♬ Méditation en musique
Isaac Albeniz, Granada: Serenata, de la Suite Española, Op. 47
Accueil
Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue à cette célébration, où que vous soyez. Comme tous les dimanches, nous sommes heureux de nous retrouver pour prier ensemble, même à distance. En ce 2ème Dimanche de l’Avent, les textes nous invitent à écouter l’appel du prophète Isaïe et de Jean-Baptiste.
Les lectures de ce jour sont pleines d’espérance et de promesses de justice et de paix. Isaïe nous parle d’un rameau qui portera l’Esprit de Sagesse et de Conseil, celui qui jugera les petits avec justice et instaurera une paix telle que « le loup habitera avec l’agneau ». C’est une vision idyllique de réconciliation profonde. Jean-Baptiste, dans l’Évangile de Matthieu, nous crie également : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ! ». En cette période de l’Avent, il nous appelle à préparer un chemin dans nos vies pour accueillir ce Christ qui vient, en nous remettant en question.
Alors que nous sommes réunis derrière nos écrans, prenons le temps : d’écouter la Parole de Paul qui nous réconforte, « Accueillez-vous donc les uns les autres » ; de nous laisser secouer par l’appel de Jean-Baptiste, « Produisez donc un fruit digne de la conversion » ; de prier pour un monde de plus de justice et de paix, comme promis par Isaïe, en ces temps où l’actualité est souvent marquée par les guerres, les tensions qui n’ont jamais été autant ressenties depuis l’élection du Président Trump et les inégalités.
Entrons dans la célébration, au nom du Père, du Fils, du Saint Esprit !
Claire B.
📖 Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 11, 1-10)
En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur.
Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.
Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture,
leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.
♬ Méditation en musique
Edvard Grieg, Peer Gynt, Le matin

📖 Lecture de la lettre de Paul aux Romains (Rm 15, 4-9)
Tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu.
Car je vous le déclare : le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, en raison de la fidélité de Dieu, pour réaliser les promesses faites à nos pères ; quant aux nations, c’est en raison de sa miséricorde qu’elles rendent gloire à Dieu, comme le dit l’Écriture : C’est pourquoi je proclamerai ta louange parmi les nations, je chanterai ton nom.
Résonance
Isaïe et Paul sont peut-être deux utopistes. Mais leurs rêves me semblent plus réalistes qu’il n’y paraît : il y a du loup et de l’agneau en moi. Tant que le loup c’est toujours l’autre, comment nous accueillir comme Paul y Invite ? Quand j’y parviens, reconnaître cette dualité c’est souvent le premier pas qui me permet de dépasser les antagonismes, le manque de nuances, de remise en question et ainsi de faire un pas vers l’accueil mutuel des altérités.
En chantant dans un chœur j’ai appris qu’une voix humaine porte en elle la fondamentale et ses harmoniques. Alors lorsque Paul invite à parler d’une seule voix appelle-t-il à l’uniformité ? Ou plutôt invite-t-il les juifs de naissance avec leurs résonances propres, les nations avec leurs fréquences aux mille nuances, à créer ensemble un timbre unique d’une voix vivante ?
L’uniformité impose le silence à toutes les harmoniques sauf une qui les annihile toutes. Alors sommes-nous prêts à reconnaître toutes les fréquences qui résonnent en nous et chez l’autre – y compris celles qui nous dérangent – pour mieux apprendre à nous accueillir, nous parler et non nous dévorer ?
Alexandra N.
♬ Chant : Écoute la voix du Seigneur
Écoute la voix du Seigneur
Prête l’oreille de ton cœur
Qui que tu sois ton Dieu t’appelle
Qui que tu sois il est ton Père
Écoute la voix du Seigneur
Prête l’oreille de ton cœur
Tu entendras que Dieu fait grâce
Tu entendras l’Esprit d’audace
Toi qui aimes la vie, ô toi qui veux le bonheur
Réponds en fidèle ouvrier
de sa très douce volonté
Réponds en fidèle ouvrier de l’Évangile
et de sa paix
Écoute la voix du Seigneur,
Prête l’oreille de ton coeur.
Qui que tu sois, fais-toi violence,
Qui que tu sois, rejoins ton frère.

