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Dimanche 12 mars 2023.  « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

Célébration eucharistique à Notre-Dame d’Espérance, avec l’évocation du 2ème anniversaire de Saint-Merry Hors-les-Murs sur le thème : « Comment rendre plus vivante l’Église de demain : blocages ou opportunités ? »

Accueil

Grande joie de se retrouver toutes et tous ce soir.
Bienvenue tout spécialement aux amis de Notre-Dame d’Espérance qui nous accueillent à nouveau, aux personnes qui rejoignent, pour la première fois, Saint-Merry Hors-les-Murs.
Le moment de la célébration est toujours un moment particulier. Nous voici invités à accueillir une interrogation, parfois blessée ou exigeante, partagée par beaucoup en ces jours, tant en France qu’à travers le monde : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? ».

Engin Akyurt Unsplash
Photo Engin Akyurt sur Unsplash

Moment également particulier car voici deux ans que la communauté devenait nomade. Elle est invitée à accueillir les lueurs de l’Église demain. Nous avons demandé à deux amis, à la fois proches et extérieurs à la communauté, d’ouvrir avec nous cet avenir en nous partageant quelques convictions pour construire une Église toujours plus vivante. Merci à Anne Soupa et Nicolas de Bremond d’Ars.

Guy A.

Deux ans de Saint-Merry Hors-les-Murs : intervention d’Anne Soupa

Que devons-nous faire ? 
Question vieille comme le monde, lancinante, et urgente. 
D’abord, il convient de savoir où nous nous situons pour y répondre.
En effet, il existe plusieurs niveaux de réponse. 

1/ Le premier est de regarder avec effroi l’institution s’enfoncer. 
Oui, elle s’enfonce. Depuis octobre 2021, aucune annonce de réforme profonde n’est venue, et la liste des scandales s’allonge. L’institution se serait-elle résignée à sa chute ? 

  • Faut-il attendre le synode comme on nous y invite ? 
    Attendre octobre 2023, puis octobre 24 ? C’est long, quand les églises se vident. Peut-on faire confiance à ce synode ? Les propos du pape de ces jours derniers questionnent. Renvoyer dos à dos l’impérialisme russe et l’impérialisme américain revient simplement à méconnaître l’agression russe et à cautionner le déni des droits humains qu’elle pratique tous les jours. En conséquence, pouvons-nous nous fier au discernement du pape ? Ne devons-nous pas craindre que l’issue de ce troisième synode ne soit pas plus claire que celles des deux précédents ? 
  • Faudrait-il alors prendre en main ce que fait l’institution et se préparer à « faire le job » ?
    Après tout, les églises, elles sont à nous, qui les avons payées. Pas si simple… Il ne suffit pas de « copier ». Ce n’est pas parce que le corps des prêtres est moribond qu’il faudrait tout simplement, prendre sa place. Le vouloir serait ignorer que le déclin de ce ministère est dû à de profondes mutations de nos sociétés. Combien d’entre nous voudraient être prêtres à la manière actuelle ? Bien peu de monde. Je dois m’écouter quand je dis que je ne veux pas être prêtre. Et quand un énième journaliste me demande : « Alors, vous voulez être prêtre ? » Je réponds que je ne souhaite pas que l’on ordonne des femmes prêtres. Si on affecte des femmes à un job en crise, on ne réglera rien. Les pantoufles de mes prédécesseurs sont usées jusqu’à la corde, je n’y mettrai pas mes pieds. Je vis autrement, et je vis en 2023. 

Alors, si nous ne voulons pas de l’institution dans son état actuel, nous devons,
par simple prudence, nous demander si nous acceptons la succession.
La question préalable est celle-ci : de quelle Église avons-nous besoin ? 

Avons-nous besoin de ministres sacralisés, dont le statut « à part »,
invalide en bonne part leur parole ?
En effet, qui écoute aujourd’hui un prêtre qui parle de sexualité ? 
Avons-nous besoin d’autant de sacrements,
et avons-nous besoin des mêmes que maintenant ?
Avons-nous besoin d’un tribunal canonique ? 
Avons-nous besoin d’autant d’églises ? 
Et si nous ne voulons pas tout, aurons-nous la faculté de faire le tri ? 

Dans ce vaste inventaire, une précaution essentielle s’impose : nous méfier des effets de miroir, nous méfier d’un cléricalisme inversé. Nous voulons souvent ce que nous n’avons pas, mais que l’autre possède déjà. Or, la maison dont nous hériterons n’est pas un musée, elle doit être vivante. Il faut pouvoir l’habiter et s’y sentir bien. 

