A la lecture de Matthieu chapitre 1, verset 18, j’ai été ébloui par la richesse des traductions des uns et des autres, offrant une subtile complémentarité*.
La traduction de l’AELF tout d’abord : « Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph… ».
Engendré, issu de la racine latine genus, generis c’est-à-dire genre, génération, et donc un ancrage dans l’histoire par le fait du mâle qui créé, en l’occurrence le souffle de Dieu, l’Esprit saint. C’est donc à la fois celui qui a conçu et à la fois celui qui resitue cette conception, au fil des générations. C’est aussi la traduction de la Bible de Jérusalem.
Enfanter, selon la traduction de Chouraqui, « l’enfantement de Ieshoua, Messie, c’est ainsi » ; il s’agit cette fois de se placer du côté de la femme, qui accouche, qui met au monde l’enfant. Tout tourne autour de l’enfant qui arrive du fait de la mère, même si un peu plus loin, il parle du concepteur, le souffle sacré. De plus, Chouraqui, en bon juif, insiste sur le fait que Jésus est le Messie.
Sœur Jeanne d’Arc et Frédéric Boyer : « de Jésus, Messie, telle fut la genèse » ; cela renvoie en premier sens au premier livre de l’Ancien Testament, qui traite de l’histoire de la création du monde. Le second sens exprime aussi le fait des générations. Jésus est donc inscrit dès l’origine de notre monde par Dieu. Il est la source originelle de la vie.
C’est ce terme qu’utilisent aussi Colette et Jean-Paul Deremble dans leur ouvrage Jésus selon Matthieu, héritage et rupture : « Ce qu’annonce solennellement Matthieu est un nouveau commencement. Jésus, nouvel Adam, est le chef de file d’une nouvelle humanité ».
Enfin, « voici quelle fut l’origine du messie », c’est la traduction de la Vetus Syra. Le Robert donne pour racine originem de oriri, « se lever, naître » ; c’est cette fois le début des générations, la première apparition, le commencement de toute chose. C’est aussi la traduction de la Bible de Bayard.
Que de richesses et de diversités d’approches dans un simple verset, nous situant bien au-delà de la magie de l’enfant qui naît ! Le chant traditionnel tente d’associer cette magie de l’enfant qui naît et l’émerveillement de ce qu’il sera.
Douce nuit, sainte nuit !
Dans les cieux, l’astre luit.
Le mystère annoncé s’accomplit.
Cet enfant sur la paille endormi,
c’est l’amour infini.
Saint enfant, doux agneau !
Qu’il est grand ! Qu’il est beau !
Entendez résonner les pipeaux
des bergers conduisant leurs troupeaux
vers son humble berceau.
C’est vers nous qu’il accourt
en un don sans retour.
En ce monde ignorant de l’amour,
où commence aujourd’hui son séjour,
qu’il soit roi pour toujours !
*Pour le sens des mots en français, j’ai eu recours au Robert encyclopédique.