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Dimanche 11 août 2024. « Je suis le pain de la vie »

En ce 19ème dimanche du temps ordinaire, nous pouvons nous sentir proche du découragement du prophète Élie. Mais celui-ci sera nourri par l’ange du Seigneur, tandis que l’Évangile nous présente Jésus comme le pain de la vie : dans ces deux cas, c’est un autre, le tout Autre, qui nous redonne des forces.

Entrée en musique

Corelli, Concerto Grosso

Accueil

Bonjour et bienvenue à vous toutes et tous, en ce dimanche de la mi-août, au cœur de l’été.
Vous avez peut-être décalé votre tour à la plage, ou éteint la télé sur les JO, pour venir partager la Parole avec nous – comme souvent, ou occasionnellement, ou peut-être pour la première fois.

Et justement, depuis quelques dimanches maintenant, cette Parole se présente à nous comme la véritable nourriture de nos vies, celle qui nous donne les forces spirituelles pour avancer sur nos chemins. « Je suis le pain de la vie », dit Jésus.

Alors entrons joyeusement dans ce partage, pour célébrer celui qui est Père, Fils et Esprit.

Blandine

♬ Psaume 33

Lien vers le psaume chanté ICI

Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Ecole De Bulgarie Le Prophete Elie Musee Des Beaux Arts De La Ville De Paris
Le prophète Élie, école Bulgare, Musée des Beaux-Arts de Paris

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe alentour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

📖 Lecture du premier livre des rois (19, 4-8)
En ces jours-là, le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit.
Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau.
Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but.
Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Résonance

« Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! »
Cet épisode de l’histoire du prophète Élie qui vivait au 8ème siècle avant JC, sous le règne du roi Achab, me touche beaucoup. Ses accents résonnent encore directement jusqu’à moi.
Le prophète Élie a jeté l’éponge, il déclare forfait, il abandonne le combat. La lutte avec le roi Achab pour qui il est « le fléau d’Israël », et maintenant la poursuite de la reine Jezabel qui veut se venger du massacre des prophètes du culte de Baal, ça suffit. Tenir dans la durée, sans l’espoir d’une ultime victoire, non c’est trop, c’en est trop Seigneur.
Il y a des temps dans la vie où un texte nous parle davantage qu’à un autre temps. Peut-être en suis-je là, avec beaucoup d’autres, grands malades, grabataires, vieillards isolés, prisonniers, militants usés par des combats sans fin, Ukrainiens, Gazaouis, quand rien ne change, quand rien ne bouge. Alors, à certains moments, vient la tentation de l’abandon, du forfait, « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! » Parce que ça a trop duré : toute une journée dans le désert c’est déjà long, mais encore quarante jours, quarante nuits ! Il est long le chemin qui reste, très long, trop long. « O Lord, so long ! »
Alors un ange, l’envoyé du Seigneur, est venu secouer le prophète Élie : réveille-toi, regarde autour de toi, vois ce pain, vois cette eau, lève-toi et bois, lève-toi et mange, lève-toi et marche. Mais la nourriture venue du ciel n’est pas une potion magique. Élie a mangé, Élie a bu, mais… Élie s’est rendormi. Notre sommeil est profond, profond.
Il arrive souvent dans la Bible que la voix du Seigneur se fasse entendre successivement, à plusieurs reprises, car le Seigneur, lui, ne se lasse pas, n’abandonne jamais, ne déclare jamais forfait. Dans ce passage du premier livre des Rois l’ange revient donc une seconde fois, mais il aurait pu revenir une troisième, une quatrième fois. Et pour autant ce n’est pas la fin, il faut toujours marcher, car il est long le chemin qui me mène jusqu’à la montagne de Dieu.