2/ Imaginons que cet inventaire de succession soit bien mené, et demandons-nous alors quel est le job que l’on attend de nous ? C’est le second niveau de réponse, et c’est le plus important. 

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Anne Soupa 12 mars 2023. Photo Claire S.

Matthieu nous rapporte que Jésus s’est posé la question quand, presque au début de son ministère, il voit les foules lasses et prostrées : « Jésus eut pitié de ces gens las et prostrés comme des brebis sans berger » (9, 36). 
Quelles sont cette lassitude et cette prostration dans laquelle nous verrions plongés nos contemporains ? Je crois que c’est une crise profonde de l’espérance, ou du sens, ce qui revient plus ou moins au même. 
Aujourd’hui, nos contemporains n’espèrent rien, car ils ne pensent pas avoir d’avenir au-delà de leur mort corporelle. La mort est devenue le terme de tout, la résurrection est une gentille fable, la fin des temps une catastrophe annoncée, l’au-delà une chimère. Et nous chrétiens, avons une responsabilité considérable dans l’affadissement de la foi en la résurrection, car nous partageons souvent la résignation ambiante. De fait il est rarement question de la résurrection dans les prêches ou les commentaires, ou les simples conversations entre nous. Nous, chrétiens, influencés par le positivisme du 19siècle, nous nous sommes laissés entraîner vers la question du « comment », de la résurrection, dont personne ne sait rien. Or, là n’est pas le sujet. 
Quand Marthe, accablée par la mort de son frère, entend de Jésus : « Je suis la résurrection », elle lui répond : « Je crois que tu es le Christ ». Elle dit sa foi, et elle en vit. La résurrection de son frère viendra par surcroît, sans qu’elle ne demande rien. 
De même, nous devons essayer de comprendre que notre foi en la résurrection s’enracine dans la foi au Christ « venu dans le monde », et présent ici auprès de nous. C’est d’ailleurs le thème que vous avez choisi pour ce dimanche. « Dieu est au milieu de nous ». 

Si Dieu est au milieu de nous, c’est le Dieu ressuscité et ressuscitant. 

Alors que devons-nous faire, devant ces foules prostrées et lasses ? Penser aux moyens, mais surtout à la fin. La fin, c’est qu’il existe un Royaume de Dieu déjà là et encore à venir, plus tard, demain, à la fin des temps… Que rapatrier ce Royaume ici-bas, le priver de sa profondeur inatteignable, c’est être poussé vers une perfection impossible et mortelle. Le discours des médias illustre bien la puissance du besoin de perfection qui sévit aujourd’hui. Perfection partout : à l’école, dans l’éducation que délivrent les parents et qui doit être sans faille, à l’hôpital, dans toutes gestions, celle d’une entreprise, d’une association, en politique où les gouvernants ne peuvent avoir le moindre défaut… Plus un seul événement qui n’ait son responsable, plus un drame qui ne soit dû à une faute. Une société de la sécurité absolue, mue par ce besoin de perfection est tyrannique ; elle culpabilise, terrorise, et finalement tue plus qu’elle ne fait vivre. 

La fin pour laquelle nous devons travailler, c’est l’avenir. 
Qu’il se rouvre pour nos frères et nos sœurs. L’avenir, c’est ce à quoi tout le monde a droit, même et surtout celui qui va mourir demain. Pour espérer ainsi, la solidarité est indispensable : je peux mourir, mais ma joie vient désormais de la vie des autres. Nous ne devons jamais oublier que nous sommes promis à la présence de Dieu parmi nous. Dieu oui, est au milieu de nous, même si nous ne le savons pas. C’est cette espérance que nous avons à rendre l’espérance à ceux qui ne l’ont pas, car il n’est pas de vie décente sans espérance. 

Que ce second anniversaire permette de voir que c’est une chance
pour Saint-Merry d’être tombé du nid, d’être devenu « Hors-les-Murs »,
car la communauté est ainsi plus à même de comprendre la crise actuelle
de l’espérance et elle se rapproche de ceux qui ont besoin de nous.  

Anne Soupa

Les défis qui nous attendent :
intervention-vidéo de Nicolas de Bremond d’Ars 


Chant : Au désert avec toi Jésus-Christ

1- Au désert avec toi, Jésus Christ,
Nous venons à l’appel de l’Esprit.
Quarante jours dans le silence
Nous entendrons chanter l’Alliance.
Tu parles au cœur et ta tendresse nous séduit.

AU DÉSERT AVEC TOI, JÉSUS CHRIST,
NOTRE PÂQUE AUJOURD’HUI S’ACCOMPLIT.




