La Transfiguration n’est pas une invitation à choisir l’exceptionnel, mais un encouragement à regarder l’ordinaire autrement, Gabriel Ringlet
Entrée en prière
L’Orfeo de Monteverdi – Savall
Accueil
Bonjour à tous, aux anciens, aux nouveaux, à nous tous qui faisons preuve de patience depuis bientôt trois ans. Et qui vivons toujours confiants cette période de carême, d’autant que l’évangile de ce jour nous incite à ne pas rester installés sur nos acquis. Nous n’avons pas dressé de tente mais nous aimons croire que nous sommes les filles et les fils bien-aimés de ce Dieu qui sauve Isaac, qui rend juste chez Paul, et qui continue de nous éclairer par son Fils dans l’évangile de Marc.
Même si la période ne se prête guère à l’espoir, et qu’il est difficile de saisir la symbolique de cette « transfiguration », que notre partage de ce dimanche nous incite à trouver du réconfort et des expériences lumineuses en notre temps.
Autrement et mieux exprimé par Gabriel Ringlet : La Transfiguration n’est pas une invitation à choisir l’exceptionnel, mais un encouragement à regarder l’ordinaire autrement.
Nous entrons dans notre célébration : au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.
Laurence
♫ Chant : En quel pays de solitude
Paroles / D. Rimaud – Musique : J. Akepsimas
En quels pays de solitude
Quarante jours, quarante nuits,
Irez-vous, poussés par l’Esprit ?
Qu’il vous éprouve et vous dénude !
Voyez ! Les temps sont accomplis
Et Dieu vous convoque à l’oubli
De ce que furent vos servitudes.
Ne forez plus vos puits d’eau morte
Vous savez bien le don de Dieu,
Et quelle est sa grâce et son jeu
Il vous immerge, il vous rénove !
La vie s’élève peu à peu
Les champs sont dorés sous vos yeux
Embauchez-vous où Dieu moissonne.
Pourquoi rester sur vos ornières
Baissant vos fronts d’aveugles-nés ?
Vous avez été baptisés !
L’amour de Dieu fait tout renaître.
Croyez Jésus ; c’est l’Envoyé :
Vos corps à son corps sont branchés :
Prenez à Lui d’être lumière.
📖 Lecture du livre de la Genèse (22, 1-2. 9-13.15-18)
En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. »
Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham. Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »
Résonance : la fin des sacrifices humains ?
« Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrir en holocauste à la place de son fils. » À la place de son fils. Dieu aurait-il jamais voulu qu’Abraham sacrifiât son fils unique, son fils chéri ? Cet épisode fameux de Genèse 22 pourrait marquer la fin des sacrifices humains.
Si l’on parcourt les autres livres de l’Ancien Testament, les sacrifices humains sont tantôt exigés par Dieu (Exode 22), tantôt condamnés (Deut 18). Mais ils restent majoritairement présents. En effet, à la suite d’un engagement pris sous forme de contrat avec Dieu, les Rois, en échange de la victoire, en viennent à sacrifier leurs enfants (Jephté et sa fille, Juges 12). Ce même schéma narratif se retrouve jusque dans la pièce de Racine où Agamemnon s’apprête à sacrifier sa fille Iphigénie. N’en reste-t-il pas trace dans la lettre de Paul aux Romains de ce dimanche: « Dieu n‘a pas épargné son propre fils mais il l’a livré pour nous tous. » ?
La conscience humaine a-t-elle progressé depuis ? L’actualité nous fournit matière à réflexion. Des soldats sont envoyés en masse sur le front de l’Ukraine comme chair à canon. Des civils, femmes, vieillards, enfants, sont sacrifiés dans des bombardements aveugles à Gaza. Ils sont les victimes de la folie des hommes. Il y a aussi ceux ou celles qui ont choisi de vivre jusqu’au bout leur engagement humain au service de leurs frères, même s’ils savent que cela peut les conduire à la mort, comme Alexeï Navalny ou Missak Manouchian, en écho à la parole de Jésus que l’on redira le Vendredi Saint : « Ma vie, nul ne me la prend, mais c’est moi qui la donne » (Jean, 10).
Jean
♫ Méditation en musique
📖 Lecture de la lettre de Paul aux Romains (8, 31b-34)
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous.
Résonance : un texte magnifique
- « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? »
- « Comment pourrait-il ne pas nous donner tout ? »
- « Dieu est celui qui rend juste »
Nous avons songé à l’amputer de la phrase qui nous dérangeait :
« Il n’a pas épargné son propre fils, mais il l’a livré pour nous tous »
Puis nous avons pensé que nous n’avions pas à censurer Paul, qu’il a droit à l’erreur.
