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Dimanche 10 novembre 2024. « Jésus, assis, regardait la foule. »

Les textes du jour, en ce 32ème dimanche du temps ordinaire, nous présentent deux veuves qui prennent sur leur nécessaire vital pour donner à autrui, au nom de ce qui est encore plus essentiel pour elles. L’une entend la voix de Dieu dans celle du prophète Élie, l’autre, sans le savoir sans doute, agit sous le regard d’amour et d’admiration de Jésus. Le Christ est également là, quand nous nous réunissons en son nom pour ce temps de rencontre et de partage.

Entrée en prière

Musique de La foule. Angel Cabral

Accueil

Bonjour à toutes et à tous venus partager ensemble la Parole. C’est pour moi un vrai bonheur de vous retrouver même si c’est seulement derrière nos écrans. Nous vivons les dernières semaines de l’année liturgique dans l’attente de la naissance d’un petit enfant qui nous amènera à Noël.
Lors de notre préparation lundi dernier nous nous sommes arrêtés tout particulièrement au premier Livre des Rois et à l’Évangile de Marc. Une fois de plus dans Marc, Jésus a un regarde attentif à ce qui l’entoure. Il prend son temps et regarde autrement cette veuve qui se dépouille de ses dernières petites pièces d’argent qui lui restent. Comme le dit le texte, « elle a pris sur son indigence ». Dans le Livre des Rois nous retrouvons, de nouveau, une veuve qui semble être une personne peu considérée de son temps, avec très peu de moyen pour vivre. Elle accepte de partager son pain avec le prophète Élie. Elle manifeste une énorme confiance dans la parole d’Élie : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit », parole dictée par Dieu. Elle n’a pourtant plus qu’un peu de farine et d’huile pour survivre, elle et son fils.
Et nous, qui venons pour partager cette Parole, avec quoi arrivons nous ce matin ? Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Bernard R.

  • avec la lourdeur des élections américaines,
  • avec la joie au coeur de pouvoir partager des moments de communion par le chant,
  • avec ces deux choses incroyables et paradoxales : en Afghanistan, les Talibans empêchent les femmes de parler entre elles, et cette initiative de La Croix de mettre en relation des gens qui ne pensent pas pareil, pour dialoguer,
  • avec beaucoup de joies vécues cette semaine mais aussi de grands moments de solitude et je ne dois pas être le seul,
  • avec de l’admiration pour ce “travail de la terre ” qui se passe en automne,
  • avec de la reconnaissance pour ces collègues qui ont passé ce week-end à repeindre la salle d’attente parents-enfants à l’hôpital pour la rendre plus agréable,
  • avec ce bon moment de partage autour d’un repas avec des quakers après nos cercles de silence samedi,
  • avec la tristesse de cette page qui se tourne car mon épouse, hospitalisée, ne reviendra sans doute plus dans la maison que nous avons habitée ensemble depuis de très nombreuses années,
  • avec le sentiment d’être un peu désemparé devant ce jeune que j’aidais pour sa micro entreprise, qui vient d’être hospitalisé lui aussi et qui ne sait pas comment faire pour que ça vive.

📖   Premier livre des Rois (17, 10-16) 

En ces jours-là, le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.

Élie et la veuve de Sarepta, Abraham van Dijck (entre 1650 et 1672), musée national d’art de Cophenhague

📖   Évangile de Jésus-Christ selon Marc (12, 38-44)