2- Au désert avec toi, Jésus Christ,
Nous voyons quel trésor est la vie.
Le feu qui brûle sous la cendre
Deviendra flamme incandescente.
Dans la prière au plus secret Dieu nous le dit.

3- Au désert avec toi, Jésus Christ,
Grandira notre soif d’infini.
Tu nous entraînes vers la Source
Où les vivants reprennent souffle.
Viens nous combler par les eaux vives de ton puits

Lecture du livre de l’Exode (Ex 17, 3-7)

En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif.
Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ?
Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? »
Moïse cria vers le Seigneur :
« Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! »
Le Seigneur dit à Moïse :
« Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël,
prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va !
Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb.
Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! »
Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Épreuve) et Mériba
(c’est-à-dire : Querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle
au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant :
« Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

Acclamation de l’évangile

Donne-nous de goûter ta Parole, gloire et louange à toi !        
Qu’elle éclaire aujourd’hui notre route, gloire et louange à toi !
Que nos cœurs à ta voix se réveillent, gloire et louange à toi !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 4, 5-42)

Angelika Kauffmann, Jésus et la Samaritaine au puits, 1796, Neue Pinakothek, Munich

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie,
appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob.
Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? »
En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit :
« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit :
« Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit :
« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai
n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit :
« Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »

\\\     CHEMIN – SOIF – DON DE DIEU    ///

Jésus lui dit :
« Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua :
« Je n’ai pas de mari. »
Jésus reprit :
« Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit :
« Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit :
« Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem
pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit :
« Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit :
« Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.

\\\    MORALE IGNORÉE – AU-DELÀ DES LIEUX – PAROLE    ///

Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux :
« Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit :
« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,  le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’ Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce  que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme :
« Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

\\\     SE DÉPLACER – DEMEURER     ///


Chant : Si tu savais le don de Dieu (R. Lebel)

Saint-Merry-la-fontaine-Stravinskij-20
Fontaine Stravinsky, Paris

Si tu savais le don de Dieu, tu puiserais aux sources vives
Et tu n’aurais d’autres paroles
que Jésus fils de Dieu marchant sur nos chemins.
SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU !

Si tu savais le don de Dieu, tu puiserais aux sources vives
Et tu n’aurais d’autre partage
que la table du pain donné jusqu’à la mort.
SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU !

Si tu savais le don de Dieu, tu puiserais aux sources vives
Et tu n’aurais d’autre fontaine
que le sang et cette eau jaillis de l’homme en croix.
SI TU SAVAIS LE DON DE DIEU !

Présentation des offrandes

Tu es béni, Dieu de l’univers nous avons reçu de ta bonté le pain. Un pain pour la route, simple et nourrissant…
Nous oublions qu’il nous est donné, comme ton peuple au désert nous sommes bien souvent tentés de regretter la douceur de l’Égypte, le confort de nos vies installées…
Ce pain des traversées que tu nous donnes nous te le présentons aujourd’hui.
Il est le fruit de nos travaux, de nos quêtes, de nos rencontres ;
il deviendra pour nous le pain de la vie
Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’univers : nous avons reçu de ta bonté le vin. Nous avons soif, soif d’eau nécessaire lors des montées sur tous les chemins de nos vies. Nous aimerions, à la demande de Jésus ton Fils, en puiser afin de toujours entendre sa parole, ta Parole, afin de ne plus avoir jamais soif ! Sur la table, désaltéré par l’eau de la vie, tu nous offres une coupe de vin, pour y ajouter l’éclat de la fête. Ce vin est le fruit de la vigne, du soleil, des travaux de toutes et tous ici présents ; il deviendra pour nous le vin de la fête éternelle. 

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Photo James Coleman sur Unsplash