📖 Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 3, 1-12)
En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage.
Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.
Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Résonance
Dans les textes qui nous sont proposés, deux façons de se représenter Dieu, c’est sans doute une tentation depuis toujours… Isaïe, poète à ses heures, rêve d’un Dieu qui voudrait un monde pacifique où « le nourrisson s’amuse sur le nid du cobra » et où « il n’y aura plus de mal ni de corruption », tandis que Jean-Baptiste, homme juste et rigoureux, imagine un Dieu radical, sans indulgence, « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. » A noter que l’un comme l’autre comprennent Dieu comme un justicier – « Il ne jugera pas sur l’apparence, il jugera les petits avec justice » dit Isaïe et Jean Baptiste voit brûler le pécheur « au feu qui ne s’éteint pas ».
Pendant longtemps, cet imaginaire subsiste, les tympans de nos cathédrales nous le disent avec naïveté, et sans doute les traces de cette représentation ne sont pas encore complètement effacées de notre esprit. Et pourtant, comme le dit justement Jean Baptiste, tandis que « Je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion, Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu, » et c’est tout différent.
Jésus, une fois de plus, va déconcerter.
Ce que je comprends de Dieu tel qu’il est raconté dans l’Évangile est différent du ressenti des prophètes. Souvent nous entendons Jésus dire « va et ne pêche plus » ou « tes péchés te sont remis », sans détail. Pour moi, Jésus appelle Dieu son Père, ce qui exprime une relation d’amour inconditionnel comme seuls, sans doute, des parents peuvent le ressentir (toute la délicate tendresse du père dans la parabole de l’enfant prodigue est un exemple qui me parle beaucoup.) Pour nous qui sommes frères et sœurs de Jésus, j’ose croire à Dieu-Père.
Et nous, au fond de nous-mêmes, avons-nous été convertis par notre baptême ? Comment ressentons-nous Dieu aujourd’hui ?
Marie-José D.
♬ Méditation en musique
Beethoven, la Symphonie pastorale

Partage
« Produisez-donc un fruit digne de la conversion. »
À quoi cette Parole nous appelle-t-elle ?
Quelques échos du partage :
- La conversion, un chemin qui se fait pas à pas, ce n’est pas magique, cela prend du temps, c’est au fil des événements, des blocages parfois… c’est de rester attentive, pour m’ajuster.
- J’aime bien que Dieu soit Père mais aussi Mère, car on ne peut se passer de la tendresse et de l’affection d’une mère ; la seconde chose c’est que j’ai le sentiment qu’apprendre à se connaître soi-même fait partie du parcours pour connaître Dieu et connaître l’autre. Je ne me convertis pas, je me laisse convertir par l’autre et par Dieu quand il passe par l’autre.
- La conversion et ce qui est urgent pour moi, c’est le changement de mentalité, changer notre vision de Dieu. À 90 ans, ce n’est plus le Dieu qu’on m’a enseigné au catéchisme. Les reproches que fait Jean-Baptiste ce sont les incohérences entre les discours apparents et la vraie démarche de conversion du coeur.
- Ce qui me parle, dans les trois textes, c’est l’annonce, avant tout, de Celui qui va donner un sens à nos existences, non pas pour être bien entre nous mais pour transformer le monde, y mettre de la justice, pour que le loup et l’agneau cohabitent…
- La conversion qui me touche c’est celle que Marion Muller-Collard signale dans son livre « L’Autre Dieu », la plainte, la menace et la grâce (Albin Michel), où le Dieu magicien qui nous protège du mauvais sort n’est plus tenable et dans sa souffrance, malgré sa souffrance, elle réalise que l’Autre Dieu c’est celui qui est là, comme une présence.
- Je me sens appelée à l’ouverture, à la disponibilité et à accueillir la conversion que le Père me propose ; entre une amie, toute émue de m’annoncer qu’elle était grand-mère, un jeune couple d’amis avec un bébé tout neuf venu dîner à la maison et le film Jeune mère (des frères Dardenne) que j’ai vu récemment, cela m’a éblouie de voir à quel point voir un bébé et le prendre dans les bras coupe le mental, ouvre à l’accueil de ce qui est donné, invite à aller en profondeur ; une disponibilité d’amour.