Jean

Giorgio Parravicini 12ihvefracq Unsplash
Photo de Giorgio Parravicini sur Unsplash

♬ Méditation musicale

Ghazali Tal Jahri, Jordi Savall

📖 Évangile de Jésus Christ selon Jean (6, 41-51)
En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : ‘Je suis descendu du ciel’ ? »
Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.
Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie.
Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Résonance

Cet écrit de Jean me trouble. Je n’y comprends pas grand-chose.
Ce passage suit la multiplication des pains, le retour des disciples vers Capharnaüm, rejoint par Jésus qui marche sur les eaux du lac puis par la foule. Une foule à laquelle Jésus affirme une première fois : « je suis le pain descendu du ciel » puis promet à ceux qui croient en lui, la résurrection au dernier jour.
Pas étonnant que les discussions aillent bon train et que des gens protestent : – pour qui il se prend, le fils du charpentier ? Pour Dieu ?
Mais quand Jésus reprend la parole et en rajoute, je suis larguée.
« Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. Quiconque a entendu le Père vient à moi. » J’ai l’impression que tout est à l’envers. Pour moi, c’est tout le contraire ; c’est Jésus qui dévoile le Père. Ce que je connais de Dieu, c’est ce que Jésus nous en dit. D’ailleurs il le soutient lui-même : « personne n’a jamais vu le Père sinon celui qui vient de Dieu. »
La suite me plonge dans un abîme de réflexion
« Il a la vie éternelle celui qui croit. » Et celui qui ne croit pas, alors ?
Et ça recommence : « je suis le pain de la vie… Je suis le pain vivant descendu du ciel… le pain descendu du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.»
J’ai ri en lisant, quelques versets plus loin : « cette parole est rude, qui peut l’entendre ? » Ouf, je ne suis pas la seule à être perdue et à ne pas comprendre
Alors, je me dis que, précisément, il ne s’agit sans doute pas de comprendre mais de recevoir ce Jésus et ses paroles comme un cadeau. Avec lui, c’est comme si toutes nos limites explosaient, même la plus forte, celle de la mort. Je suis incapable d’imaginer, de concevoir ce que produit en nous le fait de se nourrir de Jésus. Ce que ça bouleverse dans notre humanité, comment ça l’humanise, j’allais dire la divinise.

Et vous, qu’en dites-vous ?

Joëlle

Partageons maintenant en communauté cette question :

Comment résonne en vous cette affirmation de Jésus :

« Moi, je suis le pain de la vie. » ?

Méditation en musique

Poulenc, Improvisations in F major

Pain Partagé

Quelques interventions lors du partage

  • Depuis qu’on traduit “le pain de la vie” au lieu du “pain de vie”, qui évoquait juste l’eucharistie, j’y vois l’explosion de toute la vie : les boutons de fleurs, les premiers pas des bébés… Cela me met en joie et j’en rends grâce.
  • Le pain n’est plus l’aliment de base, mais le symbole reste : le pain s’abime s’il n’est pas renouvelé chaque jour.
  • “Laissez-vous nourrir par moi, au jour le jour, dans la joie, la peine, le labeur. Soyez simples.”
  • Jésus nous dit : “Je peux donner sens à toute vie, éclairer tout ce qui est de la vie”.
  • On touche à l’intime. Parfois, on se croit en échec, mais c’est par les autres qu’on peut continuer à vivre : on a besoin d’être réveillé quand on se croit mort.
  • Pour faire du pain, il faut malaxer, puis laisser reposer ; et on peut manger le pain qui a été malaxé par un autre. Comment proposer ce pain de vie à mes enfants ?
  • Ce pain de vie me dépasse et m’étonne : je ne peux l’expliquer dans ma vie, la Parole me nourrit étonnamment, elle irradie.
  • Le pain de vie, ce qui nous fait vivre ensemble, quelques fois au cours de repas partagés. “Ma vie donnée pour la vie du monde” : cela dépasse les frontières de nos religions.
  • “Familiarity breeds contempt”, la familiarité engendre le mépris, dit un proverbe anglo-saxon. On réduit celui que l’on connait, on n’est plus étonné ni émerveillé. Or Jésus nous appelle à retrouver ce mystère de l’autre. Il est celui qui nous nourrit et nous donne la vie éternelle.
  • Devant la merveilleuse vasque de la flamme olympique, on constate une dimension collective de la bienveillance : cette foule est-elle en recherche du pain de la vie ?