Préface

Vraiment il est juste et bon pour ta gloire, pour nous tous de chanter notre action de grâce à toi Seigneur Dieu éternel et tout puissant. 
Nous sommes heureux de nous retrouver ce soir en cette église, voilà deux années que notre communauté poursuit son chemin à la suite de ton Fils. Comme jadis pour ton peuple au désert, la route n’a pas été facile, que de fois nous avons crié, nous aurions tant aimé retrouver le lieu, le climat que nous avons été contraints d’abandonner. Qu’ils étaient bons les oignons et les douceurs de l’Égypte ! Pour nous, c’était le rendez-vous hebdomadaire pour le partage de la parole et du pain, au son de l’orgue et des chants, la beauté des voûtes et des œuvres d’aujourd’hui qui entraient en tension et en communion, les échanges dans des groupes qui se faisaient ou se défaisaient au bon vouloir des questions des uns et des autres, c’étaient aussi les querelles et les retrouvailles – la vie quoi ! Deux années sans tout cela, c’est beaucoup pour certains d’entre nous et c’est si peu au regard des quarante ans de ton peuple au désert ! Nous savons concrètement qu’il faut du temps pour vivre la libération. Pour cette expérience singulière et unique nous voulons aujourd’hui te remercier, Seigneur notre Dieu. L’attachement à ta Parole, à l’Évangile est éprouvé et en même temps vivifié. Tu es, pour nous, le Dieu de la Vie, ta question en plein désert résonne en chacun de nous « Le Seigneur est au milieu de nous oui ou non ? » Ce temps de carême nous est offert pour permettre à chacune et chacun d’accueillir la question et d’oser des gestes, à la suite de Moïse, faire jaillir l’eau des possibles. C’est pourquoi avec les anges, les saints de tous les temps nous unissions nos voix pour chanter que tu es saint.

Osons être l’Église de Jésus-Christ. Le Seigneur nous appelle !

Jean-Louis W.

Prière eucharistique

Tu es vraiment Saint Dieu de l’univers, tu as créé l’homme à ton image, tu lui confies le monde pour qu’il le rende toujours plus beau. Comme nous avons du mal à poursuivre ton chemin créateur ! Les situations de conflits se multiplient, tant de peuples, que tu souhaites voir s’épanouir, souffrent et meurent… Tu ne nous abandonnes pas pour autant. Des signes d’amitié se multiplient, dans nos pays, des milliers de gestes, d’innovations se mettent en place pour tenter de réduire les effets de la crise climatique, des chaînes de solidarité se sont déployées pour soutenir les victimes des tremblements de terre en Turquie et en Syrie, des portes s’ouvrent pour accueillir les migrants, notre pape François a écouté, a prononcé des paroles fortes en Afrique, interrogeant la pratique de nos états ; des voix, au péril de leur vie, appellent la paix en Russie… 
En cela, nous nous souvenons de ton alliance. Par-delà les trahisons des hommes, tu as suscité des prophètes au sein de ton Peuple pour montrer le chemin de la Vie. Tu appelles sans cesse à agir pour ouvrir des voies nouvelles, là où tout semblait perdu. Tu es le Dieu des possibles.
À ces appels, nous avons souvent envie de récriminer comme le peuple au désert. Pourquoi Seigneur, pourquoi la faim, la soif, pourquoi le chemin est-il si dur ?… Comme Moïse, nous avons envie de crier « Que vais-je faire ? »

Tu entends notre peine et tu nous encourages.
Tu as tellement aimé le monde que tu as partagé notre vie et nos questions
en Jésus ton Fils.
Il a connu la fatigue des longues journées sur les chemins de Palestine,
il a vécu une vie simple.
En proie à la soif, au bord d’un puits, il discute avec la femme de Samarie ;
il a besoin d’elle et elle découvre qu’elle a besoin de lui.
Son regard, sans jugement aucun, est tendresse.
Un simple échange, à l’occasion d’un verre d’eau, permet à la vie de jaillir ;
les conflits entre Samaritains et Juifs n’ont plus de sens ; tout est renversé.
Par cette rencontre toute simple, tu te dévoiles comme un Dieu Père de toutes et de tous, présent en tous points du monde.

Jésus et la Samaritaine selon Géréd Garouste (2020) et Noël Coypel (1683)
Jésus et la Samaritaine selon Gérard Garouste (2020) et Noël Nicoals Coypel (1683)

Tu nous appelles à rejoindre ton Fils sur les chemins de Samarie, ceux de notre monde d’aujourd’hui.  En cela, nous participons à la marche de Jésus vers la Pâque, nous gardons confiance car, dans ce passage de la mort à la vie, ton Fils, Jésus le Christ, nous a ouvert la voie de l’Esprit qui continue son œuvre dans le monde à travers nous… Que ce même Esprit Saint, nous t’en prions Seigneur, sanctifie les offrandes que nous avons apportées, qu’elles deviennent ainsi le corps et le sang de notre Seigneur Jésus, le Christ. 

Au cœur de la fête de la Pâque, rappelant que tu avais conduit ton peuple à travers le désert de l’oppression à la liberté, lors du repas avec ses amis, il prit le pain sur la table et après avoir prononcé des mots de bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon, corps livré pour vous ». De même, il prit la coupe remplie de vin, il rendit grâce pour tous tes bienfaits et la donna à ses amis en disant : « Prenez et buvez en tous car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle qui sera versée pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Il les encouragea à vivre ce partage en mémoire de lui.

