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Jeudi Saint 6 avril 2023. « Comme je vous ai aimés »

Nous sommes invités à aimer comme Jésus, qui se fait serviteur, en laissant tomber nos certitudes devenues servitudes. Savoir lâcher nos préjugés, larguer les amarres pour écouter et aller vers la vraie Vie. Savoir aimer, comme il nous aime !

Entrée en célébration

Bonjour à chacun de vous, que vous soyez des habitués ou pas de nos célébrations.
Merci à Notre-Dame des Anges qui nous accueille à nouveau, si fraternellement.
Le Jeudi Saint, nous commençons par un texte de l’Exode qui parait un peu barbare. Il nous parle de tuer l’aîné, de répandre du sang sur les portes, de quitter le pays où l’on vit.
Pour nous qui sommes dans un pays où tuer est de moins en moins justifiable, où la vie est assez confortable, pour la majorité d’entre nous qui profitons d’une « retraite si méritée », cette parole peut être difficile à entendre. Pourquoi aller vers le désert, cet inconnu qui fait si peur qu’il nous paralyse ?
Que nous dirait ce texte si nous imaginions, quelques instants, que l’agneau, pur et sans tache, que Dieu demande de sacrifier, représentait la perfection telle que nous nous la représentons et que nous voulons transmettre et conserver.
Dans l’Exode, il nous est proposé, à travers le peuple hébreu, de lâcher nos certitudes pour pouvoir aller vers la vraie Vie. Et la seule solution, nous est-il dit, est de quitter le système, de larguer les amarres. Mais qu’elles sont solides ces amarres !
Qu’il est dur de passer de sachant à chercheur, de propriétaire à sans domicile fixe, de maître à serviteur qui lave les pieds.
N’ayons pas peur de l’inouï.
Quel est pour chacun de nous la certitude que nous devons lâcher pour aimer notre ami ou ennemi, comme le Christ aime ?
La célébration est là pour nous aider à ce face à face ; entrons-y le cœur ouvert.
Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Michel M.

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Joos van Cleve, La Cène, 1520-25, Musée du Louvre

Nous sommes invités à nous accueillir mutuellement en échangeant nos prénoms avec nos voisins. Main sur le coeur en s’inclinant pour se saluer, comme en orient.

Chant : En mémoire de Toi

Paroles : D. Rimaud / Musique : E. Daniel

En mémoire, en mémoire de Toi, nous revenons d’exil !
En mémoire, en mémoire de Toi, nous marchons sur la mer !

En mémoire de toi
Nous avons pris le pain de notre Pâque
Et nous l’avons mangé
Il n’avait plus son goût de plante amère
Et de pain non levé
C’était le pain d’une terre promise
Où l’homme est délivré !

En mémoire de toi
Nous avons bu le vin de notre Pâque
Et nous l’avons aimé :
Il n’avait plus le goût des eaux amères
Ni des sources salées
C’était le vin d’une terre promise
Où l’homme est consacré !

Lecture du livre de l’Exode (12,1-8.11-14)

En ces jours-là, dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année. Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l’agneau d’après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorzième jour du mois. Dans toute l’assemblée de la communauté d’Israël, on l’immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l’on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur.
Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »

Acclamation de l’Évangile

Ta parole, Seigneur est lumière, Gloire et louange à Toi
Ta parole, Seigneur nous libère, Gloire et louange à Toi
Ta parole, aujourd’hui nous fait vivre, Gloire et louange à Toi.

Évangile selon Jean (13, 1-35)

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’ Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors, il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard, tu comprendras. »
Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.
Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites (…)
Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS.
Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. » (…) Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi.
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.

Maître du Livre de Raison (XVe siècle), Scène de lavement des pieds : panneau gauche d’un retable de la Passion du Christ, vers 1475, huile et tempera sur bois), Gemäldegalerie, Berlin (Allemagne)

Résonance

Quelle longue marche pour que, pas après pas, tombent nos certitudes devenues servitudes. Nous voilà déplacés avec les hébreux en exode, puis chamboulés avec Pierre au Cénacle. Demain, ce sera pire encore au pied de la croix. En attendant, aujourd’hui, le maître nous retourne la tête pour la tourner vers nos pieds à nous. C’est là qu’il se tient et nous montre comme il nous aime. Pas avec des paroles en l’air, vraiment au pied de la lettre, aux pieds de notre être, exactement là où nous sommes. Même si nous voulons être ailleurs, ou autrement.

