Deux ans, même si c’est court dans le temps de l’Église, semblent déjà une éternité pour notre communauté qui se trouve privée du lieu dans lequel elle exerçait l’essentiel de ses activités et qui lui permettait de rayonner.
Voici deux ans que Mgr Aupetit a mis fin, après plus de 45 années d’existence, à la mission confiée par le cardinal Marty au Centre pastoral Saint-Merry pour inventer et expérimenter de nouvelles formes de présence d’Église au centre de Paris.
Il y a d’abord eu le temps de l’errance et du désarroi, dans lequel notre Communauté s’est cherchée, entre ceux qui souhaitaient continuer à prier dans l’église Saint-Merry, ceux qui ont rapidement pris l’habitude de se retrouver le dimanche matin en visio, et ceux qui ont recherché, de paroisse en paroisse, un lieu accueillant.
Nous nous sommes pris en main et la première tâche de la nouvelle équipe qui s’est constituée a été de maintenir l’unité de notre Communauté. Grâce à nos amis de Notre-Dame d’Espérance, nous avons pu trouver une église où célébrer une fois par mois.
Depuis deux ans, il y a l’épreuve du désert. Nous apprenons le manque, comme celui de ne pouvoir nous retrouver aussi souvent et aussi facilement que nous le voudrions ou celui de ne plus pouvoir mettre l’art au cœur de nos célébrations et de nos actions. Et comme le peuple juif durant l’Exode, il nous arrive de douter de la Terre promise que pourraient représenter une nouvelle mission et un nouveau lieu.
L’épreuve du désert, c’est aussi le temps des tentations et des faux prophètes : le rêve un peu vain d’un retour en arrière nous permettant de retrouver notre chère église Saint-Merry ; l’illusion de trouver un lieu disposant des mêmes caractéristiques pour y refaire ce que nous avons toujours fait, alors que nous sommes invités à nous renouveler ; le risque d’engager un grand nombre de nouveaux projets mais sans prendre le temps de mesurer nos forces, comme le bâtisseur de la tour prend le temps de s’asseoir avant de bâtir son ouvrage.
Mais c’est aussi dans ce dénuement du désert que nous pouvons apprécier la véritable richesse : Dieu n’est pas dans les vieilles pierres d’une église mais il est présent en chacune et chacun de nous et dans les rencontres que nous faisons. L’annonce de l’Évangile implique toujours de nous mettre en marche.
Depuis deux ans, nous faisons l’expérience que le chemin parcouru ensemble est plus important que la destination elle-même, surtout quand nous ne la connaissons pas.
- Dans cette marche, nous avons ouvert des chemins nouveaux autour du numérique : les rencontres autour de la Parole touchent un public renouvelé et permettent des échanges d’une grande profondeur ; les nombreuses réunions en visioconférence permettent de rassembler une Communauté dispersée de manière plus large que nous ne pouvions le faire dans les murs.
- Dans cette marche, nous découvrons de nouveaux compagnons de route et nous vivons de manière concrète la synodalité, dans notre réponse à l’appel du diocèse, dans la rencontre avec nombre de nos partenaires à Saint-Gabriel, en partageant Hiver Solidaire avec Notre-Dame d’Espérance, en célébrant avec toutes les communautés chrétiennes qui nous ont accueillis.
- Dans cette marche, nous avons toujours cherché à réfléchir et à accueillir la diversité du monde, et celle de notre Église. Pour donner consistance à cette recherche et porter l’Espérance de l’Évangile, nous avons adapté notre projet pastoral, en concertation avec notre vicaire général.
Prenons le temps de rendre grâce pour ces deux années de marche. Nous aimerions que l’espoir de la reconnaissance d’une mission, de l’attribution d’un lieu et de la nomination d’un prêtre accompagnateur puisse se concrétiser rapidement. N’oublions toutefois jamais que notre unique Espérance est dans le Christ et que c’est Lui qui nous accompagne sur notre route.
Pour l’équipe pastorale
Vincent Moreau