Des hommes l’ont écouté,
l’histoire l’a crucifié,
l’amour nous l’a rendu,
tu es vivant Seigneur Jésus !

anamnèse

Seigneur notre Dieu, nous célébrons aujourd’hui encore ce mémorial qui nous rappelle que nous sommes toutes et tous appelés à la Vie. Nous t’offrons ce pain et ce vin, corps et sang de ton fils pour le salut du monde. 

Nous te demandons de nous accepter tous dans ton mouvement d’amour, que nous sachions vivre le chemin qui nous reste à accomplir en compagnes et compagnons de Jésus le Christ. Nous le savons proche de nous, seul à coté de chacun d’entre nous, il nous propose d’être au service les uns des autres. Nous nous engageons en partageant ce pain, aujourd’hui, à mettre concrètement en œuvre l’évangile dans le quotidien de nos vies. Pour que nous puissions vivre dans la joie, en serviteur de la bonne nouvelle, envoie sur nous tous ton Esprit, celui que Jésus nous a remis au cœur de sa Pâque.
Nous te prions pour ton Église, secouée par une crise forte, elle vit elle-même le temps du désert où tant de questions, de souffrances générées en son sein peuvent lui faire perdre la voie, la mission que tu lui traces : être signe en ton nom de bénédiction au cœur du monde. Nous te prions pour François, évêque de Rome, notre pape, il nous demande d’être au service de toutes et de tous en position d’écoute et d’accueil. Nous te prions pour Laurent, notre évêque, qui conduit cette mission sur le diocèse de Paris. Nous te prions pour notre communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs. Lors de ces deux ans hors de son lieu protecteur, un projet s’est affiné, partagé en fidélité à l’Évangile reçu. Qu’avec toutes les autres communautés d’Église elle puisse témoigner, au cœur de la ville, de ton amour Dieu notre Père de toutes et tous. 
Nous te prions pour le monde entier, pour toutes les femmes et les hommes que nous avons nommés dans la prière de ce jour et qui œuvrent au service des autres ici et sur les terres meurtries par la violence. 
Nous te prions pour toutes celles et ceux qui ont quitté cette vie qu’ils trouvent la paix définitive en toi. 
Accorde nous, Père très bon, de suivre ton chemin vers Pâques, de vivre sereinement le déplacement qui nous ouvre à la Vie éternelle. Nous suivons ce chemin avec tous les saints, avec Moïse, avec tous les apôtres, la samaritaine. Permets-nous de partager la joie des habitants de la Samarie et, comme eux, de pouvoir demeurer avec ton Fils Jésus. Par lui, nous pourrons alors, avec la création toute entière libérée de tout mal, te glorifier, toi qui donnes au monde toute grâce et tout bien. 

Jean-Louis Wathy

Autre prière au Père

Notre Père,
nous avons soif de ta Parole.
Réveille aussi la nôtre.
Mais es-tu au milieu de nous, oui ou non ?
Es-tu aux cieux, es-tu au creux,
dans nos temples,
au-devant de nous,
à notre source ?
Que ton Nom soit gardé de nos méprises.
Qu’il soit révélé.
Qu’il soit notre demeure et nous déplace,
nous tienne en chemin.
Donne-nous toujours de nous recevoir de toi
et la joie de nous donner.
Donne-nous aussi de permettre que tu œuvres au milieu de nous.
Pardonne-nous nos leçons de morale et tout ce qui fait si mal,
comme ce que nous avons du mal à pardonner.
Ne nous laisse pas tomber et délivre-nous tous du malheur.
Car c’est de toi que viennent les sources jaillissantes de la vie.
Maintenant et toujours.
Amen.

Alexandra N.

Chant : Ta voix devient parole (A. Cabantous – L. Boldrini)

1/ Si les bénis de ton alliance,
siècle après siècle ravivés,
de murmures en cris d’espérance,
tracent les chemins détournés.
ALORS TA VOIX DEVIENT PAROLE
DANS NOS DÉSERTS ET DANS NOS CIEUX.
NOUS LA PORTONS COMME ELLE NOUS PORTE
POUR ANNONCER LE TEMPS DE DIEU.

2/ Quand l’aujourd’hui de l’évangile
convie la houle des priants
à soutenir ce corps fragile
d’une Église en commencement.

3/ Si à la croisée des rencontres
et des attentes en devenir,
nous savons dire ta présence
et témoigner de ton désir.

Deux ans après : document distribué

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