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Adieu Martine, aimée de Dieu

Nous avons dit à-Dieu à Martine Roger-Machart, mercredi 8 février 2023, en l’église Notre-Dame d’Espérance. Une célébration préparée par la famille et la communauté toute à l’image de Martine. Voici les textes, chants et témoignages de cette célébration riche en émotions.

Entrée en célébration

JS. Bach : Sonate #5 pour flûte et basse continue – Andante

Accueil : Portrait de Martine à deux voix

Par sa sœur Cécile
Chers amis,
Depuis plusieurs années déjà Martine nous avait donné rendez-vous le jour de ses obsèques.
Elle savait ses jours étaient comptés et nous avait demandé de réfléchir avec elle à ce que serait la cérémonie.
Il fallait que la famille, les amis, la communauté de Saint-Merry se retrouvent, mais que personne ne se sente exclu. Que non-croyants et non-chrétiens soient associés.
Elle nous a laissé conseils, suggestions, et même consignes car elle était autoritaire !
Le voici donc arrivé, ce jour du rendez-vous.
Pourtant, je la vois encore, derrière un pilier de cette Église, au milieu de cette communauté qui était sa famille presqu’autant que nous.
Je la vois à La Cour, notre vieille maison familiale où elle se lançait cet été encore sur des sentiers boueux, déambulateur au poing et visière sur la tête sans aucune attention pour les mises en garde de ses proches.
Elle est là dans les bus de son quartier qu’elle a sillonné au mépris de nos interdictions.
Elle est là dans les squares où nous sommes allées admirer la dernière floraison des roses en discutant politique ou spectacles, conflits sociaux ou chiffons.
Martine ne lâchait rien et jusqu’à ces derniers jours notre sœur était résolue à tailler sa route contre vents et marées.
Depuis son enfance, passée en Égypte jusqu’à l’année du bac, Martine a été une voyageuse. Les expéditions sous la tente en Mer Rouge, alternant avec les visites de temples et des tombeaux, ont forgé en elle une curiosité tout-terrain.
Aiguisée ensuite par sa formation à Sciences Po et ses premières expériences professionnelles au Ministère de la Coopération.
C’est de cette époque, au milieu des années 60, que datent les premiers voyages en Afrique francophone. En pleine décolonisation cette très jeune femme part seule en mission, emplie d’un idéal de coopération fraternelle. Elle ramènera d’Afrique une vision élargie du monde et quelques amitiés.
Célibataire elle est, célibataire elle restera. Très attristée de n’avoir pas rencontré l’âme sœur, elle adopte au passage tous ses neveux et nièces et se fait une raison. Elle me dira un jour à propos de son Parkinson : « ce qui est bien avec les célibataires, c’est qu’ils ont l’habitude de se débrouiller tout seuls, bien mieux que les gens mariés ! »
Après l’Afrique, c’est le service de la Recherche de l’ORTF et ensuite les longues années à l’INA, l’institut national de l’audiovisuel, où elle se passionnera et se désespèrera tout autant pour les destins de la télévision. Un sujet pourtant méprisé à l’époque par les intellectuels.
Et quand a sonné le gong de la retraite, tenace, elle s’est investie encore dans l’association Chrétiens Médias pour défendre l’image de l’Église dans les médias…
J’ai beaucoup discuté avec Martine qui se trouvait, comme toujours, du côté de la réflexion et des concepts, alors que j’étais moi-même à la télévision, les mains dans le cambouis. Elle a toujours pris très au sérieux son rôle de grande sœur, chargée de confronter les plus jeunes à des points de vue différents.
Chef de file dans bien des domaines, cette discuteuse infatigable est la première de nous sept à disparaitre.
Elle part en éclaireuse sur le chemin mystérieux qu’il nous faudra bien explorer à notre tour. Elle nous a ouvert la voie avec un courage exemplaire.
Décidés à l’accompagner jusqu’au bout, nous lui avons donné, ces dernières années, tout le temps possible et nous lui sommes reconnaissants de nous avoir fait vivre cette expérience d’une immense fragilité associée à une très grande force.
J’ai moi-même suivi ses questionnements, ses réflexions autour de la solitude, de la dépendance, autour de la foi et de la mort, et participé à ce cheminement vers la fin, acceptant son injonction, reprise d’un de ses discours d’anniversaire : le temps qui compte n’est pas celui qui passe, c’est le temps qui vient.

