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Que vive la Résurrection !

Ressusciter : serait-ce ressentir et témoigner de la paix active que procure une présence, gratuite, aimante ? Célébrer les actes, grands ou modestes, qui incarnent solidarité et fraternité ? Oser, au cœur des violences, poser des gestes de paix qui indiquent un autre horizon ? Apporter du réconfort à ceux qui en ont besoin et crier avec force, contre vents et marées que le matin vient et que la mort n’a pas le dernier mot ? Guy Aurenche célèbre la Résurrection avec ces mots.

Quand on sera mort

Conversion St Paul École Flamande XVIIe
Conversion de Paul,
école flamande du XVIIe

Comment imaginer « l’après-la-mort » ? L’une de nos petites filles, alors âgée de 6 ans, demandait : «  Dis-moi : serons-nous ensemble quand on sera mort ? ».
On prête au philosophe Nietzsche l’affirmation : « Je croirai en Dieu, lorsque les chrétiens auront des gueules de ressuscités ».
Paul de Tarse, juif, citoyen romain, affirmait, près de 20 ans après la mise à mort de Jésus, avoir fait l’expérience renversante de sa présence. Celle-ci a bouleversé sa vie : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi … Si on proclame un Christ ressuscité d’entre les morts, comment peut-on dire, chez vous, qu’il n’y a pas de résurrection pour les morts ? » (Lettre aux Corinthiens, vers l’an 50).

Ils l’ont rencontré

Sur le chemin d’Emmaüs. by Janet Brooks-Gerloff, 1992 – Benedictine Kornelimünster Abbey, Aachen
Chemin d’Emmaüs

Les Évangiles, écrits 10-20 ans après le récit des aventures de Paul, racontent de nombreuses scènes dans lesquelles des femmes et des hommes affirment avoir rencontré Jésus après sa mort. Cette rencontre a tout changé pour eux. L’aventure de deux d’entre eux me touche particulièrement car ces hommes nous ressemblent. Ils étaient dans une totale impasse : leur « héros » avait été arrêté, condamné, exécuté. La colère et le désespoir les envahissaient. Un étranger les accosta, plutôt familièrement. Il se situait à mille lieues de leur vécu. Il désirait les rejoindre au plus profond de leur tristesse et les aider à relire les évènements et les écrits religieux, comme annonciateurs d’une présence vivante de l’amour de Dieu, toujours fidèle. L’intensité de cette présence explosa lors du partage du pain. Ils y reconnurent Jésus crucifié, présent en eux. Dans l’euphorie, ils rebroussèrent chemin et coururent partager la nouvelle à leurs amis, puis au monde entier.

Gueules de ressuscités ?

Resurrection
“gueules de ressuscitées” – montage d’images Unsplash

Le récit ne dit pas si le visage des deux marcheurs avait changé. En tout cas, ils surent convaincre très largement autour d’eux. Qu’est-ce qu’avoir « une gueule de ressuscité » ? Sûrement pas tomber dans l’ignorance naïve des duretés de l’existence. Ni se noyer dans des pratiques rituelles plus ou moins ésotériques. Encore moins s’absenter de la vie, la mienne et celle des autres, en attendant des « lendemains qui chanteraient ».
C’est ressentir et témoigner de la paix active que procure une présence, gratuite, aimante et réconfortante dans le tourbillon des évènements.

Il est vraiment ressuscité

Printemps

C’est prendre le temps de l’émerveillement au cœur de nos agendas trop remplis : s’émerveiller des beautés printanières, renaissantes. S’émerveiller de la création artistique qui jaillit, là où on ne l’attend plus.
Célébrer les actes, grands ou modestes, qui incarnent solidarité et fraternité. Ils signifient que la mort, organisée par nos sociétés du « très grand profit », n’a pas le dernier mot. C’est oser, au cœur des violences, poser des gestes de paix et d’humanisation qui ne font pas de miracle mais indiquent qu’un autre horizon est possible. C’est, pour certains, se souvenir des paroles de Jésus : le réconfort que vous apportez à l’un des plus faibles «  c’est à moi » que vous le portez. Lui, le Vivant, est présent dans ces actions. Martin Luther King, au cœur de sa lutte contre le racisme, rappelait aux Églises, et sans doute bien au-delà, que leur devoir est de croire et de « dire que le matin vient ».
J’ajoute, avec bien des chercheurs d’aurores, que le matin de Pâques est bien là.

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Photo Daniel Joshua Unsplash
CategoriesTémoignages

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Guy Aurenche

Avocat honoraire, membre de la Commission Droits de l’homme de Pax Christi, ancien président de l’ACAT et du CCFD-Terre solidaire. À lire de Guy Aurenche : « Droits humains, n’oublions pas notre idéal commun ! », éd. Temps présent, 2018.

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