En ce 19ème dimanche du temps ordinaire, les textes nous présentent la foi comme un chemin et comme une espérance.
Entrée en prière
♬ Méditation en musique, Bizet, La marche des rois, (L’Arlésienne, Suite n°1), N. S. Stutzmann
Accueil
Bonjour à tous derrière vos écrans, seul ou à plusieurs. Nous voici au cœur de l’été. Les juilletistes sont rentrés, les aoûtiens partis, en nombre cette année, si j’en juge par le peu de personnes dans les quartiers les moins touristiques de la Capitale. Paris, plage sous mes fenêtres semble continuer mes vacances.
Quel meilleur moment que ce creux, nous propose La Croix L’Hebdo de cette semaine, pour se poser des grandes questions et en particulier : « Qu’est-ce que croire ? ». Toujours dans ce numéro, Frédéric, Boyer explore cette interrogation en suivant les pas de saint Augustin. « Croire, c’est prendre le risque d’appeler sans connaître et peut-être même en raison de notre inconnaissance, c’est s’engager dans un dialogue rendu possible par la seule confiance qu’exige l’acte de croire.»
C’est la question que nous nous sommes posée lundi soir à la lecture des textes de ce jour. En hébreu, croire, se dit « Aman », d’où vient notre mot « Amen ». Croire implique la solidité, la fermeté, faire confiance jusqu’au bout, même dans le doute, le découragement ou l’angoisse. Véronique Margron nous dit : « La foi, si elle n’est pas inquiète, je ne sais pas ce qu’elle est. Je ne crois pas que je pourrais vivre une fois tranquille ». La Foi, Croire, je me pose la question tous les jours.
Entrons dans la prière, an nom du Père…
Claire B.
📖 Lettre aux Hébreux (11, 1-2.8-19)
Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.
Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une ville.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.

♬ Méditation en musique : Bach, Sarabande à la guitare, (Suite n°1 allemande), A. Vidovic

📖 Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (12, 32-48)
Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
♬ Méditation en musique : Ravel, Miroirs

Deux résonances
Lorsque j’étais étudiante, un psychanalyste m’avait étonnée, en nous expliquant que, pour qu’un enfant vive, il fallait non seulement le désir de chacun de ses deux parents, mais également son propre désir. Autrement dit, le petit d’homme que nous sommes poursuit sa route dans l’existence tant qu’il est animé par ce désir de vivre.
Qu’est-ce, ce désir de vivre, sinon la foi vivante, ondulante, parfois vacillante, interrogative souvent, cette foi qui nous met en chemin vers des contrées inconnues, vers des rencontres surprenantes, vers notre intériorité aussi, vers ce qui pourrait ressembler à l’héritage que nous allons chercher, recevoir et donner lorsque nous partons avec foi sans pour autant vraiment savoir où nous allons.
Je fais confiance dans le chemin sur lequel je vais. J’ai foi sans savoir exactement où je vais comme il est dit dans cette lettre aux Hébreux.
Catherine B.
Combien de gens généreux autour de nous, des « militants » comme on dit, sont morts « sans avoir connu la réalisation des promesses (qu’ils) avaient vue et saluée de loin ». C’est un peu l’histoire de Moïse. Ou de ceux qui sont morts à la veille de la victoire, les fusillés de l’Affiche rouge, mais aussi, aujourd’hui, ceux qui espèrent depuis des générations une vie meilleure pour leurs enfants, en Palestine, ou ailleurs, qu’on les appelle déplacés, réfugiés, ou migrants, plutôt que « voyageurs ». Certains d’entre nous qui sont arrivés en fin de vie sans avoir vu la réalisation des promesses peuvent en être amers, ou résignés, et je les comprends.
Mais on rencontre aussi d’étonnants porteurs d’espérance, de cette espérance qui, selon Péguy, étonnerait Dieu lui-même.
« L’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne.
Moi-même.
Ça c’est étonnant.
Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux.
Qu’ils voient comme ça se passe aujourd’hui et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin.
Ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce.
Et j’en suis étonné moi-même. »
(Le Porche de la deuxième vertu)
Puissions-nous, de temps en temps, être de ces témoins d’espérance, à en étonner Dieu.
Catherine nous dit que la foi est ce désir de vivre qui nous habite dès nos premiers jours. Ma foi pourrait-elle cependant ne pas avoir d’objet ? J’ai la foi en quoi ? Quant à mon espérance, quelle est-elle donc pour étonner Dieu lui-même ? Quelle est mon espérance ? Une double question donc pour un temps de partage : J’ai la foi en quoi ? Quelle est mon espérance ?
Jean V.
Partage
♬ Méditation en musique : Schoenberg, La nuit transfigurée, P. Boulez