Martine RM

Par Marianne G.
Martine était une personnalité exceptionnelle, engagée à Saint-Merry.
Martine, c’était d’abord une femme de haute intelligence, une grande lectrice se tenant très au fait de l’actualité, aimant l’histoire et la littérature.
Marquée par son enfance en Egypte, elle aimait l’Afrique et avait une fenêtre ouverte sur le monde.
Son éducation et sa formation l’avaient dotée d’une brillante capacité d’analyse et elle pouvait impressionner, dans les assemblées générales de Saint-Merry, par sa pensée vaste et précise, dégageant rapidement les enjeux et les problèmes d’une situation.
Martine, c’était aussi une femme d’action, engagée, fiable et efficace. Elle a largement fait profiter la communauté de ses qualités, que ce soit bien sûr pendant son mandat à l’équipe pastorale, mais aussi par la tenue du journal mural, sa participation à la commission partage, à la création du Réseau Chrétien Immigrés, aux expositions, et en maintes occasions communautaires.
Avec tout cela, Martine, c’était une bonne vivante, sportive, alerte, coquette, gourmande, dotée d’un solide appétit qu’elle a conservé jusqu’à la fin de sa vie. Et une femme ayant l’art de la conversation, s’intéressant à ses interlocuteurs, à leurs centres d’intérêt comme à leur histoire personnelle et à leurs goûts.
Mais ce portrait serait bien incomplet et bien terne si je ne parlais pas de sa très grande spiritualité.
J’ai connu Martine dans un groupe de lectures théologiques, créé pour faire suite au catéchuménat de Saint-Merry. Pendant plus de trente ans, nous étions huit à nous réunir une fois par mois autour d’un livre de théologie étudié chapitre par chapitre puis autour d’un repas chaleureux.
Martine avait une foi chevillée au corps, mais une foi toujours en recherche et en cheminement, sans aucun renoncement à l’intelligence, une foi qu’elle vivait en toute authenticité, avec ses doutes et ses questionnements parfois majeurs mais avec une soif toujours active de connaissance et d’approfondissement des textes et de leurs interprétations.
Martine, cherchant à lire l’Evangile dans sa vie, dans ses rencontres, cherchant à traduire sa foi en actes.
Elle disait avoir vécu une révolution copernicienne et avoir accueilli comme un vrai ressourcement la théologie qui affirme l’amour premier de Dieu; amour qui, reçu et vécu, donne la force et l’élan d’une réponse du chrétien dans sa vie. Et j’ai vu Martine vivre cela de plus en plus profondément. Martine, exigeante envers elle-même, et pleine de scrupules, à la fois sûre d’elle-même dans de nombreux domaines et pleine d’humilité quant à sa valeur.
Martine, relevant toujours les qualités et les bons côtés des êtres, se refusant aux critiques faciles les uns des autres; Martine, soucieuse de l’étranger, aimante et attentionnée pour ses proches. Martine, fidèle à sa famille et ouverte à des amitiés très diverses, ayant tissé des liens personnels et précieux avec tant de personnes ! Martine, parlant vrai, avec de vraies opinions mais toujours pleine de délicatesse avec ses interlocuteurs.
A la fin de sa vie, depuis quelques années atteinte d’une maladie de Parkinson et d’une grave pathologie pulmonaire, elle n’avait aucune plainte, jamais.
Il y a deux ans, elle a cru mourir et s’est préparée pendant des semaines à la mort : cherchant des textes, un prêtre, affrontant cette réalité avec la lucidité et le sang-froid qu’on lui connaît. Mais au bout de ce temps, elle a jugé vaine et stérile cette attention à la mort, et a opté avec vigueur pour la vie !
Martine, s’affaiblissant physiquement, mais prenant tant de plaisir aux visites de sa famille et de ses amis, restant soignée et coquette, et donnant toute son attention: aux joies et aux soucis des autres, à l’actualité, aux tribulations de Saint-Merry Hors-les-Murs, et pensant à offrir un chocolat, un apéritif…
Martine, frêle et faible, ne pouvant se déplacer sans son déambulateur mais nous accueillant elle-même, debout et souriante. Martine acharnée à venir aux célébrations dans cette église de Notre-Dame d’Espérance pourtant éloignée de chez elle.
Certes, ce sont-là des qualités humaines mais, dans sa foi, pour ceux qui sont sensibles à cet aspect, Martine n’était plus qu’un “oui” intense à la vie, un “oui” à Dieu, sa source et nous partagions cela dans le silence de nos gestes, dans la luminosité extraordinairement joyeuse de son regard.

