En ce dimanche de juillet, beaucoup d’entre nous vivent un temps de “vacance”, qu’ils soient partis ou restés dans des villes désertées.
Mais le Royaume des cieux n’a-t-il pas besoin de chacune et de chacun d’entre nous ?
Justement, à travers l’Évangile de ce matin, Jésus cherche à nous faire comprendre quelque chose du Royaume. C’est dur d’en parler, même pour Jésus, à qui il faut au moins trois paraboles pour nous dire que le Royaume, « c’est comme… » Comme quoi au fait ?
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Bonjour à toutes et à tous,
Beaucoup d’entre nous ont pris leurs quartiers d’été et c’est de toutes les régions de l’Hexagone que nous nous connectons ce matin pour ce temps de célébration autour de la Parole.
En cette fin juillet, la plupart d’entre nous sommes en vacances… nous avons quitté nos grandes villes, le bureau, tentons d’exercer le nouveau « droit à la déconnexion » sujet à la mode… Programmes allégés sur les chaînes de radio et de télévision… L’Équipe pastorale, elle-même, fait relâche.
Tentation de se retrouver, de lâcher prise, droit d’être aux abonnés absents…Indispensable et salutaire diront certains. Tentation d’un repli sur soi confortable – oserais-je, pour une fois, dire d’un « entre-soi » – au risque d’une coupure totale, alors que que le monde continue de tourner et a besoin de nous.
Comment éviter de passer de la vacance à la désertion ?
Le Royaume des cieux n’a-t-il pas besoin de chacune et de chacun ?
Justement, à travers l’Évangile de ce matin, Jésus cherche à nous faire comprendre quelque chose du Royaume. C’est dur d’en parler, même à Jésus, à qui il faut au moins trois paraboles et encore, pour nous dire que « c’est comme… » Comme quoi au fait ?
Entrons dans notre célébration, en communion avec le monde,
Joyeux de la belle espérance que nous donne Dieu.
Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.
Bénédicte I.-R.
📖 Livre de la Sagesse (12, 13.16-19)
Il n’y a pas d’autre dieu que toi, qui prenne soin de toute chose : tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes. Ta force est à l’origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose. Tu montres ta force si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance, et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. Mais toi qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance. Par ton exemple, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils, tu as donné une belle espérance : après la faute, tu accordes la conversion.
Méditation en musique
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Matthieu (13, 24-43)
Jésus dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : « J’ouvrirai la bouche pour des paraboles, je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde.
En ce temps-là, Jésus proposa cette parabole à la foule : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire : ‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’ Il leur dit : ‘C’est un ennemi qui a fait cela.’ Les serviteurs lui disent : ‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’ Il répond : ‘Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.’ »
Le royaume des Cieux serait-il comparable à un homme qui a semé du bon grain ?
Méditation musicale
Michel BERGER – Tout feu tout flamme
Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. »
Le royaume des Cieux serait-il comparable à une graine de moutarde ?
Méditation musicale
The Fairy Queen, Act II: Prelude for The Birds
Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Le royaume des Cieux serait-il comparable au levain ?
Méditation musicale
PURCELL-Laudate dominum
Résonances
Il n’y a pas d’autre Dieu que toi, Seigneur.
Tu es Celui dont la force et la puissance sont force de justice et puissance d’amour.
Tu as donné à tes enfants une belle espérance.
Une espérance comparable à celle qu’on met dans une graine de moutarde pour qu’elle devienne un arbre si grand que les oiseaux du ciel viennent y chanter et y faire leur nid pour se multiplier.
Une espérance comparable à celle que la femme met dans un peu de levain pour faire lever toute la pâte.
La terre entière sera sauvée et tous les humains seront vraiment vivants. Serait-ce cela le royaume des cieux ?
Dès maintenant, dans notre invention du quotidien, cette transmutation de la matière, signe de l’esprit, opérée par le geste de la femme ou de l’homme, nous introduit dans le royaume de l’amour.
« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait »
Vous m’avez donné à boire, à manger, vous m’avez accueilli dans votre maison, vous m’avez vêtu quand j’étais nu.
Jésus utilise quatre verbes pour dire la vie humaine, boire, manger, habiter, se vêtir ; ceux-là même que Marx reprendra des siècles plus tard (avait-il lu l’évangile en Matthieu 25 ?).
N’est-ce pas un appel à réaliser aujourd’hui le royaume des cieux, dans l’accueil du plus démuni ?
Geneviève P.-M.
Jésus aimait illustrer son enseignement en images sous forme de paraboles. Ce n’est pas pour autant que c’était plus facile à comprendre.
Qu’y a-t-il de commun entre une graine de moutarde, un champ de blé où se mêlent bon grain et ivraie et une pâte qui deviendra du pain grâce au levain.
Et voilà que Jésus nous dit que ces paraboles nous parlent du Royaume des Cieux.
Mais alors qu’est-ce que le Royaume des Cieux ?
