Célébration du Jeudi Saint à Notre-Dame-des-Anges
Accueil
Bonjour et bienvenue à tous en ce jeudi saint, premier jour du Triduum qui nous conduit vers la lumière de Pâques.
Je vous propose pour commencer la célébration, comme nous en avons l’habitude ici, de nous accueillir les uns les autres en nous disant bonjour.
Merci encore et encore à Notre-Dame-des-Anges qui traduit en actes, par son accueil, ce qu’est le partage et une certaine dépossession.
Aujourd’hui, le Christ dépose son vêtement puis s’abaisse. Lors de la préparation, nous nous sommes intéressés à ce vêtement posé, qui sera partagé le vendredi Saint, puis plié dans le tombeau de la résurrection. Vêtement symbole de la dépossession du paraître, de l’autorité, de la puissance et qui posé, donne place au corps offert. Car c’est nu que l’on rentre dans l’amour.
Jésus venu de Dieu, à genoux devant ses disciples rejoint l’Homme dans ses errances. Il le veut debout en prenant soin de ses pieds. Il le veut en marche comme dans l’Exode, prêt à partir pour se donner lui aussi, en s’abandonnant dans la confiance.
Christine B.

♬ Chant : Comme lui
COMME LUI SAVOIR DRESSER LA TABLE,
COMME LUI NOUER LE TABLIER,
SE LEVER CHAQUE JOUR
ET SERVIR PAR AMOUR, COMME LUI.
1.
Offrir le pain de sa parole
Aux gens qui ont faim de bonheur
Être pour eux des signes du royaume
Au milieu de notre monde.
2.
Offrir le pain de sa présence
Aux gens qui ont faim d’être aimés
Être pour eux des signes d’espérance
Au milieu de notre monde.
3.
Offrir le pain de sa promesse
Aux gens qui ont faim d’avenir
Être pour eux des signes de tendresse
Au milieu de notre monde.
4.
Offrir le pain de chaque cène
Aux gens qui ont faim dans leur coeur,
Être pour eux des signes d’Évangile
Au milieu de notre monde.
Au livre de l’Exode (12, 1.11-14)
Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron :
Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d’Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d’Égypte, depuis les hommes jusqu’au bétail. Contre tous les dieux de l’Égypte j’exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d’Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge, vous la fêterez.
♬ Acclamation de la Parole U48-75
Paroles : M. Scouarnec – Musique : Jo Akepsimas
Donne-nous de goûter ta Parole, gloire et louange à Toi
Qu’elle éclaire aujourd’hui notre route, gloire et louange à Toi
Que nos cœurs à ta voix se réveillent, gloire et louange à Toi
Évangile de Jésus-Christ selon Jean (13, 1-15)
Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout.
Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »
Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.
Résonance
Le vêtement, c’est ce qui protège et couvre le corps. C’est aussi ce qui nous pose et parfois en impose. (Dans mon univers familial, cela a un rôle primordial.)
Jésus quitte le sien, le dépose à nos pieds comme à ceux de Pierre et ses compagnons.
Je l’imagine déposer les habits dont sont revêtus les maîtres et manifester la seule souveraineté qu’il veut bien assumer en posant un geste habituellement dévolu aux serviteurs.
Je me représente ses mains fortes, sans doute calleuses de charpentier, prendre les solides pieds du marin pêcheur dans les siennes pour les laver.
D’ailleurs, en préparant, nous avons été marqués par la place assumée du corporel dans les textes du jour, le sang, les pieds, les mains, la tête, le pain, le repas, l’invitation à manger.
Beaucoup d’entre nous aimeraient peut être, comme moi, être allégés de tout ce charnel, parfois merveilleux et jubilatoire, mais aussi bien souvent lourd, douloureux, moche à nos yeux à tel point que nous le cacherions volontiers.
Pour ma part, j’ai mis longtemps à entendre combien l’invitation du Christ à donner sa vie n’est pas une injonction à renier, quitter notre corps comme une enveloppe à mépriser.
Et je pense aux professionnels de qui l’on exige quasiment de ne plus être que des têtes pour certains, que des mains pour d’autres.
Le Christ lui, prend tout de nos vies et de nos certitudes, à bras le corps. Sans artifice, de la tête aux pieds, nous invitant à vivre de cet amour concret, unifiant nos intentions et nos gestes. Il nous donne à croire qu’il nous aime, nous aime tels que nous sommes, jusqu’au bout.
Il m’emmène à quitter la carapace de mes préjugés sur Dieu et à retourner mon regard vers les autres.
Son amour jusqu’au bout m’aide aussi à abandonner ou du moins lâcher un peu la peur de déplaire pour des relations plus authentiques.
Et nous, individuellement ou ensemble, que sommes-nous prêts à abandonner matériellement ou dans nos manières de faire, de voir les choses…pour entrer en relation vraie avec nos frères ?
Alexandra N.
Partage
Oui, pour nous, sous forme de micro libre :
Que sommes-nous prêts à abandonner pour entrer en relation vraie avec nos frères ?
Quelques échos :
- Mon temps pour parler longuement avec une jeune mère de famille migrante qui cherche un logement dans Paris… elle m’a dit : merci de m’avoir écoutée
- L’idée toute faite que je peux avoir de ce frère avant même que l’on commence à parler
- Je dois m’abandonner moi-même, avec mes pensées et mes soucis, afin d’être disponible aux pensées et soucis de celui ou celle que je vais écouter
- Laisser tomber une certaine idée de ma liberté et aussi cette idée qu’il me faut une parole forte pour être présent à l’autre.
