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Laissons-nous surprendre par l’Esprit

Ce qui faisait la joie de Jésus, c’était de voir des femmes et des hommes qui,
enfin, naissaient à eux-mêmes et se découvraient capable du meilleur. 
La sève de l’Évangile fait porter de beaux fruits là où le cœur s’ouvre aux humbles.
L’Esprit saint continue d’irriguer notre Église en marche vers le synode.
Nous avons une source intérieure qui coule en chacun(e) de nous.
Une source qui jaillit continuellement en nous.
Prêtons l’oreille au doux murmure de cette source rafraîchissante qui étanche notre soif.

Quand un jour nouveau commence, mes premières paroles ne varient pas : 
« Viens Esprit Saint, viens dans mon cœur, je t’aime. »

Chaque jour a sa lumière.
Avec des éclats d’humanité si nous sommes attentifs.

Je rencontre à Paris un moine d’une abbaye normande.
« Je me souviens d’une retraite que vous nous aviez prêchée il y a longtemps.
Je garde encore la question que vous aviez posée : “Est-ce que la vie religieuse vous rend plus humain ?“ J’espère avoir grandi en humanité, essayant d’être une présence humaine authentique, sans oublier la tendresse. » 
Ces paroles me réjouissent. Elles sont un cadeau.

On ne quitte jamais l’humain pour aller au Christ. 
L’humain d’abord, en toutes circonstances.

J. Gaillot

Je prends le métro à une heure de pointe. Il y avait tant de monde que je n’arrivais pas à trouver
un point d’appui avec ma main. Selon les secousses du métro, je me reposais sur les uns et sur les autres. Quelqu’un, qui m’avait identifié, souriait de ma situation précaire. Comme nous sommes descendus tous les deux à la même station, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire : « Voyez ! ce qui fait tenir debout un évêque, ce sont les gens ».

L’imprévu du tout-venant surgit devant nous. Des êtres humains sans frontières, deviennent, l’espace d’un moment, notre prochain. 

Je visite depuis des années Carlos en prison. C’est un militant qui en impose.
Il me surprend par ses paroles : 
– Le pape François est toujours du bon côté.
– Ça veut dire quoi du bon côté ?
– Ça veut dire qu’il est du côté des méprisés, des victimes, des malades. Ça c’est bien
.
Puis, avec un air entendu, il affirme :
– Le pape François est le premier pape chrétien !
Bien que d’une religion différente, Carlos fait le lien entre le pape et l’homme de Nazareth.
Pour lui, François imite Jésus.
Ce qui touche les détenus, c’est de voir que nous sommes du bon côté et que c’est notre choix.

Ahmed, jeune marocain de 22 ans est un militant des droits humains. Il participe souvent à des manifestations. L’une d’elle a mal tourné. La police est intervenue. Il y a eu de violents affrontements. Ahmed se retrouve pour la première fois en prison. Il m’écrit :
« …Ils disent m’avoir placé en isolement, mais comment m’isoler de la lutte et de l’amour de Dieu et des êtres humains ? Le plus difficile en isolement, ce sont les cris de douleur qui me parviennent d’autres cellules. Ils hurlent, Jacques, et je crois que si j’avais vraiment frappé ce policier, je hurlerais comme eux. Je crois que si mes camarades détenus crient et pleurent, c’est qu’ils se croient seuls, privés de leurs épouses, de leurs enfants ou de leurs amis. »
Ahmed n’est pas seul, Dieu est avec lui dans sa cellule. Il se sait aimé de Dieu. Il traverse l’épreuve sans se laisser écraser par elle. Pour Ahmed, l’espérance surgit au cœur de l’épreuve. Elle prend corps dans les difficultés.
C’est au cœur de la nuit qu’on peut voir l’aube se lever.
L’espérance est toujours un combat. Elle ne se porte pas seule.

Dans l’Évangile, la seule attitude qui puisse libérer quelqu’un,
c’est de reconnaître sa dignité. 
La dignité n’est ni à prendre ni à vendre. Elle fait partie de nous.
Dans la simplicité d’une existence, se joue la grandeur d’une vie. 
Il y a une secrète fécondité de toute vie animée par l’amour.

J. Gaillot

En Allemagne, à Francfort, je suis invité un soir chez les sœurs du Père de Foucauld. Après l’Eucharistie et le repas, l’échange se poursuit. Avant de m’en aller, je demande aux sœurs : « J’aimerais avoir une parole de vous, que je garderai. » Aussitôt, une vieille religieuse
dont le visage était chargé de rides, leva le bras : « Que votre cœur ne s’aigrisse jamais ».
Quelle magnifique parole ! Veiller sur son cœur qui pourrait se refermer comme une huître. Demeurer à tous les âges de la vie, des femmes et des hommes d’ouverture, attentifs à l’autre,
à tous les autres, à l’Esprit qui apporte la nouveauté de Dieu en toutes circonstances.

Laissons-nous surprendre par l’Esprit

À ma connaissance, la préparation du prochain synode romain est un fait unique dans l’histoire
de l’Église. Jamais un pape n‘a sollicité les baptisés du monde entier pour qu’ils fassent connaître leurs attentes et leurs désirs. De partout, les baptisés ont répondu et se sont exprimés avec liberté.
Et parmi eux, les exclus des pays les plus pauvres du monde.
Le peuple des baptisés a fait entendre sa voix, immense et multiple. Ce peuple en marche écoutera ce que l’Esprit dit à notre Église. Ce sera un grand moment de découverte et de joie pour bâtir le monde qui vient.

Jacques Gaillot, évêque de Partenia, le 18 octobre 2022

CategoriesSpiritualité

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