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Art et IA : ChatGPT répond à l’invitation de StM HlM

L’IA est entrée dans nos vies de multiples manières en étant source de peur et de méfiance mais aussi de création de richesses, qu’en-est-il dans l’art ? La réponse adressée à Saint-Merry Hors-les-Murs est étonnante. La chronique de Jean Deuzèmes

Quand on s’adresse à ChatGPT, tout est important. La question formulée ne suffit pas, il faut assumer les choix de ses mots.

Les effets de la réponse sont de leur côté innombrables puisque cette dernière est lue par les lecteurs concernés, ici ceux qui lisent le site de Saint-Merry Hors-les-Murs, mais aussi par un monde bien plus large, puisque la réponse est elle-même étiquetée, classée par ChatGPT et servira à le nourrir ultérieurement .

Ci-contre Trevor Paglen, A Man (Corpus: The Humans), série Adversarially Evolved Hallucinations 2017 © J2M


Cet article est ainsi le résultat d’une expérience. Il peut produire du vertige ou bien des interrogations…

Contexte

Après avoir visité l’exposition « Le monde selon l’IA » et écrit le plan de son article, Jean Deuzèmes a eu l’idée « d’inviter » ChatGpt dans un débat du présent. Pouvons-nous nous satisfaire de sa réponse ? Le débat est ouvert.

Méthode
JD a posé la question suivante à ChatGpt.
Le musée du Jeu de Paume à Paris propose l’exposition « Le monde selon l’IA ». En quoi cela peut-il intéresser les chrétiens de la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs ? Quelles craintes cette exposition peut-elle provoquer pour le monde qui vient ?  Quels avis donnerais-tu ? En 6 000 caractères.

La réponse de ChatGPT

Réponse intégrale suivante parvenue en 3 secondes.
ChatGPT a dit :
Voici une réflexion développée en environ 6 000 caractères sur l’exposition « Le monde selon l’IA » au musée du Jeu de Paume, et sur ce qu’elle peut susciter pour des chrétiens de la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs :


1. Pourquoi une telle exposition peut intéresser les chrétiens de Saint-Merry Hors-les-Murs

L’exposition « Le monde selon l’IA » se situe à un carrefour essentiel : celui de la rencontre entre l’innovation technologique et la réflexion sur l’avenir de l’humanité. Pour une communauté chrétienne comme Saint-Merry Hors-les-Murs, connue pour son engagement intellectuel, spirituel et citoyen, une telle exposition ne peut qu’éveiller un intérêt profond.

  • Un questionnement anthropologique : l’IA touche à ce qui définit l’humain – sa créativité, son langage, son rapport au monde. L’art généré ou transformé par l’intelligence artificielle interroge : qu’est-ce qui est propre à l’humain ? Qu’est-ce qui reste irremplaçable ?
  • Une ouverture culturelle : le christianisme, loin de se refermer sur lui-même, a toujours dialogué avec les cultures et les savoirs. Explorer ce que les artistes disent du monde façonné par l’IA, c’est continuer cette tradition d’écoute et de discernement.
  • Une dimension spirituelle : l’IA, en répliquant ou en transformant des formes d’intelligence, oblige à revisiter la question biblique de l’image de Dieu en l’homme (imago Dei). Que signifie être créé « à l’image de Dieu » si nos propres créations commencent à nous ressembler ?

Pour Saint-Merry Hors-les-Murs, habitué à croiser foi, art et société, cette exposition devient donc un terrain fécond de dialogue : entre la modernité technologique et la quête spirituelle, entre les promesses du progrès et les exigences éthiques de l’Évangile.


2. Les craintes que l’exposition peut susciter pour le monde qui vient

Mais cette fascination ne va pas sans inquiétude. Les œuvres exposées, souvent critiques ou ambivalentes, invitent à réfléchir aux risques d’un monde saturé d’IA. Plusieurs peurs émergent :

  1. La déshumanisation : si les machines créent, décident ou jugent, quelle place reste-t-il pour la singularité humaine, sa fragilité et sa capacité à aimer ? L’IA pourrait réduire l’homme à un rouage d’un système algorithmique.
  2. L’injustice accrue : les algorithmes reproduisent et amplifient les biais de nos sociétés. Les chrétiens, sensibles à la dignité des plus vulnérables, doivent s’inquiéter de ce pouvoir invisible qui renforce discriminations et inégalités.
  3. La perte de liberté : la collecte massive des données, l’automatisation des choix (politiques, économiques, relationnels) menacent l’autonomie des consciences. Or, pour la tradition chrétienne, la liberté est un don inaliénable.
  4. La tentation prométhéenne : l’illusion de « créer un monde meilleur » grâce à la seule technique peut faire oublier la nécessité de la conversion du cœur. La technique n’est pas rédemptrice.
  5. La rupture du lien avec le réel : les images générées, les récits inventés par des IA, risquent de brouiller notre rapport au vrai. Dans une époque déjà marquée par les fake news, cette confusion s’accroît.

Ces craintes ne condamnent pas l’IA, mais rappellent l’importance d’une vigilance éthique et spirituelle. L’exposition agit comme un miroir : elle révèle nos projections, nos rêves et nos cauchemars.