Pour moi, le Royaume de Cieux est le lieu de notre vie. J’irais même jusqu’à dire que c’est le lieu de notre Résurrection, ici et maintenant.
Comme dirait Joseph Pierron, « c’est un autre mode d’être »..
C’est notre vie ici-bas, quand nous savons nous élever au-dessus de nos contingences matérielles et nous en détacher.
C’est le lieu de nos transformations, jour après jour, pour que notre vie soit plus dense. C’est la transformation de la matière pour atteindre le spirituel.
Et le Royaume des Cieux, c’est pour tous les hommes !
Patricia M.
Méditation en musique
Partage
À quoi le royaume des Cieux est-il comparable pour chacun d’entre nous ?
Entendus lors du partage
Comme l’eau, la farine, le sel sont chacun différents et parviennent à faire du pain mélangés au levain, nous aussi, dans la communauté, tous différents, c’est parce qu’on partage, qu’on travaille ensemble, que quelque chose se construit… le Royaume.
Le Royaume, un temps plus qu’un lieu… et chaque fois qu’au lieu d’essayer de se faire une place pour soi, on essaye de faire une place plutôt pour d’autres.
Ce qui me plait, c’est que le Royaume n’est pas décrit comme là-bas et très loin, mais ici et maintenant… avec ma petite participation comme le levain dans la pâte.
Le Royaume, c’est comme lorsqu’on fait les cercles de silence, 140 cercles de silence tous les mois, pour les migrants et les personnes en difficultés.
J’aime que Jésus, pour parler du Royaume, fasse une comparaison; quand mes petits-enfants me posent une question à laquelle je ne sais pas répondre, je fais de même, une comparaison. La définition n’est ainsi pas fermée, complète. Le Royaume…il est dans des images de vie, là où il y a une présence qui bouscule, quelque chose, quelqu’un qui appelle.
Le Royaume, c’est une grande tablée avec enfants et petits-enfants qui échangent, partagent et s’ébrouent… ça ne dure jamais bien longtemps, mais c’est un moment d’éternité.
Le Royaume, c’est pour moi, comme ce petit jardin où deux ou trois associations travaillent ensemble et mettent en commun leurs expériences pour offrir à tous ceux du quartier des moments de vie et de partage.
Le Royaume, un peu de ce qu’on essaie de vivre par ces rencontres depuis plus de deux ans… ce qu’on a partagé sera comme un peu de levain pour le monde et pour la semaine.
Le Royaume, comme un chemin plutôt qu’un but où chacun est accepté avec ses qualités et ses défauts. Ce n’est pas à nous de trier maintenant entre bon grain et ivraie.
Le Royaume, comme le levain qui fait lever la pâte… toute manifestation secrète qu’on ne voit pas mais où il y a Présence.
Quelle est notre part ?…. comme le colibri ! Source de promesse pour l’avenir et source de promesse pour le monde !
Le Royaume, … se laisser saisir, ouvrir nos lieux de vacances à d’autres et partager
Je suis sensible à ce qui ne se voit pas et qui opère, en moi ou chez les autres. Cela permet de ressentir, chacun, des moments de vie vraie.
♫ Chant : Heureux serons-nous serons au Royaume
Paroles : A. Cabantous – Musique : L. Boldrini
Heureux serons-nous au royaume
Heureux sommes-nous aujourd’hui
Si un seul mot du Fils de l’Homme,
Par nos gestes, change la vie
1/ Le peuple de Dieu est immense
Ceux que la justice a touchés savent le prix de la souffrance
Dans un monde au corps prisonnier.
2/ Le peuple de Dieu est immense
Ceux que l’on persécute en vain disent pourtant leur espérance
En un monde au regard humain
3/ Le peuple de Dieu est immense
Tous ceux qui n’osent plus bouger, crispés sur leur indifférence,
Dans un monde à renouveler.
Prière universelle
Introduite par le Psaume 85
Toi qui es bon et qui pardonnes,
plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent,
écoute nos prières, Seigneur,
entends nos voix qui te supplient.
♫ Dieu de tendresse, regarde ton peuple, écoute-nous, exauce-nous.
Je souhaite rendre grâce pour deux événements : la célébration très belle et émouvante d’à-Dieu à Elisabeth Descours, organisée en ces temps de dispersion de la communauté et la première visite au zoo de mon petit-fils de 2 ans et demi qui y a vu, avec émerveillement, sa première girafe et entendu le cri du pingouin.
Je voulais rendre grâce pour nos 50 ans de mariage et la famille que nous avons construite.
Pour tous les jeunes privés d’espérance, afin qu’ils prennent conscience que tout acte, même petit, peut être porteur de fruit et d’espoir pour le monde.
Pour cette belle célébration et ce bel accompagnement d’une famille où la fille s’est suicidée qui a permis de dire à la fois la souffrance et l’attachement.
Je voudrais qu’on prie pour notre tolérance et nos jugements… à propos d’un camp de Roms qui s’installent près d’un petit village du Cotentin où je vais et où, au lieu d’aller vers eux, les portes se ferments et les jugements se multiplient.
Je voudrais qu’il reste un peu d’ivraie dans le Royaume ! Sans les coquelicots et les bleuets, ce serait différent !
Prions aussi pour tous les migrants qui doivent supporter, dans les camps, des conditions de chaleurs insupportables.
Notre Père
Prière finale et Bénédiction
Que cette semaine nous permette de séparer le bon grain de l’ivraie, de laisser germer la petite graine de moutarde et de voir lever la pâte avec le levain.
Le Royaume des Cieux, c’est un temps pour faire de la place aux autres, c’est une présence qui nous bouscule, une table de famille… Cherchons le Royaume dans ses manifestations secrètes…
Et que Dieu tout Amour nous bénisse, Lui qui est Père, Fils et Esprit-Saint.
Bonne semaine et rendez-vous lundi 24 juillet à 19h pour la préparation de la célébration de dimanche prochain 30 juillet (Lien sur l’agenda du site).
L’ivraie et la graine de blé (Jacqueline Casaubon, 2019)
A la naissance,
Elles sont semblables,
Fraîches, souples et vertes,
Mais bien vite on reconnaît
L’ivraie à son parfum enivrant.
On la suit à la trace.
Elle se faufile
Le long des sillons bien ordonnés du blé,
Il est difficile de la cueillir cette coquine
Qui envahit tout.
Les deux vont grandir
Se nouer, s’entremêler.
Se connaissent-elles vraiment ?
L’une harmonieuse
Regarde vers le ciel,
L’autre sinueuse
Se déploie librement.
Qui n’a pas goûté à l’ivraie
N’en connaît pas
Ses aventures, ses exploits
Ses misères et ses errances.
Les épis de blé en sont troublés.
Faut-il fuir une telle débauche ?
Ou bien aller sauver l’ivraie,
La rencontrer, vivre avec elle.
Car la vie continue
L’ivraie est là. C’est ainsi.
Le jour, la nuit toute notre vie.
Je l’ai aimée j’en ai raffolé,
En courant dans les sillons,
Elle m’a un temps ensorcelée.
Son charme
Peut nous faire perdre la tête
Quand nous devenons
Ce qu’elle désire.
Est venu alors le temps du désarroi,
Des cris et des pleurs.
Dans mes appels au secours,
Il y avait sans doute déjà, à mon insu,
La recherche de la moindre lumière
Au fond de mon tableau,
Le besoin d’un appui qui serait mon roc.
Plus mon cœur se vidait, se creusait,
Plus je me sentais toute petite
Dans un état d’abandon
Que rien ne pouvait combler.
Un jour,
En marchant à tâtons
Sur mon chemin rabougri,
J’ai vu
Une petite graine de rien du tout,
Je l’ai ramassée et posée
Dans le creux de ma main.
Une graine de blé, pain en devenir.
C’était cela mon trésor,
Mon appui.
Dans l’obscur chemin,
Il m’avait fallu goûter à l’ivraie,
Pour qu’un jour s’offre à moi
Cette graine précieuse et fragile,
Source de vie.
Oui, Père de tous les humains,
Laisse vraiment pousser l’ivraie.
Nous ne savons pas
Où se cachent tes trésors.
Mais toi tu en as les secrets.
Lors de ta grande moisson,
Que d’heureuses surprises
Quand apparaîtront
Toutes tes créatures,
Croyantes et non croyantes,
Qui auront fait grandir l’Humanité.
Ce sera la plus belle,
La plus vraie des moissons.
Je vous transcris une petite partie de la méditation de Luc Schweitzer, prêtre de la paroisse Saint-Gabriel à Paris, entendue hier:
” Qui peut dire assurément ce qu’est le bon grain, ce qu’est l’ivraie ? Dans l’histoire récente de l’Eglise, on a porté au pinacle les “communautés nouvelles”, tenues pour le bon grain de la nouvelle évangélisation. Résultat, pour la plupart d’entre elles, des comportements sectaires, déviants, des mises sous influence psychologique, des agressions sexuelles en nombre, des vies définitivement brisées. Le bon grain, vraiment?”
Qui est-il pour présenter les communautés nouvelles comme de la mauvaise graine, comme de l’ivraie quoi ! …au moment où Jésus invite précisément à ne pas vouloir séparer tout ce qui pousse ainsi, pour ne pas risquer d’arracher le bon grain en même temps que l’ivraie ? Étonnant de se mettre si mal à la place du propriétaire du champ de la parabole… ?
Cher Jean-Luc, je crains que tu n’aies pas lu correctement ni le commentaire d’Alain ni la parabole évangélique.
Tu défends l’indéfendable (la dérive de la plupart des communautés nouvelles). Laisser pousser la zizanie ne veut pas dire qu’il faut éviter le discernement.
Heureusement qu’il y a des prêtres qui osent dire haut et fort ce qui est sous les yeux de tous !
Amicalement