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Au-delà du ressentiment

James Alison a décidé de ne plus être le complice du mensonge ecclésiastique. Il est dominicain et gay. Le billet de Jean-Louis Lecouffe nous permet de découvrir son dernier livre.

J’ai écouté sur zoom à l’initiative de l’association David et Jonathan, un prêtre dominicain ouvertement gay, James Alison ; il parlait peut-être d’abord aux homosexuels chrétiens mais j’ai eu le sentiment qu’il s’adressait au moins autant à tous ceux qui se reconnaissent dans Saint-Merry hors-les-Murs. En fait, je crois qu’il s’adresse par son parcours à chacune et à chacun d’entre nous pour nous inciter à aller de l’avant en renonçant à l’attitude victimaire revendicatrice ou se complaisant dans le geste du pardon de ceux qui ne comprennent pas.

James Alison

James Alison donne pour titre à son ouvrage « La foi au-delà du ressentiment », tout un programme avec en énergie le pardon. Il suggère de ne pas entrer dans le conflit qui fait le jeu du partenaire institutionnel mais de dépasser ce niveau pour être dans l’amour inconditionnel de Dieu. Il ne s’agit pas pour lui de démissionner en tant que prêtre pour vivre sa vie homosexuelle – le problème n’est pas seulement de vivre mais d’abord d’être – et il ne s’agit pas non plus de renoncer à son homosexualité qui fait partie de lui, qu’il ou qu’on le veuille ou non ; il s’agit d’être authentique, de découvrir, aux autres et à soi, une narration de soi authentique et de vivre de façon positive, vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres, sous le regard et l’amour des autres et de Dieu.

C’est Dieu qui me maintient en vie « parce qu’il m’aime dans le secret » et nous nous savons aimés pour ce que nous sommes.

C’est Jésus qui aime le pécheur qui ne fait pas semblant d’être ce qu’il n’est pas ; d’où l’importance de s’accepter (de s’accueillir) et du coming out.

Oser se dire sans jouer les héros solitaires et sans renoncer à ce qui fait que je suis « moi », c’est une expérience de coming out que chacun de nous, quel qu’il soit, peut faire. Le coming out ne relève pas de l’héroïsme individuel mais d’une renégociation sociale de mon existence. Vivre une rencontre avec soi-même, dans la solitude et dans le regard des autres, se laisser émouvoir et se mettre en mouvement ; sur la route vers la liberté et l’existence en tant que soi, à la rencontre de Dieu. « Notre cœur n’était-il pas brûlant ».

« La foi au-delà du ressentiment : fragments catholiques et gays » James Alison, Cerf 2021

Jean-Louis Lecouffe

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