Chant : Souffle imprévisible

Souffle imprévisible,
Esprit de Dieu
Vent qui fait revivre,
Esprit de Dieu,
Souffle de tempête,
Esprit de Dieu,
Ouvre nos fenêtres,
Esprit de Dieu !

Esprit de vérité,
brise du Seigneur,
Esprit de liberté,

passe dans nos cœurs !
Esprit de vérité,

brise du Seigneur,
Esprit de liberté,

passe dans nos cœurs !

Source de sagesse,
Esprit de Dieu,
Puits de la tendresse,
Esprit de Dieu,
Source pour ton peuple,
Esprit de Dieu,
Coule en nos demeures,
Esprit de Dieu !

Vent de Pentecôte,
Esprit de Dieu,
Force des Apôtres,
Esprit de Dieu,
Vent que rien n’arrête,
Esprit de Dieu,
Parle en tes prophètes,
Esprit de Dieu !

Rite de la lumière autour de Martine

Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père, Saint et Bienheureux Jésus-Christ !

Photo Thays Orrico sur Unsplash

Temps de la Parole

Là où l’esprit est sans crainte et où la tête est haut portée
Là où la connaissance est libre
Là où le monde n’a pas été morcelé entre d’étroites parois mitoyennes
Là où les mots émanent des profondeur de la sincérité
Là où l’effort infatigué tend les bras vers la perfection
Là où le clair courant de la raison ne s’est pas mortellement égaré dans l’aride et morne désert de la coutume
Là où l’esprit guidé par toi s’avance dans l’élargissement continu de la pensée et de l’action
Dans ce paradis de liberté, mon Père, permets que ma patrie s’éveille.

J’ai reçu mon invitation pour le festival de ce monde, et ainsi ma vie a été bénie.
Mes yeux ont vu et mes oreilles ont entendu.
C’était ma part à cette fête, de jouer de mon instrument, et j’ai fait tout ce que j’ai pu.
Maintenant, je le demande, le temps est-il venu enfin, où je puisse entrer,
voir ta face et t’offrir ma salutation silencieuse ?

Textes de Rabindranath Tagore

Alléluia irlandais

Alléluia, Alléluia, Alléluia, Alléluia

Evangile de Jésus-Christ selon Luc, 19, 1-10 : Zachée

Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville.
Et voici un homme appelé du nom de Zachée ; c’était un chef de publicains, et qui était riche.
Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là.
Arrivé en cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit :
« Zachée, descend vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi. »
Et vite, il descendit et le reçut avec joie.
Ce que voyant, tous murmuraient et disaient : « Il est allé loger chez un homme pécheur ! »
Mais Zachée, debout, dit au Seigneur : « Voici, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai extorqué quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »
Et Jésus lui dit : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Le Christ et Zachée, Vitrail, ~1500-1510, Nord des Pays-Bas – Cloisters Collection – Metropolitan Museum NY

Résonance

Zachée monte sur l’arbre pour voir Jésus
Il est curieux de voir cet homme suivi par des foules
Il espère ainsi identifier et comprendre ce qui attire tellement chez Jésus.

Et voilà qu’il est complétement pris au dépourvu
Surpris, désarmé, bouleversé.

