Insister, persévérer pour obtenir justice même d’un juge véreux. Rester à l’écoute des Écritures inspirées par Dieu, prier sans se décourager, prier seul ou ensemble, dans le silence ou avec les autres. Prier pour « agir comme si tout dépendait de nous et se confier en Dieu comme si tout dépendait de Lui. » Voilà le programme des textes du jour.
Entrée en prière
♫ Vivaldi, Nisi Dominus – Cum dederit
Accueil
Bonjour à vous tous derrière vos écrans, habitués de cette façon de célébrer la Parole, ou aux nouveaux venus.
Une semaine plus rose dans l’actualité du moment.
Les armes se sont tues à Gaza. L’avenir de ce pays n’est pas encore très défini. Sachons nous réjouir de cette avancée et d’un peu de répit pour les gazaouis.
Nous avons enfin un gouvernement, jusqu’à quand ? Tout n’est pas satisfaisant, mais nos parlementaires seront-ils capables de composer comme nos voisins européens ? Composer ne voulant pas dire se compromettre. Et nous ? serons-nous également capables de nous en satisfaire ?
Les textes du jour parlent de justice et de confiance dans la durée, de la prière pour réclamer le droit et la justice. Le texte de Paul nous invite à nous appuyer sur les « Écritures ». Écoutons le :
Claire B.
📖 Deuxième lettre de Paul à Timothée (3, 14-17)
Bien-aimé, demeure ferme dans ce que tu as appris : de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu l’as appris. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.
Entrons plus avant dans cette célébration, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

♫ Chant : Laisse-toi habiter par la Parole A175
P&M : Jean Servel – Pierre Damon
Dont nul ne sait ni d’où il vient ni où il mène dans la nuit (bis)
1/ Laisse-toi habiter aujourd’hui par la Parole
Laisse-toi transpercer aujourd’hui par le Souffle de feu
2/ Laisse-toi pénétrer aujourd’hui par la lumière
Laisse-toi irriguer aujourd’hui par l’amour pur et fort
3/ Laisse-toi traverser aujourd’hui par l’espérance
Laisse Dieu advenir aujourd’hui, laisse Dieu être Dieu.

📖 Au Livre de l’Exode ( 17, 8-13)
En ces jours-là, le peuple d’Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre.
Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée.

Résonance
Il est probable en entendant la lecture de l’Exode que vous ne vous sentiez pas concernés par les ennuis des Amalécites. Et pourtant…
Ce qui apparaît comme important dans ce texte et nous fait changer de regard, c’est l’attitude de Moïse quand il lève la main, c’est-à-dire quand il se tourne vers le ciel, vers le Dieu d’Israël : dans ces moments, Israël est le plus fort.
Et quand Moïse fatigue, deux aides, Aaron et Hour, viennent à son aide, le soutiennent et Moïse persévère sans perdre confiance. C’est en quelque sorte une prière devenue prière commune. Être plusieurs rend plus fort, et cette union tournée vers Dieu permet la victoire.
Hélène P.
Respiration musicale
♫ RACHMANINOV -Prélude en do#m

Photo d’Oktavianus Mulyadi sur Unsplash
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Luc (18, 1-8)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Résonances : Toujours prier sans se décourager
À qui nous adressons-nous dans la prière ? Que demandons-nous à Dieu ?
Qu’il nous fasse justice, qu’il répare une injustice ?
Un cessez- le- feu, un accord juste entre les deux partis, c’est aux hommes politiques de le réaliser, qu’y peut-il Dieu ? Et d’abord qui est-il ce Dieu impuissant devant les horreurs du monde ?
Un enfant gravement malade, un conjoint handicapé, qu’Il les guérisse. Un bébé mort de faim pendant la guerre, qu’Il le rende à sa mère. Je sais bien que c’est impossible.
Je sais que ma prière ne peut être exaucée par une intervention divine extraordinaire, mais je crois qu’autre chose, ignorée de moi, sera donnée, à moi ou à ceux pour qui je prie.
C’est cela ma foi. Je crois que Jésus est au cœur de ceux qui souffrent et qui meurent, qu’ils le sachent ou non.
Mon frère handicapé par une hémorragie cérébrale est allé à Lourdes, il n’est pas revenu guéri, mais il a reçu la grâce de mourir dans la paix un an plus tard.
Demandons, crions ver Lui, le très Bon, père et mère ; ne soyons pas dans la suffisance, et notre foi sera plus forte.
Jésus n’a-t-il pas guéri la Cananéenne tellement importune et insistante ?
Essayons cette attitude inspirée de St Ignace : « agir comme si tout dépendait de nous et se confier en Dieu comme si tout dépendait de Lui. »
Geneviève P.M.