En effet, Dieu n’a pas livré à la mort son fils : Jésus a annoncé le Royaume de Dieu et a subi un procès politique des grands prêtres. Et il a dit « Nul ne me prend ma vie, c’est moi qui la donne, pour le pardon des péchés ».
Danielle
📖 Évangile de Jésus Christ selon Marc (9, 2-10)
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
Résonance
La blancheur éclatante qui nimbe Jésus, l’apparition de Moïse et Élie, la voix dans la nuée, autant de symboles scéniques qui ne me parlent pas beaucoup aujourd’hui.
Pourtant dans ce texte, deux phrases m’ont toujours littéralement agrippé.
- « Ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. »
- « Ils restèrent fermement attachés à cette parole tout en se demandant entre eux ce que voulait dire ressuscité d’entre les morts. »
Car, à travers ces versets, c’est ma foi même qui se trouve interrogée, mise à nu, dépouillée de tant d’artifices : Jésus seul et rien d’autre pour tenir debout dans l‘adversité comme dans le témoignage.
Radicalité d’une présence à laquelle ma vie est arrimée ; radicalité d’une confiance qui n’en exclut pas les questionnements, les limites parfois ; radicalité qui ne tourne pas à l’aveuglement.
Puisque, à l’image des trois disciples et parfois avec quelques contradictions, je n’entends pas tout de cette Parole. Mais sans tout comprendre, je crois au Premier des Fils de Dieu en espérant que, plus tard ou même dès maintenant, grâce à ce que vous me partagez, une lumière se fera.
Non pas éblouissante. Juste modeste, doucement opiniâtre, vacillante aussi. Images de ma foi.
Alain
♫ Méditation en musique
Partage : à quelle parole votre foi est-elle fermement attachée ?
- Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps
- Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie – la Vérité se construit en marchant et en vivant
- Heureux les artisans de Paix
- Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis
- Lève-toi, prends ton grabat et marche
- Viens et suis-moi !
- Bienheureux les pauvres ! Les premiers seront les derniers
- Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait
- Aimez-vous les uns les autres
- Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit
- Je suis venu pour que vous ayez la vie, la vie en abondance
- J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité
Dans les textes de ce dimanche
- Dieu dit à Abraham ne sacrifie pas ton fils. Laissons à l’autre le choix de son chemin, n’imposons pas, ne sacrifions pas nos enfants…
- Celui-ci est mon fils bien-aimé : écoutez-le – Là est le chemin : écoutez-le
- La Transfiguration : essayer de porter cette lumière anime ma foi
- Jésus tout seul : cette lumière qui survient quand on est au “fond du trou”
- Tout en se demandant que veut dire ressusciter d’entre les morts : j’aime ce doute dans la foi
- Ils quittent le confort de la montagne et redescendent se confronter à leur mission dans la plaine
- Me voici ! réponse d’une simplicité déconcertante
♫ Chant : Tu nous révèles à ton mystère
(Cabantous/Boldrini/Delgutte/Studio SM)
Il faut atteindre la colline
Pour approcher l’amour de Dieu
Nous murmurant avec la brise
Il est mon Fils, écoutez-le !
Tu nous révèles à ton mystère
en chaque vie transfigurée
dans ces rencontres éphémères
que nul ne peut emprisonner
Alors la loi et les prophètes
Qui ont clamé l’espoir des temps
Sont accomplis pour une fête :
Gloire de l’homme en Dieu vivant.
En quittant les hauteurs de l’aube
Nous ne comprenons pas encore
Les mots confiés qui se dérobent :
Ressuscité d’entre les morts.
Quelles intentions de prière avez-vous le désir de confier à la communauté ?
Nous prions pour :
- Pour mon petit frère Alain décédé aujourd’hui.
- Pour tous les morts de cette semaine et notamment Alexeï Navalny et Émile Shoufani.
- Pour les jeunes inquiets de l’avenir et pour que nous sachions les écouter.
- Pour les bourreaux, ceux qui gouvernent et ceux qui agressent leurs prochains.
- Pour la nièce de José qui nous a transmis son ode pour le Congo.
- Pour tous les enfants qui souffrent aujourd’hui.
- Pour tous les anniversaires que nous fêterons en 2024 et qui sont source d’agréables rencontres.
- Pour que les rencontres du dimanche soient partout source de partage.
- Pour qu’il se lève d’autres Abbé Pierre et qu’enfin les mal-logés soient pris en compte.
Pour rendre hommage à Alexeï Navalny et aux prisonniers russes :
Notre Père orthodoxe : OTCHE NASH – The King’s Singers
Envoi
>> Préparation du Partage de dimanche prochain lundi 26 février à 19 h. Lien sur l’agenda du site.