Jésus s’arrête au milieu de la foule, regarde Zachée installé en haut de l’arbre et lui dit :
Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi : l’observateur devient observé
Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi : l’accueillant devient accueilli
Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi : l’attente devient inattendu

Martine nous a témoigné, comme Zachée, de ce même bouleversement
Forte d’une rationalité sans faille, elle cherchait Dieu d’abord avec cette même logique
Mais comme Zachée, elle s’est entendue dire :
Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi

Martine s’est laissée inviter chez elle par Dieu
Et nous a ainsi montré ce mystère incroyable
De la rencontre entre la raison et la déraison
Entre la maîtrise et la démaîtrise
Entre la pensée logique et la folie de la foi
Entre le regard distant et l’intime proximité
Entre l’analyse objective et le souffle poétique
Entre le jugement lucide et l’accueil inconditionnel
Entre la résistance et le désarmement

Martine s’est laissée inviter chez elle par Dieu
Elle s’est laissée atteindre et travailler
par un doute poignant et permanent
Tout en se laissant prendre et transformer
par une confiance saisissante et grandissante

Martine, comme Zachée, nous révèle
Cette expérience radicale de la transcendance
Du plus grand que nous
Qui nous porte et nous dépasse
Qui nous place et nous déplace
Qui nous délie et nous relie

Femme libre
Elle s’est laissée regarder, habiter, et libérer
Par celui qui apparaît toujours là où l’on ne l’attend pas…

Et elle continue aujourd’hui à nous inviter
À entendre et nous laisser prendre par cette voix qui nous dit :
Descends vite, aujourd’hui je viens demeurer chez toi.

Elena L.

Chant : N’aie pas peur

N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ,
Laisse-toi regarder, car il t’aime. (bis)

Il a posé sur moi son regard, un regard plein de tendresse,
Il a posé sur moi son regard, un regard long de promesse.

Il a posé sur moi son regard, et m’a dit « Viens et suis-moi »,
Il a posé sur moi son regard, et m’a dit « Viens, ne crains pas ».

Il a posé sur moi son regard, et ses yeux en disaient long ?
Il a posé sur moi son regard, c’était celui du pardon.

Prière universelle

Martine a pu largement disposer des soins qui lui étaient nécessaires, grâce aux personnels des hôpitaux, de la médecine de ville, du réseau Ensemble, grâce à ses assistants de vie sans lesquels son maintien à domicile, jusqu’au bout, eût été impensable. Merci pour elle, Seigneur !
Donne la sagesse, Seigneur, au législateur pour légiférer, au gouvernement pour allouer les budgets qui conviennent ; donne aux professionnels le cœur de voir dans leurs patients les personnes en souffrance, aux assistants de vie et aux familles le discernement pour accompagner les malades… nous t’en prions ! /R

Pour les hommes et pour les femmes
Pour les enfants de la terre,
Ton Église qui t’acclame,
Vient te confier sa prière.


Martine, célibataire au sein d’une famille nombreuse, a su trouver sa place à travers les générations.
Elle a pu aussi constituer d’autres familles, où s’ouvraient les cœurs largement : avec de nombreux africains devenus des amis ; elle a vécu une vraie amitié en même temps qu’une profonde réflexion sur la vie en église à travers Saint-Merry.
Donne, Seigneur, à chacun l’occasion de liens fraternels et bienveillants, et donne aux familles la grâce d’élargir la fraternité aux dimensions du monde.
Seigneur, nous t’en prions / R

Martine a voulu défendre avec constance la cause des personnes en situation de détresse, notamment les immigrés, les sans-papiers, les femmes exploitées.
Accompagne-nous, Seigneur, dans le sillage de Martine, afin que nous soyons attentifs aux personnes en souffrance et plus particulièrement à celles qui sont en marge de la société.
Seigneur, nous t’en prions. /R

Martine nous a dit comment, dans le cheminement de sa foi, elle avait un jour pris intimement conscience de l’amour de Dieu pour elle et que cette expérience avait été déterminante dans sa vie.
Nous t’en prions, Seigneur, accompagne-nous dans nos recherches de sens, accompagne-nous dans la compréhension de ta parole, accompagne-nous quand nous traversons le désert et la nuit, notamment à cause de notre Église en pleine tourmente. /R

