Les semaines passent et les femmes en Iran ne lâchent rien. Elles continuent de sortir, d’envahir l’espace public, pour mener le plus beau des combats : celui de la liberté.
Des jeunes hommes les rejoignent aussitôt pour mener avec elles cette lutte singulière.
Ils comprennent que leur propre liberté dépend de celle de la femme. Comment pourraient-ils
être libres, si les femmes ne l’étaient pas ? Plus que jamais l’homme libre est celui qui aide les autres à le devenir.
Les Iraniennes ne baissent pas les bras.
Elles vivent selon leurs convictions et non selon leurs intérêts.
Aujourd’hui, elles prennent le risque de dire haut et fort la vérité qui les libère.
Les policiers font usage de leur gaz lacrymogène comme s’ils voulaient ne plus voir
ce spectacle insoutenable. Ils tirent à balles réelles comme s’ils voulaient montrer
que le pouvoir ne tient plus que par la peur.
L’Iran est devenu le cœur battant du combat pour la liberté.
Dans beaucoup de pays, la solidarité s’exprime avec enthousiasme pour ces Iraniennes
qui nous révèlent à nous-mêmes.
Le grand écrivain russe, Dostoïevski, dans la légende du Grand Inquisiteur, alerte nos consciences.
On est en Espagne, à Séville, à l’époque la plus terrible de l’Inquisition. Alors que le soir commence à tomber, la foule aperçoit avec émotion Jésus qui passe, silencieux. Elle le reconnaît, mais se tait, car le cardinal Grand Inquisiteur, homme tout puissant, veille. D’un geste, il fait conduire Jésus au cachot. Dans la nuit, le Grand Inquisiteur rend visite à Jésus dans la geôle : « Tu as élargi la liberté de l’Homme au lieu de la confisquer » lui dit-il. « Tu as été un éveilleur de liberté, alors que l’homme
est fait pour obéir à ceux qui savent… »
Dostoïevski réussira-t-il à nous éveiller à la liberté ?
Jacques Gaillot, évêque de Partenia, le 16 octobre 2022