En cohérence avec sa foi chrétienne, ses engagements humanistes et sa pratique de juriste, en qualité de président par intérim du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO) et d’administrateur des associations Pour Jérusalem et Amis de Sabeel-France, Me Maurice Buttin interpelle les personnalités ayant pétitionné contre les critiques du président Macron envers la politique israélienne.
Il faut saluer la forme autant que le fond. Le questionnement sur des faits précis, avec les réponses qu’il appelle, est la bonne voie pour aboutir non pas à un consensus illusoire, mais à un fond commun permettant un vrai débat. Comme l’écrit Dominique de Villepin : « Nous avons le droit et le devoir de savoir. […] Le silence et l’inaction menacent non seulement l’image de l’Occident, mais engendrent un mépris durable à son égard. […] Il faut mobiliser les consciences face à une tragédie qui va hanter la mémoire des générations futures. » (Libération, 23 novembre)
En refusant les faux-semblants, les non-dits, les expressions trompeuses, bref l’ignorance et l’hypocrisie si communes sur la question du Proche-Orient, le parler-vrai est la seule façon pour comprendre les enjeux et agir justement – à condition que les protagonistes soient de bonne foi, ce qui appelle notre vigilance. L’erreur est rattrapable, quand la faute ne l’est pas.
Maurice Buttin répond à la fois au souci de tout humaniste de rechercher la vérité et à la demande souvent exprimée des chrétiens palestiniens à leurs frères et sœurs d’Occident : « Dites la vérité ! Nommez les choses par leurs noms ! ». Le pape François s’y engage dans son nouveau livre, L’espérance ne déçoit jamais. Pèlerins vers un monde meilleur, en évoquant pour la première fois les accusations de « génocide » à Gaza visant Israël. Son propos, aussi tardif et prudent soit-il, contraste avec le silence de la grande majorité des évêques. François fera-t-il mentir la sombre prophétie de Jacques Gaillot :
« Faut-il que les chrétiens aient deux fois honte :
pour l’antisémitisme européen séculaire [qui a permis la Shoah]
et pour l’abandon des Palestiniens [qui permet un nouveau génocide] ? »
Aidé par des clercs courageux et de nombreux croyants engagés comme Maurice Buttin, il ouvre la voie au status confessionis [1]Status confessionis : prise de position ferme de l’Église sur un thème essentiel, sans laquelle l’Église n’est plus l’Église. Le premier a été pris en 1934 par des Églises … Continue reading grâce auquel l’Église conservera une chance de sauver son honneur et, plus encore, sa mission évangélique. Le silence n’est pas une option.
Laurent Baudoin
> Pour lire la lettre de Maurice Buttin, cliquer ICI
Notes
↑1 | Status confessionis : prise de position ferme de l’Église sur un thème essentiel, sans laquelle l’Église n’est plus l’Église. Le premier a été pris en 1934 par des Églises protestantes allemandes contre les lois antijuives des nazis, un second dans les années 1980 pour s’opposer à l’apartheid sud-africain. |
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