La parabole du pharisien et du publicain de ce dimanche nous a conduits au-delà de la morale qui en est tirée : « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ». Déjà, dans une autre parabole (Luc,14,8), Jésus conseillait de ne pas se mettre à la première place afin de garder une chance d’y être invité par le maître de maison. Mais ici, il ne s’agit pas de la bonne conduite en société. L’enjeu est plus intime, c’est dans le cœur que cela se passe…
Entrée en prière
J.S. BACH: Concerto pour hautbois d’amour, cordes et continuo en Ré majeur, BWV 1053R
Accueil
« Il faut décidément avoir le cœur bien accroché pour ne pas désespérer de l’Église, quand elle présente un tel visage. » Sous prétexte de préserver l’anonymat des victimes, l’Église a, une fois de plus, commis l’erreur d’ajouter du silence au scandale. Je parle, bien sûr, des abus commis par l’ancien évêque de Créteil. En aurons-nous fini un jour avec ces scandales sexuels ? Le synode devra-t-il renverser la table de l’Institution ?
Bonjour à vous tous réunis sur la toile, comme on dit, habitués ou nouveaux venus. Vous avez du mal à vous dévoiler ? Pas de problème, nous, nous sommes ravis que vous soyez là avec ou sans visage.
Lundi soir, les textes nous sont apparus un peu moins hermétiques que d’habitude peut-être. Et puis, rapidement, nos sensibilités nous ont orientés sur des passages de textes différents, d’où des résonances en dialogues ce matin.
Sans plus attendre, entrons dans la célébration, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.
Claire B.
Psaume 33: Je bénirai le Seigneur en tout temps
Un pauvre crie, le Seigneur entend !
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête.
Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :
de toutes leurs angoisses, il les délivre.
Il est proche du cœur brisé,
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.
Résonances en dialogue
Nous avons entendu les paroles du psaume :
« Que les pauvres soient en fête, le Seigneur est attentif à leurs cris, de toutes leurs angoisses Il les délivre, Il est proche du coeur brisé et sauve l’esprit abattu. »
En entendant cela, lundi, j’ai vivement réagi : quel conditionnement pour maintenir la société inégalitaire ! C’est alors que, toujours lors de la préparation, d’autres m’ont fait entendre que les mains de Dieu, ce sont les nôtres.
Si j’intègre bien que les mains de Dieu ce sont les nôtres, que cela s’adresse à nous tous, cela change tout : Dieu n’est pas un magicien, la foi n’est pas l’opium du peuple, à nous de nous bouger !
Marie-José D.
Pour moi, les versets de ce psaume sont apaisants. Je vois la sollicitude, la compassion du Seigneur pour son peuple et pour nous, aussi imparfaits que nous soyons.
Nous pouvons avoir confiance en lui. Le Seigneur regarde, écoute, il est attentif à nos cris, il entend. Que demander de plus !
Patricia M.
Méditation en musique
Purcell- The Fairy Queen, Z. 629, First Music : Prelude
Évangile de Jésus Christ selon Luc (18, 9-14)
En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : ils sont voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » Je vous le déclare : « quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Résonances
D’où m’est venu cet agacement à la lecture de ce texte dont l’essentiel du message nous est apparu assez facilement lundi ? En effet, d’un côté, un pharisien, droit dans ses bottes, satisfait, parce que certain d’avoir accompli correctement son devoir de bon Juif ; de l’autre, un publicain, personnage peu recommandable mais conscient d’être pécheur, débordant d’humilité et qui sans surprise sort gagnant de cette histoire…
Oui, moi qui suis plutôt rebelle aux préceptes, je fus agacée par le mauvais rôle donné à ce pharisien. Après tout, il n’a fait que ce qu’on lui a demandé de faire si j’en crois le texte. Lisez : il ne lui est nullement reproché d’avoir agi avec ostentation par exemple comme c’est le cas pour d’autres. Il sait qu’il a des qualités : il est honnête, il n’est pas injuste, il est fidèle. Ce n’est quand même pas rien !
Des gens comme lui, j’en connais : des gens qui ont appris docilement leur catéchisme, il y a longtemps, et qui y restent enfermés. Des gens qui s’en tiennent à des règles simples d‘observance de pratiques, qui me font sourire ou hurler, selon le contexte, mais qui agissent « en toute bonne foi » comme on dit. Des gens qui ont l’air de savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire ; ce qui leur semble bien et conforme à ce qu’ils croient sans s’égarer sur des chemins de traverse, sans même avoir l’air de trop douter.
Peut-être que cela ne fait pas rêver. Mais tout le monde n’a pas le bagage, l’énergie, la volonté d’entrer dans une démarche comme celle que nous avons ici !
Que manque-t-il à ce pharisien pour qu’il trouve grâce aux yeux de Dieu ? A côté de quoi est-il passé pour que Dieu ne lui accorde pas sa faveur et qu’il ne soit pas considéré, lui, comme l’homme juste ?
Bénédicte I.R.
