Les Cercles de Silence – Gaza continuent d’exiger un cessez-le-feu immédiat et durable en Israël-Palestine. Le 8 juin était leur 40ème manifestation. Quel premier bilan peut-il en être fait ?

Les actuelles tribulations électorales, ô combien historiques, ne rendent pas tous les Français aveugles et sourds aux atrocités qui durent et perdurent en Ukraine, Proche-Orient, Congo-RDC, Soudan et ailleurs. Actuellement, les médias se focalisent plus particulièrement sur le bruit du canon et le cri des innocents qu'”on” assassine au Proche-Orient. Les Cercles de Silence – Gaza continuent donc obstinément d’exiger un cessez-le-feu immédiat et durable en Israël-Palestine. Le 8 juin était la 40ème manifestation. Initiés par Spifrat, réseau Spiritualités Fraternité de Saint-Merry-Toujours-Hors-les-Murs, ils sont rejoints par d’autres communautés, mouvements et citoyens lambda, chaque samedi de 12 h à 13 h, devant Beaubourg à Paris. Quel premier bilan peut-il en être fait ?

Cs 40 Bis

Des passants de plus en plus réactifs

Les premiers mois, confiants que cette guerre asymétrique sur un confetti d’espace allait durer quelques semaines, les “silencieux” s’étaient donnés rendez-vous deux fois par semaine. À la mi-janvier, la voilure s’est faite hebdomadaire mais les moultes réactions rencontrées ont confirmé la justesse de cet engagement non-violent, non partisan mais hautement politique, spirituel et évangélique, de ce “combat” urgent et exigeant. Les participants du Cercle se veulent des citoyens lambda avec deux convictions – Tous les Hommes sont frères et Toutes les vies se valent – et un objectif – Un Cessez-le-feu immédiat et durable en Israël-Palestine – , ces trois éléments exprimés sur des pancartes.
Les réactions sont kaléidoscopiques : d’une complicité totale à une opposition exprimée par la colère, la haine et des décibels en passant par l’indifférence, la tristesse sans oublier les moqueries. Un jour, une personne apporte un bougeoir qui rejoint les trois autres ; une seconde dépose des friandises au centre du Cercle ; une troisième demande où est la corbeille pour les dons. Quelques personnes viennent se joindre au Cercle pour un temps. Un jour, quelqu’un nous rejoint avec un grand drapeau palestinien. Nous lui expliquons délicatement et fermement notre mode d’action non-violente qui sollicite les consciences pour cheminer vers la justice et la paix, et la paix par la justice, avec les armes de la bienveillance car la vengeance ne guérit pas.

La métamorphose des pancartes

Au fil des semaines, l’équipe s’interroge sur les réactions les plus vives d’opposition – « Et les otages ! » – et plus rares – « Antisémites ! » – qui demanderaient argumentaire et rupture du silence. Nous choisissons d’être mieux compris, de faire une place plus explicite à la souffrance des deux parties avec des panneaux comme « Libérez les otages israéliens et les prisonniers palestiniens », « Palestinians, Israelians, All Brothers & Sisters ».
À l’apostrophe, « Vous êtes antisémites ! », si la personne est disposée à un dialogue dans le calme, nous lui demandons : « Quel panneau est antisémite ? » et, éventuellement, « Les élections approchent. Que pensez-vous de l’argument (mensonger de notre point de vue) : Nouveau Front Populaire = Mélenchon = Antisémitisme ? Ne risque-t-il pas de favoriser l’abstention qui mécaniquement profite au parti le mieux placé… ? »

Cs 42 Pluie

Le Cercle du 22 juin

Ce samedi, à midi, le Cercle commence sous un ciel clément et finira parapluies ouverts. Le carrefour des rues Saint-Martin et Aubry-le-Boucher devant Beaubourg à Paris est comme d’habitude bien animé. Tout près sont déjà installés Abd-el-Kader*, algérien, vendeur de colliers et bracelets en tous genres, et Slobodan*, serbe, vendeur de sifflets imitant à s’y méprendre le rossignol dont le chant aigu et entêtant, exaspère fort certains “silencieux” qui, debout, pancarte en main, les yeux fermés, tentent de prier. Cerise sur le gâteau, une nuée de démarcheurs, collecteurs de fonds pour une ONG internationale bien connue, forme rapidement un second cercle. Nous leur demandons dans un premier temps sans succès de prendre un peu de distance. L’argument, ” les personnes en Cercle prient en silence “, eut, lui, meilleur effet ! L’un de nous repère un couple, les sourcils très froncés, manifestement très interrogatif sur la démarche du Cercle. Commence alors un échange. Nicky et Dan, ils se nomment et habitent Tel-Aviv. Le “silencieux” désigne plus particulièrement les pancartes : « Palestinians, Israelians, All Brothers & Sisters » et « Free israeli Hostages & palestinian Prisoners ». Le couple se déride tout à fait et Nicky, spontanément, serre dans ses bras le “silencieux” tout ébahi et l’embrasse.

* Prénoms changés

Jean-Marc Noirot

CategoriesTémoignages

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