Prière eucharistique

Vraiment il est bon pour nous tous de t’offrir Dieu éternel, en ce jour, notre action de grâce par le Christ notre Seigneur.
Nous sommes heureux de nous retrouver, nous avons répondu à ton invitation, nous avons quitté nos activités, pour être ensemble unis à la famille et aux amis de Martine afin de partager la Parole et le pain.
Elle était ici, avec nous, lors de la dernière célébration de notre communauté le jour de l’épiphanie, le mois dernier. Nous sommes les uns et les autres ce matin triste et heureux. Triste car elle n’est plus parmi nous, son absence nous fait mal… Elle a été à l’écoute de tant d’entre nous, attentive aux appels du monde proche comme lointain. En cela elle était une amie de Jésus ton Fils. Elle nous invite à poursuivre la route à ne pas baisser les bras face aux défis de notre monde, elle nous invite à être en éveil, à chercher toutes les voies possibles au service de la Paix que tu veux pour le monde.
Comme Zachée dans l’évangile elle fait partie de la longue lignée des chercheurs, elle a été heureuse de recevoir Jésus dans sa vie. Nous partageons ici, ce matin, sa joie.
Entrainée par elle et par toutes celles et ceux qui ont guidé nos pas vers la Vie, nous partageons nos chants de louange avec la multitude des saints, nous célébrons ton amour toi le Dieu très Saint.

Hosanna, Hosanna, Hosanna au plus haut des cieux !
Saint, saint, saint, le Seigneur Dieu de l’univers.
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna, Hosanna, Hosanna au plus haut des cieux !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Vraiment, tu es saint et digne de louange, Dieu qui aimes tes enfants, toi qui es toujours avec eux sur les chemins de cette vie. Vraiment, ton Fils, Jésus, est béni, lui qui se tient au milieu de nous, quand nous sommes réunis en son nom.
Avec Martine nous nous sommes très souvent réunis en son nom, les dimanches à St Merry pour célébrer la résurrection de ton Fils mais aussi en bien d’autres occasions. Nous avons partagé ta Parole, nous avons relu les événements du monde pour y trouver les signes de ton Esprit, la force de la Vie.

Père très bon, nous t’en prions, envoie ton Esprit Saint afin qu’il sanctifie nos offrandes : que ce pain et ce vin deviennent pour nous le corps et le sang du Christ, notre Seigneur.

La veille de sa Passion, la nuit de la dernière Cène, il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant :
« Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. »

De même, à la fin du repas, il prit la coupe ; de nouveau il rendit grâce, et la donna à ses disciples, en disant :
« Prenez, et buvez-en tous : car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi. »

Gloire à toi qui étais mort, Gloire à toi, Jésus,
Gloire à Toi qui es vivant, Gloire à Toi !
Gloire à Toi ressuscité, viens revivre en nous
Aujourd’hui et jusqu’au dernier jour.

Voilà pourquoi, Père très saint, faisant ici mémoire de la Pâque de ton Fils, nous annonçons ton œuvre d’amour, ton projet d’un monde ou l’esprit est sans crainte, un monde sans parois qui séparent les êtres, un monde où les mots émanent des profondeurs de la sincérité, un monde de l’élargissement de la pensée, comme chante Tagore. Ce projet de monde nouveau a été porté par les prophètes, incarné en ton Fils Jésus.
Regarde avec bonté Seigneur l’offrande que nous apportons aujourd’hui et que nous avons déposé sur cette table. Ce pain et ce vin représente l’ensemble de nos travaux de nos recherches, de notre espérance partagée avec Martine. Nous t’offrons Seigneur ce qui nous vient de toi. Nous allons partager ce pain, présence de Jésus au cœur de notre communauté, au cœur de ton Église. Que la force de ton Esprit fasse de nous un seul corps.
Nous te prions pour ton Église qu’elle soit signe de ton amour en notre monde, en tous lieux. Fais là grandir dans la fidélité à l’évangile uni à notre évêque Laurent, à l’évêque de Rome, notre pape François. Il vient de traverser l’Afrique nous exhortant à construire une autre politique pour qu’enfin les peuples de ce continent soient respectés et puissent vivre dans la paix.
Martine, notre sœur, est partie juste avant que ses paroles résonnent de Kinshasa à Juba. Quelque part aujourd’hui, entrant dans la Vie, elle se réjouit de la force de l’évangile qui interpelle en tout point de notre monde. Nous te prions pour elle, elle a été baptisée dans la mort et la résurrection du Christ qu’elle trouve la lumière qu’elle a tout au long de sa vie patiemment cultivée. Nous te prions pour et avec toutes celles et ceux que nous avons connus et aimés :  donne-leur de contempler la clarté de ton visage et conduis-les, par la résurrection, à la plénitude de la vie.
Et lorsque prendra fin notre marche sur la terre, accueille-nous dans la demeure où nous vivrons près de toi pour toujours. En union avec Marie, avec les Apôtres, avec Zachée avec toutes les femmes et les hommes chez qui tu as établi ta demeure, nous pourrons alors te louer sans fin et magnifier ton nom par Jésus, le Christ, ton Fils bien-aimé.