Mais à qui est-ce que je m’adresse quand je prie ? et pour demander quoi ?
Certes, Jésus nous a enseigné le « Notre Père ». Je le récite en communauté comme je le ferai tout à l’heure à la fin de ce partage. Parfois aussi je prie un être cher. Mais quand la révolte et l’impuissance devant l’injustice et le mensonge me feraient tomber les bras, je veux crier vers Dieu pour demander la paix, répétant les mêmes noms sans me décourager : Gaza, Ukraine, Soudan,…
La prière de demande est souvent un marchandage avec Dieu. L’empereur Constantin a mis sa conversion en balance avec sa victoire sur ses ennemis, et combien de lieux saints, chapelle ou basilique, ne portent-ils pas la marque d’un tel marchandage ?
Je m’interroge aussi parfois sur la différence entre prier pour quelqu’un et tout simplement penser à cette personne, l’avoir toujours présente à l’esprit, sans me lasser, pour qu’elle surmonte l’épreuve, pour qu’elle survive ?
« Pense à moi souvent » demande à sa femme le poète Manouchian avant d’être fusillé par les Allemands « et je te dis de vivre et d’avoir un enfant ». Mais en dehors de ces circonstances extraordinaires, vers qui monte ma prière et pour dire quoi ? Le poète yiddish Halphen Levick ne le sait pas, mais demeure l’élan vers le Tout Autre :
Je ne sais pas à qui la porter ma prière, mais je la porte. Je ne sais pas à qui la dire ma prière, mais je la dis. Elle sombre et se lamente sans paroles ma prière, mais je la porte vers celui dont je ne sais pas s’il l’entend ma prière, mais je la dis.
Jean V.
Et nous, comment la Parole nous aide-t-elle à prier sans nous décourager ?
Partage
Comment la Parole nous aide-t-elle à prier sans nous décourager ?

Travail personnel, CC BY-SA 4.0
Méditation musicale
♫ Lluis De Milà : Fantasies, Pavanes & Gallardes
Quelques échos du Partage
- J’essaie de prendre la Parole comme un chemin vers Dieu et toutes les découvertes permanentes de sens sont un encouragement à continuer à prier les textes. Cette Parole est performative dans le sens où elle nous change et change notre façon d’être et nos actions et j’aime bien aussi cette parole du curé d’Ars sur la prière : « Je l’avise et Il m’avise ».
- Prier avec d’autres m’aide à reprendre des forces, à ne pas désespérer
- Le soutien de la prière des Psaumes est extraordinaire, un merveilleux chemin à suivre
- La Parole m’encourage souvent sur ma vie. Elle me permet de demander sans arrêt à l’Esprit Saint de m’aider à changer certaines choses, même si je sais que ce sera à petits pas.
- La prière, selon Paul, est dans les deux sens : à la fois on se tourne vers Dieu mais en même temps, la prière nous « équipe de toutes sortes de choses pour faire le bien », c’est une action de la prière dont on ne se rend pas forcément compte… et c’est ça qui nous permet d’agir
- Le dimanche, ensemble, il y a de la musique et du silence et quand je prie, je commence par m’asseoir, faire silence et lire les textes et comme le dit Paul, « encourage toujours avec patience »…. et dans l’évangile, il y a la répétition, l’insistance et même si on ne sait pas toujours vers qui on porte notre prière, il faut toujours la porter avec persévérance.
- Le côté magicien de la prière me gêne ; on a l’impression de s’adresser à Dieu et de lui dire : que fais-tu dans ce désastre du monde ? mais je pense que cette prière, c’est toujours de demander que nos cœurs changent et qu’on puisse agir de manière à faire réaliser tous nos désirs de bon, de paix et de justice…
- Prier, c’est s’arrêter, regarder, écouter et la prière est peut-être une table d’orientation…
- Prier, être dans la gratitude…
- Prier, disait Varillon, c’est adorer c’est faire du bouche à bouche avec Dieu, alors pourquoi s’en passer, c’est vraiment extraordinaire !
- La prière c’est l’art de recevoir, recevoir la Parole, et la façon dont je me laisse traverser par cette Parole, dont je la rumine, la médite, donne à ma prière cet élan vers Dieu.
- On a parlé de bouche à bouche avec Dieu, moi je dirais le coeur à coeur avec Dieu, c’est se confier à lui sur nos vies et ce qu’on voudrait changer
- Prier, c’est aussi remercier pour la création, pour le jour donné, pour toute chose, célébrer la beauté du monde et rendre grâce.
- Prier, méditer, se rendre présent à Dieu en récitant sans cesse un mantra…. mais lire les textes est déjà une prière
- l’Eucharistie sans la Parole serait un rituel vide ; Parole, prière, mission, trois choses inéluctablement liées.
- La prière, comme une bouteille à la mer, on ne sait pas où elle va, peut-être un jour quelqu’un accomplira quelque chose.
- La prière est un chemin d’ouverture – que ce soit en silence ou avec des paroles – une ouverture qui permet à la vie de passer même dans les moments les plus sombres, qui paraissent sans espoir
♫ Chant : Seigneur, apprends-nous à prier comme toi
Paroles : A. Cabantous – Musique : L. Boldrini
Seigneur, apprends-nous à prier comme Toi,
à dire, aujourd’hui, chaque mot d’un « je crois »,
à remercier Dieu pour ce don de la foi,
Seigneur, apprends-nous à prier devant Toi.
1-Pourquoi m’as-tu choisi pour marcher à ta suite ?
Je voudrais bien savoir ce que tu veux de moi.
2-Pourquoi m’as-tu choisi pour être du Royaume ?
Que le feu de ta paix soit toujours avec moi.
3-Pourquoi m’as-tu choisi pour chanter ta présence
Alors que ma musique reste au creux de ma voix ?
4-Puisque tu m’as choisi pour aller sur ta route
vers un soleil promis, je t’invite chez moi.