Oui, comme dans beaucoup de paraboles, il y a un bon et un mauvais (voir les deux larrons). Merci Bénédicte de cette défense du personnage du pharisien auquel tu trouves des circonstances atténuantes, ce qui nous a tous fait réfléchir. Notre échange au sujet du publicain nous a également conduits au-delà de la morale: « Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé ».Déjà dans une autre parabole (Luc 14, 8) Jésus conseillait de ne pas se mettre, dans un repas de noces, à la première place afin de garder une chance d’y être invité par le maître de maison. Mais ici il ne s’agit pas de la bonne conduite en société. L’enjeu est plus intime, c’est dans le cœur que cela se passe. En fait, le publicain ne s’abaisse pas, il reconnaît simplement ce qu’il est, très différent de ce qu’il paraît, lui, le collecteur d’impôts qui doit faire peur aux autres, le collaborateur des forces d’occupation romaine qui profite de sa situation pour s’enrichir personnellement. Au fond, dans son cœur, il sait qu’il n’est qu’un pauvre type.
Pour autant, rien de doloriste dans cette attitude. Il ne dit pas, comme Tartuffe, qu’il est « un malheureux pécheur tout plein d’iniquité ». Rien d’ostentatoire chez lui. Il reste à distance, baisse la tête, et à vrai dire, je ne le vois pas bien se frapper la poitrine. Il est en vérité. Pour sa prière, dans la « Bible Bayard» les traducteurs proposent : « Mon Dieu, sois bienveillant envers moi, le hors la loi ». Hors la loi aux yeux des hommes, mais aussi hors la Loi de Dieu car il sait que le respect véritable de la Loi de Dieu est impossible, comme le reconnaît, quelques versets plus loin, un riche notable qui ne peut vendre ses biens et suivre Jésus. C’est impossible aux yeux des hommes. Alors le publicain est triste, peut-être à s’en frapper la poitrine.
Mais ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu et « si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur » (Jean 3, 20). Pas de sentiment de culpabilité donc. Mais plutôt se tourner vers le Tout Autre. On se rappelle alors que les deux hommes sont montés au Temple « pour prier ». Cette prière est surtout une disposition d’esprit et de coeur. C’est ce que nous pourrions essayer de retrouver ici même, ce matin, dans notre prière commune, avec la phrase dont nous avons fait notre fil rouge : « Mon Dieu montre-toi favorable au pécheur que je suis. »
Jean V.
Méditation en musique
Carissimi – Marazzoli. San Tomaso à 5: O fede costante
Introduction à la lecture de Paul
Quand nous sommes revenus à la lettre de Paul, après avoir lu la prière du pharisien, nous nous sommes d’abord dit, avec un sourire : « eh bien, en voilà un autre qui est content de lui ! » Le discours de Paul ne ferait-il pas un peu écho à celui du pharisien ?
Paul n’est pas un personnage de fiction, comme le pharisien de la parabole. C’est un personnage historique, qui a existé, dont on connaît les noms des amis, les noms des pays qu’il a traversés. Et, principale différence peut-être avec le personnage du pharisien : Paul ne méprise pas les autres, il pardonne, même à ceux qui l’ont abandonné.
Jean V.
Lecture de la deuxième lettre de Paul à Timothée (4, 6-8. 16-18)
Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation glorieuse.
La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste.
À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Partage
« J’ai mené le bon combat »
Nous nous sommes arrêtés sur cette phrase : c’est pourquoi, nous vous invitons à réfléchir sur ce que signifie « devenir un homme juste » dans notre monde d’aujourd’hui.
Qu’est-ce que devenir un homme juste, pour vous ?
Méditation en musique
Lecture du livre de Ben Sira le Sage (35, 15b-17. 20-22a)
« Le Seigneur […] ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel ».
Forts de ces paroles, nous exprimons nos prières à la communauté
♫ Refrain : Entends la voix de ma prière
quand je crie vers toi,
quand je lève les yeux,
quand j’implore ta présence.
Notre Père
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Prière finale et envoi
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Chant : Nous sommes un peuple au coeur battant T43-04
Paroles : Mannick – Musique : Jo Akepsimas
Nous sommes un peuple au coeur battant,
un peuple en marche,
pas à pas vers ton printemps.
Nous sommes un peuple façonné
à ton image,
guide-nous au fil des temps !
Aujourd’hui ta Parole nous saisit
Comme un brasier.
Fais de nous chaque jour de notre vie
Tes envoyés.
Aujourd’hui ta Parole nous saisit
Pour t’annoncer !
Chaque, jour l’Évangile nous conduit
Sur tes sentiers,
Avec ceux qui espèrent, dans leur vie,
Te rencontrer.
Chaque, jour l’Évangile nous conduit
A partager !
Si nos cœurs s’abandonnent à ton Esprit,
Comme un voilier,
Nous aurons plus de force dans nos vies
Pour avancer.
Si nos cœurs s’abandonnent à ton Esprit,
De liberté !
Bon dimanche, bonne semaine !
Rendez-vous sur le zoom dimanche 30 octobre, pour célébrer à nouveau la Parole, la partager et louer le Seigneur !
Mais avant, retrouvons nous aussi pour préparer cette prochaine célébration, lundi 24 à 19h (lien sur l’agenda du site)…. c’est le début du partage !
Je suis désolée de n’avoir pu partager ce temps de parole, mais aujourd’hui, comme certaines fois, tout allait mal. Je n’avais que les photos de la première ligne, les paroles comme la musique étaient hachurées. 2 ou 3 fois j’ai quitté pour réessayer, mais il n’y a rien eu à faire. J’espère que cela ira dimanche prochain.
Merci Monique, j’ai vu que vous étiez là dimanche dernier, alors, c’est que les choses se sont arrangées…. Belle semaine à vous. Bernadette