” Venez vous reposer ” dit Jésus aux disciples après le retour de mission ! Temps du repos, oui, pour la plupart, temps pour sortir de nos activismes surtout, temps pour construire la paix, même si celle-ci, chez Paul, ne semble surgir qu’après le combat, la destruction, la haine… qui font de nous des brebis sans berger. Alors, comment construire la paix entre nous ?
Entrée en prière
Accueil
C’est probablement de tous les coins de l’Hexagone et peut-être de plus loin que nous nous connectons ce matin pour cette célébration autour de la Parole. Bienvenue à chacune et à chacun.
Pour la plupart d’entre nous, ce week-end est empreint de tristesse avec le décès brutal de Françoise Micheau, vendredi. Elle était présente avec Michel chaque dimanche à nos célébrations du dimanche et très investie dans Saint-Merry Hors-les-Murs. Nous porterons dans notre prière, Michel, leurs enfants et petits enfants et tous leurs proches.
Les textes du jour résonnent avec les temps actuels : en premier lieu, parce qu’ils évoquent le repos « Sur des prés d’herbe fraîche, le Seigneur me fait reposer ». Si tout le monde ne part pas en vacances, l’été est pour la plupart d’entre nous et de nos concitoyens un temps de « vacance », de congés, un moment pour vivre à un autre rythme. Savons-nous le mettre à profit, jusqu’à peut-être ne rien faire ?
Ensuite, parce que si Paul affirme que « c’est lui, le Christ qui est notre paix », celle-ci ne semble surgir qu’après le combat, la destruction, la haine… Curieuse association. Est-ce à dire qu’il faut en passer par cette violence pour que la paix advienne ?
Réunis en son nom ce matin, nous cherchons à comprendre, comme cette foule assimilée à des brebis sans berger à laquelle Jésus enseigne.
Entrons maintenant dans notre célébration et que la Parole, la nôtre, celles de Paul, de Jérémie, celle du Christ se fassent nourriture au nom du Père du Fils et de l’Esprit.
Bénédicte I.-R.
📖 Lettre de Paul, apôtre, aux Éphésiens (2, 13-18)
Frères, maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.
Méditation musicale
ROLLING STONES – Midnight Own Way
Prière pour la Paix
Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » : ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne au monde cette paix et conduis-nous, nous tous, vers l’unité parfaite, là où il n’y aura plus le Juif et le païen, mais un seul Homme nouveau. – Amen.
📖 Au livre du prophète Jérémie (23, 1-6)
Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées, ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »
Méditation musicale
B. BRITTEN – Lachrymae, Op 48
📖 Évangile selon Marc (6, 30-34)
En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Partage
Jésus, dans l’Évangile de Marc, en conviant ses amis au repos, dessine comme un entre-deux passager, sorte de sas identitaire pour ceux qui, hier disciples envoyés en mission, seront demain apôtres avec la grâce de l’Esprit.
C’est parce qu’il nous appelle nous aussi ses amis, que le Christ nous invite à notre tour au repos.
Vraie proposition de confiance entière qui, au-delà des bonheurs éphémères de cette pose, ne cache pas pour autant les réalités difficiles de la vie.
Se reposer donc, c’est-à-dire se poser à nouveau mais pas n’importe comment, ni n’importe quand. Se reposer, pour celles et ceux d’entre nous qui prennent des vacances, c’est aussi suspendre nos activismes, fussent-ils chrétiens, c’est interrompre l’étourdissement dans lequel parfois nous nous complaisons pour occulter notre solitude ou pour nous prouver, même inconsciemment, que nous sommes indispensables.
Or, l’invitation de Jésus ce matin est d’abord une mise à distance toute provisoire pour que nous prenions conscience de ce que nous avons déjà tenté de faire, de ce que nous n’avons pu réaliser tout comme pour envisager même obscurément ce qu’il reste de tâche à accomplir modestement afin qu’advienne le royaume et que la volonté de Dieu soit, sinon faite, du moins engagée.