Quelle est notre prière aujourd’hui ?
Et nous, ayant entendu ces textes, quelle est notre prière aujourd’hui ?
♫ : Entends la voix de ma prière, quand je crie vers Toi,
quand le lève les mains, quand j’implore ta présence
Nous prions pour :
- Anne, maman solo, qui a un cancer,
- Nos responsables politiques, chahutés par tout ce que l’on vit, pour qu’ils acceptent de s’interroger sur les décisions qu’ils prennent et sachent solliciter qui peut les éclairer,
- Que nos recherches de foi et nos doutes soient chemin de vérité et qu’ils permettent, non pas de douter de nos routes mais de poursuivre nos recherches,
- Rendre grâce pour les petites ou les grandes choses : la trêve à Gaza, le couple de hérons qui m’ont survolé hier dans le Bois de Vincennes, les enfants et petits-enfants qui vont venir déjeuner ce midi, ce Partage autour de la Parole passé en votre compagnie, …
- Rendre grâce pour tous les gestes d’amour et de paix qui sont faits dans le monde et tous les gestes d’attention aux autres, dans ma famille particulièrement,
- Nos amis Protestants qui fêtent les 70 ans de l’émission » Fréquence protestante « ,
- Raphaël, jeune adulte de 28 ans qui, depuis la Covid, est à l’arrêt dans sa vie, parfois dans la violence contre lui-même et les autres,
- Mayeul, septième arrière petit-fils, né avant hier,
- Annick, amie bipolaire, qui veut mourir et en veut à Dieu particulièrement,
- Le vote du budget à l’AN, pour qu’il y ait un peu plus de justice sociale dans notre pays,
- Ceux qui demandent inlassablement justice et qui ne sont pas entendus

Blog R. Buyse
Notre Père
Nous redisons avec confiance la prière que Jésus lui-même nous a confiée :
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.
En guise d’envoi, fin de la seconde lettre de Paul à Timothée (4, 1-2)
Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire.
Bénédiction
Avec ces paroles de Paul, c’est tout un programme pour les temps à venir !
Prier avec du silence, prier avec les autres, pour « agir comme si tout dépendait de nous et se confier en Dieu comme si tout dépendait de Lui. »
Prier, rendre grâce, célébrer la beauté du monde, c’est ce que nous avons échangé.
Alors rendons grâce pour ce temps partagé et allons vers le monde avec la Parole qui nous habite,
Et que Dieu qui est Père, Fils et Esprit Saint nous bénisse et nous garde dans cette confiance et cette dynamique : le monde est entre nos mains.
Retrouvons-nous lundi 20 octobre à 19 h en Visio (lien sur l’Agenda du site) pour préparer ensemble le prochain Partage de la Parole du dimanche 26 octobre.
Bon dimanche et bonne semaine !






Commentaire envoyé sur la boite mail par Gerardo :
Les Amalécites et Israël : Toute guerre est par principe fratricide car criminelle contre la fraternité humaine.
Avez-vous établi le rapport entre la première lecture du 29ème dimanche du temps ordinaire et la tragique actualité ? Le peuple d’Israël est en guerre contre les Amalécites pendant sa marche à travers le désert..Moïse demande à Josué de mener le combat. « Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée » (Exode 17, 8-13). Je passe sur cette histoire des mains levées de Moïse qui rendaient Israël plus fort, ainsi que du message spirituel que l’Église veut transmettre pour aujourd’hui . Je veux mettre l’accent sur l’actualité qui se déroule devant notre impuissance. Netanyahu s’est permis de faire allusion à ce passage biblique pour justifier la cruelle vengeance contre les Palestiniens suite aux événements du 7 octobre. Israël devait triompher contre Amalek et son peuple, les Amalécites; Or, l’homélie de Jacques Mérienne à Saint Eustache nous a commenté ce texte faisant noter que les Amalécites n’étaient autres que les descendants d’Esaü, le frère jumeau de Jacob (Israël), à qui ce dernier, par des tricheries, avait dépouillé de ses droits d’aînesse, la bénédiction de son père (Gen, 27).
C’est donc une guerre fratricide au sens stricte qui se déroulait dans le désert. Quel pourrait être le raisonnement de Netanyahu établissant un parallèle entre l’actualité et ce passage biblique ? Tout laissait entendre ceci: » Si nous n’avons pas hésité à écraser nos frères de sang aux temps mythiques de l’Exode d’Égypte, pourquoi ne pourrions-nous pas aujourd’hui anéantir les Palestiniens ?
Gerardo Ramos