Chant : Nous sommes invités

Eucharistie en forêt
Rando-célé 20 juin 21


Venez Dieu nous appelle aux noces de son Fils
Venez dans l’allégresse goûter le pain de vie


Quelle voix au loin nous parle ?
Nous sommes invités !
Qui murmure ce message :
c’est l’heure du banquet ! 

Levons-nous, prêtons l’oreille.
Nous sommes invités !
Dieu lui-même nous réveille.
C’est l’heure du banquet !

Plus de peur ni de tristesse.
Nous sommes invités !
Revêtons l’habit de fête.
C’est l’heure du banquet !

De tout lieu, de toutes races.
Nous sommes invités !
Tous auront leur place à table.
C’est l’heure du banquet !

Intentions de prière partagées

♫ Refrain
Invente avec ton Dieu l’avenir qu’Il te donne.
Invente avec ton Dieu tout un monde plus beau !

  • Pour les étudiants du Bangla Desh, qui ont renversé un gouvernement inique et pris le relais des forces de l’ordre (qui se cachent après les massacres qu’elles ont commis), en assurant la circulation en ville, le ramassage des ordures… Que l’Esprit inspire Yunus et tout ce peuple courageux.
  • Pour Hélène, qui n’arrive pas à remonter la pente depuis le décès de Françoise.
  • Nous rendons grâce pour nos enfants, qui rencontrent les vieux amis que nous ne pouvons plus voir.
  • Pour tous les trentenaires que nous avons reçus cet été, qui ont échangé avec ma mère bientôt centenaire, et l’ont déstabilisée par leur absence de foi : qu’ils aient le courage d’oser interroger d’autres aspects de leur vie, dans leur recherche du bonheur.
  • Pour Corinne et Stéphane, tous deux atteints par des cancers, et parents d’adolescents.
  • Je rends grâce pour la joie des enfants qui ne partent pas en vacances mais sont accueillis sur une fan zone près de chez moi, où ils découvrent et expérimentent plein de pratiques sportives.
  • Pour Thibaut et ceux qui n’ont plus d’appétit pour le pain de vie : que nous sachions leur faire une place, les inviter.
  • Pour les victimes du bombardement de Gaza.
  • Pour ceux qui traversent le désert, à côté de nous, et qu’on ne voit pas forcément.
  • Je rends grâce pour une rencontre merveilleuse autour de la musique dans un centre d’accueil pour personnes lourdement handicapées.
  • Je rends grâce pour les affiches dans les rues de Paris “nettoyées” à l’occasion des JO, qui rappellent l’existence des SDF qui en ont été chassés.

Notre père

Envoi et Bénédiction

Au début de ce temps de rencontre, Hélène nous a lu un passage du livre des Rois, où nous avons vu le prophète Élie en fuite dans le désert, en proie à un découragement absolu.
Il y apprend une certaine forme d’humilité : c’est la nourriture, l’eau, et les encouragements d’un autre qui vont lui donner les forces qui lui manquent pour se remettre en route.

Cet autre, désigné par le texte comme l’ange de Dieu, nous le connaissons aussi dans nos vies : tous ces envoyés de Dieu qui nous ont aidés, nous ont prodigué une parole de soutien quand nous traversions des heures noires, nous ont rendu un service matériel ponctuel qui a éclairé notre journée et débloqué une impossibilité où nous étions enfermés.

Aussi, la parole dite à Élie s’adresse bien à nous toutes et tous, pour nous mettre en route à l’issue de cette rencontre :
« Lève-toi et mange, car il est long, le chemin qui te reste »,
au nom du Père, du Fils, et de l’Esprit.

Blandine

Francesco Botticini, Tobias et les trois archanges, détrempe sur bois (134 x 153 cm), vers 1467, Galleria degli Uffizi, Florence
Francesco Botticini, Tobie et les trois archanges, vers 1467,
Galerie des Offices (Florence)

Annonce

Les Rencontres autour de la Parole (dimanche 11 h) auront lieu tout l’été, n’hésitez pas à rejoindre leurs préparations les lundis soirs à 19 h.

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