Dieu, tout en nous créant chacune et chacun différent, nous a tous créés semblables et a surtout voulu l’unité parfaite du genre humain. C’est bien plus qu’une égale dignité, puisque nous sommes tous faits de la même chair.
Entrée en prière en musique
♫ Aristide Cavaillé-Coll 5 – Mees basse Op. 8 – Entrée
Accueil
Bienvenue à vous tous, réunis pour prier, partager autour de la Parole, faire ensemble corps du Christ alors que nous sommes éloignés de plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres. Miracle de la technologie ? Pas seulement. Car depuis l’origine, Dieu nous dit qu’il n’est pas bon que l’Homme soit seul, que l’altérité est essentielle. Néanmoins, elle n’est pas toujours facile à vivre. Dans nos couples, dans nos familles, entre les religions, entre les nations… Demain, nous serons le 7 octobre ! Comment ne pas penser à ce qu’a engendré la haine de l’autre depuis un an sur cette terre prétendue sainte…
Seigneur, en dépit du monde qui se déchire et qui bascule dans la folie, de ce qui nous éprouve, que notre cœur soit en fête ce matin à l’idée d’entendre ta Parole et d’être rassemblés au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.
Oui, accueillons la Bonne Nouvelle comme des enfants « car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent »
Nous sommes maintenant invités à rendre grâce en prenant la parole librement.
Bénédicte
Nous rendons grâce pour
- continuer à faire partie de la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs, malgré mon éloignement. J’y trouve un lieu de recherche et d’amitié
- le 60ème anniversaire de notre mariage que nous fêtons aujourd’hui
- la commission partage qui fête aujourd’hui les naissances de Carmen et Joseph. Et pour ceux dans la communauté qui deviennent grands-parents
- la belle nature que nous partage en ce moment notre fils en randonnée au Puy de Sancy
- le souffle de Dieu, qu’il alimente les chercheurs et les débats pour nous permettre de mieux appréhender notre monde
- pour les liens que nous propose la vie comme notre rencontre hier à Paris avec un belge qui avait contacté Saint-Merry Hors-les-Murs
- les artistes, les jeunes créateurs qui exposent en ce moment à la Biennale de Lyon
- ma première patronne chez Bayard Presse, qui est décédée cette semaine. Avoir travaillé avec elle m’a changé
- le dévouement du personnel des hôpitaux, notamment ceux qui s’occupent des personnes en fin de vie.
♫ Refrain
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
Résonance introductive
Les deux textes que nous allons lire ce dimanche nous ont dérangés lors de la préparation : ils nous parlent de relations entre les hommes et les femmes dans des termes très datés, pour ne pas dire insupportables, et l’Église les a souvent utilisés pour justifier une lecture moralisatrice et sacramentelle du mariage et de son indissolubilité qui ne nous convient guère.
En fait, il ne faut pas s’arrêter à cette lecture littérale et en découvrir un sens bien plus profond.
Dans la Genèse, quand Dieu dit « il n’est pas bon que l’homme soit seul », il ne se soucie pas de notre bonheur personnel, même si nous savons tous à quel point la solitude est douloureuse pour celles et ceux qui y sont confrontés. Il n’est pas bon que l’Homme, avec un grand H, soit seul, car l’Homme seul pourrait se prendre pour Dieu. Seul Dieu est unique et a tous pouvoirs. L’Homme, lui, a besoin d’une aide qui lui corresponde, qu’il ne peut trouver dans les animaux puisqu’il ne peut pas parler avec eux. Il peut juste les nommer, dans une relation qui reste inégalitaire. L’homme, avec un petit h, trouve dans la femme cette aide qui lui correspond, car il peut dire d’elle « l’os de mes os, la chair de ma chair ». De la même manière, l’Homme, avec un grand H, peut dire dans tout autre être humain qu’il est « l’os de mes os, la chair de ma chair ». Dieu a mis la diversité dans l’humanité, afin qu’aucun Homme n’ait la tentation de se prendre pour Dieu et que chacun admette que l’autre est avant tout un semblable, un alter ego, un autre moi-même. Et signe ultime que l’Homme, être de relation, ne peut pas être Dieu, la vie elle-même nécessite d’être deux pour être transmise.