D’être ainsi rejoints dans tout notre être délestera-t-il nos pas alourdis ? Au lieu de nous regarder les uns les autres de haut, comme nous nous toisons nous-même trop souvent, laisserons-nous ces parts poussiéreuses couler dans l’eau versée par le Christ à nos extrémités ? Nous laisserons-nous remettre sur pieds, à pied d’œuvre, délestés de tout surplomb ?

La route nous attend. Nos opinions chavirées, nos pas réajustés nous entraînent à aimer comme nous sommes aimés : par un Seigneur et maître qui s’avance sur la pointe des pieds. Alors…

Alexandra N.

À quoi suis-je invité.e pour aimer comme le Christ Jésus ?

Question à laquelle nous pouvons apporter notre propre écho…

Je me sens invité à l’humilité : humus, proche de la terre, c’est à dire à une extrême attention à moi-même et par conséquent, aux autres : ouverture et écoute.

Je me sens invitée à laisser tomber mes préjugés sur les situations ou sur les personnes et mes certitudes, pour me mettre vraiment à l’écoute de l’autre et pouvoir contempler.

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Je me sens invité par le “comprenez-vous ce que je viens de faire ? ” Se tourner vers les autres, c’est comme cela que l’amour peut circuler et qu’on peut s’aimer les uns les autres.

Je me sens invitée à cette table, si belle, si accueillante pour partager.

Je me sens invité à laisser unifier ma vie par le Christ, tête, cœur et pieds et ainsi m’ouvrir aux autres.

Je me sens invitée à accepter, avec humilité, l’aide que peuvent apporter les autres, en signe de l’Amour que l’on a les uns pour les autres.

Je me sens invité à quitter cette injonction ” yaka faucon “, et ” c’est toujours la faute des autres ” pour m’ouvrir à l’Amour et me laisser agir par l’Esprit. Me prendre en main.

Prière universelle

Tournés vers Toi, Seigneur, nous implorons ta grâce,
Écoute nos appels, exauce-nous
.

Prière commune à Saint-Merry Hors-les-Murs et à Notre-Dame des Anges

1. Christ Jésus, comme Pierre, notre Eglise résiste si souvent à changer de point de vue. Toi qui quittes ton vêtement pour laver les pieds de tes disciples, nous t’en prions, apprends à nos assemblées, à nos pasteurs, à la Curie… à quitter tout surplomb et à se mettre à ton école pour mieux écouter.

2. Christ Jésus, Toi qui Te donnes pour la multitude, donne à chacun des milliards d’humains que nous sommes, la capacité à nourrir la paix en lui et autour de lui.

3. Christ Jésus, la peur et la brutalité grondent dans tant de pays. Nous te prions pour tous ceux qui gouvernent afin qu’ils discernent comment et au service de qui diriger leur pouvoir. Nous te prions aussi pour les peuples déchirés ou en désarroi.

4. Christ Jésus, nous te confions nos communautés, les prêtres avec qui elles cheminent, les démarches et propositions de nos deux communautés, Saint-Merry Hors-les-Murs, Notre-Dame des Anges ainsi que les voisins du Forum 104. En ce jour de fête, que cette Eucharistie soit signe de communion sur le chemin que Tu nous as ouvert par ton Amour.

Prière eucharistique

Offertoire

Merci Père de nous réunir ce jour qui lance la belle concentration du mystère sacré. Pendant les trois prochains jours, nous allons nous abreuver à la source de la vie, pour méditer le mystère de pâques. Nous célébrons aujourd’hui la cène du Seigneur. Ce repas, nous le voulons d’aujourd’hui, qu’il prenne attache et s’enracine dans la trame de notre quotidien.  Comme je vous ai aimés, entendons-nous résonner au plus profond de nos cœurs. La vie est prioritaire. C’est elle qui est au centre aujourd’hui. Le repas lui-même est bien encadré. C’est son corps qu’il livre, son sang qu’il offre. Là sonne l’évidence : Jésus est tout tourné vers toi son Père, comme toute sa vie d’ailleurs. Il nous donne son corps afin de trouver force en toi Père, pour grandir en toi. L’agneau sans tache nous est offert pour que chacun de nous abandonne son confort et ses certitudes, ne reste pas dans sa force animale, prisonnier de ses pulsions. Un chemin de vie nous est donné. Il nous faut tenter l’aventure de l’ailleurs, de l’inconnu.
Dans cette confiance retrouvée, Père, nous te chantons :

