La communauté internationale se tait face à la guerre qui sévit en République Démocratique du Congo : massacres génocidaires, pillage de ses richesses naturelles et spoliation de ses terres par un Rwanda agresseur. Notre ami José nous propose sa réaction face à une vidéo multi-visionnée sur TikTok, apparemment tournée dans une cour d’école, quelque part en Afrique de l’ouest : José adresse ici une réponse à la jeune fille qui y proclame un texte poignant, comme un oncle de cœur pourrait le faire, en soutien au Congo qui aspire à la paix pour son développement, et qui a tant à apporter pour la sérénité de la maison commune.
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En ce deuxième dimanche de carême, voilà qu’une petite fille, qui n’est pas congolaise,
et qui n’a soufflé mot aux Congolais, et je pense à qui aucun Congolais n’a soufflé mot, prend à son compte ce mal qui la terrasse. Elle pleure à sa manière la douleur de nombreuses familles du Congo, des filles et des femmes, victimes collatérales de la guerre imposée au Congo du fait de son accueil des réfugiés rwandais après le génocide qui a secoué le Rwanda,
ce pays frère. Les Congolais qui ont accueilli leurs frères Rwandais sont aujourd’hui martyrs. On leur impose la guerre. Dans l’indifférence générale, on pille leurs richesses. On prend leurs terres. On viole des enfants et des femmes, généralement devant leurs proches. On tue des enfants, des femmes, des hommes. On compte des millions de morts aujourd’hui. Ils sont des milliers aujourd’hui, les “orphelins du silence”, ces enfants à qui on a fauché père, mère, frère et sœurs et qui ne peuvent faire leur deuil. Ils constatent seulement que leurs géniteurs, nombreux frères et sœurs, ne sont pas au rendez-vous de la vie. Ils ont été tués, parce qu’ils voulaient défendre leurs familles et leurs terres. Mais accepte, chère nièce, que pour répondre à ta préoccupation de ne pas voir ton père, que d’autres enfants, et ils sont très nombreux, sont le fruit du viol. Le viol a été érigé en arme de guerre sur les terres du Congo. Dr Mukwege, un digne fils de ce pays, sillonne mers et vallées. À sa manière, il chante ce cri du coq. Il alerte sur le drame de son peuple. Est-il écouté ? L’histoire nous répondra. Mais chère nièce, quel visage ces enfants du silence donneront-ils à ce “papa monstre” ? Monstre ? Le mot est-il bien trouvé ? Un jour tu répondras à cette question, chère nièce.
Sèche d’abord tes larmes !
Chère nièce, ton cri de désespoir est un appel au sursaut. Tu sommes les peuples du Congo de se lever, de bâtir une nation, de se réapproprier et conduire leur histoire.
Merci ma petite nièce pour cette offre d’amour. Je rejoins ta prière. Toi, tu laisses couler tes larmes. Moi, je te dis ma prière pour un Congo nouveau, dans un monde nouveau, de paix et de justice.
Je suis de ceux qui croient en la force du pardon. Je crois en la capacité des hommes à construire des ponts de solidarité et de fraternité. Je crois en la capacité de l’homme de repartir, d’avancer en confiance.
Sache, chère nièce, que ce n’est pas simple. Mais des profondeurs de nos racines résonne un chant de vaillance que ne pourront faire taire les forces négatives. Les forces de la vie sont éternelles.
Et surtout, rassure-toi, chère nièce : le Congo restera uni et terre d’accueil. C’est dans son ADN.
Tu sais, je vais te dire un secret : dans mon village, on ne demande pas à l’étranger d’où il vient, où il va , ou encore combien de jours il entend rester dans le village. À l’étranger, on offre l’hospitalité : de l’eau, un manioc, un lieu où mettre la tête et déposer ses biens.
Merci pour cet appel à la vie, chère nièce. Un jour, nous le chanterons au coin du feu, et qui sait, peut-être sous l’arbre à palabre, avec les anciens trinquant un pot de vin de palme. Et rassure-toi,
les hommes ne seront pas seuls. Les femmes et les enfants ne seront pas seulement invités. Ils seront conviés au cercle du village, partageant, avec les anciens, le pot de la vie. Le sage ne parle pas trop longtemps, chère nièce. Ils me blâmeront de changer la donne.
Avec toute ma gratitude, ton oncle,
José
José-E. M.
Oui José, cette vidéo m’a mis les larmes aux yeux. Merci d’avoir pris le temps de lui répondre pour nous. Trop de souffrances…
merci josé pour ce message émouvant que tu nous relais avec tant de sagesse poétique et de compassion pour ton cher pays