Dès lors, la parole de Jésus dans l’Évangile « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » prend un tout autre sens. La question du mariage n’est ici qu’une métaphore. Dieu, tout en nous créant chacune et chacun différent, nous a tous créés semblables et a surtout voulu l’unité parfaite du genre humain. C’est bien plus qu’une égale dignité, puisque nous sommes tous faits de la même chair. Voilà donc ce à quoi nous sommes appelés : ne pas séparer l’humanité.
Vincent
Introduction à la lecture de la Genèse *
Nous allons lire un extrait du deuxième chapitre du livre de la Genèse, n’oublions pas que les mots peuvent être déformés par la traduction qui toujours trahit quelque peu le texte initial. N’oublions pas non plus l’aspect symbolique, voire mythique, de certains écrits bibliques.
Adam, ce n’est pas l’homme sexué, c’est l’humain primordial.
Dieu aurait fabriqué d’abord la femme, en prélevant une part de cette pâte humaine, un morceau de cette chair, un côté et non une côte, et l’homme serait l’autre partie, né de son sommeil mystérieux.
Dieu les fait se rencontrer, et du même coup advenir l’un par l’autre, dans la parole qui les nomme chacun, « ishsha » et « ish ».
Il n’est pas bon que l’être humain soit seul, il est manquant d’un autre, un partenaire de la même chair à son côté.
Geneviève P.-M. (le 3 octobre 2021)
* ajout rendu nécessaire du fait des erreurs de traduction qui ont “infériorisé” les femmes pendant des siècles
📖 Livre de la Genèse (2, 18-24)
Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait.C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair !
On l’appellera femme –Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. »
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.
♬ Méditation musicale
Chopin-Nocturne n°19
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Marc (10, 2-16)
En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Résonances
J’ai craint un instant que nous options pour la lecture courte de l’évangile. Ouf ! « Laissez venir à moi les petits enfants » fait partie de notre rencontre et pour ma part je m’applique toujours à entendre ce qu’en disait Françoise Dolto. Cette liberté donnée de venir de son propre chef et surtout l’adresse sous-jacente aux parents : « Ne les retenez pas, ne les accaparez pas, laissez les aller où bon leur semble ! » D’autant qu’auprès de Jésus ils vont envisager le Royaume, ce qui me semble autrement plus intéressant et ambitieux que les « chicayas » des adultes à propos de qui est la femme de qui, voire le mari de laquelle ?
Thème qui me rappelle étrangement notre époque et ses réseaux sociaux…
Laurence
Les pharisiens posent à Jésus une question légale et, comme réponse, Jésus leur fait redire ce qu’ils connaissent : la réponse légale de Moïse.
Cette réponse est la seule qui leur parle parce que, barricadés dans leurs lois et traditions, ils n’ont pas la liberté d’entendre ce qu’ils ont au fond du cœur.
Et Jésus va faire un pas de côté, il amène ses auditeurs à un changement de regard et d’attitude.
C’est au fond du cœur de chacun, là où vit l’Esprit, qu’il nous renvoie.
Face à cette situation de répudiation et de nouvelle union, Jésus constate.
Il ne condamne ni n’approuve.
Il n’édicte aucune loi, mais il ouvre en nous une interrogation.
Il appelle !
N’’est-ce pas essentiellement invitation à écouter notre conscience personnelle ?
Jean-Luc
Le texte de la Genèse qui montre Dieu façonnant l’homme et la femme, précise :
« tous deux ne feront plus qu’un. »
L’évangile ajoute : « ils ne sont plus deux mais une seule chair… Dieu a uni… »
Avec ce face à face ou plutôt ce côte à côte, ces deux moitiés, le vivant et la vivante, Dieu crée l’humain, l’humanité. “Une“ humanité unie.
En ajoutant : « ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », Jésus signifie que nous, les humains, hommes et femmes sommes chargés de veiller à cette unité, à en prendre soin, à ne pas morceler l’humanité, la diviser.