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Résonance

Jésus assis, au repos, disponible, regarde. Ce regard porté par Jésus me paraît plus signifiant encore que les fameuses deux piécettes données par la veuve. Jésus prend le temps de se poser, attentif, et soucieux des personnes qu’il regarde. Il n’est pas dans la militance ou l’efficacité. Il regarde en profondeur, au-delà de ce qui se voit, plus loin que les apparences. Un regard ni compétitif, ni comptable, ni fasciné par l’apparat. Un regard bienveillant capable d’aller au-delà, un regard capable de s’attendrir, un regard perspicace aussi qui voit la grandeur de la veuve et la vacuité des superbes, un regard qui rejoint la personne au cœur.
Ce qui l’émerveille n’est pas le geste visible ou l’argent donné, mais celle qui donne, son engagement dans ce qu’elle vit.  « Voyez cette pauvre veuve, elle a pris sur son indigence ». Pour Jésus, l’important n’est pas d’abord ce qui se voit et peut fasciner, mais ce qui sort du cœur. Le secret d’un tel regard n’est-il pas la capacité à s’attendrir, à rejoindre le vécu de l’autre, à découvrir le surgissement de la vie et de l’amour, là où nous aurions tendance à faire les dédaigneux ou à ne voir qu’insignifiance ?
Et moi, et nous, comment regardons-nous ? Pourquoi nos regards ne pourraient-ils pas, tout petitement, mais réellement, modifier le paysage de nos vies quotidiennes si souvent obscurcies par le sensationnel, la poudre aux yeux ou le catastrophisme ?

Jean-Luc L.

♫  Chant Le regard de Dieu

Car le regard de Dieu a pris notre visage
et sa parole court dès nos commencements
Car le verbe de Dieu a risqué un passage
entre l’éternité et la fuite des temps.

1. C’est lui le Fils de l’homme
qui ouvrira tes yeux
pour t’enseigner le ciel
et le peupler de jours
que nul ne peut compter

2. C’est lui le Fils de l’homme
qui lavera ton deuil
pour t’ouvrir au matin
et raviver le puits
que tu croyais que tari

3. C’est lui le Fils de l’homme
qui te mettra debout
pour quitter le désert
et découvrir la voie
où Dieu est pèlerin

4. C’est lui le Fils de l’homme
qui t’apprendra les mots
pour partager le pain
et accueillir l’amour
que promet chaque jour

Christ aux mille visages

Résonance

Les deux textes du jour parlent de veuves généreuses. À Élie qui lui demande un morceau de pain, la veuve de Sarepta répond : « Je n’ai pas de pain. Je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons et nous mourrons. ». La veuve du temple met dans le trésor « tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Ces deux femmes ne puisent pas dans leur superflu, ce qui est en plus du strictement nécessaire, elles n’ont rien de trop. Elles donnent ce qui leur est indispensable. Garder de quoi acheter à manger est pourtant un besoin incontournable. Ici en France, combien de gens se privent pour boucler les fins de mois ? Manger est essentiel à la vie. Les deux veuves sautent à pieds joints sur ce besoin vital, comme si leur instinct de survie se situait ailleurs. Comme si un prophète pour l’une, un bâtiment pour l’autre, deux symboles d’une présence de Dieu, nourrissaient leur vie.

Joëlle C.

L’offrande de la veuve (Marc 12, 41 44)

Temps du partage

Généralement, au moment de la préparation de la célébration, nous cherchons la question qui ressort des textes du jour. Aujourd’hui, c’est à vous tous que nous demandons de partager avec la communauté les questions que suscite la lecture de ces textes.

Quelques échos du partage :

  • Comment faire aujourd’hui pour donner ce qui nous semble indispensable pour vivre ?
  • Comment faire de notre partage du pain, celui d’Emmaüs, un véritable échange, un moment important, inépuisable ?
  • Suis-je capable d’autant de confiance ?
  • Comment donner de son manque, de ce que l’on n’a pas soi-même ?
  • Où sont nos limites ? Pour les autres, pour nous-mêmes ?
  • Comment aider les précaires qui sont insultés, maltraités dans les médias et comment leur permettre de prendre place dans la société ? Comment trouver des solutions et m’y impliquer personnellement ?
  • Des gens qui n’ont rien et m’ont donné beaucoup, par des échanges qui m’ont ouvert les yeux ou des horizons, ou encore des immigrés qui, par leur récit, me donnent un bel élan de vie, alors qu’ils n’ont rien !
  • Où est la tendresse de Dieu ? Comment Dieu est-il présent ?
  • En hommage à Ahou Daryaei, étudiante iranienne, qu’est-ce qui fait poser ce genre d’acte extraordinaire alors que l’on a tout à perdre ?
  • Comment traverser les clivages et les barrières de nos nombreuses pièces de monnaie ?
    Comment oser recevoir de celui qui a besoin ?
  • Comment avoir l’audace d’aller à la rencontre de l’autre ? Comment oser donner ?
  • Comment rester spontané dans notre don, quand vient la maturité ?
    Comment conserver l’élan de la générosité ?
  • Comment apprendre à changer de regard sur les personnes en EHPAD ? Elles m’ont appris à aimer.

