège 2

Comment nous, femmes, répondons nous à cet appel ?
Je crois que nous avons en nous des dons d’accueil, d’observation,
d’attention à l’autre, de partage ; comment pouvons-nous les cultiver
et les faire fructifier ? Oui, en avançant ensemble solidairement.

Solidarité entre nous, ne pas partir mais ne pas se taire,
ne pas attendre les décisions d’en haut.
Avancer quand même en inventant.

>> Vous pouvez prendre connaissance du texte proposé par la CEPFE (Commission d’Études sur la Place des Femmes dans l’Église) également signé par la CCBF, FHEDLES (Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés, dans les Églises et les Sociétés), les Réseaux des Parvis et Saint-Merry Hors-les-Murs. Ce texte, intitulé « L’avenir du Synode est-il condamné ? » (à lire ICI), sera porté à Rome, courant octobre, pendant la dernière session du Synode sur la Synodalité.

Bernadette Capit

  1. Balzac34 says:

    Pourquoi ne pas parler d’accompagnement ? La fonction du prêtre est d’accompagner la croissance des communautés et des membres de la Communauté. J’étais aumonier MRJC. J’avais conscience, non de diriger une équipe, mais de l’accompagner et de cheminer avec elle. Je vais ajouter quelque chose au risque de choquer certaines personnes. Nous ne pratiquions pas la fameuse révision de vie. J’ai assisté plusieurs fois à des réunions d’autres mouvements. Et il m’est apparu que cet outil d réfléxion permettait au prêtre non d’accompagner mais de diriger l’équipe ar c’est lui qui maitrisait la technique !!!

    1. Bernadette Capit says:

      Merci de votre commentaire ; Je suis totalement en phase avec vous et d’ailleurs, lorsque nous avons renoué avec le diocèse de Paris, nous avons demandé et obtenu un prêtre accompagnateur… et c’est très bien ainsi

  2. loanrocher says:

    Bonsoir à chacun.e.
    Je suis Loan Rocher , certain.es me connaissent .
    Merci pour vos partages, je voulais juste vous informer que après l’expérience de Toutes Apôtres à la suite de Anne Soupa en 2020, pour la place des femmes dans la gouvernance de l’église, je me suis engagée depuis 2022 avec l’ARCWP pour être ordonnée diacre et cela se fera pendant le synode 2024 à Rome le 17 octobre 2024. Nous serons 6 personnes à être ordonnées, 3 diacres et 3 prêtres.
    Nous savons que c’est un acte prophétique et militant et que cela sera médiatisé.
    Merci à votre communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs de nous garder dans vos prières.
    Adelphement.
    Loan Rocher

    1. Bernadette Capit says:

      Merci de cette Bonne nouvelle Loan ! Bien sûr, nous te gardons, ainsi que les autres ordonnées, dans nos prières ce mois d’octobre. Bernadette

  3. Jean-claude Devèze says:

    Mes courriers à La Croix le 9 octobre et le 22 mai 2024

    Pape, l’impasse de Louvain

    En mai, quand le pape avait interrompu toute discussion sur le diaconat féminin par le synode de la synodalité, ses arguments ne m’avaient pas convaincu. Il avait affirmé que « si l’on parle de diacres munis des ordres sacrés, non », poursuivant que « les femmes sont d’un grand service en tant que femmes, pas en tant que ministres (…) dans le cadre des ordres sacrés ». Jean-Pierre Denis note dans sa chronique du 5/6 octobre que les propos du pape sur la place des femmes dans l’Eglise durant son récent voyage en Belgique restent sujet d’incompréhension et de désapprobation. Il lui semble insuffisant de dire que « la femme est soin, accueil, dévouement vital ». Cela me semble réduire la femme à être au service de tous sans possible reconnaissance de son rôle public alors qu’il y a déjà par exemple dans l’Eglise des Abbesses et dans la société des responsables de multinationales, de syndicats, de ministères. Il reste du chemin à faire pour que tous les clercs pensent et agissent avec les femmes.

    PS Mon courrier non publié du 22 mai 2024 ci-après

    Le pape ferme la porte au diaconat féminin.

    Je suis choqué par cette fermeture à la création d’un diaconat des femmes pour deux raisons. D’abord, le pape qui dénonce le cléricalisme se montre lui-même clérical puisqu’il n’attend pour décider seul ni les conclusions du synode, ni le résultat de la réflexion sur la place des femmes qui est menée au sein du collège des neuf cardinaux qui l’assistent dans la gouvernance de l’Église. Par ailleurs le catholique de base que je suis à du mal à comprendre ses arguments : « Si l’on parle de diacres munis des ordres sacrés, non », développe le pape. Puis il poursuit : « Mais les femmes ont toujours eu la fonction de diaconesses sans être diacres, n’est-ce pas ? Les femmes sont d’un grand service en tant que femmes, pas en tant que ministres (…) dans le cadre des ordres sacrés » ; cela semble réduire la femme à être au service de tous sans possible reconnaissance de leur rôle alors qu’il y a déjà par exemple des Abbesses.

  4. Billet Marie says:

    Bonjour,
    Le lien vers la lettre adressée au synode sur la synodalité n’est plus actif. Pouvez-vous s’il vous plait, le réactiver ?
    Je vous remercie de ce que vous ferez et surtout de votre engagement sans faille pour réformer une institution moribonde.
    Bien fraternellement.
    Marie

Laisser un commentaire (il apparaitra ici après modération)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.