Les textes du jour, entre désarroi et espérance confiante, entre division et brûlure d’amour semblent déconcertants. Le Psaume fait ce lien entre désespoir et foi dans le secours de Dieu, une confiance, un amour au coeur qui nous engage à poser des actes.
Entrée en prière
♬ Heart of courage de Thomas Bergersen
Introduction à la célébration et au Psaume
Bonjour les amis éloignés ou connus, les textes proposés pour la liturgie d’aujourd’hui, difficiles à comprendre, nous ont déconcertés.
Le psaume nous a semblé bien faire le lien entre le désarroi d’une part et l’espérance confiante d’autre part.
C’est pourquoi, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, nous vous proposons d’entrer dans ce temps de partage au nom du Père, du Fils et de l’Esprit en écoutant ce psaume.
Marie-José D.
Psaume 39
D’un grand espoir,
j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
pour entendre mon cri.
Il m’a tiré de l’horreur du gouffre,
de la vase et de la boue ;
il m’a fait reprendre pied sur le roc,
il a raffermi mes pas.
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.
Beaucoup d’hommes verront, ils craindront,
ils auront foi dans le Seigneur.
Je suis pauvre et malheureux,
mais le Seigneur pense à moi.
Tu es mon secours, mon libérateur :
mon Dieu, ne tarde pas !
Méditation musicale : ♬ Seigneur, mon secours
📖 Au Livre de Jérémie (38, 4-6.8-10)
Jérémie était un prêtre israélite ayant vécu et exercé sa fonction à Jérusalem pendant les dernières décennies du royaume de Juda au sud. Il fut établi comme prophète pour avertir les israélites des graves conséquences auxquelles ils s’exposaient suite à l’idolâtrie et l’injustice dont ils se rendaient coupables ce qui a entraîné la rupture de l’Alliance avec Dieu. Jérémie a même prédit que les babyloniens seraient mandatés par Dieu pour exercer ce jugement sur Israël et qu’ils le feraient en détruisant Jérusalem et en envoyant le peuple en exil. Ces prédictions se sont réalisées. Jérémie est présenté comme un messager de la justice et de la grâce divine. La grâce divine, car il a toujours laissé un espoir à Israël si elle se rachetait.
Le texte que nous lisons aujourd’hui se situe dans la deuxième section du livre de Jérémie dans laquelle Jérémie n’a cessé de supplier Israël de revenir dans le droit chemin et comment il les a avertis jusqu’au dernier moment. Mais les dirigeants d’Israël l’ont dédaigné et n’ont pas tenu compte de ses avertissements. Cette section s’achève sur le siège de Jérusalem et sur sa destruction et raconte toutes les persécutions infligées à Jérémie durant cette période.
Claire B.
Musée Condé (Chantilly) RMN
En ces jours-là, pendant le siège de Jérusalem, les princes qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur. »
Le roi Sédécias répondit : « Il est entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors, ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue.
Ébed-Mélek sortit de la maison du roi et vint lui dire : « Monseigneur le roi, ce que ces gens-là ont fait au prophète Jérémie, c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim car on n’a plus de pain dans la ville ! » Alors le roi donna cet ordre à Ébed-Mélek l’Éthiopien :
« Prends trente hommes avec toi, et fais remonter de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure. »
Respiration musicale : ♬ Mozart l’égyptien : extrait
📖 Lettre aux Hébreux (12, 1-4)
Frères et sœurs, nous qui sommes entourés d’une immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi.
Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu.
Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang
dans votre lutte contre le péché.
Méditation musicale : ♬ SCYLLA : Accablement
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Luc (12, 49-53)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Résonance : un feu d’amour qui nous engage…
Jésus nous dit : « Je suis venu apporter le feu sur la terre ». De quel feu parle-t-il ?
Dans son livre « Paroles de feu », Lytta Basset pense aux pèlerins d’Emmaüs qui disent : « notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand il nous parlait en chemin ? ». C’est un feu qui brûle sans consumer ni réduire en cendres, le même feu que Moïse rencontre dans le buisson ardent.
Ce feu est le signe de l’amour qui provoque une brûlure qui ne disparaît jamais. Il nous fait vivre et nous met en route. Il nous empêche de désespérer malgré le grand changement climatique actuel, malgré la paix introuvable au Moyen-Orient et ailleurs et malgré le mépris que les hommes et les femmes peuvent avoir pour leurs semblables.
Jésus dit aussi son désir que ce feu soit déjà là. Ce n’est pas notre anéantissement par le feu qu’il désire, mais bien le feu de l’Amour que son Père nous donne. Le véritable Amour n’est pas rose bonbon, n’est-ce pas ? Il ne nous pousse pas à faire profil bas pour nous cacher derrière les autres. Il nous fait nous engager, même si cela nous sort du rang, au risque d’être exposé à l’agressivité ou à la violence. Mais d’où vient cette force qui nous permet de ne pas être « accablés par le découragement » ? C’est en méditant l’exemple de la vie de Jésus, comme le dit la lettre aux Hébreux proposée aujourd’hui.