- Passer au dessus de mes préjugés et connaître un peu l’autre
- Une parole personnelle favorise la relation authentique
- Abandonner mes certitudes et mes réponses parfois toutes faites au profit d’une écoute respectueuse.
Préface
Père, nous te disons notre bonheur, nous, pèlerins de l’espérance, en quête de sens et de liberté, ce jour où nous revivons la dernière Cène, dans une célébration que nous voulons chaleureuse et fraternelle, afin que demeurent en nous la foi, l’espérance et la charité. Nous sommes invités à la table où le Seigneur se donne comme nourriture, et aussi à un agir nouveau. Le Christ se place devant ses disciples dans un geste d’humilité : il lave leurs pieds. Par là, il donne place au corps, dans notre monde d’après Covid où disparaît l’humanité, où disparaissent les gestes simples de rapports interpersonnels. Mais avant, il dépose son vêtement. Que de symboles : il se dépouille ; il quitte ses insignes de pouvoir. Il va outre la manière dont les gens le voyaient. Il se
met à nu et invite à l’authenticité du geste. Par là, il renverse les valeurs. Le service de l’autre, du frère, devient une norme sociétale de premier ordre. Lui-même nous aime jusqu’au bout, jusqu’à donner sa vie. Expression manifeste d’un amour incarné, d’un amour qui devient acte, alors même que le Père a tout remis entre ses mains. Avec raison nous l’appelons Maître et Seigneur. Être Seigneur, n’est-ce pas justement aller vers les autres ? Père, ton Fils nous demande de faire comme Lui. Et la question « Que sommes-nous prêts à abandonner aujourd’hui pour entrer en relation vraie avec nos frères ? » devient un appel à l’espérance, signe manifeste de notre marche vers la Pâque du Christ.
Dans cette foi, nous joignons notre voix à celle des anges, pour te dire :
Sanctus
Saint le Seigneur de l’univers !
Saint le Très-Haut le Dieu de gloire !
Saint Jésus-Christ, berger de paix !
L’Emmanuel dans notre histoire !
P : C. Bernard – M : B. Bayle
Prière eucharistique
Aux Corinthiens (11, 23-26), Paul affirme qu’il a reçu de la source ce qu’il nous a transmis :
« la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ».
Anamnèse
Ta mort Seigneur nous l’annonçons,
Soleil de Dieu qui nous libère !
Tu es pour nous résurrection,
La joie promise à notre terre.
P : C. Bernard / M : B. Bayle
Ce que le Seigneur nous a dit de faire et de vivre, nous le faisons, ici et maintenant. Père, Tu nous invites à un dépassement. Face à nos peurs, nos préjugés et nos craintes, devant nos besoins de repli sur soi, et pourquoi pas souvent devant notre désir de tout contrôler, tu nous mets en route vers les autres, avec qui tu nous invites à partager nos forces et nos espoirs. Dans cet esprit, Père, nous ne voulons pas seulement faire le mémorial des événements d’Égypte. Nous voulons prendre fait et corps sur notre présent, aux prises avec les incertitudes qu’offre l’espace politique où s’amenuisent les libertés démocratiques, face à la montée en puissance des pouvoirs autocratiques, qui mettent à mal les règles du droit ; mettent au pas les bruits des bottes et les sirènes de la mort. Nous prenons aussi en compte celles qu’offre l’espace social, avec la montée des fondamentalismes et des intégrismes de tous genres, sans oublier ces soucis qui grondent, avec le recul des valeurs sociales, à l’exemple de ces enfants et petits-enfants qui n’ont plus de temps pour leurs parents et grands-parents, et qui leur imposent la solitude.
Et c’est ici, Seigneur, l’occasion pour nous de rendre grâce pour toutes les personnes tournées vers les autres. Elles découvrent et font leur les multiples problématiques de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants qu’elles rencontrent et accompagnent. Parfois des visages inconnus, venus des terres inconnues, avec lesquels on chemine et qui sont source de bonheur à partager, des graines de vie à planter. Seigneur, en ce jour, nous te remercions pour la santé que tu nous donnes ; en même temps que nous prions pour nos ami(e)s malades et pour le repos de celles et ceux qui nous ont quittés. Nous pensons en particulier à Bernadette Marlé. Nous te remercions pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous te remercions pour les petites joies du quotidien, pour notre attention au voisin et à l’étranger.
Ce bonheur, nous le portons en union à François, notre pape convalescent ; en union à Laurent, notre archevêque et à toutes les volontés qui à travers le monde, donnent de leur vie au service des autres, au service des fragilités de notre maison commune. En union à Marie et à Joseph, en union à tous ceux qui ont fait ta joie au long des siècles, nous chantons ta louange, par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
José Mandiangu
Doxologie
Par Lui, avec Lui et en Lui, Amen
à Toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, Amen
Tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles, Amen.
Musique JP Lécot
Notre Père
Agneau de Dieu
Par ton Corps offert,
Nous avons part au même Pain
Par ce Pain rompu,
Nous formons le même Corps.
Paroles : C. Barbey – Musique : L. Boldrini
♬ Chant : L’homme qui prit le pain D 254
Paroles : C. Duchesneau / C. Barbey – Musique : F. Chapelet / C. Duchesneau
C´est à nous de prendre sa place aujourd’hui.
Pour que rien de lui ne s’efface.
1
L’homme qui prit le pain n´est plus devant nos yeux
Pour saisir en ses mains le don de Dieu.
2
L’homme qui prit le vin n’est plus devant nos yeux
Pour donner en festin l’amour de Dieu.
3
L’homme qui vient de Dieu n’est plus devant nos yeux
Pour poser à nos pieds, sa vie donnée.