Diviseur, traduction du mot “diable“, celui qui désunit.
Reste une question : Comment être ferment d’unité ?
Joëlle
Question du Partage :
Comment être ferment d’unité ?
♬ Méditation musicale
Stravinsky – Waltz II
Quelques interventions lors du partage
- je préfère Cohésion à Unité car la cohésion se construit dans le temps. Ainsi se retrouver dans la durée produit un ferment
- lors des Cercles de Silence il est difficile de faire unité avec les passants qui nous estiment parfois partisans. Mais nos explications permettent de faire cohésion et ferment
- le terme de ferment donne espoir
- il n’est pas bon que l’homme soit seul (lecture de la Genèse). Dieu ainsi nous libère de notre tentation totalitaire
- il n’y a pas d’unité sans respect des singularités. Un est multiple, Dieu est Trinité
- si on veut vivre ensemble l’unité il faut introduire la notion de durée, de choix
- l’amour peut continuer dans la séparation. Le vécu est indélébile, on a tendance à absolutiser le couple ce qui cache l’essentiel
- etc.
Chant : Oser la vie
(Théo Mertens)
Oser la vie, venir au jour,
oser encore vivre d’amour.
Et croire au retour du printemps :
tendre une main vers un enfant
Ouvrir la porte de son cœur
à ceux qui souffrent et qui peinent,
et que la haine a repoussés,
Tendre l’oreille à la clameur
de ceux que l’injustice enchaîne,
et crient leur soif de liberté.
Ouvrir la porte de son cœur
comme un enfant dans l’insouciance,
Choisir la confiance et la joie.
Tendre l’oreille pour écouter
Comment se donne cette enfance,
Accueillir au-delà des lois.
Oser parler du Dieu d’amour
sauveur des hommes et de la terre,
puiser sa force dans la foi.
Suivre les pas de Jésus-Christ
offrant sa vie pour tous ses frères,
proclamer d’une seule voix.
Intentions de prière partagées
♫ Refrain
Fais-nous semer ton Évangile, fais de nous des artisans d’unité
Fais de nous des témoins de ton pardon, à l’image de ton amour.
Nous prions pour
- les aidants dont c’est aujourd’hui la Journée nationale, que le souffle de Dieu les aident à supporter cette lourde tâche
- nos frères juifs qui ont fêté Rosh Hashana et s’apprêtent à fêter en fin de semaine Yom Kippour
- ceux qui sont ferments d’unité, entre autre la Communauté de Taizé
- le synode sur la synodalité qui entame sa deuxième cession en ce mois d’octobre
- la qualité de la parole, que nous sachions respecter l’autre
- ceux qui aident les enfants dont les familles sont déchirées
- ceux qui organisent et participent à l’aide aux devoirs
- tous les enfants victimes de conflits, notamment en ce moment à Gaza et en Cisjordanie
- le père Matthieu qui a dû se retirer des réseaux sociaux
- que l’anniversaire du 7 octobre n’ait pas d’effets destructeurs ici et là-bas
- etc.
« En enfants de Dieu, écoutons le Père »
(Notre Père inversé)
Mon fils / Ma fille, qui es sur la terre,
Fais que ta vie soit le meilleur reflet de mon nom.
Engage-toi pour mon Règne à chaque pas que tu fais,
dans chaque décision que tu prends,
dans chaque attitude et chaque geste.
Construis-le pour moi et avec moi.
C’est là ma volonté sur la terre comme au ciel.
Reçois le pain de chaque jour,
conscient(e) que c’est un privilège et un miracle.
Je te pardonne tes erreurs, tes chutes, tes abandons,
mais fais de même face à la fragilité de tes frères.
Lutte pour plus de justice et de paix et je serai à tes côtés.
N’aie pas peur : le mal n’aura pas le dernier mot.
Amen
(Traduit d’après José Maria Rodriguez Olaizola s.j. , Revue Jesuitas, Primavera 2017, p. 9)
Envoi et Bénédiction
Annonce
Vous êtes tous invités lundi 7 octobre à 19h pour la préparation en visio de la célébration de dimanche prochain à Sainte-Hélène.