Oui, cette proposition si pleine d’humanité et de gratuité est pour nous, en ce temps estival, une préparation aux annonces et aux missions qui nous attendent encore et encore, souvent difficiles, épuisantes quelquefois jusqu’au découragement.
Se reposer, à la demande du Christ, ce n’est donc pas succomber à une sorte de farniente spirituel. C’est au contraire accepter le silence momentané de la marge, la sérénité provisoire de l’instant, le calme de la réflexion apaisée, la nécessité des heures suspendues, avant de repartir et de retrouver notre place au cœur de ces foules sans berger, en quête de l’espérance promise.
Peut-être une autre façon de construire la paix ?
Alain C.
Comment construisons-nous la paix ?
Méditation musicale
Bela Bartok – Le mandarin merveilleux
Quelques échos du partage
- Construire la paix, ce sont ces mains qui s’étreignent, l’une blanche et l’autre noire pour construire quelque chose ; c’est aller vers l’autre, tous les autres, quels qu’ils soient
- Bâtir la paix, c’est aller à la rencontre d’autres cultures, découvrir les différences mais aussi des lieux d’engagements associatifs. Je crois à la multiplicité des tout-petits gestes du quotidiens, de partages et d’échanges les uns avec les autres.
- Construire la paix, c’est d’abord porter cette paix en nous, la nourrir; si nous ne sommes pas habités de l’intérieur, nous ne pouvons pas la transmettre.
- Je ne sais pas construire la paix, j’en suis incapable. Mais ce que je sais – et que je ne fais pas -, c’est écouter l’autre dans sa dimension autre que la mienne.
- Il n’y a pas de paix sans justice…
- La paix…. une question essentielle pour Françoise. Elle le manifestait et c’était une blessure pour elle, quand la paix autour d’elle n’était pas établie : dans la famille mais aussi dans son champ intellectuel. Pour elle, la paix reposait d’abord sur l’écoute de l’autre, quel que soit le niveau, la nécessité de produire de l’argumentation, la plus solide qui soit, et une sorte d’empathie convaincante, ferme, de manière à ce qu’on ne soit pas absorbé par des erreurs de jugement, dans une manipulation de l’autre… cela me fait penser à l’installation de Billi Thanner à St Eustache : une échelle de lumière reposant visuellement sur une phrase : ” pax hominibus bonae voluntatis “, phrase essentielle qui permet, à ceux qui pratiquent la paix, de recevoir la paix de Dieu ; mais cette phrase ne dit rien sur la manière de pratiquer cette paix.
♫ Chant : En attendant le jour
Paroles : A. Cabantous – Musique : L. Boldrini
L’Esprit de dieu pose nos pas
sur des sentiers de justice
que son amour rétablira.
L’esprit de dieu nous confiera
les paroles de justice
pour que l’amour trouve une voix.
1
En attendant le jour
Où le tigre et l’enfant
Dormiront au plus près
En attendant le jour
Où le bronze et le feu
Inventeront la paix.
2
En attendant le jour
Où les aveugles-nés
Deviendront des guetteurs
En attendant le jour
Où les corps déchirés
Se lèveront danseurs.
3
En attendant le jour
Où les bois des fardeaux
Nourriront la poussière
En attendant le jour
Où les chaînes emmurées
Rouilleront dans la mer.
4
En attendant le jour
Où les exclus des lois
Écriront l’avenir
En attendant le jour
Où les fils étrangers
Oseront s’accueillir.