- Pour moi, l’appel à la conversion c’est de passer de la désespérance à l’espérance, l’espérance étant la seule à porter des fruits. Ne jamais désespérer et ne pas me dire en vieillissant « c’était mieux avant », mais espérer en l’avenir, grâce à l’amour.
- L’espérance, l’éclat de la vie, portons-les !
Prière élargie au monde, aux Nations
Quelques échos de la Prière :
- Dans nos conversions, je nous souhaite de travailler à plus de patience, moins de colères, moins d’emportements démesurés et de nous rapprocher de la paix en nous-mêmes et envers les autres.
- Pour toutes les jeunes femmes enceintes, qui vont ou viennent d’accoucher, les papas aussi bien sûr, car c’est vraiment un moment magique dans la vie où l’on s’engage dans cette vie nouvelle et cela va durer quarante ans ou plus.
- J’ai une prière horriblement banale, pour les enfants de Gaza, suite à ce reportage dans Gaza que j’ai vu cette semaine, on voit des choses horribles auxquelles on finirait presque par s’habituer, mais pour les enfants, blessés, qui pleurent, qui crient, non pas cela, mais où est Dieu ? Et puis, hier, j’ai vu mon troisième arrière-petit-fils né au début du mois, c’est un contraste étonnant, c’est incroyable ce qui se passe, ce resurgissement de la vie, cette promesse d’avenir au moment même où je suis désemparé par ce qui se passe à Gaza et ces souffrances infligées injustement. Aidez-moi à porter cette prière si difficile et douloureuse vers notre Père à tous.
- Je voudrais rendre grâce pour la solidarité vécue dans mon immeuble à l’occasion de deux décès, à dix jours d’intervalle : une vingtaine de personnes étaient présentes pour rendre service, ou pour des fleurs ou pour préparer les célébrations et réconforter les amis touchés par ces décès.
- Pour Édith qui vient de perdre son mari après plus de soixante-deux ans de mariage ; prions pour elle.
- Je voudrais prier pour l’unité de nos communautés : unité dans la différence, la diversité, dans les divergences, voire même l’unité au-delà de nos oppositions. « Qu’ils soient Un comme nous sommes Un » , dit le Seigneur
- Je voudrais rendre grâce pour tous les gens qui nous entourent, nos enfants bien sûr, mais aussi toutes ces bonnes personnes de l’Ile Maurice, de Ceylan ou de Dakar.
- Pour que toutes les victimes de toutes sortes de violences soient crues par ceux qui les écoutent.
- Pour que nous soyons suffisamment vigilants pour dénoncer les phrases et les mots qui tuent et peuvent laisser monter de potentiels actes barbares.
- Pour toutes les prières partagées aujourd’hui en communauté, exprimées ou non…

Notre Père
Psaume 71
Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !
En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !
Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.
Que son nom dure toujours ;
sous le soleil, que subsiste son nom !
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;
que tous les pays le disent bienheureux !
Bénédiction
Merci pour votre présence, vos prières et votre patience. Nous avons porté beaucoup de fruits dans nos échanges. Qu’il puissent continuer de fructifier encore cette semaine, nous porter, nous permettre des rencontres fructueuses. Et que le Dieu Père et Mère, plein de tendresse et d’amour, nous bénisse et nous garde dans le nom du Père, du Fils et du Souffle Saint, Amen !
♬ Chant : Ne rentrez pas chez vous comme avant
Ne rentrez pas chez vous comme avant, ne vivez pas chez vous comme avant,
Changez vos cœurs, chassez vos peurs,
Vivez en hommes nouveaux.
À quoi bon les mots si l’on ne s’entend pas, a quoi bon les phrases si l’on n’écoute pas,
À quoi bon la joie si l’on ne partage pas, a quoi bon la vie si l’on n’aime pas?
Pourquoi une chanson si l’on ne chante pas, pourquoi l’espérance si l’on ne croit pas,
Pourquoi l’amitié si l’on n’accueille pas, pourquoi dire «amour», si l’on n’agit pas?
Je vais repartir et je veux te prier, je vais repartir et je veux t’écouter,
Je vais repartir et je veux te chanter, je vais repartir et je veux t’annoncer.