Jean-Louis W.

Notre Père

Version Rimsky-Korsakov

La Paix

La paix, elle aura ton visage
La paix, elle aura tous les âges.
La paix sera toi, sera moi, sera nous,
Et la paix sera chacun de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous.
Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, donne-nous la paix.

Adieu

Témoignages

Martine, mon amie depuis si longtemps, ce matin je ne suis pas là pour bénir ton corps. Mais, avec tous ceux qui t’ont aimée, je bénis la vie féconde qui a été la tienne. Je bénis l’affection que nous nous sommes donnée, les petits et grands bonheurs que nous avons partagés, les discussions toujours renouvelées que nous n’avons cessé d’avoir, sur nos vies, différentes et semblables, sur la mort. Dieu n’était pas loin, le Seigneur de la vie dont tu savais qu’il t’accueillerait. Tu es allée vers la réponse : nous sommes encore à nous interroger.

Les bancs de Sciences Po, où ta rigueur et ta perspicacité sur les relations internationales commençaient déjà à m’impressionner, la générosité avec laquelle tu as suivi ma vie de famille (tu étais la marraine de Philippe), les marches en montagne (plus que les bains de mer !), les vaisselles des jours de vacances paresseusement accumulées et effectuées, en chantant bien sûr. Tu as aussi piloté « Vercingétorix » où, à douze amis, nous analysions, en toute liberté et donc avec pas mal de divergences, des évènements politiques, sociaux…au gré de l’actualité, tu n’y lâchais rien de ton engagement à Saint-Merry, ni de tes convictions, par exemple sur l’accueil des migrants. C’est aussi grâce à toi et à Jesús Asurmendi que Dominique a pu avoir les obsèques souhaitées en l’église de Saint Merry, qui n’est plus en mesure de t’accueillir…matériellement.

Martine, ces quelques évocations sont bien mal ajustées à la femme que tu fus, de désir et de présence aux autres. Pour la force vitale qui t’a animée jusqu’au bout, merci. Et maintenant, à la suite de Saint Augustin, je te vois  dire avec le  sourire de tes yeux et à chacun de nous : « Essuie tes larmes et ne pleure plus…si tu m’aimes » !

Françoise M.

Poème en alexandrin de ses neveux et nièces

(écrit pour son 80e anniversaire)

A mon retour d’Egypte, j’avais alors quinze ans,
J’ai habité chez toi, chèr’ Martin’, rue Malher ;
Avec j’ai parlé des choses de la vie,
Tu m’avais chouchoutée, tu étais élégante,
J’écoutais du Brassens et j’étais bien chez toi.

Si je passe à Paris, je peux te l’assurer,
Martin’ guide mes choix de spectacles et musées.
Une’ visite chez elle’ ne peut se terminer
Sans aller savourer une’ séance’ de ciné.
Pour souvent découvrir et le monde et les gens.

Une discussion sérieuse’ entre deux galopades,
Intermède’ délicat aux jeux fous de La Cour,
M’emmena pour un temps entre Athènes et Bagdad
Où Martine ma tante éveilla un amour.