Prière universelle
Jésus est saisi de compassion devant cette foule qui le poursuit et qui l’espère…
Jésus voit la force d’un tel déplacement, il l’écoute, il l’entend avec son cœur et son intelligence, il ne peut pas se dérober, son cœur vibre devant l’avidité de ces gens…il compatit, il pâtit avec eux, il ressent qu’ils sont en manque, et il va passer un long moment avec eux…
Seigneur, donne-nous, à nous aussi, un cœur capable d’écouter vraiment, capable d’entendre, capable de s’émouvoir devant la demande de nos frères et sœurs humains. Et, soyons concrets, rends-nous capables, Seigneur, d’entendre avec la même soif et de répondre avec la même attention à la demande d’un militant ou d’un simple votant, quelle que soit son appartenance, qu’il soit de LFI, du Rassemblement National ou d’ailleurs. Le pire malheur, pour quelqu’un, n’est-il pas de se sentir non reconnu, méprisé ? Oui Seigneur, garde-nous du mépris !
Écouter avec amour, tendresse, disponibilité, compréhension, compassion, les moindres demandes, les moindres besoins, même si écouter ne veut pas forcément dire satisfaire.
Seigneur, en cette période de reconstruction et d’expression des besoins, des urgences, des désirs de tant de gens, fais-nous un cœur capable d’entendre, de compatir et de chercher des réponses, si dérangeant que cela puisse être pour nous.
Et vous, voulez-vous maintenant exprimer une intention de prière empreinte de compassion, de partage de la souffrance et du besoin d’autres personnes ?
Jean-Luc L.
♫ Heureux les hommes au cœur de chair
Ils deviendront printemps du monde
L’amour fait fondre nos hivers
Il est soleil où Dieu où s’annonce.
La communauté a porté dans sa prière :
- Françoise Micheau…. cette fraternité entre nous, cette douleur vécue ensemble et cette espérance qui monte vers toi ne peuvent rester infertiles, nous te prions Seigneur.
- Notre désir d’attention à l’autre à la lumière d’une réflexion d’Etty Hillesum : ” Ici, beaucoup font dépérir leur amour du prochain parce qu’il n’est pas nourri de l’extérieur ; les gens, ici, ne vous donnent pas l’occasion de les aimer ; pour ma part, je ne cesse de faire cette expérience intérieure : il n’y a aucun lien de causalité entre le comportement des gens et l’amour que l’on éprouve pour eux.”
- les gestes de paix qui n’arrivent pas à se donner.
- la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs : Je voudrais ici remercier la communauté, virtuelle mais aussi bien réelle, à Notre-Dame d’Espérance ou ailleurs, qui parce que vous avez conforté, accompagné la foi de Françoise, dans ses doutes parfois, Françoise vous a rendu tout ce que vous lui avez donné, beaucoup de choses que vous lui avez données. Et elle avait le sens de la transmission vissé au corps et j’émets la prière que cette communauté, quel que soit le lieu où elle ira, transmette le goût de la paix, la force de trouver les moyens de la paix, y compris dans cette Église qui nous a véritablement malmenés.
- Les Palestiniens qui, alors que la paix semble s’éloigner davantage chaque jour, espèrent ne pas mourir et ne pas voir mourir leurs enfants ; Seigneur soutiens-les, je t’en prie, ma compassion est immense pour eux
- Tous ceux rencontrés à l’hôpital psychiatrique depuis trois semaines : que nous ayons compassion, affection et soutien pour ces personnes qui sont dans des souffrances très variées mais absolument terribles. Je vous les confie.
Notre Père
Psaume 22
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
Bénédiction et envoi
Alors construisons la paix :
aller vers l’autre, tous les autres quels qu’ils soient,
découvrir d’autres cultures dans leurs différences,
écouter l’autre dans sa dimension autre que la mienne,
porter la paix en nous pour la transmettre aux autres ;
il n’y a pas de paix sans justice.
Profitons de cette semaine pour construire la paix avec ceux qui nous entourent. Ne nous privons pas de relire les textes de ce jour, continuons de méditer cette parole qui nous a été transmise, car cette méditation n’est jamais finie et produit du fruit.
Et que la bénédiction de Dieu soit sur nous tous au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen
