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Dans le tiroir de Jean – épisode 4 –

Auteur anonyme indien

Dans mon bureau il y a un gros tiroir où je plonge souvent. J’y ai déposé, sur des feuilles volantes, des copies de textes d’auteurs divers. Ces feuilles se sont comme sédimentées et forment une couche épaisse mais je les tourne et les retourne souvent pour qu’elles prennent l’air, l’air du temps, et parfois je vais chercher les plus anciennes, celles qui sont restées collées au fond du tiroir. Textes d’aujourd’hui, d’hier et de jadis, signés de noms connus et parfois textes anonymes, éclats, confidences, illuminations, prières, cris…

L’écoute est certainement l’une des plus belles formes de la compassion. Mais elle est exigeante.
Je peux être le « je » de ce texte d’un auteur anonyme indien qui demande avec force qu’on écoute sa souffrance. Mais j’ai senti aussi, et plus souvent, que c’est à moi qu’il adressait ses reproches : « Je te demande uniquement de m’écouter ».

Et Dieu ? Ce Dieu que nous supplions de nous écouter et qui se tait, comment écoute-t-il ? Je ne l’ai jamais entendu me répondre clairement ni me donner des conseils. Continue-t-il de m’écouter à travers son silence ?

Écoute

Quand je te demande de m’écouter
et que tu commences à me donner des conseils,
tu ne fais pas ce que je te demande.

Quand je te demande de m’écouter
et que tu commences à me dire pourquoi je ne devrais pas ressentir cela,
tu ne réponds pas à ma demande.

Quand je te demande de m’écouter
et que tu sens que tu dois faire quelque chose pour résoudre mon problème,
tu m’abandonnes, aussi étrange que cela puisse paraître.

Écoute, tout ce que je te demande c’est que tu m’écoutes.
Non pas que tu parles ou que tu fasses quelque chose.
Je te demande uniquement de m’écouter.

Je veux agir par moi-même,
je suis peut-être un peu découragé ou hésitant,
mais pas impotent.

Quand tu fais quelque chose pour moi
que je peux faire et que j’ai besoin de faire moi-même,
tu renforces ma peur,

Mais quand tu acceptes que je ressente ce que je ressens,
je peux arrêter d’essayer de te convaincre,
et je peux commencer à comprendre ce qu’il y a derrière nos sentiments si difficiles à comprendre.

CategoriesCoup de cœur
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Jean Verrier

Universitaire à la retraite (Paris 8, département de littérature, de 1970 à 2000). Membre du CPHB, devenu le Centre pastoral Saint-Merry, depuis 1981. Sept petits-enfants.

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