 Chant : Bienheureux les pauvres

Bienheureux le pauvre au seuil des festins
Les palais de Dieu lui sont fraternels
 Bienheureux le monde où l’argent n’est rien
Les trésors de Dieu seront éternels

Bienheureux les bras ouverts au pardon
La bonté de Dieu reçoit leur espoir
Bienheureux l’enfant dans son abandon
Car la main de Dieu ne peut décevoir

Bienheureux le nom du juste opprimé
La pitié de Dieu sera sans défaut
Bienheureux le corps qui n’a pas compté
Car l’amour de Dieu veille à son repos

Prière universelle

Quelques-unes des intentions de prière partagées :

  • Pour ma sœur aînée, qui a vécu, comme une obsession, le partage exact entre ses enfants de ce qu’elle voulait donner et cela a fabriqué un nœud de haine et de suspicion à la génération suivante et c’est un désastre, nous nous sentons dépassés
  • Pour tous les immigrés, sans papiers, SDF d’Amérique du Nord et des USA qui se sentent sous la toute puissance de Trump et de son camp
  • Pour tous les religieux américains – et partout ailleurs – qui s’associent à des politiques extrémistes et qui donnent une image terrible de la religion, de la foi et même de Dieu ; des proches autour de moi n’y comprennent plus rien
  • Pour tous les pauvres que nous rencontrons et dont certains ont toujours un sourire à partager avec les autres, malgré leur situation difficile
  • Pour les artisans de paix qui œuvrent et dénoncent tous ces actes antisémites qui se produisent un peu partout dans le monde
  • Pour Mamadou, jeune Sénégalais qui ne trouve pas d’emploi et vit de “Uber”, et que j’essaie d’aider
  • Pour les dizaines de milliers d’enfants palestiniens qui meurent, qui sont morts et qui continuent de mourir tous les jours dans une indifférence scandaleuse
  • Pour les femmes afghanes
  • Pour nos ami.e.s de la communauté qui vivent des étapes difficiles de leur vie

 📖   Psaume 145 (146)

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

Notre Père

Si je m’endors, me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors, le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte, priez pour que mieux, je me porte
Ne me jetez pas la faute, ne me fermez pas la porte

Oui, je vis de jour en jour, de squat, en squat, un troubadour
Si je chante, c’est pour qu’on m’regarde, ne serait-ce qu’un p’tit, “Bonjour”
Je vois passer quand j’suis assis, vous êtes debout, pressés, j’apprécie
Un p’tit regard, un p’tit sourire, ne prenne le temps, ne font que courir

Si je m’endors, me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors, le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout
Lala-la-lala-lala-la

Merci bien pour la pièce, en c’moment, c’est dur, je confesse
J’sais pas si j’vais m’en sortir, je l’atteste
Un jour avoir un toit, une adresse
Même si de toi à moi, c’est dur, je stresse

Le moral n’est pas toujours bon, le temps presse
Mais bon comment faire? À part l’ivresse comme futur
Et des promesses, en veux tu?

Voilà, ma vie, j’me suis pris des coups dans la tronche
Sois sur que si j’tombe par terre
Tout l’monde passe, mais personne ne bronche
Franchement, à part les gosses qui m’regardent étrangement
Tout l’monde trouve ça normal que j’fasse la manche
M’en veuillez pas, mais parfois, j’ai qu’une envie abandonner

Si je m’endors, me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors, le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte, priez pour que mieux, je me porte
Ne me jetez pas la faute, ne me fermez pas la porte

Si je m’endors, me réveillerez vous?
Il fait si froid dehors, le ressentez vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères, je reste un homme debout

Source : LyricFind
Paroliers : Frédéric Goualard / Jean-Pascal Anziani / Mamadou Niakate / Ricardo Cessaut / Sylvain Hagopian
Paroles de Un homme debout © Peermusic Publishing

Bénédiction

Le baiser, Brancusi

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