3. Quel regard chrétien proposer ?

Le chrétien ne regarde pas l’IA comme un absolu, mais à partir d’une conviction : l’humain est infiniment plus que ce qu’aucune machine ne pourra jamais simuler. La foi rappelle :

  • La primauté de la relation : l’humain s’accomplit dans l’amour, le don et la rencontre. Or l’IA, si puissante soit-elle, reste sans intériorité ni désir.
  • Le discernement : comme l’enseigne la tradition ignatienne chère à Saint-Merry, il s’agit de chercher « ce qui conduit à plus de vie », et de rejeter ce qui enferme ou aliène.
  • La responsabilité : l’IA n’est pas neutre. Elle dépend des choix humains, des intentions économiques ou politiques qui la façonnent. Le chrétien est appelé à exercer sa conscience critique pour exiger justice et transparence.
  • L’espérance : face à la peur d’un monde dominé par les machines, la foi ouvre une autre perspective : la création est confiée à l’humanité pour être gardée et cultivée, non exploitée sans limites. L’IA doit rester un outil au service de la vie et non l’inverse.

4. Quelques pistes concrètes pour la communauté

  • Dialoguer avec les artistes : comprendre comment ils perçoivent l’IA, et confronter ces visions à une lecture théologique.
  • Organiser un débat communautaire : après la visite, inviter philosophes, informaticiens et croyants à croiser leurs regards.
  • Prendre conscience des usages quotidiens : chacun utilise déjà l’IA (moteurs de recherche, GPS, réseaux sociaux). Il s’agit de cultiver une sobriété numérique.
  • Réaffirmer la valeur de l’art humain : célébrer la créativité, la parole poétique, la musique comme lieux d’expérience spirituelle que la machine ne peut imiter dans leur profondeur.

5. Avis personnel

À mon sens, l’exposition « Le monde selon l’IA » représente une chance : elle permet de sortir l’IA du domaine abstrait ou technique pour la confronter à la sensibilité artistique et à l’imaginaire. Pour des chrétiens engagés comme ceux de Saint-Merry Hors-les-Murs, ce n’est pas un gadget culturel mais une invitation au discernement.

Oui, il y a des craintes légitimes : la perte de repères, l’extension des pouvoirs technologiques au détriment des plus faibles, la tentation de remplacer l’humain. Mais l’art, en mettant en scène ces peurs, joue un rôle prophétique : il révèle, il met en garde, il stimule l’esprit critique.

Mon avis est donc double :

  • Accueillir l’IA comme une chance d’inventer de nouvelles formes d’art, de penser autrement la créativité et la technique.
  • Refuser de lui donner le dernier mot, car la véritable humanité se trouve dans la relation vivante, la compassion et la quête de sens – dimensions irréductibles à l’algorithme.

En ce sens, visiter cette exposition pourrait être pour Saint-Merry Hors-les-Murs une démarche profondément spirituelle : non pas pour fuir le monde qui vient, mais pour y discerner les germes de vie et de fraternité.

💡 Veux-tu que je développe aussi une trame de débat (questions-guides pour la communauté après la visite de l’exposition) ? Cela pourrait servir de support de discussion collective.

Commentaire J2M

Garantie totalement sous IA : la réponse est correcte au moins sur un point :  5 643 caractères, espaces non compris. Quant au reste, au lecteur de juger de l’expérience et du discours de ChatGPT.

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  1. Didier Peny says:

    Merci pour cette excellente initiative de question posée à ChatGPT, en termes soigneusement choisis .
    Réponse assez bluffante…et qui par la même peut susciter des inquiétudes.
    Sans prétendre aborder le fonds, je me contenterai de 3 petites remarques :
    – on mesure les progrès accomplis par ChatGPT depuis la demande qui lui avait été faite d’adresser ses vœux à la communauté pour 2025 … à laquelle sa réponse avait été assez peu convaincante
    – j’apprécie que ChatGPT soit capable de « penser » contre les intérêts de ses promoteurs et de la Sillicon Valley en appelant «  à cultiver une sobriété numérique »
    – je m’esclaffe , ou m’étrangle , en revanche quand ChatGPT prétend donner son «  avis personnel »

  2. Blandine AYOUB says:

    Elle est incroyablement main stream, politiquement correcte et bien pensante, cette IA qui nous brosse dans le sens du poil et veut éviter de nous contrarier. Encore une machine, et déjà un peu hypocrite ? Pour mieux nous endormir avant de prendre le pouvoir sur l’humanité ? 😉 Merci de l’avoir soumise à cet exercice, qui me laisse très dubitative

  3. Merci cher Jean Deuzèmes pour cette excellente initiative et son résultat si étonnant, si  » bluffant » comme l’écrit Didier. J’ai été bluffé au point de prendre l’avis « personnel » pour le tien ! Le « Commentaire JD » m’a réveillé. Je n’en sors pas « dubitatif » comme Blandine car je doute moins que jamais de l’extra-ordinaire pouvoir de cette machine, mais inquiet, et plus que jamais vigilant. La lecture des deux derniers livres de Giuliano Da Empoli m’ont plongé dans la même vigilante inquiétude . Et quand je pense que Juliette notre (grande) petite-fille vient d’obtenir son diplôme de « Data scientist », je ne peux que me tourner vers demain.

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