Saint le Seigneur : Messe de la saint-Jean (L. Boldrini)

Saint, Saint, Saint le Seigneur, le Dieu de l’univers (bis)
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire,
et béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
Hosanna, Hosanna

Merci Père éternel de bénir et de sanctifier ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Selon Paul (1 Cor 11, 23-26)
(…) La nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

Anamnèse

Gloire à Toi, qui étais mort, Gloire à Toi, Jésus !
Gloire à Toi, qui es vivant, Gloire à Toi !
Gloire à Toi, ressuscité, viens revivre en nous,
Aujourd’hui et jusqu’au jour dernier.

Oui Père, par l’offrande de son corps et de son sang, Christ institue l’eucharistie, afin que de génération en génération, des hommes, des femmes et des enfants, de toutes conditions s’abreuvent à la source de l’amour. Il en fait des témoins privilégiés d’un devenir possible, acteurs d’un chemin de vie comme il les a aimés.
Ici et maintenant Père, nous célébrons ce mystère sacré à travers l’offrande du pain de la vie et de la coupe de bénédiction. Et voilà que le Christ nous lave les pieds. Quel chemin devons-nous prendre pour aimer comme lui ? Le voilà qui nous place dans cette attitude de profonde humilité face à l’autre, mon frère, que chacun de nous reconnaît tel. Sur ce frère, je n’ai pas à rejeter ma part de douleur, ni mes soucis personnels. En lui lavant les pieds, je prends soin de son intime, sans le juger. Je ne cherche pas ce qui ne va pas chez lui. Je ne cherche pas à remuer son passé. Il y a quelque chose de meilleur en chacun. Ce jour Père nous offre ce saut vers l’avant. Nous acceptons la traversée du désert, en secouant nos égos, nos certitudes, pour un chemin de vie libéré.
Cette foi, cette force, nous la portons en communion avec le Pape François, avec notre archevêque Laurent et avec toutes les personnes en quête de sens. Fortifie, Père, notre assemblée. Conforte-la dans la fidélité à ton nom. Renforce son ardeur à proclamer l’évangile. Nous te prions pour les chrétiens qui à travers le monde célèbrent la cène du Seigneur. Qu’ils trouvent vie et liberté. Nous te prions pour nos malades et pour tous ceux qui au quotidien vivent la violence. Nous te prions pour ceux et celles qui nous ont quittés. En union avec Marie et Joseph, en union avec les apôtres et tous ces témoins anonymes de nos vies et quartiers, nous chantons ta louange, par Jésus, ton Fils bien-aimé.

José Mandiango

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Notre Père

Agneau de Dieu 4 (L. Boldrini)

Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde
Prends pitié de nous (bis)
Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde
Donne-nous la paix.

Chant : L’homme qui prit le pain (C. Duchesneau)

L’homme qui prit le pain n’est plus devant nos yeux
Pour saisir en ses mains le don de Dieu.

C’est à nous de prendre sa place aujourd’hui
Pour que rien de lui ne s’efface (bis)

L’homme qui prit le vin n’est plus devant nos yeux
Pour donner au festin l’amour de Dieu.

L’homme qui prit tombeau n’est plus devant nos yeux
Pour offrir à nouveau la vie de Dieu.

Geste du lavement des mains

Prière finale et bénédiction

« Dites-nous d’où souffle le vent » :

« Dites-nous d’où souffle le vent
et quel signe s’annonce
car nous cherchons le Dieu vivant
pour Lui faire réponse.

Nous savons qu’Il descend ici
et qu’Il tient table ouverte
au plus intime de la nuit :
que l’ombre ne vous déconcerte !

N’est-Il pas le soleil levant
qui la disperse et qui délivre ?
Dieu, notre Dieu, s’est fait mendiant
et demande à nous vivre. »

Célébration de Pâques, rendez-vous à 17h30 dimanche, à Notre-Dame d’Espérance 47 rue de la Roquette, métro Bastille.
Si vous le souhaitez, vous êtes aussi invités ici, au 104 rue de Vaugirard, dans le jardin pour un temps de lecture des textes autour du feu pascal au petit matin (7 h).

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