Michel M.
Respiration musicale : ♬ Feu Chatterton
Résonance : des textes d’une actualité brûlante…
Pour moi, les 3 textes de ce dimanche 17 août 2025 se font écho et s’inscrivent dans notre actualité la plus brûlante.
Michel a bien dit que le feu dont parle Jésus est celui de l’amour. Mais il s’accompagne aussi de l’épée de la division car il nous fait nous engager et nous expose à l’agressivité, en famille comme en politique. Si vous voulez avoir la paix en famille, dit-on, ne parlez jamais de politique, ni de religion. Mais le prophète ne peut se taire.
Jérusalem est assiégée par les troupes babyloniennes de Nabuchodonosor venues du Nord, l’actuel Irak, et le roi Sédécias compte secrètement sur l’appui de l’Égypte au sud. Le prophète Jérémie prêche la négociation. On l’accuse de prendre le parti de l’ennemi, de démoraliser l’armée et la population et on le jette dans un cul de basse-fosse. Il faut l’intervention d’un étranger pour le sortir de là.
Aujourd’hui des Israéliens de plus en plus nombreux manifestent pour la fin de la guerre et le retour des otages. Ils sont accusés par leurs compatriotes, parfois au sein même de leurs familles, de prendre le parti de l’ennemi et de démoraliser ceux qui sont appelés à la guerre totale.
Avant-hier, Poutine et Trump, maîtres de deux empires, ont tenté de s’entendre pour imposer une paix injuste à un petit pays agressé par l’un d’entre eux, avec dans chacun des deux empires, la bénédiction de chefs religieux. Et la division s’installe dans les familles en Russie mais aussi, à la longue, en Ukraine ! Qu’il est difficile d’aimer ! La voix des institutions internationales semble ne plus pouvoir se faire entendre. Quelles voix prophétiques s’élèveront pour imposer une juste paix ?
Dans la Lettre aux Hébreux nous sommes invités à garder les yeux fixés sur Jésus, lui qui a «résisté jusqu’au sang», lui qui a enduré jusqu’à la mort « l’hostilité des pécheurs »
Malgré l’état du monde, qu’est-ce qui fait que nous pouvons ne pas nous décourager ?
Jean V.
Partage
Malgré l’état du monde, qu’est-ce qui fait que nous pouvons ne pas nous décourager ?
Méditation musicale : Turlough O’Carolan (17e s.) Lamentation
Quelques échos du Partage
- Tous les petits gestes, même s’ils paraissent ridicules, qui se font par humanité, et participer, dans la mesure de mes moyens, en signant des pétitions pour la paix, en restant à l’écoute de tout ce qui vient
- L’amour qui existe dans tous ces petits gestes, malgré tout ce qu’on veut nous faire croire et ça nous aide à espérer… j’ai en tête le témoignage de Lucie Aubrac, ces gens qui nous donnent la force d’être à nos côtés et d’aller vers les autres
- Cette lettre au Président de la République pour sauver Ziad, pour débloquer cet accueil de 26 personnes en France, car Ziad est en danger de mort
- J’essaie d’avoir une espérance de fond qui est celle de croire que Dieu est là. Parfois, mon espérance vacille, je m’en remets à Lui et je vis cette impuissance et d’autres fois, il y a d’autres petits événements, Ziad effectivement, cet article dans le monde qui dit que Madonna, toute Madonna qu’elle est, fait appel au pape comme la seule personne au monde pouvant avoir une voix ou le baptême du petit Mahé vendredi, très belle cérémonie ; ce sont des tas de petites choses, de belles choses et puis, il y a des jours sans rien, d’attente, dont C. Bobin dirait qu’ils ne sont pas inutiles
- Je voudrais nommer ces hommes et ces femmes, et ils sont nombreux, qui se lèvent contre ces constructeurs de guerre en tous genres, qui veulent vraiment agir pour la paix. Ils sont des signes d’espérance ; en relayant leurs paroles, leurs textes, leurs engagements, nous pouvons l’être aussi
- Ce qui me touche énormément, c’est de voir le nombre de personnes qui bénévolement, se mobilisent pour que la société aille mieux (douches pour les sans-abri, opérations de ravitaillement pour les personnes défavorisées, intégration des migrants, celle et ceux qui sont dans les hôpitaux qui soignent et soulagent , …) ce sont des gens de l’ombre dont on ne parle pas…. un proverbe africain dit : « un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’un arbre qui pousse «
- Ce sont mes petits enfants qui me poussent à garder l’espérance, à leur offrir un monde où ils puissent être heureux, …. et puis dans un journal, une rubrique toujours présente qui s’appelle : « ce qui nous a fait du bien cette semaine… car il se passe toujours quelque chose de remarquable, d’heureux et de beau
- Ce qui m’a fait du bien ce matin c’est ce qui se passe dans ce collège lassalien de Jaffa en Israël où, grâce au courage de professeures, les enfants, juifs, chrétiens, musulmans peuvent vivre ensemble heureux et construire un avenir commun, malgré les difficultés
