Le président républicain Donald Trump entre en fonction le 20 janvier.
Parmi ses premières annonces, trois m’ont pas mal étonnée : acheter le Groenland, récupérer le canal de Panama et transformer le Canada en 51ème membre de la fédération des États-Unis d’Amérique.
Alors que j’aurais dû m’intéresser à l’emblème des Républicains, l’éléphant, allez savoir pourquoi, c’est l’histoire de celui des Démocrates qui m’est revenue en tête.

Si les ânes ne sont guère concernés par la politique, les politiciens, eux s’intéressent aux ânes. Cette histoire, pas vraiment flatteuse mais qui les met en exergue depuis 183 ans, en est la preuve.
Étant donné leur réputation, aussi fausse que fourbe, d’être bêtes et non des bêtes, peu de personnes se sont risquées à les choisir comme emblème pour les représenter. Un groupe a pourtant osé déroger à cette bêtasse habitude : le Parti démocrate américain. Oui, l’âne est la mascotte du parti de Joe Biden, Barack Obama, Bill Clinton, Jimmy Carter, Lyndon Johnson, John Fitzgerald Kennedy, Harry Truman, Franklin Delano Roosevelt et bien d’autres avant eux.
Le Parti “républicain-démocrate“ a été créé en 1798 par Thomas Jefferson. Le premier président démocrate fut Andrew Jackson. Or, lors de sa campagne présidentielle, en 1828, celui-ci fut traité de “bougre d’âne“ : “Jackass“, un jeu de mot sur son nom. Quelques années plus tard, un dessin de presse représentait ce même Jackson à califourchon sur un âne figurant son parti.
L’idée était lancée !

Le 15 janvier 1870 dans la revue “Harper’s Weekly “, Thomas Nast, dessinateur de presse républicain (le parti adverse) reprend l’image. Son but est de rendre hommage à Edwin Stanton, l’ancien secrétaire à la guerre du président républicain Abraham Lincoln. Stanton était mort l’année précédente et avait été âprement attaqué par les démocrates du nord. Alors, Nast représente le parti démocrate sous la forme d’un âne donnant un lâche coup de pied à Stanton, figuré sous les traits d’un lion mort. Il sous-titre sa caricature “A live jackass kicking a dead lion“, “Un bougre d’âne bien vivant frappant un lion mort”.
Le dessinateur fait référence à la fable de Jean de La Fontaine : Le Lion devenu vieux dans laquelle les animaux s’approchent l’un après l’autre du lion naguère redouté, et le frappent alors qu’il est à l’agonie. Le cheval, le loup, le bœuf ; mais quand vient l’âne, considéré comme la honte de la nature, c’est trop. L’idée même qu’il peut le faire est insupportable au lion. (Selon moi, le lion meurt avant même que l’âne rue car les ânes ne sont ni lâches ni méchants.)  De cette fable vient l’expression “donner le coup de pied de l’âne” pour désigner une attaque sans risque contre un adversaire affaibli, la vengeance des lâches.
Par la suite, Thomas Nast réutilise plusieurs fois le croquis d’un âne qui, ainsi, devient le symbole du parti démocrate, contre son gré.

Ancienne ânière, bergère d’ânesses, j’aime ces animaux aux longues oreilles et aux grands yeux tristes qui ne sont ni bêtes, ni serviles, mais des animaux serviables.
Et, pour en revenir à l’actualité, les ânes n’ont pas la lourdeur des éléphants.

J Et Anes
Joëlle Chabert

Joëlle Choisnard Chabert, géographe et journaliste retraitée. Autrice d’ouvrages pour adultes et pour enfants édités chez Bayard France et Canada, Salvator, Albin Michel. Thèmes : société, christianisme, vieillissement.

Laisser un commentaire (il apparaitra ici après modération)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.