Saint-Merry Hors-les-Murs est en lien avec d’autres sites animés par des chrétiens d’ouverture, avec lesquels nous entretenons des liens fraternels. Ils relaient certains de nos articles, et nous nous proposons de faire de même. Nous publions ici le communiqué de la CEPFE (Commission d’Études pour la Place des Femmes dans l’Église), paru le 13 janvier 2025 sur son site au sujet du programme national d’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité (EVARS).
(Sites actuels de notre réseau : Baptisés du Grand Paris, Confrontations, CEPFE, Garrigues & Sentiers, Nous sommes aussi l’Église, Réseaux des Parvis)
Oui, EVARS est une chance !
Nous, association féministe catholique, affirmons que le programme national d’Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et à la Sexualité, dit « EVARS », est un important outil pédagogique qui représente une triple chance : pour nos enfants, leurs parents et la société française en général.
Ce programme a inquiété nombre de familles, notamment catholiques, et a suscité de vives polémiques souvent alimentées par une désinformation outrancière sur ses intentions et son contenu.
L’ayant lu attentivement, nous affirmons que ce programme, bien loin de dispenser aux enfants un savoir équivoque sur des notions controversées ou de supposées performances sexuelles, a pour objet de les initier avec rigueur et pédagogie aux mécanismes du vivant, à ses richesses comme à ses dangers.
Son intention est clairement annoncée dans le préambule :
L’éducation à la sexualité (…) associe trois champs principaux de connaissance et de pensée : le champ biologique, le champ psycho-émotionnel, le champ juridique et social. Elle s’ordonne selon trois questions suivies et approfondies tout au long de la scolarité : comment vivre et grandir, sereinement, avec son corps ? Comment construire avec les autres des relations respectueuses et s’y épanouir ? Comment trouver sa place dans la société, y devenir une personne libre et responsable ?
Tel qu’il est présenté, il s‘agit d’un enseignement humaniste qui ne contrevient en rien aux valeurs évangéliques du respect de soi-même et de l’autre, de l’ouverture à la différence, du sens de la dignité égale des hommes et des femmes : au contraire, il les décline selon les évolutions, les contraintes et les opportunités des sociétés européennes contemporaines.
Nous affirmons donc que le programme EVARS est une triple chance.
Une chance pour les enfants
En ce qu’il leur propose les outils pour construire un rapport équilibré et épanouissant à eux-mêmes, aux autres et entre les sexes, en développant les notions d’intimité, de pudeur et d’intégrité corporelles.
En ce qu’il s’efforce d’éveiller leur conscience face aux agressions et intentions agressives diverses dont ils pourraient être victimes, ou auxquelles eux-mêmes pourraient participer sous forme de harcèlement scolaire ou de cyberharcèlement.
En ce qu’il peut leur offrir un cadre sûr où parler de ce qui les perturbe.
Une chance pour les parents
Car nous savons toutes et tous, mères et pères, quelles que soient nos croyances, combien il est délicat d’aborder ces questions avec nos propres enfants, combien sur ce sujet sensible nous optons parfois pour le silence – par embarras ou par discrétion –, laissant le champ libre aux réseaux sociaux et à Internet. Or, nous ne pouvons plus ignorer que ces derniers sont aujourd’hui les principaux vecteurs d’initiation sexuelle pour de nombreux enfants et adolescents, souvent sur le mode pornographique et violent.
Une chance pour les parents, enfin et surtout, car ce programme – dont l’école les aura informés préalablement – pourra leur servir de support pour entrer en dialogue avec leurs enfants sur ce champ si capital de l’expérience humaine qu’est la sexualité.
Cette information aux parents est essentielle et nous demandons au ministère et au corps enseignant d’y accorder un soin particulier. Les personnes en charge du programme pourraient, par exemple, proposer des rencontres individuelles ou avec les associations de parents d‘élèves.
Une chance pour la société
Car les drames des abus sexuels révélés ces dernières années ont largement démontré l’incapacité de ses principales institutions – Justice, Églises, École elle-même – à protéger les enfants et les personnes vulnérables de la violence des prédateurs en tous genres : certains prêtres, entraîneurs sportifs, metteurs en scène, parents incestueux… Il nous a fallu découvrir combien les abus sexuels pouvaient revêtir de visages différents et concerner, non pas quelques criminels monstrueux et leurs quelques malheureuses victimes, mais chacun et chacune, hommes et femmes ordinaires. Il est donc apparu à tous les citoyens et citoyennes éclairées que le remède résidait dans l’éducation, seule véritable arme préventive.
Nous invitons les parents à prendre connaissance du programme EVARS sans a priori.
Non, EVARS n’est pas le cheval de Troie du wokisme ni d’une supposée « théorie du genre ». Ce programme, dans sa progression pédagogique, respecte le niveau de maturité et les orientations de chaque jeune (de la maternelle à la terminale), et n’impose aucune idéologie, ni aucune croyance.
EVARS est un point de convergence entre les droits des enfants et les droits des femmes, comme l’indique l’avis du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE).
Dès lors, nous formulons les vœux :
- que l’Éducation Nationale trouve auprès de l’État et de la société civile les moyens de mettre en œuvre ce programme en lien avec les autres disciplines scolaires et avec la participation d’intervenants et intervenantes qualifiées ;
- que la Conférence des Évêques de France et l’Enseignement Catholique – ayant pris conscience, à la suite des révélations des abus sexuels, de leurs responsabilités d’éducateurs et de guides spirituels – soutiennent EVARS de concert avec les autorités laïques et républicaines de ce pays.
De sorte que nous puissions toutes et tous faire nôtres les mots de Gisèle Pélicot, quand le 19 décembre 2024, à la sortie du tribunal où ont été condamnés son ex-mari et les cinquante autres hommes qui l’ont violée, elle a déclaré : « J’ai confiance, à présent, en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie dans le respect et la compréhension mutuelles. »
La CEPFE – Commission d’Étude sur la place des Femmes dans l’Église
Le 13 janvier 2025
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