« J’ai foi en quoi ? Quelle est mon espérance ? »
Quelques échos du partage :
- Ma foi est confiance en quelqu’un, qui est au-delà de toutes nos conceptions, mais qui croit en nous.
- Merci à l’article de Colette Deremble sur les religions chinoises (à lire ICI) ; j’ai foi en la beauté de la création et en l’Évangile : tout se complète.
- J’ai foi dans tous les gestes simples de don et de partage, qui alimentent le désir de vivre et donnent de la joie, même s’ils sont tellement entravés dans le monde : c’est l’Esprit qui se manifeste en chaque être.
- Mon espérance : bientôt pouvoir rencontrer Dieu !
- Mon espérance : arriver à construire ici-bas un monde plus juste.
- Croire que tout est possible pour l’homme et la femme, et pour les nouvelles générations qui font autrement que nous ; croyons en l’humain, en ses capacités à changer le monde.
- « Heureux celui qui… », disent les textes de ce jour à plusieurs reprises : c’est mon espérance, nous sommes appelés au bonheur dans l’amour infini de Dieu.
- La foi me permet de posséder cette « patrie meilleure » que je ne vois pas ; comme dans le dernier discours de Martin Luther King, qui dit qu’il n’a pas peur de mourir, car il est monté sur la montagne.
♫ Chant : Voyageurs de l’Espérance
Gloire à Dieu, gloire à Dieu qui nous aime !
Son étoile nous précède
Gloire à Dieu, gloire à Dieu qui nous aime !
Gloire à Dieu notre joie
Voyageurs de l’espérance
Marqués du souffle de l’Esprit
Chantons un Dieu qui fait alliance
Christ est celui qui nous l’a dit
Voyageurs de l’espérance
Porteur d’un feu que nul n’éteint
Croyons Jésus qui nous devance
Christ est ta Vie et le Chemin
Voyageurs de l’espérance
Au sein du monde à réveiller
Soyons témoins des délivrances
Christ est venu nous libérer
Prière universelle
♬ Refrain : Invente avec ton Dieu l’avenir qu’il te donne
Pour nos proches :
– Pour mon frère Édouard, qui est mort jeudi, prêtre qui avait consacré sa vie à la pastorale des personnes handicapées (célébration de funérailles ce mercredi à Saint-Jacques du Haut-Pas).
– Une chaine de prière pour France, 13 ans, d’une famille de forains, qui a été opérée d’une tumeur au cerveau (ceux qui veulent s’y joindre peuvent dire un Notre Père et un Je vous salue Marie tous les jours à 20 h).
Pour le monde :
– Pour les familles dont les maisons ont brûlé dans les Corbières.
– Pour ceux qui se mettent en marche pour construire un monde de paix, de justice et de liberté.
– Pour un arrêt des combats en Ukraine.
– Pour les victimes de violences féminicides.
– Pour la présidente des Scouts et Guides de France, contrainte à la démission, et pour tous ceux qui souffrent de l’homophobie.
– Pour les Palestiniens, pour ceux qui continuent à croire en la non-violence.
– Pour que nous ayons confiance en la jeunesse, pleine de valeurs, et qui agit autrement que nous.
… Et pour toutes les autres intentions de ce jour, exprimées ou non.
Notre Père
Bénédiction et fin
Nous étions 11 pour préparer cette rencontre autour de la Parole ! Prochaine préparation : lundi 11 août à 19 h, autour des textes du dimanche 17 août.






Bonjour,
J’apprends en lisant la prière universelle le décès d’Édouard Catrice, une personne que nous avons beaucoup aimée et appréciée. Vous sa soeur, devez être heureuse et fière d’avoir eu un tel frère…
Ayant une fille avec un handicap mental qui a fait partie de plusieurs équipes de scouts et guides handicapés, nous avons eu l’occasion à maintes reprises de rencontrer Édouard et de voir combien il savait adopter les mots, les attitudes, la gentillesse, nécessaires pour être compris de ces personnes handicapées, et pour faire passer avec simplicité le message de la foi, toujours avec la bonne distance vis-à-vis de ce public bien particulier.
Il savait se rendre présent à toutes les occasions, une présence toujours discrète et amicale.
Tout ceci nous a fait grand bien, à nous aussi les parents, et je lui en suis reconnaissante pour toujours. Je suis désolée de n’avoir pas été là le jour de son enterrement. De tout coeur nous le remercions pour ce qu’il a été, et pour son témoignage de foi.