Une’ discussion sérieuse’, suivie de beaucoup d’autres :
A Paris, en Toscane’, demain encore ailleurs,
Du monde compliqué tu es toujours l’apôtre,
Dressant ainsi la carte’ d’un avenir meilleur.

Martine m’a appris le temps de la raison,
Ces discussions sérieuses’ sont devenues passion.

Un bon cru de Bordeau pour cadeau de naissance
Fut ton accueil coquin de notre descendance,
Ainsi rapidement son opinion fut faite :
Martine boit du vin et aime faire la fête !

Ta profonde culture et ton esprit brillant
Chez tes neveux et nièces’ suscitent’ émerveillement ;
Les avis des évêques et des institutions
Ne modifient en rien tes propres opinions.
Tu aimes argumenter et puis te raviser,
Débattre’, évoluer et puis changer d’idée !

Le mariage pour tous est une illustration
De cet esprit agile’ que tous nous apprécions !

Les repas chez Martine sont comme un vrai rituel,
Un échange’ de nouvelles, une revue Culture,
Et parfois même’ un examen intellectuel.

Quand j’effleure un sujet, Martine approfondit ;
Je mentionne une amie qui se dit assyrienne,
ET nous voilà plongés dans l’encyclopédie
Pour retracer l’histoire d’une Eglise chrétienne.

A un moment ou l’autre’ de la conversation,
Inévitablement vient bientôt la question :
” Ah bon, tu n’las pas lu ? “, et je repars avec
Quelques pièces choisies de sa bibliothèque.

Chez Martine j’apprends, je deviens plus curieux,
Un peu plus exigeant et j’en suis bien heureux.

Chant : Trouver dans ma vie ta présence

Trouver dans ma vie ta présence,
Tenir une lampe allumée,
Choisir d’habiter la confiance,
Aimer et se savoir aimé.

1. Croiser ton regard dans le doute,
Brûler à l’écho de ta voix,
Rester pour le pain de la route,
Savoir reconnaître ton pas.

2. Brûler quand le feu devient cendre,
Partir vers celui qui attend,
Choisir de donner sans reprendre,
Fêter le retour d’un enfant.

3. Ouvrir quand tu frappes à ma porte,
Briser les verrous de la peur,
Savoir tout ce que tu m’apportes,
Rester et devenir veilleur.

Deux jours avant ton décès tu étais encore partie prenante de notre communauté St Merry en voulant apporter ton témoignage sur le récit de ses longues années.
Tu as été tenace et nous relançais, sentant l’urgence.
Tu nous as quittés, comme tu l’as souhaité, battante, consciente et en lien avec chacun de nous si différents.

Thérèse G.

Chant : Down to the river to pray

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the starry crown
Good Lord, show me the way !

O sisters let’s go down,
Let’s go down, come on down,
O sisters let’s go down,
Down in the river to pray.

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the robe and crown
Good Lord, show me the way !

O brothers let’s go down,
Let’s go down, come on down,
Come on brothers let’s go down,
Down in the river to pray.

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the starry crown
Good Lord, show me the way !

O fathers let’s go down,
Let’s go down, come on down,
O fathers let’s go down,
Down in the river to pray.

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the robe and crown
Good Lord, show me the way !

O mothers let’s go down,
Let’s go down, don’t you want to go down,
Come on mothers let’s go down,
Down in the river to pray.

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the starry crown
Good Lord, show me the way !

O sinners let’s go down,
Let’s go down, come on down,
O sinners let’s go down,
Down in the river to pray.

As I went down in the river to pray
Studying about that good old way
And who shall wear the robe and crown
Good Lord, show me the way !

Avant la bénédiction finale

Martine savait se tenir proche du chagrin des autres.
Elle n’essayait pas de consoler avec des mots, elle qui pourtant n’en manquait pas !
Après la mort de celui que j’aimais, ses attentions discrètes et intuitives ont été pour moi le début d’un chemin.
J’en garderai toujours une reconnaissance infinie envers Martine. 

Renée-Noëlle V.

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