Un colloque s’est tenu au Sénat le 4 mai dernier, sur La France et sa responsabilité dans l’application du droit international en Palestine, organisé par la sénatrice Europe Écologie Les Verts du Rhône, Raymonde Poncet-Monge.
Nous étions quatre membres de Saint-Merry Hors-les-Murs à suivre cette journée, qui fut passionnante par la haute qualité des intervenants, palestiniens ou français, journalistes, médecins, avocats , et poignante par les horreurs décrites par les témoins ayant travaillé à Gaza, ce qui a amené à un moment un sanglot chez Elias Sanbar.
Le 2 mai, l’UNESCO a décerné le prix mondial de la liberté de la presse 2024 aux journalistes palestiniens couvrant Gaza. 135 journalistes sont morts à Gaza depuis le 7 octobre 2023.
Nous avons entendu le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation, faire ce qui a été fait contre la Birmanie et la Russie, les mêmes sanctions, pour en finir avec le deux poids deux mesures, et le procureur à la Cour internationale de Justice sur la responsabilité de la France selon le droit international.
L’État de Palestine a été reconnu par l’UNESCO . Il est devenu membre de la CIJ (Cour internationale de justice) et de la CPI (Cour pénale internationale) qui sont compétentes pour les crimes commis sur son territoire.
La Cour Internationale de Justice, créée par l’ONU en 1945, statue sur les différents entre États.
Dans l’affaire “Afrique du Sud contre Israël”, elle a statué dans l’urgence le 21 janvier 2024, et a pris « des mesures conservatoires en raison d’un risque de génocide ». Israël n’ayant pas obtempéré, elle va bientôt lancer des mandats d’arrêt contre les responsables israéliens, lesquels ne pourront plus voyager dans 124 États au risque d’être arrêtés.
La France doit soutenir les mesures conservatoires qui sont en son pouvoir comme les mesures alimentaires.
La Cour Pénale Internationale statue sur les individus recherchés pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes de génocide. Mon confrère Gilles Devers a été lumineux de rigueur juridique dans l’exposé de sa plainte du 9 novembre 2023 contre Netanyahou pour génocide par « élimination des conditions d’existence », ce qu’ont décrit tous les intervenants : pas d’eau, pas d’électricité, pas d’aliments, destructions des écoles, des hôpitaux, des cimetières, etc.
Il a terminé son discours en disant que l’armée de l’État de Palestine, ce sont les 626 avocats et les 173 ONG qui ont porté plainte avec lui.
Un intervenant venant de Londres, le Chirurgien Hassan Abu Sittah, a été retenu par la police à l’aéroport pour l’empêcher de témoigner. Mais comme il a été retenu des heures avant d’être renvoyé à Londres nous avons pu l’entendre en vidéo : il a travaillé 43 jours à Gaza à l’hôpital Al Shifa. Il a opéré 24 heures sur 24 sans électricité, sans anesthésiants, a amputé des blessés par bombes à fragmentation, pour moitié des enfants. A ce jour 4000 enfants ont été amputés. Il a vanté l’extrême professionnalisme des chirurgiens palestiniens, qui ne peuvent plus travailler .
Nous avons entendu les voix juives contre le colonialisme et l’apartheid par Sylvain Cypel, auteur de L’État d’Israël contre les Juifs .
Nous avons entendu Elias Sanbar sur la résistance culturelle. Il a dit que le terme de résistance était criminalisé par Israël. Il a expliqué que c’est grâce à l’éducation gratuite pour tous dispensée par l’UNRWA depuis 1948 que la Palestine a une obsession culturelle et considère les connaissances comme l’essentiel, d’où le nombre particulièrement élevé de diplômés de très hauts niveaux. Les 152 000 palestiniens qui sont resté en 1948 ont sauvé la langue arabe. Il a déploré l’anéantissement des 206 sites archéologiques.
Ben Gourion a changé tous les noms des villes palestiniennes en les “israélisant”, ce qui est établi par une carte anglaise qui porte partout l’un sur l’autre les deux noms. Une blague dit « Sous Israël la Palestine ».
L’UNESCO, à la demande des Palestiniens, a inscrit plusieurs sites historiques au patrimoine mondial : l’Église de la Nativité à Bethléem, le paysage de cultures ( oliviers et vignes ) au sud de Jérusalem, la vielle ville d’Hébron, l’ancien Jéricho.
A la fin du colloque il a été regretté que la France n’ait pas encore reconnu l’État de Palestine, et les étudiants qui dans le monde entier manifestent contre le génocide à Gaza ont été applaudis.
Danielle Mérian
Pour seul commentaire, la déclaration de Ismaïl Haniyeh le 26 octobre 2023, repris dans La croix L’hebdo par Frédéric Boyer: celui-ci déclare qu’ “il avait besoin de voir couler le sang des enfants, femmes, vieillards de gaza, dans un holocauste qui ravive l’esprit révolutionnaire des palestiniens”; et Frédéric Boyer ( qu’on ne peut soupçonner d’ignorer la souffrance des palestiniens) de commenter: il fallait le 7 octobre une violence telle pour provoquer en retour une violence parallèle si forte qu’elle finirait par donner à la guerre une signification horriblement sacrificielle, susceptible de se retourner contre Israël.
il y a des méchants pervers de tous les côtés!