- Quand on vit une parole troublée, de dangers, de menaces, le fait de « dire la vérité » (ce que font Jérémie et Jésus en quelque sorte) aide, permet le diagnostic et la reconstruction. Il faut prendre le risque d’être mal perçu ou perçu comme un fauteur de troubles, mais de dire les choses
- Qu’est-ce qui nous fait espérer ? l’espérance est pour moi contenue dans toute graine de vie, êtres humains et toute la création, comme un coquelicot en plein désert de Jordanie, la vie plus forte que la mort…je n’en sais pas plus
- Dans notre été pas très rigolo cette année, les coups de fils, les mails, les SMS, les interpellations des voisins ou des copains, c’est sympa, ça nous sort de notre citerne de boue ; au niveau mondial, on espère qu’il y aura l’équivalent, sans savoir quelle forme ça peut prendre, parce que les encouragements dans la détresse c’est bien, mais il faut aussi sortir des situations terribles ou impossibles et c’est là qu’on se retrouve, pour le coup, sans prise
- Ce qui me donne de l’espérance, c’est l’engagement des uns et des autres ; on dit souvent que l’engagement est le meilleur anti-dépresseur…. je voyais aussi ce reportage sur cette école qui relie musulmans et juifs entre eux, en Israël. Moi, ce qui me donne de l’espérance, ce sont tous ces gens qui font des choses qui sont des pieds de nez à la haine et qui construisent des choses belles malgré les désastres
♬ Chant : Ta Parole comme un feu X 606
Paroles : J-N. Klinguer – Musique : P. Klinguer
REFRAIN
Ta parole, comme un feu,
S’élève dans la nuit ;
Ta parole vient de Dieu,
Elle éclaire et nous conduit.
1
Parole sans frontière
Pour dépasser la mort ;
Parole de lumière
Pour aller jusqu’au port.
2
Parole d’espérance
Pour vivre dans l’amour ;
Parole de confiance
Pour marcher vers le jour.
3
Parole qui murmure
Nos raisons d’espérer ;
Parole qui rassure
Pour vivre et pour aimer.
Prière universelle
Quelles intentions souhaitez-vous confier à Dieu et à la communauté ?
♬ : Feu de l’Esprit, embrase nos cœurs (bis)
La communauté a porté dans sa prière :
- Tous les artisans de paix de par le monde, tous les signes d’espérance
- V. Zelensky qui risque de se retrouver à nouveau humilié et qui porte l’espérance de millions de personnes, c’est curieux d’introduire dans ma prière un homme politique mais ça me touche au fond du coeur de penser à cette épreuve… j’ose évoquer Jésus devant Pilate….. rester fidèle à la vérité et à l’espoir qu’il porte
- La demande d’avoir la force de faire et d’inventer les petits gestes du quotidien qui vont faire que, au milieu de ce monde, plein de millions et de milliards de petits gestes quotidiens auront la force de faire vivre ce monde
- Tous les malades douloureusement atteints, que nos prières les soutiennent
- Ziad Medhouk, afin que l’appel au président de la République soit entendu… pour que renaisse la vie avec sa famille s’il peut vivre participer à ce programme universitaire en France
- Notre courage pour dire la vérité, même en famille où cela peut être difficile d’être vraie, de continuer à rester moi-même au risque de prendre des coups…. et de garder l’espérance d’être moi
- Nos familles, pour que la parole circule, que les différences soient acceptées dans cette mise à nu qui permet de mieux se connaître les uns-les autres, de partager en vérité
- Les familles de ces deux jeunes foraines très malades ou décédée pour l’une, dont les obsèques sont lundi
Notre Père
Bénédiction et envoi
Nous repartons avec toutes ces forces que nous nous sommes données, en nous rappelant tous ces petits gestes d’humanité si importants, si variés, avec, dans le fond du coeur, cette certitude que, malgré tout, Dieu est là, même sans savoir comment et en ayant conscience que des personnes se lèvent, un peu partout dans le monde, plein de gens de l’ombre agissent, plein de belles choses se passent ; nous sommes appelés à prendre le risque de dire ce que nous pensons en profondeur, même si nous sommes mal vus. Rappelons nous aussi que toute personne est graine de vie et cet appel à s’engager dans la vie comme un véritable anti-dépresseur. La vie, elle est aujourd’hui et toujours à notre disposition pour la saisir.
Partons avec tout cela et que Dieu nous y accompagne, qu’il nous bénisse au nom du Père, du Fils et de l’Esprit
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Cette célébration a été préparée par huit personnes.
Retrouvons-nous lundi 18 août à 19 h (lien dans l’agenda du site) pour préparer la prochaine rencontre autour de la Parole, dimanche 24 août à 11 h en visio
